Accroupi derrière le comptoir d’une boutique abandonnée, les balles fusent au-dessus de ma tête. Une petite escouade brandissant des katanas traverse la foule en panique et tente de me forcer hors de ma planque. Une grenade bien placée m’achète quelques secondes cruciales. D’un geste fluide, je roule vers une nouvelle position sécuritaire et choisis une arme plus appropriée. Les basses d’une violente piste électronique, en duo avec les martèlements explosifs de mon gigantesque canon automatique, étouffent la voix de mon employeur du moment m’exhortant, pour une énième fois, d’éviter les morts inutiles. Reprendre le contrôle de cette ville est un sale job…
The Ascent est un action-RPG et le premier jeu de Neon Giant, un indépendant formé par une douzaine de vétérans de l’industrie. Le jeu fait parti des titres exclusifs à Windows et de la nouvelle stratégie de l’équipe Xbox pour mousser les abonnements au Xbox Game Pass. Le joueur y incarne un protagoniste silencieux sautant sur la moindre occasion, aussi violente soit-elle, de faire de l’argent afin de payer sa dette faramineuse. Pour se faire, il devra naviguer une gigantesque et autonome cité verticale, récemment fragmentée par une catastrophe technologique et gravir, littéralement, sa mégastructure en négociant les intérêts des différentes corporations et organisations criminelles à grands coups de canon.
FICHE TECHNIQUE
- Date de sortie : 29 juillet 2021
- Style : Action-RPG
- Classement ESRB / PEGI : ESRB M / PEGI 18
- Développeur : Neon Giant
- Éditeur : Curve Digital
- Langue d’exploitation : Audio uniquement en anglais. Sous-titres disponibles en français, allemand, espagnol, portugais, polonais, russe, chinois, coréen et japonais.
- Disponible sur PC, Xbox One et Xbox Series
- Testé sur PC
- Prix lors du test : 39,99 $ CA / 29,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
Recycler les clichés, puis les chromer
The Ascent est, tout simplement, d’une laideur magnifique. Le jeu met en scène une ville sale, tout en néon et en rouille. Une ville à l’échelle démesurée bourdonnant d’activités humaines, extraterrestres et robotiques. Une ville où le protagoniste nous apparait, souvent, complètement insignifiant au travers de tout ce dense chaos cyberpunk. La mise en scène est, sans aucun doute, le plus important des attraits de The Ascent. Pas pour sa profondeur narrative, mais pour son esthétique aux multiples influences. Le décor est enivrant et vertigineux, mais également étouffant et cauchemardesque.
Le jeu est bourré de détails, quoique légèrement répétitifs lorsqu’on s’y attarde vraiment. On remarque rapidement qu’il y a peu de variété dans les modèles des personnages, par exemple. Par contre, ce n’est pas assez pour enlever au charme de l’endroit. Les quartiers présentent juste assez de différences tout en restant cohérant l’un envers l’autre. Il y a un flot constant d’activités à l’écran, sur tous les plans. La ville est pleine à craquer et crédible. Sans être un univers narratif innovateur, il est évident que les développeurs sont conscients de l’exploit accompli. La caméra adopte, par moment, une perspective différente de l’angle isométrique habituel afin de nous dévoiler un panorama impressionnant. Visuellement, c’est époustouflant. Auditivement, tout autant.
L’arcology (c’est le nom du bâtiment/ville/monde) demeure relativement ouvert. À moins qu’un emplacement soit bloqué pour des raisons narratives, le joueur est en mesure (si ses talents de pirate informatique lui permettent) d’explorer à sa guise (mais à ses risques et périls) les diverses zones et tenter de compléter les nombreuses missions secondaires. Ces dernières, tout comme la quête principale, se résument, la plupart du temps, à se rendre dans un lieu donné et à y exterminer tous les ennemis présents. Rares sont les moments narratifs qui piquent la curiosité ou qui divergent de cette formule. Notre personnage ne démontre aucune initiative, ne prend position sur rien et se contente d’accomplir ce qu’on demande de lui. Il n’en demeure pas moins que certaines séquences ou missions sortent du lot et marquent l’imaginaire.
Violence nostalgique
The Ascent pourrait facilement être décrit comme la progéniture des séries Diablo et Contra. On y tue, seul ou avec des amis, beaucoup, beaucoup d’ennemis afin de récupérer des ressources et de l’équipement dans une pluie de viscères. Il y a quelques éléments de RPG et de personnalisation du personnage, mais les choix sont limités. Ultimement, tout le monde finira par avoir des avatars aux attributs similaires, débloquera les armes aux mêmes moments et aura accès au même catalogue d’habiletés.
Contrairement à la série de Blizzard, The Ascent est délibéré. Il n’y a pas de donjons procéduraux, pas d’équipements aux attributs déterminés par la chance. Tout a été placé méticuleusement, dans le grand ensemble, par les développeurs. Il arrive que certains mini-boss apparaissent ici et là, ou qu’un ennemi laisse tomber une arme commune, mais sinon l’exploration des lieux en regardant sa carte holographique demeure la meilleure façon de débusquer de nouvelles armes/armures. Cela a pour conséquence de limiter la personnalisation, mais évite toutes frustrations résultant d’un système de loterie.
Cela dit, ça n’enlève pas au plaisir des séquences d’actions. Heureusement puisque ces dernières forment la grande majorité du gameplay. The Ascent est avant tout un jeu de tir. L’avatar du joueur a la possibilité de mettre en joue les ennemis ou de décharger au niveau de la hanche. Certains ennemis ne peuvent être atteints qu’avec l’une ou l’autre des positions et/ou sont sensibles à des types de dégâts précis. Cette simple mécanique force le joueur à lire le terrain rapidement et à adopter différentes positions/armes selon les situations. Il y a également des avantages à l’un ou l’autre qui complexifient juste assez le combat en lui donnant une dimension plus active que simplement cliquer sur l’ennemi que l’on veut exterminer.
À cela s’ajoute des habiletés actives telles que des grenades aux multiples effets, des augmentations hyperpuissantes et hautes en couleur, une action d’évasion et des modifications passives. On aurait aimé qu’il y ait plus de variété pour chacune et que les systèmes d’améliorations soient plus complexes, mais c’est assez pour donner un peu de variété au jeu et laisser le joueur expérimenter afin de trouver un style de combat qui lui plait. S’il souhaite bonifier le dommage de ses armes, le joueur peut les améliorer auprès d’un marchand en usant de ressources spéciales. Bref, les systèmes de personnalisation de The Ascent ne sont pas compliqués et manquent souvent de variété. Par contre, il y a une belle interconnectivité entre chaque qui les rendent juste assez efficaces, mais qui nous laisse sur notre faim.
Outres que cela, quelques bogues et écueils s’immiscent également dans l’expérience. Les déplacements entre les zones deviennent rapidement fastidieux. Heureusement, un taxi est, presque toujours, disponible au clic d’un bouton. Il aurait aussi été plaisant de pouvoir mettre en sourdine les voix de nos employeurs. Si leurs commentaires sur nos actions sont les bienvenus aux premiers abords, ils deviennent vite lassants et répétitifs. J’ai également rencontré quelques glitches visuels lorsque j’ai joint la partie d’amis, mais les développeurs continuent de sortir des patches et les bogues disparaissent l’un après l’autre.
Verdict de The Ascent
Malgré tous ses petits irritants, The Ascent réussi toujours à charmer. Les décors ultra-détaillés, l’ambiance sonore et le pur chaos que l’on peut y engendrer y jouent pour beaucoup. Le jeu manque souvent de variété, le récit est relégué à l’arrière-plan, on aurait aimé que les éléments RPGs prennent plus de place, mais il n’en demeure pas moins que l’expérience, dans son ensemble, est tout simplement réussie. Neon Giant nous offre un jeu incroyable qui saura satisfaire le fantasme cyberpunk à la Blade Runner de bien des gens. On a déjà hâte de retourner explorer l’univers. En espérant que les futures sorties du studio adresseront les légers défauts de leur premier opus.