À sa première présentation en 2013, The Crew surprenait par ses promesses de superficie et de fonctionnalités en ligne innovantes proches d’un MMO. Un concept très rafraîchissant pour un jeu de course, un style qui peine à se renouveler. Maintenant que le titre d’Ivory Tower, co-développé avec Ubisoft Reflections et édité par Ubisoft, qui ne s’est pas attiré les faveurs du public en cette fin d’année, se trouve dans les rayons, tient-il toutes ses promesses?
Fiche technique
- Date de sortie : 2 Décembre 2014
- Style : Course
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Classement ESRB / PEGI : T
- Développeur : Ivory Tower / Ubisoft Reflections / Asobo Studio (Xbox 360)
- Éditeur : Ubisoft
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Langue d’exploitation : Anglais et français
- Évalué sur PS4 en VF
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Prix lors du test : 57 euros sur Amazon France / 49,96 dollars sur Amazon Canada
Need for Speed Crew
D’entrée de jeu, le titre s’adresse à un large public. Très large. Les fervents fans de jeu de course qui s’orientent vers la simulation et qui sont en quête de sensations n’y trouveront peut-être (probablement) pas leur compte. En effet, The Crew est très arcade et s’adresse plus à un public de « casuals » moins familier des jeux de courses ou à d’anciens joueurs de Need for Speed qui n’y trouvaient plus leur compte dans une série qui s’essouffle.
Manette en main, le jeu offre des contrôles efficaces et simples, mais des véhicules trop statiques qui auraient gagné à être plus réactifs ou mieux animés pour enlever l’impression que le décor défile sous une voiture scotchée au centre de l’écran. Cela peut se corriger un peu en utilisant la vue de cockpit pour les joueurs plus téméraires. L’interface de son coté est épurée et prend peu de place à l’écran. Je salue au passage l’option d’augmenter la taille de la « minimap » qui est souvent pratique dans les épreuves et qui ne vient jamais encombrer la vue, ainsi que la bande bleue qui survole la route pour nous diriger même si celle-ci est un peu déboussolée dans les sorties d’autoroutes et dans le hors-route. Les épreuves et les défis de leurs côtés sont nombreux bien que répétitifs. Les niveaux de difficulté sont relevés, mais à la portée de tous donc bien équilibrés. Le plus impressionnant reste la stabilité des serveurs et les temps de chargements qui, face à la superficie du jeu qui est gigantesque, sont courts ou au pire négligeables, aussi bien pour les voyages rapides entre deux points qu’aux moments des épreuves. Les serveurs, de leurs côtés, ne vous faussent compagnie que dans de rares moments et sans jamais compromettre la partie. D’ailleurs le jeu vous avertit, par le biais d’un message au sommet de l’écran, d’éventuelles fermetures temporaires très courtes (15 minutes).
Seul dans ma Crew ?
Dans sa promotion, The Crew avait beaucoup misé sur l’aspect en ligne du titre. En tout temps le jeu est connecté, que vous soyez dans la quête principale, dans les épreuves, en conduite libre ou dans des partis joueurs contre joueurs. Tout ceci, je le rappelle, sans aucun problème majeur de serveur ou de chargement.
Cet aspect devait vous amener à aider ou à être aidé par d’autres joueurs pour passer certains moments plus ardus ou même à les affronter pour faire valoir votre supériorité. Il n’en est rien! Ce qui devait être la principale caractéristique du jeu n’est jamais intéressant. En aucun cas votre esprit de compétition ne sera interpellé et le nombre de joueurs occupants la carte au même moment est toujours faible. Une dizaine en simultané en moyenne à son meilleur.
Jouer à Fast and Furious
Vous jouez tous en ligne simultanément et vous incarnez tous Alex. Sosie de Gordon Freeman (Half life), pilote professionnel hors-la-loi et frère d’un chef et fondateur du gang: les 510 (five ten). En début de partie vous serez emprisonné à tort pour le meurtre de celui-ci et libéré 5 ans plus tard sous la condition de contribuer à l’arrestation d’un agent du FBI corrompu qui a joué un rôle majeur dans votre précédente arrestation, et de Shiv, l’assassin de votre frère qui est maintenant à la tête des 510. C’est donc le cœur empli de rancune et de clichés hollywoodiens que vous prendrez la route de la vengeance. Vous serez accompagné de Zoé, l’un des trois personnages féminins au physique stéréotypé et au déhanchement irréel à faire crier au scandale toute personne ayant un jour eu une pensée avec un élan de féminisme.
Au premier abord le scénario semble caricatural à l’extrême et aurait parfaitement convenu à un film d’action hollywoodien typique. Néanmoins dans un jeu vidéo, ça fonctionne mieux, surtout dans l’univers des jeux de courses, souvent dénués de scénario. Monde ouvert oblige, l’histoire nous amène graduellement aux quatre coins des Etats-Unis. Vous rencontrerez notamment six individus aux motivations diverses qui auront pour tâche de vous épauler en émettant des commentaires agaçants durant les épreuves, mais aussi et surtout de vous apporter de nouveaux champs de compétences dans lesquelles vous pourrez augmenter vos aptitudes. Le tout se fait de manière fluide et rythmée, ce qui donne envie de connaître la suite même si la conclusion est plus que prévisible.
Les États-Unis (presque) en entier
Un autre aspect qui avait retenu l’attention est son terrain de jeu qui n’est autre que l’ensemble des États-Unis. Sans rien vous cacher, le pays n’y est pas reproduit au centimètre carré près, néanmoins il reste fidèle dans sa forme. La faune et la flore changent selon les régions et les villes sont très semblables à la réalité. Étant allé à New York récemment j’ai pu constater que certains lieux avaient été fidèlement restitués même s’ils n’étaient pas tous bien situés. Même si plusieurs villes manquent à l’appel le travail effectué est très impressionnant.
La qualité graphique pourrait être discutée si on le compare à d’autres titres de cette nouvelle génération. Néanmoins, compte tenu de la taille (si vous connaissez plus grand j’aimerais le savoir) la qualité est relativement bonne. La distance d’affichage est importante et détaillée, les paysages sont variés (villes, déserts, forêts, montagnes) et à l’occasion somptueux et les effets de lumières sont très bien rendus. On aurait apprécié par contre plus d’animations et de diversités dans les PNJ. Ils ne semblent pas plus nombreux à Los Angeles qu’à Roswell et ne sont là qu’en temps qu’éléments de décor et donc trop statiques. Toutefois on peut difficilement le reprocher au jeu tant l’attention des développeurs a été portée sur d’autres éléments. Les cycles jour/nuit sont assez longs ce qui donne le temps de s’habituer aux différents éclairages. Vous pourrez même constater quelques changements météorologiques, mais ceux-ci sont que purement esthétiques. Il y aura parfois un temps orageux sans jamais qu’une goûte de pluie ne vienne heurter votre pare-brise. C’est un peu dommage, un impact sur la conduite aurait été très intéressant.
Pimp my ride !
Comme un MMORPG, ce sont vos armes qui feront la différence sauf qu’ici ces armes seront les pièces de votre véhicule. Lors de votre sortie de prison, vous serez amené à choisir votre premier véhicule « Fullstock » auquel, au fil du temps, vous pourrez amener différentes modifications selon les différentes classes: street, dirt, spec, raid et circuit. Vous pourrez faire de même aux véhicules que vous serez tenté d’acheter dans le futur. Toutes les voitures ne sont pas compatibles avec toutes les différentes classes. Vous devrez faire les choix qui s’imposeront à vos différents styles de conduite. Les pièces ne sont pas disponibles à l’achat dès le début du jeu. Pour les débloquer, il vous faudra les gagner dans les défis qui vous seront proposés lors de vos longues promenades. La qualité de la pièce remportée dépendra de votre niveau de réussite (bronze, argent, or) et sera achetable par la suite pour l’équiper sur différentes voitures.
Deux façons de payer dans The Crew! La première s’effectue avec la monnaie du jeu, les « Bucks« , gagnés à la sueur de vos mains. La seconde avec les « Crew Credits » que vous pouvez vous procurer à la sueur de votre carte de crédit. Heureusement, aucun achat n’est réservé exclusivement à cette deuxième option. Bien qu’il y ait peu de voitures (37 en tout) les possibilités de personnalisations sont nombreuses, de la performance à l’apparence. Dommage par contre que, comme dit plus tôt, le côté compétitif n’ait pas été plus attrayant ce qui aurait rendu la personnalisation bien plus intéressante encore.
Conclusion : The Crew pour un road Trip ?
The Crew tient-il ses promesses? Non. Est-il mauvais? Non! Il a simplement manqué sa cible. En voulant innover et changer l’idée d’un jeu de course en général il a oublié l’aspect le plus important du jeu en ligne: la compétition. On ne se sent jamais mis au défi par nos adversaires qui s’avèrent plus souvent être des explorateurs ayant besoin d’un coup de main dans leurs quêtes (défis).
Cependant le jeu reste un très bon divertissement qui, sans aucun doute, sera parfaitement adapté aux novices du genre ou pour les nostalgiques de « Need for Speed » qui aiment les défis ou l’exploration dans des décors variés. Les développeurs peuvent se féliciter d’avoir mis au point un titre à la fois amusant, riche, en ligne et stable. Les défauts sont bien présents, mais rien qui ne se corrige par le biais de mises à jour.
Prix lors du test : 57 euros sur Amazon France / 49,96 dollars sur Amazon Canada