La fin d’une trilogie est censée être l’apex. Dans les jeux vidéo, c’est le point culminant qui définit une série menée par le chemin tracé par l’équipe créative. De la jeune femme fragile à la téméraire aventurière qu’elle est devenue, le parcours fut intense et bourré de rebondissements pour Lara Croft. Shadow of the Tomb Raider veut être cette grande conclusion orchestrée par Eidos Montréal.
À travers les chapitres, Lara aura appris à se découvrir et à comprendre ce que représente le nom Croft. Puis, elle a su aiguiser sa curiosité en pillant des tombes de plus en plus grandes dans le second opus. Enfin, dans cette finale, l’héroïne devra trimer dur pour survivre alors que son environnement sera plus hostile que jamais. Mais est-ce une fin qui élève la série vers de nouveaux sommets ?
Fiche technique
- Date de sortie : 14 septembre 2018
- Style : Action et Aventure
- Classement ESRB / PEGI : ESRB M / PEGI 18
- Développeur : Eidos Montreal
- Éditeur : Square Enix
- Langue d’exploitation : Disponible en français
- Testé sur Xbox One X
- Autre(s) console(s) : PC et PlayStation 4
- Prix lors du test : 69,99 $ CA / 59,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
Une chasse imprudente
C’est grâce aux indices laissés par son défunt père que Lara Croft aboutit à Cozumel au Mexique accompagné de son ami Jonah. Cherchant par tous les moyens d’anéantir l’infâme organisation Trinité, elle finit par trouver une tombe dont le groupe est justement en train d’investiguer. En explorant la tombe, elle décrypte des messages parlant d’une cité secrète et annonçant une apocalypse maya. Sous l’effet de son obsession insatiable à détruire Trinité, elle déclenche malencontreusement l’effroyable cataclysme en agissant de manière imprudente.
Le duo arrive tant bien que mal à s’enfuir de l’île devenue complètement inondée. Ils partent alors à la poursuite de Dominguez, l’un des leaders de Trinité, plongeant les deux amis au fin fond de la forêt amazonienne. C’est une aventure épique qui attend le joueur alors qu’il faudra explorer les recoins les plus dangereux de la jungle et résoudre de nombreux mystères anciens.
Tout culmine avec la conclusion qui démontre la maturité de Lara.
Il y a beaucoup d’éléments intéressants qui permettent au scénario d’être le meilleur de la série. D’abord, pour la première fois, Lara doit interagir avec plusieurs personnes ce qui la force à sortir de son caractère introverti. Initialement, on la sent très maladroite dans ses conversations, mais les choses vont tranquillement changer. Tout comme sa quête qui est très égoïste au départ pour ne pas dire obsessif. En fait, elle va se rendre jusqu’au point de mettre les autres en danger pour parvenir à ses fins. Heureusement, les circonstances et les leçons de vie qu’elle va recevoir des habitants qu’elle va croiser vont changer sa perspective. Tout culmine avec la conclusion qui démontre la maturité de Lara. Bref, ça vaut vraiment la peine d’aller jusqu’au bout.
Lara et la Jungle
La plus importante transformation de Lara dans Shadow of the Tomb Raider, c’est sa relation avec la nature. Fini la jeune demoiselle frêle qui se faisait malmener à chaque obstacle, cette fois elle est en parfaite synergie avec son environnement. Que ce soit en plongeant sous l’eau pour bondir sur nos ennemis ou en se couvrant de boue pour mieux se fondre dans le décor, la jeune Croft a tous les outils pour éliminer ses victimes sans faire de bruit.
On joue le prédateur au lieu de jouer la proie.
C’est ce qui donne un sentiment de contrôle au joueur qui est grandement apprécié. On joue le prédateur au lieu de jouer la proie. Or, pour un amateur du style de combat furtif comme moi ça rend le jeu plus dynamique surtout que les possibilités ont été multipliées. Ce n’est pas si surprenant lorsqu’on considère qu’Eidos a créé des jeux comme Thief ou Deus Ex et c’est une continuité logique pour la protagoniste.
En fait, on peut même dire que la nature est un personnage en soit. Celle-ci est particulièrement hostile envers Lara autant les jaguars que les autres créatures qui la poursuivent. Cependant, alors qu’elle se fond tranquillement dans celle-ci, la jungle l’accepte puisqu’elle voit bien qu’elle tente simplement de survivre. C’est vraiment intéressant de voir cette évolution et c’est un autre exemple de la progression du personnage.
Serez-vous une Tomb Raider ?
Ce qui m’avait frappé la première fois que j’ai joué à Shadow of the Tomb Raider à un événement d’Eidos, c’était les possibilités du jeu. Moi et Ludovic avions chacun fait les quatre premières heures du titre, mais nous en étions sorties avec des expériences complètement différentes. Pendant que mon collègue s’était concentré sur la quête principale, j’étais loin derrière lui coincé dans une immense tombe. C’est simplement pour dire que le joueur a le choix.
Moi j’ai choisi de jouer la Lara Croft curieuse qui est facilement distraite. C’est ce qui m’a amené à découvrir de nombreuses tombes à la fois terrifiantes et imposantes. D’ailleurs, j’ai particulièrement aimé la manière dont le jeu nous récompense pour cette exploration. Des choses très utiles comme un meilleur temps de respiration sous l’eau vont vous aider à encore mieux explorer.
On peut facilement doubler la durée de vie de l’histoire principale avec les tombes et les quêtes secondaires.
On peut facilement doubler la durée de vie de l’histoire principale avec les tombes et les quêtes secondaires. C’est donc une cinquantaine d’heures au lieu d’environ vingt-cinq qui vous attend. Ce n’est pas peu dire pour un jeu du genre. Surtout que plusieurs casse-têtes sont suffisamment complexes pour nous creuser un peu les méninges. Bref, avec ses récompenses, vous risquez de plus facilement compléter le scénario, mais ce n’est pas une nécessité.
De l’action verticale !
Ensuite, Eidos Montréal a voulu mettre l’accent sur un univers plus grand que jamais pour Shadow of the Tomb Raider. Cet aspect est d’abord présenté au niveau de la verticalité du jeu. En effet, en ajoutant un nouvel axe pour se déplacer, le joueur se retrouve soudainement avec beaucoup plus de possibilités. D’ailleurs, pour surprendre vos ennemis, vous voudrez utiliser au maximum les arbres pour vous y percher. Tout comme l’eau qui ajoute aussi une profondeur verticale. Cela rend les combats plus stratégiques et les environnements semblent beaucoup plus larges.
en ajoutant un nouvel axe pour se déplacer, le joueur se retrouve soudainement avec beaucoup plus de possibilités
En plus de la verticalité, le jeu se démarque des opus précédents grâce à des hubs extrêmement larges. La ville secrète de Paititi en est d’ailleurs le meilleur exemple et nous donne presque une impression de monde ouvert. En fait, les quêtes secondaires et les tombes sont tellement nombreuses autour de ce village qu’on peut facilement si perdre pendant des dizaines d’heures.
Plus que jamais, on a l’impression que l’univers de Shadow of the Tomb Raider est vivant autour de nous. Chaque personnage avec qui il est possible d’interagir à une histoire à nous raconter. C’est d’ailleurs dans Paititi que Lara découvre une leçon combien importante en complétant une simple quête secondaire. Je ne m’avancerai pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise, mais cela témoigne de la profondeur du jeu.
Un pillage de tombe en 4K
Tomb Raider (2013) était une vraie bombe à l’époque pour tester les capacités de mon puissant PC. Pour moi, c’était le jeu qui démontrait parfaitement l’arrivée prochaine d’une nouvelle génération de console. Or, 5 ans plus tard Shadow of the Tomb Raider est encore un délice visuel. Je ne prétendrai pas être un expert comme Digital Foundry, mais plusieurs changements sont assez évidents.
D’abord, le rendu graphique du feuillage et sa densité ont été accentués ce qui est combien important dans la présentation actuelle. Puis, la lumière est aussi parfaitement reflétée en suivant la physique de la flore. Mais ce qui est encore plus impressionnant ce sont les nombreux détails dans les textures. Chaque fois que je visitais une tombe, je m’amusais à regarder tous les recoins pour être ébloui par les détails. Que ce soit des choses complexes comme des reliques mayas ou des choses aussi banales qu’une pierre, tout est très défini.
Même la boue a une physique très réaliste alors que Lara y laisse des traces évidentes lorsqu’elle y passe. Ça me rappelait la séquence d’introduction de Rise of the Tomb Raider où Lara marche dans la neige, mais de manière encore plus poussée. Clairement, ce n’est peut-être pas un changement de génération, mais j’ai vraiment le sentiment qu’on a maximisé l’usage des consoles actuelles. La version Xbox One X était particulièrement jolie.
Enfin, vous serez aussi complètement immergée dans la forêt avec les nombreux sons ambiants du jeu. Que ce soit les craquements du sol causé par les étranges créatures qui nous guettent ou simplement les respirations de la nature, on a réellement l’impression d’être dans la jungle. Bref, l’évolution est bien présente dans tous les aspects du jeu.
Une passation parfaite
Terminer une trilogie en faisant passer la série des mains d’un studio à un autre semblait une très mauvaise idée. Cependant, on peut dire que la transition a très bien été faite de Crystal Dynamics à Eidos. On a assurément l’impression d’avoir une continuité d’un opus à l’autre et même une évolution logique. C’est évident que la vision de l’équipe créative a été amenée à terme et qu’elle a été pensée ainsi du début à la fin.
Mais plus loin que ça, Shadow of the Tomb Raider offre aux joueurs un scénario captivant qui va au bout de ses idées. La transformation de Lara Croft est complète et on sent vraiment qu’elle est arrivée à maturité à la toute fin. Le chemin n’a pas été facile pour la jeune aventurière, mais il s’est avéré bourré d’action et de rebondissements. Eidos Montréal part le bal de la haute saison des jeux vidéo de manière percutante et marque une conclusion épique qui vaut la peine d’être vécue d’un bout à l’autre.