Test de Night in the Woods sur Nintendo Switch : le mystère de Possum Springs

La Nintendo Switch a droit à son lot de bons petits jeux indépendant. Après l’excellent Céleste, un autre est venu s’ajouter à ma librairie cette semaine. Ayant raté sa sortie originale en février dernier, ce port était l’occasion parfaite pour moi de plonger dans Night in the Woods. Étant amateur de jeux se démarquant par leur trame narrative, il n’était pas question que je manque encore ma chance. Mais que vaut ce succès Kickstarter mettant en vedette des animaux qui agissent comme des humains ?

Fiche technique

  • Date de sortie : 1 février 2018
  • Style : Aventure narrative en 2D
  • Classement ESRB/PEGI : ESRB T / PEGI 12
  • Développeur : Infinite Falls
  • Éditeur : Finji
  • Langue d’exploitation : Anglais uniquement
  • Disponible sur Nintendo Switch, Xbox One, PS4 et PC
  • Testé sur Nintendo Switch
  • Prix lors du test : 24,51 $ CA/19,99 €
  • Site officiel
  • Version offerte par l’éditeur

Que se passe-t-il à Possum Springs ?

Night in the Woods nous plonge dans la peau de Mae Borowski, une chatte dans la jeune vingtaine. Au début du jeu, elle vient de lâcher le collège pour retourner vivre chez ses parents dans sa ville natale de Possum Springs. Comme plusieurs villes éloignées, celle-ci est affectée par la fermeture de la mine du coin laissant l’économie du village aux ralenties. Mae se rend compte rapidement qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond à Possum Springs. Si bien qu’elle en fait même plusieurs cauchemars. Avec l’aide de ses amis Gregg, Bea et Angus, elle tentera de résoudre le mystère qui plane sur l’endroit.

Comme moi, votre première réaction en vous lançant dans Night in the Woods sera probablement : « mais quel jeu bizarre ». Que ce soit par tous ses personnages aux apparences d’animaux ou par les curieuses séquences de rêves de Mae, vous vous poserez une tonne de questions. Surtout que le jeu s’amuse à jouer entre la ligne entre le réel et la fiction à maintes reprises. En plus, les développeurs se sont permis de nous garder en haleine pour la plus grande majorité du jeu avant que tout nous soit expliqué à la toute fin. Le fait que tout culmine ensemble à la fin du scénario témoigne d’à quel point celui-ci a bien été construit.

Mae et sa bande

Un autre élément qui fait la force du scénario, c’est la personnalité de chacun de ses personnages. En effet, chacun d’eux a un côté assez extrême ce qui leur permet d’avoir toujours des interactions à la fois intenses et divertissantes. D’abord, il y a Gregg, un renard qui est justement très rusé et qui est toujours prêt à faire les 100 coups avec Mae. Gregg est un ami de longue date et il est super énergique. Mae ne s’ennuie jamais avec son meilleur ami, mais elle se met souvent dans le pétrin avec ce dernier. Durant l’aventure, ils iront jusqu’à commettre quelques petits crimes dans Possum Springs. Gregg est très important pour Mae, car il sera toujours derrière elle et viendra à sa rescousse à quelques reprises.

Puis, il y a Bea, un crocodile plein de sarcasme, mais aussi plein d’intelligence. Elle était l’amie d’enfance de Mae jusqu’à ce que les deux se perdent de vue. Avec son style gothique, Bea représente l’archétype de la jeune femme qui a vécu beaucoup trop d’éléments tragiques pour son jeune âge. La perte de sa mère l’a forcé à maturer plus rapidement que prévu et c’est elle qui ramène souvent Mae sur terre. Elle représente un superbe complément au groupe qui serait beaucoup trop extrême sans elle.

Mae passera donc la plupart de son temps avec ses deux amis en plus de quelques séquences avec Angus, le copain de Gregg. Qui plus est, avec la santé mentale de notre héroïne qui va tranquillement s’empirer à travers les chapitres, ses amis deviendront plus importants que jamais.

Un jeu pour les adultes

Night in the Woods touche plusieurs sujets très matures qui permettent à l’histoire de fleurir. Comme je le mentionnais préalablement, Mae n’est visiblement pas un personnage très stable mentalement. On comprend d’ailleurs durant l’aventure que c’est pourquoi elle a eu tant de difficulté au collège. Elle a quelques troubles dissociatifs ce qui explique pourquoi elle a un journal dans lequel elle s’amuse à dessiner les événements importants du jeu. Ceux-ci sont d’ailleurs assez drôles à feuilleter de temps en temps. Mais bref, le thème de la santé mentale est plutôt récurant tout comme celui de la dépression qui affecte aussi notre protagoniste.

Parallèlement, le jeu tourne autour d’un village qui vit les difficultés de l’adaptation de la classe ouvrière aux changements de la société. En fait, Possum Springs n’a jamais été capable de sortir du ralentissement économique causé par la fermeture de la mine. Ce qui fait en sorte que les personnages tentent tant bien que mal de subvenir à leurs besoins. Malheureusement, plusieurs sont visiblement moroses et peu enthousiasmes envers leur futur. C’est quelque chose qu’on ressent beaucoup, entre autres, chez le père de Mae qui est plutôt amer envers la vie. On peut facilement faire des parallèles avec les petites villes du sud des États-Unis ou des régions du Québec qui voient leur économie se transformer. Bref, bien qu’ils soient un peu lourds, ces thèmes ajoutent beaucoup de profondeur et d’émotion au scénario. On en vient même à oublier qu’il s’agit d’animaux.

Une jouabilité moyenne, mais un visuel unique

Comme plusieurs jeux indépendants qui décident de mettre l’accent sur la trame narrative, la jouabilité en paie le prix. Celle-ci se limite principalement à déplacer notre personnage de gauche à droite et à sauter. Par moment, on se croirait presque dans un jeu de plateforme 2D, mais la jouabilité ne va pas plus loin. On a droit à quelques mini-jeux à quelques endroits qui sont corrects sans plus. En fait, les plus divertissants sont les mini-jeux à la « Guitar Hero ». Night in the Woods se concentre donc bien plus sur la lecture de dialogues.

Par contre, le jeu compense très bien par son look unique. C’est difficile à décrire, mais c’est un peu comme plonger dans un univers entièrement dessiné à la main où les formes s’animent. De plus, le jeu joue beaucoup sur les effets de lumières pour ajouter un peu de suspense. En plus, la trame sonore est une des meilleures que j’ai entendues dans les 2-3 dernières années. Celle-ci ajoute beaucoup d’immersion dans les nombreux moments hauts en émotions du jeu.

Conclusion

Night in the Woods vous fera vivre un paquet d’émotions allant du rire à la déprime et même jusqu’aux larmes. Tout cela est possible grâce à un scénario très bien écrit et à des personnages remplis de personnalité. Pour moi, celui-ci s’inscrit parmi les Journey et Papo y Yo de ce monde qui placent la scène indie à l’avant-plan. Bref, si vous aimez une bonne histoire remplie de mystères, vous devez donner une chance à celui-ci.

Test de Night in the Woods sur Nintendo Switch : le mystère de Possum Springs
"Night in the Woods propose un scénario digne d'un AAA grâce au nombreux thèmes sérieux et matures qu'il aborde de main de maître. Avec des personnages à la fois attachants et intenses, il s'agit d'un des meilleurs jeux indépendants des 2 dernières années. Par contre, c'est à condition qu'on soit plus fan d'une bonne narration que d'une bonne jouabilité."
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