Qui aurait dit il n’y a pas si longtemps qu’on puisse avoir pour 150$ un téléphone intelligent dans notre poche? Alors que la plupart des médias et des gens n’ont d’yeux que pour les appareils haut de gamme, Motorola s’attaque au segment de marché où la croissance est encore forte et où la compétition est féroce.
Est-ce que c’est possible pour un fabricant de créer un appareil à la fois abordable et désirable? Motorola relève le défi avec sa gamme simplement nommée E. Encore plus abordable que le Moto G, le Moto E prétend être le produit que tout le monde à les moyens de se procurer.
Caractéristiques techniques du nouveau Moto E 4G LTE
Affichage |
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Dimensions | 129.9 X 66.8 X 5.2 – 12.3 mm (Hauteur x Largeur x Épaisseur) |
Poids | 145 grammes |
Processeur | Processeur Qualcomm quad-core Snapdragon 410 1,2 GHz, Adreno 306 with 400 MHz GPU |
Mémoire |
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Système d’exploitation | Android 5.0 Lollipop |
Réseau |
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Appareil photo / vidéo |
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Codecs supportés | Non indiqués |
Connectivité |
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Batterie / Autonomie |
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Design
Il n’y a pas de métal ici, il n’y a pas d’artifice non plus. Le Moto E a un design moins complexe que la gamme G et X, mais il reste identifiable à la marque Motorola. L’appareil est flanqué du logo de la marque sur sa coque arrière. Tout de même, Motorola a choisi de ne pas créer un appareil plat, sa coque arrondie rehausse le look et donne tout de même une impression de souci du détail.
Le contour de l’appareil est amovible et dissimule la fente SD et la carte SIM tout en permettant de personnaliser l’appareil. Donc, même à 150$, Motorola donne un petit goût de « Moto Maker » à son appareil. À l’essai, nous avions 3 contours différents: un rouge assez vif que les adolescents ont adoré, un violet foncé qui offre un subtil contraste et un noir qui donne un look plus adulte et contemporain à l’appareil. Le contour tient bien sur la coque, il n’est pas trop serré et est facile à remplacer.
Malgré tout, comme sur tous les appareils de Motorola, les boutons sont solides et répondent bien au toucher. Le bouton d’alimentation est texturé pour permettre de bien l’identifier.
L’appareil est très petit pour les standards d’aujourd’hui, les bordures sont tout de même assez minces pour la gamme et le seul élément distinctif sur la façade avant est l’unique haut-parleur flanqué au-dessus de l’écran. Même si l’appareil est 100% plastique, il est tout de même assez lourd, à 145 grammes. Avec son contour texturé et sa coque adhérente, il tient très bien en main et contrairement à bien d’autres appareils on n’a pas peur de l’échapper, il n’est pas glissant du tout.
La finition de l’appareil n’a rien d’extraordinaire. Le Moto E n’épate pas au premier coup d’oeil, mais par son prix et ses caractéristiques: l’argent est mis là où ça compte. Il arbore tout de même un look sympathique.
Écran
Avec une résolution de 540×960 (qHD) pour une diagonale de 4.5 pouces, on obtient une densité de pixels de 245 points par pouces. Donc, cette dalle IPS ne fait pas dans la grande finesse. Sur du petit texte, on voit un léger flou et on distingue les pixels si on s’attarde aux détails. Il est certain que les photos miniatures en prennent aussi pour leur rhume: les détails des visages s’estompent ou on ne reconnaît tout simplement ce qui est affiché.
Malgré tout, les angles de vision sont très bons et lorsqu’on met la luminosité au maximum l’écran offre des contrastes corrects. Le rendu de couleur est assez flatteur, j’ai même été agréablement surpris. On juge souvent de la qualité d’un écran par son rendu de la peau et sur l’écran Moto E c’est n’est ni trop rosé ou trop jaune. Visionner des vidéos sur ce dernier est très agréable, surtout lorsque la source est à 720p ou plus.
L’écran a un revêtement anti-tâches qui fonctionne très bien : les traces de doigts ne s’accumulent pas à outrance et sont faciles à nettoyer.
Il est certain qu’on aurait préféré un écran 720p pour aller chercher de la finesse dans les détails et offrir un visuel plus « premium », mais ici, ce n’est pas une critique du choix de Motorola, mais un souhait pour la prochaine génération.
Performances
Le petit Snapdragon 410 qui équipe le Moto E n’est pas le plus véloce et lorsqu’on utilise l’appareil, on le ressent. Certaines applications plus gourmandes prennent un certain temps à s’ouvrir, le passage d’une application à une autre peut s’avérer un peu long. Il y a une latence évidente et les animations ne sont pas toujours fluides.
Dans l’ensemble, ça n’est pas si mal, mais dans certaines circonstances des lenteurs excessives affectent grandement l’expérience utilisateur. Par exemple, lorsqu’on met à jour ou installe une application, il faut carrément mettre notre appareil de côté et attendre la fin du processus. Sinon, on s’impatiente et les temps de réponse sont si longs, qu’il devient impossible de faire toute action sur l’appareil.
Si vous prévoyez utiliser la fente MicroSD, je vous recommande d’opter pour une carte de qualité. Les temps d’accès et les vitesses en lecture et écriture peuvent donner une impression de lenteur à votre appareil surtout si vous y installez des applications gourmandes.
Dans les jeux, le téléphone arrive à se débrouiller, mais j’ai expérimenté quelques problèmes lorsque le processeur atteint une température de 48 degrés Celsius, ce qui peut arriver après une longue session de jeu 3D. Lorsque c’est le cas, la protection thermique s’active et l’appareil devient excessivement lent et le temps de retour à une température normale peut être plus ou moins long. Définitivement, le Moto E est plus approprié pour les jeux 2D ou qui sont moins exigeant.
Occasionnellement, pour reprendre le dessus et retrouver une expérience plus fluide et dynamique, j’ai dû redémarrer l’appareil. Mais, ça reste tout de même difficile d’identifier une cause unique à ces lenteurs, car, malgré tout, dans un usage modéré: textos, courriels et réseaux sociaux l’appareil s’en tire assez bien. Notez que la désormais légendaire lourdeur de Facebook sous Android se fait encore plus ressentir sur cet appareil, c’est une des applications les plus lentes à s’ouvrir lorsqu’elle n’est pas en cache.
Notez que le processeur qui équipe le Moto X supporte les instructions 64 bits, mais pour l’instant c’est la version 32 bits de Android qui tourne sur l’appareil.
Connectivité
LTE, ces 3 lettres qui veulent dire beaucoup pour le marketing d’un appareil mobile aujourd’hui. Le Moto E est équipé de la technologie LTE qui confère des vitesses de téléchargement exemplaires pour le prix avec des pointes à 50 Mbps. C’est tout de même assez ironique, en ce sens que ce type d’appareil est destiné à des gens qui ont généralement un budget limité et qui ont souvent peu ou pas de données associées à leur forfait mobile.
Alors, pourquoi Motorola a intégré le support LTE dans un appareil à si bas prix? D’abord, pour faire sexy, mais surtout pour garantir une bonne valeur à moyen et long terme. Tout les opérateurs ont maintenant une bonne couverture LTE et acheter ce Moto E assure une fraîcheur technologique pour les années à venir. Pour ajouter à l’attrait, l’appareil n’est pas verrouillé, on peut donc y mettre la SIM de l’opérateur de notre choix pour en profiter immédiatement.
Du côté WiFi, le support 5 GHz est absent et c’est décevant. Avec la congestion de la bande 2.4 GHz, supporter le 5 GHz permet d’avoir dans des zones densément peuplées de meilleures performances en WiFi. Sachant que l’appareil supporte LTE, c’est encore plus questionnable de ne pas intégrer aussi cette bande de fréquence sans-fil.
La puce NFC et la recharge sans-fil sont ici absents. Quand on sait que l’appareil est destiné à bien des marchés émergents, l’absence d’une puce NFC pourrait handicaper les propriétaires de l’appareil si (finalement) le paiement par mobile se démocratise.
Autonomie
Probablement la plus agréable surprise de ce petit téléphone, c’est son autonomie qui fait même pâlir de jalousie des appareils haut de gamme. L’écran économe couplé à au processeur raisonnable permet d’avoir sur une charge presque 5 heures d’écran allumé ou 18 heures d’autonomie en usage modéré à normal. Il faut remercier la batterie qui frôle le 2400 mah. Ajoutez à cette autonomie le mode d’économie d’énergie intégré à Lollipop et la plupart des utilisateurs n’auront pas de difficulté à faire une journée complète avant de devoir rebrancher l’appareil.
Une petite mention pour le connecteur USB qui est récalcitrant, il est un peu difficile d’insérer le fil USB dans l’appareil, surtout dans le noir, on doit avoir un angle parfait et il est facile de se tromper de côté. Ce sera assurément à réviser pour la prochaine génération.
Système d’exploitation et applications Motorola
Comme pour tous ses produits, Motorola offre une expérience pure sous Android. Il y a bien peu d’artifices et les logiciels superflus sont absents. Mais pour “pimper” le dernier, Motorola a intégré des fonctionnalités qui étaient auparavant exclusives au Moto X. On a droit aux notifications à l’écran lorsque l’appareil est en veille, aux assistants de sommeil et réunion et à l’ouverture de l’appareil photo en deux coups de poignets secs.
Comme pour les autres appareils de Motorola sous Lollipop, l’assistant du mode nuit et réunion vient chevaucher les nouvelles fonctionnalités de notifications prioritaires sous Android. Il m’est d’ailleurs arrivé de manquer un appel téléphonique à cause des configurations contradictoires entre ces 2 services. Motorola gagnerait à revisiter et améliorer cette fonctionnalité sous Android 5.0.
L’application Alerte sera appréciée des parents ou des conjoints possessifs. Elle permet de configurer jusqu’à 5 lieux et d’automatiser l’envoi de messages textes à l’arrivée ou au départ de ces endroits. La configuration est simple et ne vous inquiétez pas pour votre vie privée, c’est l’utilisateur qui a le plein contrôle sur l’application.
L’application Migration de Motorola est présente pour les gens qui feraient le saut à partir d’un autre téléphone Android ou une autre plate-forme. L’assistant pas à pas est assez clair, mais puisque l’appareil est plus destiné aux premiers acheteurs de téléphones intelligents ou aux jeunes il ne sera pas d’une grande utilité pour ces derniers.
Hormis ces ajouts pratiques, on retrouve un environnement à l’image de ce que Google présente sur ses appareils Nexus. Tout est simple et les services du géant de la recherche sont mis en premier plan. Personne n’aura de difficulté à s’y retrouver, on se familiarise vite avec l’interface.
Tout au long de notre essai, le système d’exploitation et les applications se sont avérés très stables.
Multimédia
Qu’est-ce qui fait plaisir dans un appareil multimédia abordable? Une fente MicroSD, un haut-parleur frontal et un syntoniseur FM. Ce sont les 3 plus grands attraits du Moto E en terme de divertissement.
La fente MicroSD permet d’augmenter significativement l’espace de stockage qui est limité à environ 5 GB d’origine (3 GB étant réservé pour le système d’exploitation). Le support d’une carte jusqu’à 32 GB permettra de stocker beaucoup de musiques, vidéos et photos. Mais attention, comme avec tout appareil Android cet espace externe n’est pas nécessairement utilisable pour l’installation d’applications ou de jeux.
Le haut-parleur frontal, quant à lui fait toute la différence, et ce peu importe le type de média consommé. On a un son direct et une bonne puissance, malgré un manque de présence et de rondeur. Au moins, ça nous permet de bien entendre et de ne pas inutilement assourdir son voisin alors que c’est nous qui écoutons de la musique!
Le syntonisateur FM est très sensible, j’ai pu capter beaucoup de stations, même celles dont le signal est normalement très faible. Le son peut être dirigé soit vers les écouteurs, soit vers le haut-parleur en un simple clic. Les gens qui ont un petit forfait de données vont beaucoup apprécier.
Détail anodin, mais tout de même agaçant: l’application YouTube ne permet pas l’écoute de vidéos en 720p sur le Moto E. Il semble que l’application limite les vidéos à la résolution de l’écran. Donc, le qHD étant en deçà du 720p, les vidéos sont systématiquement lancés en résolution 480p ce qui est dommage, car on perd beaucoup de détails puisque l’écran a beaucoup plus de pixels que le 480p offre. Sinon, avec une application comme VLC ou MX Player on peut faire jouer en local la plupart des formats de vidéos, incluant du 1080p avec des trames DTS.
Un dernier mot sur le iPod. Oui, le iPod. Je tiens à le mentionner parce que le Moto E se vend sensiblement moins cher qu’un iPod touch de 16 GB (219$CA). Un Moto E sans carte SIM et avec une carte MicroSD peut se comparer à cette plate-forme de jeux et multimédia. Avec des applications disponibles autant sur iOS que sur Android, le Moto E peut être un bon appareil multimédia. Avec le support multi-utilisateur intégré à Android, un parent peut garder un certain contrôle sur l’appareil et peut être partagé dans une famille. Je ne veux pas me lancer dans une guerre de plates-formes, je mentionne tout simplement le fait que l’entrée de gamme de Motorola n’est pas à négliger lors du magasinage d’un appareil multimédia.
Appareil Photo / Caméra vidéo
Exit les superlatifs, les 2 caméras du Moto E sont bien présentes et sont bien fonctionnelles, mais elles ne sont vraiment pas là pour impressionner. Le capteur arrière de 5 Mpix n’est pas accompagné d’un flash, c’est une omission qui est difficile de pardonner malgré le prix de l’appareil. Le capteur n’étant pas d’une grande qualité, les photos en basse luminosité n’en sont que plus mauvaises et on ne peut pas utiliser l’appareil comme lampe de poche.
La caméra comprend un mode panorama et un mode HDR qui a un usage plutôt limité vu la faible sensibilité du capteur. Il y a aussi un retardateur intégré. Tous ces réglages sont facilement accessibles par un glissement de la gauche vers la droite dans l’application Appareil photo.
La caméra frontale permet de faire de la vidéoconférence, mais avec une résolution de seulement 640 par 480 pixels (VGA). Les selfies manqueront définitivement de détails… Mais, au moins les imperfections et les rides ne paraîtront guère!
Tout de même, l’interface de la caméra est simple à utiliser. On clique n’importe où dans l’écran pour prendre une photo et il y a un bouton dédié et présent en permanence pour démarrer l’enregistrement d’une vidéo (limité à 720p). Mais, tout comme pour les photos, la qualité des vidéos n’est pas impressionnante.
En vidéo, il y a aussi un mode ralenti et l’application Galerie de Motorola permet de rogner à la volée nos oeuvres avant de les partager. Dans la galerie, il est aussi possible d’appliquer des effets divers ou d’ajouter des cadres à nos photos. C’est standard comme offre, mais c’est tout de même complet: les essentiels sont là.
Conclusion
Il n’est pas le plus performant, il n’est pas le plus beau, il n’a pas tous les atouts de ses grands frères, mais ça n’est pas ce que l’on cherche dans un appareil comme le Moto E. Des appareils comme celui-cil sont destiné aux néophytes, aux jeunes, à des gens qui ont moins d’argent ou à des marchés où 150$, c’est tout de même une petite fortune.
Motorola veut se faire une place dans ces marchés qui restent à conquérir et qui sont délaissés par Apple ou qui sont traités comme des marchés d’appoint par Samsung et d’autres grands manufacturiers Android.
Le Moto E sera soit le premier téléphone intelligent et/ou le seul ordinateur pour bien des gens. Dans ce contexte, il sera encore plus apprécié, parce qu’il permet de faire autant de choses que ses concurrents plus chers, mais un peu moins rapidement. Signe que Motorola écoute bien les utilisateurs, le mobile n’a pas de grands défauts. Il n’a pas une ou deux lacunes qui en feraient un appareil non recommandable.
En plus, Motorola a démontré depuis le lancement du Moto X de première génération sa capacité à bien supporter ses appareils après leur mise en marché. Autant dans la gamme E, G et X, Motorola fait des mises à jour logicielles et donne l’opportunité de personnaliser son appareil pour se l’approprier encore plus.
Le Moto E est important dans un marché où les appareils mobiles deviennent de plus en plus des commodités et où trop de compagnies se battent pour vendre des produits plutôt que d’offrir une expérience à ses utilisateurs. Si Lenovo (qui a racheté Motorola à Google) persiste et laisse l’ancienne compagnie américaine bâtir des relations durables avec ses consommateurs, c’est tout le marché de la mobilité qui gagnera. Les acheteurs de Moto E d’aujourd’hui risquent bien de rester fidèles à la marque et grandir avec elle.