Samsung nous a habitués à la multiplication des produits afin d’attaquer tous les segments d’un marché. La nouvelle gamme de tablettes du coréen se positionne directement face aux mythiques iPad de Apple. Les Samsung Galaxy Tab S 8.4 et 10.5 sont-elles à la hauteur? Nous avons eu l’occasion de tester pendant deux semaines la version avec écran de 8.4 pouces.

Caractéristiques techniques

Affichage	8,4″ Super AMOLED WQXGA (2 560 x 1200) Densité de pixels: 359 ppi
Dimensions	125.6 x 212.8 x 6.6mm (Hauteur x Largeur x Épaisseur)
Poids	294 grammes
Processeur	Processeur Exynos 5 Octa (quad cœur cadencé à 1,9 GHz + quad cœur cadencé à 1,3 GHz)
Mémoire	3 Go de RAM 16/32 Go de mémoire interne Mémoire extensible avec carte de mémoire MicroSD (128 Go maximum)
Système d’exploitation	Android 4.4 KitKat
Appareil photo / vidéo	Appareil photo principal : 8 Mégapixels + Flash LED Appareil photo secondaire : 2,1 mégapixels
Codecs supportés	Audio : MP3, AMR-NB, AMR-WB, AAC, AAC+, eAAC+, WMA, Vorbis, FLAC Vidéo : H.263, H.264(AVC), MPEG4, VC-1, Sorenson Spark, MP43, WMV7, WMV8, VP8
Connectivité	Connecteur Micro-USB / USB 2.0 Bluetooth 4.0 WiFi : 802.11 a/b/g/n/ac, MIMO GPS + GLONASS Infrarouge
Batterie	Batterie de 4 900 mAh non amovible

Design

La Samsung Tab S reprend le même langage visuel que le téléphone Galaxy S5. Un pourtour métallisé, une coque arrière en plastique avec un fini texturé et piqué que certains comparent à un « band-aid », mais qui se prête bien au format tablette. Étrangement, j’ai trouvé que ce design est très similaire à celui de la Nexus 7 2012, mais en version plus riche et avec plus de classe.

Avec une épaisseur de seulement 6,6 mm, des bordures très minces et un poids anémique, la tablette donne l’impression de flotter. Malgré un écran de 8.4 pouces de diagonale, la tablette se prend bien à une seule main en mode portrait, merci au ratio d’écran de 16:10.

Les boutons de volume et d’alimentation sont bien positionnés et faciles d’accès sans être trop sensibles. Par contre, vu les bordures très minces, on atteint les limites de l’usage des boutons capacitifs (au bas de l’écran) que Samsung privilégie pour tous ses produits. Il arrive souvent qu’on appuie sur le bouton retour ou celui du multitâche simplement en tenant la tablette. Si la tablette avait eu des boutons sur l’écran, ce problème aurait été absent. Sur la version 10.5 pouces, il est probable que ce soit moins dérangeant parce qu’il y a plus de place en bordure grâce au format plus grand.

La finition et l’assemblage sont excellents. Avec sa construction très compacte, la tablette de Samsung n’est pas vraiment beaucoup plus grande qu’une Nexus 7 et offre un écran significativement plus grand. J’ai bien aimé le format 8.4 pouces qui offre un bon compromis entre les habituels 7 et 10 pouces.

Écran

L’écran Super Amoled a ses grandes forces, mais tout de même certaines faiblesses. Sa résolution élevée de 2560 par 1600 pixels rend toute image ou vidéo très nette. La finesse des détails est impressionnante, les contenus HD sont vibrants et détaillés. Les couleurs saturées du Amoled sont très flatteuses pour l’iconographie, le graphisme et les jeux.

Par contre, pour les photos et les vidéos, la justesse des couleurs est gâchée, surtout si vous êtes puriste. Samsung a inclus la possibilité d’ajuster les couleurs selon 3 modes, mais j’aurais préféré un contrôle manuel de la saturation et des niveaux de couleurs. Le problème est tel que lorsqu’on regarde des photos ou vidéos, cela peut devenir désagréable : des lèvres rose bonbon, des dégradés de rouges qui deviennent des aplats… Ça ne plaît pas à tous, donc si vous préférez la justesse des couleurs, vous devrez vous habituer. Par contre, les mordus de jeux ou les gens qui aiment la saturation et les couleurs qui crèvent l’écran vont adorer.

Les noirs sont profonds et le taux de contraste élevé rend la lecture en plein soleil possible malgré l’importante présence de reflets agaçants.

Connectivité

La Galaxy Tab S est plutôt bien équipée en termes de connectivité, avec du Bluetooth 4.0, du Wi-Fi 802.11 a/b/g/n/ac MIMO. La présence de l’infrarouge est plutôt appréciable si l’on se sert souvent de la tablette dans son salon, ce qui permet de télécommander ses appareils, une application dédiée permettant également cela. On pourra regretter l’absence de NFC même si l’on peut facilement le contourner par la présence de Wi-Fi direct dans certains usages.

Je n’ai relevé aucun problème au niveau du Wi-Fi et la connexion s’est déroulée sans problèmes. J’ai toujours pu bénéficier d’une très bonne réception et d’un bon débit.

Performances

Un processeur Exynos de dernière génération à 8 coeurs équipe les Tab S. Mais dire que c’est 8 coeurs est un peu trompeur. En fait, c’est un processeur 4 + 4. Lors de tâches très exigeantes, 4 processeurs performants font le travail et lorsque la tablette est en veille ou exécute des tâches légères, ce sont 4 coeurs moins énergivores qui prennent le relais.

En usage normal, la tablette est toujours très rapide à exécuter les tâches ou à passer d’une application à une autre. Mais, malgré cette rapidité, le manque de fluidité des animations et des transitions donne une impression de lenteur. Je soupçonne un problème d’optimisation des pilotes graphiques puisque même sur une Nexus 10 qui a plus de 18 mois et qui a la même résolution d’écran, tout est plus fluide. Si on compare la Tab S côte à côte avec un iPad dont la fluidité des animations est légendaire, la tablette de Samsung fait pâle figure. Mais lors des jeux, ce problème n’est pas présent.

C’est dommage, car si ça n’était pas de ce problème de fluidité dans les animations, il n’y aurait pas de reproche à faire à cette tablette côté performances. Il est probable qu’une mise à jour logicielle vienne corriger ces problèmes. Mais, en 2014, c’est difficilement pardonnable de lancer un produit phare avec une telle lacune.

La Tab S se tire bien d’affaire dans les tests synthétiques et, tout au long de notre test, la tablette n’a jamais planté ou nécessité de redémarrage.

Système d’exploitation : personnalisation Samsung et applications

TouchWiz : la surcouche Android de Samsung

L’interface (la surcouche) TouchWiz de Samsung comprend beaucoup de fonctionnalités et beaucoup de paramètres. L’esthétisme de TouchWiz est discutable : iI n’est pas laid, mais il est moins chic que ce que fait la compétition (Sony, HTC) ou Google sur ses produits Nexus et Google Play Edition.

Comme sur HTC Sense, le lanceur de Samsung offre à gauche de la fenêtre d’accueil une interface revue et unique à la marque. J’ai été déçu de voir qu’il n’offre que des raccourcis vers l’application Flipboard. Flipboard offre de belles possibilités, mais est moins flexible que d’autres services de nouvelles et d’agrégation de contenu.

Si on glisse encore plus à gauche, on découvre finalement un interface de productivité qui comprend un calendrier, un aperçu de nos courriels et une liste de documents (suite bureautique) récemment utilisés. Le problème, c’est que si votre adresse de courriel principale n’est pas accessible via l’application de courrier intégrée à la tablette, vous n’y verrez rien d’intéressant. Même chose pour les documents de productivité : si vous utilisez des solutions nuagiques de Google ou Microsoft, votre liste de documents restera vide.

Ces efforts de Samsung ne sont pas payants dans le sens où quelques widgets vont avantageusement remplacer cette interface pour bien des gens. Même s’il est possible de personnaliser ce « magazine », il aurait pu être facultatif pour plaire aux usagers qui utilisent d’autres services.

Lors du lancement de la gamme Note, Samsung avait introduit les fenêtres multiples (ouvrir 2 applications côte à côte). La fonctionnalité est présente sur les Tab S, mais l’usage est limité. D’abord, peu d’applications sont compatibles et le rendu n’est pas toujours cohérent. Certaines applications ne sont tout simplement pas pensées pour l’affichage en demi-écran. Si vous êtes chanceux, vos applications favorites sont supportées, sinon tant pis. Cet outil de productivité à support limité nous fait regretter une solution officiellement intégrée à Android. Pour l’instant, on est confiné dans un trop petit terrain de jeu et c’est dommage.

Attention, il n’y a pas que du mauvais dans TouchWiz. Samsung a ajouté des fonctionnalités intéressantes comme la possibilité de configurer des heures silencieuses ou un mode d’économie d’énergie radical où on pousse même à réduire l’affichage en niveaux de gris (mais qui ne s’active pas automatiquement, dommage).

Enfin, si vous avez également un Samsung Galaxy S5, vous avez également la possibilité de le connecter à votre tablette pour voir son écran et interagir directement. Vous pouvez d’ailleurs directement écrire des SMS ou des appels.

TouchWiz reste une collection de fonctionnalités pas toutes utiles et ma recommandation est de prendre le temps d’aller désactiver toutes celles non utilisées et de ne garder que celles que vous utilisez vraiment. Mais, attention, armez-vous de patience, les fenêtres de paramètres sont nombreuses sur cette tablette, c’est très chargé.

Samsung semble lentement se recentrer et vouloir redonner une cohérence à son interface. Avec la compétition qui est de plus en plus féroce et des chiffres de ventes qui stagnent, on risque de voir une compagnie plus raisonnable dans ses approches à l’avenir.

Je ne peux passer sous silence un des plus grands avantages de Android par rapport à iOS : le support multi-usager. Présent depuis la version 4.2 du système d’exploitation, ceci permet de configurer plusieurs usagers sur une seule tablette, chaque usager ayant accès à ses propres applications et contenu incluant ses comptes de réseaux sociaux et courriels. Je trouve qu’on sous-estime cette fonctionnalité qui est pratique pour toute personne qui ne vit pas seule : couple, parents ou colocataires. Acheter une tablette Android, c’est comme en acheter plusieurs!

Applications et contenu

Il y a beaucoup de dédoublement de services et d’applications chez les produits Samsung. C’est normal, Samsung veut inciter les usagers à intégrer leur écosystème dans les habitudes des consommateurs. Mais l’envers de la médaille, c’est que l’usager a l’impression d’avoir trop de choix ou de solutions à un seul problème. Par exemple, S Voice et Google Search/Now offrent sensiblement la même chose, la cohabitation n’est pas toujours parfaite. Un autre exemple flagrant est le marché d’applications de Samsung qui est une alternative au Google Play Store, mais, attention, vos achats dans l’un ne se transfèrent pas dans l’autre.

La tablette offre de belles gratuités : 50 gigaoctets de stockage sur Dropbox pour 2 ans, ainsi qu’un film et un livre sur le Google Play Store. Elle comprend aussi des abonnements à divers services et magazines, incluant Marvel Unlimited, le Wall Street Journal, le NY Times et Vogue. Il y en a pour tout les goûts! Les mauvaises langues diront que cette tablette rappelle les pires années où les ordinateurs intégraient d’innombrables applications et services en version d’essai, mais le contenu offert en promotion est de qualité.

Lecteur d’empreintes digitales

Le bouton home est doté d’un lecteur d’empreintes digitales. Si le lecteur fonctionnait à merveille, je vous dirais qu’il est intéressant, mais dans les faits il ne fonctionne pas toujours bien et peut même être frustrant à utiliser. On ne peut qu’enregistrer 3 doigts (ou le même doigt 3 fois pour améliorer la détection de ce doigt), et le mouvement (glisser le doigt du haut vers le bas) n’est pas facile à faire et encore moins lorsque l’on tient la tablette en mode paysage. On n’a que quelques essais et si ça rate, on doit attendre 30 secondes avant de pouvoir de nouveau déverrouiller l’appareil. J’ai carrément pris l’habitude d’annuler la détection d’empreintes si elle ne fonctionne pas du premier coup et de fournir directement le code d’accès alternatif.

Dommage, parce que cette inconsistance donne l’impression que Samsung a intégré ce lecteur pour dire : « Nous aussi nous l’avons! », plutôt que de vraiment offrir quelque chose de plus ou d’efficace à ses usagers.

Je ne sais pas si ce sera possible pour la compagnie d’améliorer ce lecteur avec de meilleurs algorithmes et des mises à jour logicielles, mais si ce n’est pas le cas, la plupart des utilisateurs vont simplement le désactiver pour éviter ses désagréments.

Autonomie

Des heures de plaisir! L’autonomie de la tablette est très bonne. Même en usage intensif, vous pourrez jouer ou voyager longtemps avant de courir vers un chargeur. La tablette offre une autonomie au-dessus de la moyenne. La compagnie annonce plus de 10 heures d’autonomie et effectivement, j’ai été plutôt agréablement surpris à ce niveau.

Appareil photo et caméra vidéo

La Samsung Galaxy Tab S est équipée d’un capteur arrière de 8 mégapixels et d’un capteur frontal de 2,1 mégapixels. Le capteur avant est très largement suffisant pour tout ce qui est vidéoconférence ou pour soulager les besoins extrêmes de selfies, très à la mode en ce moment.

Le capteur arrière, pour sa part, est plutôt bon. Il produit des photos détaillées et est le meilleur que j’ai pu voir sur une tablette. La plupart des téléphones actuels font bien entendu de meilleures photos, mais on pourra s’en servir pour dépanner sans aucun problème.

En ce qui concerne la vidéo, la mise au point est légèrement lente par rapport aux standards actuels et on remarque quelques saccades lors de mouvements rapides, mais rien d’alarmant, toujours en gardant en tête que l’on ne s’en servira pas comme appareil principal pour cet usage.

Sans être excellente, la Samsung Galaxy Tab S 8.4 est donc parmi les meilleures disponibles actuellement quant à cet aspect.

Multimédia

Les haut-parleurs stéréo ont un bon volume, mais manquent de profondeur. C’est bien pour écouter de la voix ou des vidéos où l’emphase est mis sur la voix, mais pour la musique ou les films épiques, ça dépanne tout juste. Il y a moyen d’ajuster le son avec un égalisateur de son intégré, on compense un peu, mais on ne fait pas de miracle.

Quant aux formats supportés, la Samsung Galaxy Tab S n’est pas parmi les plus performantes, malheureusement. Alors que le DTS est souvent le seul format audio que les appareils récents ne parviennent pas à lire avec le lecteur d’origine, la Tab S a également échoué à la lecture du Dolby 5.1, pourtant beaucoup plus courant sur les fichiers HD. Les sous-titres ont pour leur part été lus sans problème, qu’il s’agisse d’un fichier .srt séparé ou d’une piste intégrée à la vidéo.

Heureusement, ces incompatibilités peuvent être résolues avec un lecteur plus performant, tel que VLC.

La présence d’une fente MicroSD donne aussi beaucoup de flexibilité aux gens qui aiment regarder des films ou qui voyagent avec leur tablette. Ici, Samsung (et beaucoup d’autres fabricants de tablettes) se distingue de Apple qui facture aux consommateurs l’espace de stockage supplémentaire. De plus, un consommateur n’a pas à se sentir obligé au moment de l’achat de prendre un modèle avec 32 ou 64 Go de stockage interne, sachant qu’il pourra plus tard insérer une carte MicroSD. Mais attention, si vous êtes un gros joueur mobile, vous préférerez avoir plus d’espace de stockage interne, car les jeux plus lourds peuvent finir par saturer l’espace de stockage interne que même l’ajout d’une carte externe ne vient pas compenser. Aussi, lors de l’ajout d’une carte MicroSD, il faut faire de la gymnastique en utilisant un gestionnaire de fichiers pour déplacer le contenu de la mémoire interne vers la mémoire externe.

Conclusion

La Tab S est une excellente tablette, sans grand défaut, mais avec de petits irritants. Rien de dramatique, mais tout de même assez pour nous rappeler que cette nouvelle gamme de tablettes de Samsung n’est pas encore idéale et a probablement besoin de quelques mises à jour logicielles. Est-ce que je recommanderais tout de même cette tablette? Certainement!

Mais le marché des tablettes a pris beaucoup de maturité; le iPad reste la référence selon plusieurs et l’offre sous Android est de plus en plus variée et complète. C’est d’ailleurs là où la Tab S peut avoir de la difficulté à se positionner. Si on est intéressé par un modèle compact, la Nexus 7 2013 (229 $ CA) et la toute nouvelle tablette Shield de nVidia (329 $ CA) offrent un excellent rapport qualité/prix et des spécifications qui sont fort intéressantes.

Pour ce qui est du format 10 pouces, la Tab S se démarque mieux. Il y a bien la vieillissante et lourde Nexus 10 (409 $ CA) qui est toujours disponible et la Sony Xperia Z2 Tablet (529 $ CA) qui résiste à la poussière et à l’eau, mais la Tab S reste fort intéressante avec des caractéristiques supérieures à la moyenne.

Et même Samsung s’est créée encore plus de compétition au sein de ses gammes : Galaxy PRO, Galaxy Note, Galaxy Tab (sans le S) et maintenant la famille Galaxy Tab S. Samsung gagnerait à réduire son offre pour qu’elle soit claire car la multiplication des produits crée de la confusion chez les consommateurs sans offrir vraiment plus de choix. Après tout, bien des produits de la marque sont (trop) similaires.

Et à prix égal, on choisit une Tab S ou un iPad? Les Tab S ont bien des avantages sur papier avec une fente MicroSD, plus de mémoire vive, une meilleure résolution d’écran, une meilleure caméra, le support de multiples usagers et de multiples applications à l’écran. Mais, malgré ces avantages, les habitués aux iPad auront sûrement de la difficulté à délaisser l’écosystème de Apple.

Par contre, si votre iPad vous sert surtout à vos interactions sociales, à la gestion de vos courriels et à consommer du contenu multimédia (qui ne provient pas de iTunes), une Tab S remplacerait très bien la tablette de Apple.

Pour les premiers acheteurs de tablette (il y a en a encore!), la Tab S est certainement un bon achat. Il n’y a peut-être que les gros joueurs qui pourraient encore pencher vers un iPad vu la bibliothèque de jeux généralement mieux garnie, même si celle du Google Play Store n’a plus à rougir.