Après avoir sorti plusieurs modèles de montres, aussi bien sous Tizen que Android Wear, Samsung a surpris en annonçant la Gear S, un modèle autonome équipé d’une carte SIM. L’approche est en effet différente et au lieu d’avoir une montre connectée qui ne sert quasiment à rien lorsqu’elle n’est pas accompagnée d’un téléphone, la Gear S se veut une véritable solution de communication en mobilité.
Après quelques jours d’utilisation, nous vous proposons un test des différentes fonctionnalités de ce produit.
Caractéristiques Techniques de la Samsung Gear S
Écran | 2.0” Curved Super AMOLED (360 x 480) |
Dimensions | 39.9 x 58.1 x 12.5 mm |
Processeur | Dual core 1.0 GHz |
Mémoire |
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Système d’exploitation | Tizen |
Connectivité |
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Capteurs |
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Batterie | 300mAh Li-ion |
Design
La première chose qui frappe lorsque l’on voit la Gear S est sa taille. Il s’agit de la plus grosse montre proposée par Samsung et de l’une des plus imposantes disponibles sur le marché actuellement. La faute en incombe principalement à l’écran massif incurvé de 2 pouces qui équipe le bracelet.
Au niveau du poids, bien que la Gear S soit près de deux fois plus lourdes qu’une Moto 360, avec 84 grammes contre 49, l’effet de légèreté est surprenant. La montre étant imposante, son ratio taille/poids donne une impression de légèreté qui fait en sorte qu’elle est plutôt agréable à porter au poignet.
Pour arriver à cette sensation, Samsung a d’ailleurs du faire l’impasse sur des matériaux plus nobles, qui auraient pu être plus lourds. On retrouve ainsi principalement du plastique, ce qui rappelle très fortement les précédents modèles de la gamme, tels que les Gear 2 Neo ou Gear Live.
Le manufacturier a décidé de conserver le principe du bouton central en dessous de l’écran, qui rassurera les habitués de la marque, avec en plus un changement de design afin de se rapprocher de celui d’un téléphone Samsung. De chaque côté de ce dernier se trouvent des capteurs de luminosité, ce qui est frustrant au début, car on pourrait les prendre pour des boutons tactiles, comme sur les téléphones cellulaires. Il faudra donc se réhabituer à utiliser les gestes pour utiliser la montre, mais nous y reviendrons plus tard.
La Gear S est donc un bel objet, même s’il y a fort à parier que c’est plutôt sa taille et son écran immense qui attireront le regard, plutôt que son design qui n’a rien de très original, si ce n’est un écran incurvé.
Connectivité
La Samsung Gear S utilise le Bluetooth 4.1, la dernière version de la norme. Étant rétrocompatibles avec les appareils équipés du Bluetooth 4.0, tous les derniers modèles de Samsung pourront fonctionner avec la montre, et l’on pourra même remonter jusqu’au Samsung Galaxy S3, sorti il y a déjà près de trois ans.
On ne retrouve désormais plus d’émetteur infrarouge pour contrôler la télévision, mais de nombreuses nouvelles connexions et capteurs sont venus s’ajouter : on retrouve ainsi du Wi-Fi b/g/n, de la 2G & 3G, un capteur de rayons UV ainsi qu’un GPS intégré. La Gear S est donc l’une des mieux équipée du moment au niveau des possibilités de connexion même sans avoir de liaison avec un téléphone. Une vraie montre connectée autonome à ce niveau-là!
Bien évidemment, les habituels capteurs de fréquence cardiaque, accéléromètre, gyroscope et autres capteurs de luminosité ambiante sont toujours de la partie, mais commencent à être habituels dans les montres connectées.
Écran
L’immense écran incurvé de 2 pouces que l’on retrouve sur la Gear S est clairement le point qui attirera le plus les regards des personnes autour de l’utilisateur. Si la différence de taille peut sembler minime avec les 1.63 pouce de la Gear 2, par exemple, dans les faits l’écran apparaît vraiment plus grand et cette sensation est accentuée par le fait qu’il est incurvé.
La définition de celui-ci est bien évidemment améliorée, et on passe de 320×320 sur les modèles précédents à 360×480, portant ainsi la densité de pixels à 300ppi contre 277 sur la Gear 2 Neo, 240 sur la G Watch ou même 205 sur la Moto 360. La différence est visible et il est beaucoup plus difficile de distinguer les différents pixels utilisés par l’affichage.
Comme souvent avec Samsung, les couleurs sont très saturées, mais cela ne choque pas particulièrement sur un écran de cette taille. Les angles de vision sont par ailleurs très bons, ce qui est très appréciable sur un accessoire que l’on n’aura pas forcément toujours exactement en face des yeux. L’écran est donc une vraie réussite, comme souvent avec les appareils Samsung.
Performances
La montre est très réactive lors de la plupart des utilisations. Les différents menus et fonctions se lancent sans ralentissements et on a vraiment l’impression d’un appareil technologique haut de gamme lorsque l’on se sert de la Samsung Gear S. Il est vrai que la montre est animée par un processeur double coeur de 1GHz, ainsi que 512 MB de RAM, on pouvait donc espérer un fonctionnement fluide.
Même en utilisation multitâches, ce qui devient de plus en plus fréquent lorsque l’on utilise la montre pleinement, à la manière d’un téléphone, celle-ci s’est révélée fluide, ce qui est très agréable.
Système d’exploitation
Comme pour les précédents modèles de montres connectées Gear, la navigation se fait principalement grâce à la réalisation de gestes sur l’écran. Par exemple, un glissement du haut vers le bas quitte une application, tandis que de droite à gauche permet de faire défiler les différents menus à l’écran. Si après quelques heures d’utilisation on finit par s’y habituer, il est tout de même nécessaire d’être patient, car la navigation n’est pas toujours intuitive. Par exemple, il est possible d’accéder aux réglages en tapant avec deux doigts à deux reprises sur l’écran, ce qui est pratique, mais quasiment impossible à découvrir sans lire un mode d’emploi. Quitte à avoir un bouton qui ressemble à celui d’un cellulaire, j’aurais préféré que Samsung intègre un bouton tactile de retour en dessous de l’écran.
Un marché d’applications est également disponible afin de rajouter des fonctionnalités. Il s’agit d’un marché distinct du PlayStore de Google, spécifique à la Gear. On y retrouve des applications payantes ou gratuites et celles-ci sont bien plus nombreuses que lors de nos tests des précédents modèles. On appréciera également la présence dès la sortie de la boîte de Here Maps, la solution de navigation de Nokia très efficace.
Enfin, remarque qui risque de m’attirer les foudres des fans d’Android Wear, il est toujours aussi agréable de pouvoir consulter le contenu des notifications et autres messages directement sur l’écran de la montre, sans devoir passer par son téléphone, ce qui n’est malheureusement toujours pas le cas trop souvent avec la solution de Google.
Application mobile : Samsung Gear Manager
L’application à installer sur son appareil mobile Samsung (Android 4.3 minimum), Gear Manager, permet dans un premier temps d’associer la montre au cellulaire. Cela permettra alors de faire les premières mises à jour nécessaires et de personnaliser la montre comme on le souhaite.
Il existe de nombreuses possibilités pour que l’écran d’affichage de l’heure soit à notre goût. Certains exemples sont déjà préinstallés, mais on peut également choisir sa propre image, le style du texte ou du cadran ainsi que la couleur des différents éléments. C’est par exemple grâce à cette fonction que nous avons mis le logo de Geeks and Com’ sur l’appareil.
On retrouve également de nombreux réglages pour les différentes fonctions de la montre, comme la possibilité d’activer ou non les notifications des applications, d’allumer automatiquement la montre lorsque l’on bouge le poignet ou encore de changer le comportement de certains boutons ou manipulations.
Enfin, fonction très pratique, on peut faire sonner la montre à partir du cellulaire si jamais on l’a égarée et qu’elle est dans la zone de portée du Bluetooth, ou connectée à un réseau Wi-Fi. Cela fonctionne bien évidemment dans le cas inverse où vous auriez égaré votre cellulaire. Pour les personnes distraites qui passent leur temps à chercher leurs affaires, il s’agit d’un gain de temps précieux.
On retrouve enfin tous les réglages relatifs à la portion de connexion réseau de la montre, mais nous reviendrons en détail sur leur fonctionnement un peu plus bas.
Autonomie
La batterie intégrée de 300mah ne peut pas faire des miracles, en particulier avec un écran couleur de cette taille qui est souvent sollicité. C’est d’ailleurs d’autant plus frustrant que Samsung n’a pas augmenté la capacité de sa batterie, qui était déjà la même dans la Gear 2 Neo, pourtant plus compacte et ayant un écran plus petit.
L’autonomie de la montre dépendra réellement de l’utilisation qui en est faite. En utilisation moyenne et avec la connexion Bluetooth uniquement, on pourra espérer tenir deux journées complètes sans trop de difficultés. En revanche, dès que la connexion 3G est activée, ou si l’on fait un usage important de l’écran et des notifications, tenir une journée entière sera la grande limite. Et cela, sans parler de l’utilisation du GPS, très gourmande en énergie.
On peut comprendre qu’avec toute la technologie intégrée l’autonomie soit si faible, mais avec une concurrence qui tient parfois jusqu’à une semaine sans rechargement, il s’agit d’un aspect à prendre en compte lors de l’achat. En particulier, car le chargement se fait toujours par le biais d’un socle propriétaire, ce qui ne rend pas pratique la recharge durant la journée au travail ou en déplacement, par exemple. Avoir une batterie externe ne sera donc pas suffisant et il faudra amener avec soi le dock de chargement, au risque de le perdre.
Cependant, on peut se féliciter que le socle de chargement intègre lui-même sa batterie externe. Vous pouvez donc partir avec une charge supplémentaire en cas de besoin sans avoir à trouver une prise.
Capteur de battements de coeur
L’une des fonctions que Samsung met énormément en avant sur ses nouveaux appareils, qu’il s’agisse de son Galaxy S5 ou de ses accessoires connectés, est la possibilité de connaître son rythme cardiaque à tout moment. Cela peut en effet se révéler pratique lors de sessions sportives.
Pour que cette fonction soit opérationnelle, toutefois, il faut que la montre soit bien positionnée et que l’on arrête de bouger, ce qui en limite beaucoup l’intérêt. Malheureusement cela a assez peu évolué à ce niveau depuis les précédents modèles. Il est de plus nécessaire de mesurer à plusieurs reprises afin de voir le rythme cardiaque évoluer, contrairement à d’autres produits tes que la Moto 360 ou le Microsoft Band (voir notre test complet).
Qualité du son
Samsung a intégré un micro et un haut-parleur dans sa montre afin que l’on soit capable de prendre des appels directement avec celle-ci, grâce à la carte SIM intégrée. Le haut-parleur est efficace et a été amélioré depuis les derniers modèles de Gear. Lors des appels, j’entends beaucoup mieux mes correspondants même si l’environnement n’est pas totalement silencieux. Le micro est également très pratique et isole assez bien la voix du bruit ambiant, rendant la tâche plus simple pour le correspondant.
Disposant de 4GB de stockage interne, la Gear S permet également de stocker quelques morceaux de musique afin de les écouter, soit grâce au haut-parleur, soit grâce à des écouteurs Bluetooth. C’est bien sûr ce deuxième usage qui sera préféré par les sportifs, qui n’auront plus besoin d’amener leur téléphone avec eux pour suivre leur activité et écouter leurs morceaux favoris. La connexion Bluetooth est très stable dans ce cas d’usage et tout fonctionne parfaitement. Le haut-parleur est pour sa part suffisant pour dépanner, mais ne remplacera pas un haut-parleur d’appoint. Il est en effet équivalent à ce que l’on trouvait sur certains téléphones il y a quelques années.
S Voice pouvant lui aussi être activé grâce au micro, la possibilité d’avoir un retour sonore sur les réponses de cet assistant est très pratique et également amusant. Pouvoir montrer que si on parle à sa montre, elle nous répond avec les informations demandées, a clairement un effet spectaculaire, ce que n’offre pas encore Android Wear sur les différentes montres du marché.
Une montre totalement autonome, vraiment ?
Oui et non, vous vous en doutiez vu le titre. La Gear S est effectivement beaucoup plus autonome que ses prédécesseurs grâce à sa connectivité réseau intégrée, mais certaines utilisations nécessitent encore l’utilisation d’un téléphone. Nous allons passer en revue ci-dessous quelques usages principaux que l’on peut faire avec la montre et en décrire le fonctionnement.
Gestion des appels et des messages textes
La gestion des appels et des messages textes est vraiment bien pensée sur la Gear S et le comportement diffère suivant dans laquelle des deux situations possibles vous vous trouvez.
Si la montre et le téléphone sont connectés entre eux en Bluetooth, la Gear S se comporte comme les modèles précédents de la marque et permettent de recevoir et de passer des appels, ou encore de lire les SMS reçus, avec désormais la possibilité d’y répondre. Le numéro affiché lors des appels et des SMS sortants est celui de la ligne habituelle, vos correspondants n’ont donc aucune idée que vous prenez vos appels ou messages sur votre montre.
Si en revanche la Gear S est déconnectée du téléphone, parce que vous l’avez oublié à la maison par exemple, la situation est différente. Le comportement par défaut de la montre est d’activer automatiquement après environ une minute de séparation du téléphone la connectivité 3G, tandis que le téléphone cellulaire, pour sa part, active automatiquement le renvoi d’appels et de SMS vers le numéro de téléphone de la montre, grâce à une tâche automatisée dans l’application Gear Manager. C’est donc très pratique, car il n’y a aucune action nécessaire de la part de l’utilisateur.
Une fois que la montre et le téléphone ont effectué chacun leur action automatisée, le fonctionnement est assez transparent pour l’utilisateur et les personnes qui vous contactent. Les appels entrants sont automatiquement renvoyés vers la montre et on reste donc joignable sur le numéro habituel. En revanche, les appels sortants seront identifiés comme provenant du numéro de la montre et vos correspondants risquent donc d’être surpris par un numéro qu’ils ne connaissent pas. Au niveau des SMS, Samsung a très bien réfléchi les possibilités, puisque la montre recevra les SMS envoyés au numéro habituel, et si l’on y répond à l’aide de la Gear S, le message apparaît également dans la conversation sur le téléphone en lui même. C’est vraiment pratique pour suivre des conversations lorsque l’on reprend le téléphone par la suite! La seule limitation que j’ai trouvée est que le téléphone doit rester allumé et en zone de couverture réseau pour que le transfert de SMS fonctionne. Le transfert d’appels n’en a pas besoin, pour sa part.
Gestion des courriels
Petite déception à ce niveau, puisqu’il est effectivement possible de lire et de répondre aux courriels, mais uniquement lorsque la Gear S est connectée en Bluetooth au téléphone. Les comptes de courriels sont en effets enregistrés directement dans ce dernier et non dans la montre, ce qui bloque la synchronisation sans connectivité Bluetooth. En revanche, les courriels déjà reçus restent lisibles directement à son poignet même si le téléphone n’est pas en fonctionnement.
Navigation GPS
C’est l’une des fonctionnalités les plus intéressantes de la montre, pour ceux qui cherchent souvent leur chemin. L’application Here Maps de Nokia est en effet préinstallée directement dans la montre (comme nous vous en parlions lors du CES 2015), et celle-ci est utilisable de manière entièrement autonome. Bien entendu, il est également possible d’interagir d’abord sur son téléphone et d’envoyer la carte vers la montre, mais tout peut se faire directement sur le clavier de la Gear S, ou grâce à la recherche vocale.
Tout comme sur l’application mobile, il est même possible d’installer les cartes directement dans la mémoire de la montre, afin de se passer par la suite de toute connectivité réseau. Seule la puce GPS sera utilisée afin d’indiquer la position et le chemin à prendre. Il s’agit donc ici d’une véritable valeur ajoutée par rapport aux montres concurrentes qui ont toujours besoin de connectivité pour faire fonctionner le GPS avec affichage de cartes de navigation.
Applications
Comme pour toute nouveauté, les applications doivent être mises à jour afin de fonctionner au mieux avec la montre. La totalité des applications fonctionne parfaitement lorsque la montre est reliée au téléphone, mais certaines ne savent pas encore tirer partie de la connectivité 3G de la Gear S afin d’aller chercher des informations sur internet. C’est donc un peu frustrant de voir que l’application indique que la connectivité au Bluetooth est nécessaire quand on sait pertinemment que ce n’est pas réellement le cas. Il y a fort à parier que si Samsung poursuit son aventure dans les montres connectées 3G, les développeurs se mettront à jour rapidement.
Conclusion
La Gear S de Samsung est un très bel objet, qui offre beaucoup de fonctionnalités. Il s’agit en fait aujourd’hui d’une des montres connectées les plus complètes du marché. Elle est cependant également parmi les plus imposantes, mais également les plus chères.
La principale question à se poser avant son achat sera l’intérêt d’avoir un besoin d’utiliser la montre dans des situations ou le téléphone cellulaire n’est pas avec soi. Si la réponse à cette question est oui, la Gear S représente aujourd’hui à mon avis la meilleure solution disponible sur le marché. SI en revanche ce besoin ne se fait pas sentir, d’autres solutions, y compris chez Samsung avec la Gear 2 qu’on trouve pour 100$ de moins, peuvent représenter une meilleure opportunité.