Test de Overwatch Origins Edition sur PC : quand Blizzard mélange FPS et MOBA

Blizzard a toujours proposé une approche particulière lors de la création de ses AAA, et ce n’est pas sa fusion avec Activision, en juillet 2008, qui aura changé la donne. Entre les abandons purs et simples de projets déjà bien avancés — Titan ou Starcraft Ghost — et des idées de concurrence en territoire inconnu — Heroes of the Storm pour contrer League of Legends —, le studio repousse toujours les limites du possible en s’ajoutant de nouveaux défis. Le dernier en date n’est autre qu’Overwatch, un FPS avec une très grosse dose d’arcade, saupoudrée d’une forte mécanique stratégique. Alors que le soft a eu droit à une longue bêta fermée sur PC, depuis novembre, les joueurs console ont pu mettre la main récemment sur quelques jours de preview, avant la délivrance ultime des serveurs le 24 mai dernier. Que vaut donc cette nouvelle IP que Blizzard tease depuis des lustres à coup de courts-métrages magnifiques ?

Fiche technique de Overwatch : Origins Edition

  • Date de sortie : 24 mai 2016 
  • Style : First Person Shooter / Arena Shooter / Action 
  • Classement ESRB/PEGI : ESRB T / PEGI 12
  • Développeur : Blizzard Entertainment
  • Éditeur : Activision Blizzard
  • Langue d’exploitation : textes et voix multilingues 
  • Disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One
  • Évalué sur PC et PlayStation 4
  • Prix lors du test : 39,99 à 79,99 $ CA / 39,99 à 69,99 € sur Amazon
  • Site officiel

Un tire, un mort

c’est avec plaisir qu’on retourne à cette expérience addictive au possible. À l’instar de Rocket League et de son mode compétitif, une session est suffisante à elle seule pour nous faire replonger des heures endiablées supplémentaires derrière notre écran

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre de cette critique, et aussi à la croyance générale d’internet, Overwatch est un Arena Shooter et non un MOBA. Il se sert néanmoins des mécaniques de ce genre pour proposer un style singulier (nous reviendrons un peu plus tard sur cet élément). Ainsi, sur les 12 cartes agréables et très ouvertes se situant sur une version alternative et futuriste de la Terre, profitant de la verticalité des décors, 2 équipes de 6 joueurs s’affrontent pour compléter leur objectif, pouvant différencier en fonction de 3 modes.

Le premier oblige une team à capturer une zone pendant que l’autre doit la protéger, la technique de la montre étant la condition de victoire pour les défenseurs. Le second demandera aux attaquants d’escorter un véhicule en direction d’un lieu précis. Leurs adversaires doivent, au mieux, empêcher leur progression vers les différents checkpoint jusqu’au dernier, au pire, réussir à gagner du temps sur celui imposé pour remporter la partie. Enfin, le mode final permettra aux deux groupes de se battre pour récupérer sous leur contrôle une zone libre. L’originalité étant que ces 3 modes peuvent être mixés par le titre sur les différentes maps, il n’est donc pas rare de commencer dans une map par une capture, afin de débloquer le convoi à transporter jusqu’à la fin de carte.

Si tout cela n’est pas particulièrement spécifique à Overwatch, ou original (sensiblement similaires à ce que propose Team Fortress 2 par exemple), que c’est enivrant de parcourir ces modes avec son rythme soutenu et nerveux, et au 60 FPS constant si cher aux joueurs actuels, même sur console. Certes, les puristes pourront crier au scandale de ne suggérer que peu de variations dans le contenu, et ils n’auraient pas tort : à l’heure actuelle seulement 4 types de jeu sont disponibles (Partie Rapide, Contre l’IA, Personalisée ou Arcade), le mode en ligne compétitif sera proposé d’ici plusieurs jours uniquement (car en modification, suite aux différents retours de la bêta ouverte) et la campagne est à peine évoqué en ce moment…

Bref, avouons-le, nous faisons rapidement le tour du contenu d’Overwatch. Et pourtant, 27 heures d’amusement plus tard, c’est avec plaisir qu’on retourne à cette expérience addictive au possible. À l’instar de Rocket League et de son mode compétitif, une session est suffisante à elle seule pour nous faire replonger des heures endiablées supplémentaires derrière notre écran.

Overwatch - 2

Hello mon chou, la cavalerie est arrivée

Bien évidemment le tout nous est servi par une direction artistique magistrale, à la Blizzard, permettant à Overwatch de nous faire voyager à travers le monde

Dès qu’une partie termine, nous avons droit au replay du meilleur joueur (souvent celui à l’œuvre du plus long killstreak, soit rarement un personnage soutien ou constructeur malheureusement), ainsi qu’un système de vote sur une sélection des participants, vous permettant d’accorder un bonus d’expérience au membre de votre choix (allié ou adversaire) si celui obtient le rang Épique (à savoir 5 voix minimum). Votre XP se gagne assez facilement d’ailleurs, puisque les assistances comptent autant que les kills, et qu’une partie en groupe formée de joueurs amis apportera davantage de points à l’ensemble de l’équipe.

Bien évidemment, il faudra une vraie cohésion, une symbiose parfaite, pour parvenir à ses fins avec une aisance déconcertante, mais le titre n’est pas punitif pour un sou, et permet d’intégrer facilement un néophyte à votre session, sans pénaliser les autres joueurs, ou sans réelle sensation d’injustice avec une très bonne gestion du matchmaking. Certains temps d’attente sont longs (2-5 minutes) lorsqu’une partie rapide en groupe de 5 est lancée, mais globalement, le netcode tient la route, et aucune erreur n’est survenue pendant les bêtas ou de la session de test non-stop depuis mardi. Ce qui n’était pas gagné au départ vu l’affluence prévue.

Bien évidemment le tout nous est servi par une direction artistique magistrale, à la Blizzard, permettant à Overwatch de nous faire voyager à travers le monde : les décors sont tous différents, magnifiques et très travaillés, fourmillant de détails et d’easter eggs à ne plus savoir ou en mettre. Il en est presque dommage que le jeu soit autant frénétique, vu qu’il ne nous permet pas d’admirer plus en détail le travail des artistes. La DA est aussi au service de ses personnages, puisque ces derniers sont emplis de vie, ont une vraie prestance et sont loin d’être de simples caricatures. Chaque avatar possède un tempérament propre, un véritable background, remarquable à la fois via l’aspect visuel (leur physique, les animations), mais aussi sonore grâce à un vrai jeu des doubleurs entre eux (avec des dialogues remplis d’allusions sur leurs anciennes relations au sein d’Overwatch).

Voilà pourquoi il est fort regrettable de ne pas avoir de campagne solo pour tirer parti de ce filon, car Overwatch subit le même écueil que je reprochais à DOOM : un potentiel narratif non exploité. Ce qui différencie DOOM d’Overwatch, c’est que l’histoire de ce dernier nous a été contée au travers de la folle promotion du jeu, à coup de nombreux courts-métrages en CGI, et que ce potentiel est amplifié par toutes ces petites touches qu’apporte le titre. Ce qui finalement est d’autant plus enrageant, et nous laisse espérer qu’une seule chose : que Blizzard puisse définitivement se lancer dans le long-métrage d’animation, parce que chacun de ces personnages pourrait avoir droit à son propre opus, ou a son film (comme certains ont déjà eu l’avantage d’un excellent court-métrage)… La qualité visuelle d’une œuvre Pixar, mais en plus sérieux.

Overwatch - Tracer

Une lame solide équilibre l’âme

Les capacités de vos personnages sont totalement distinctes entre eux et ont toutes été conçues avec une certaine profondeur, jouant sur la synergie possible et affolante qui peut en découler

Mais revenons au Jeu Vidéo Overwatch, qui impose sa différence avec les autres titres FPS en s’inspirant du genre MOBA pour les capacités de ses personnages. Divisés en plusieurs sous catégories (Tank, Constructeur, Attaquant, Défenseur, Soutien, etc.) chaque avatar possède ses forces et faiblesses, et ce sera à vous et votre équipe d’équilibrer au mieux, en fonction des situations. Et si leur tempérament est aussi flagrant et appréciable, il en est de même pour leurs mécaniques : nonobstant une construction assez simpliste comme base se référant à l’évolution du genre First Person Shooter au fil des années, leurs capacités sont totalement distinctes entre eux et ont toutes été conçues avec une certaine profondeur, jouant sur la synergie possible et affolante qui peut en découler.

Ainsi, l’arrivée de cinq Reinhardt sera aussi perturbante et inattendue pour l’ennemi qu’ardue à contrer s’il n’a pas opté pour un groupe aux mouvements véloces pour les contourner plus aisément. De même, une équipe entièrement composée de Lucio pouvant à tour de rôle augmenter la vitesse des alliés, permettra la capture très rapide d’une zone si la team ennemie a décidé initialement de s’attaquer frontalement à ses adversaires, n’ayant laissé ainsi aucune défense.

Néanmoins, si une multitude de combinaisons est possible, il est très rare qu’une partie en ligne se démarque par le choix effectué par les joueurs, se limitant généralement à une douzaine, voire une quinzaine au mieux, de personnages différents utilisés sur les 21 proposés (alors que tous sont manipulables dès le premier lancement d’Overwatch). Cela est dû à un équilibre plutôt incertain sur certains avatars ne permettant pas des stratégies optimales.

Symettra est un bon exemple : le jeu la considère à la fois comme un constructeur (ses tourelles de défenses), mais aussi comme un soutien (avec un ajout de bouclier (et non d’armure, merci Corentin pour la précision)). Or, d’une part ce dernier aspect est assez faible, mais d’autre part, choisir ce personnage lors d’une partie ne permettra peut-être pas à un autre joueur de prendre un autre soutien, car cela provoquerait un manque en attaque ou en défense pour l’équipe. Il y a encore quelques ajustements à effectuer pour que les groupes soient un peu plus éclectiques et moins spécifiques à un sextuor presque prédéfini à l’avance.

roadhog - overwatch

N’attendez rien de moins

Chaque joueur sera donc logé à la même ancienne et aura droit gratuitement aux nouveaux personnages et cartes prévues par les développeurs

Un point tout de même sur le système économique du jeu. Même si Overwatch propose des microtransactions, il ne se veut en aucun cas pay to win, puisque le seul avantage est de débloquer plus rapidement de nouvelles tenues et accessoires (tags, émoticône, pause de fin). Pour rappel, vous pourrez faire cela manuellement, mais plus lentement, en augmentant de niveau grâce à l’expérience accumulée. Chaque joueur sera donc logé à la même ancienne et aura droit gratuitement aux nouveaux personnages et cartes prévues par les développeurs, sans compter que cela est valable pour le mode compétitif qui arrive bientôt.

Cela risque cependant d’en décevoir plus d’un, bien que ces prix soient tous esthétiques : le système de loot est aléatoire. Une monnaie interne au jeu existe bien, mais s’obtient aussi grâce au gains random, limités aux nombres de 4 par coffre, donc par niveau. Puisque chaque personnage possède 54 éléments déblocables, autant dire que ce sera laborieux avant de pouvoir débloquer tout ce qui vous fait rêver pour votre Tracer. La plupart du temps, cela concernera du contenu indésirable, ou du doublon (qui rapporte dans ce cas un peu d’or à la place). De quoi démoraliser certaines personnes…

Conclusion

Overwatch fait partie de ces titres qui n’inventent rien, mais qui savent partir d’une idée et réussisent à se l’approprier comme il se doit, afin de surprendre très agréablement le joueur. Le soft se vit à un rythme effréné pour une expérience magistrale. De vives sensations qui risquent de retomber assez rapidement si vous vous attendiez à du contenu mirobolant. Il ne faut pas non plus que Blizzard se repose sur ses lauriers acquis depuis un moment déjà et que le studio continu d’apporter certains ajustements nécessaires à son titre. Mais une seule chose est ici à retenir : Overwatch fait dans la simplicité et le spectaculaire, rien de plus, mais le fait très bien.

Overwatch - 1

Test de Overwatch Origins Edition sur PC : quand Blizzard mélange FPS et MOBA
"Blizzard a toujours eu un certain affect sur moi, depuis les premiers Diablo. Tous les aspects liés à l’univers de leurs jeux, que ce soit les personnages ou les décors dans lesquels ils évoluent, sont soigneusement pensés avec minutie. Overwatch n’est pas un cas à part dans cette ludothèque et profite admirablement de cet univers ensorcelant comme sait très bien faire le studio, se profilant ainsi comme l’un de nos coups de cœur cette année. "
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