Pépite de la dernière console portable de Sony, Gravity Rush avait réussi l’exploit d’utiliser en profondeur les capacités de la PlayStation Vita, malgré un contrôle assez approximatif. L’annonce d’un second épisode, exclusivité PlayStation 4, aura suscité pas mal de polémique, à commencer par une négligence prononcée de la console originelle de la série (alors que le projet Gravity Daze était initialement prévu pour PlayStation 3), mais explicable par une possible perte significative de bénéfice vu le parc installé de Vita. Et puisque Sony est le roi de la remastérisation, il fallait que la firme nippone nous délivre une version améliorée sur PlayStation 4 de Gravity Rush. C’est encore une fois Bluepoint Games qui s’en occupe, pour un résultat très agréable.
Fiche technique
- Date de sortie : 10 décembre 2015 (Japon), 2 février 2016 (Amérique du Nord), 3 février 2016 (Europe)
- Style : Action/Aventure
- Classement ESRB/PEGI/CERO : ESRB T /PEGI 12 / CERO C
- Développeur : CE Japan Studio (PlayStation Vita) / Bluepoint Games (portage PlayStation 4)
- Éditeur : Sony Computer Entertainment
- Langue d’exploitation : Textes multilingues
- Disponible sur PlayStation 4 (et PlayStation Vita pour la version originale)
- Évalué sur PlayStation 4
- Prix lors du test : 29,99 $/29,99 € sur le PlayStation Store
- Site officiel
- Version physique envoyée par l’éditeur
Changement de registre gagnant
Kat est une jeune Gravitéene amnésique, qui se réveille en plein milieu de la ville flottante d’Hekseville, ayant la particularité de contrôler sa gravité, ainsi que celle des objets à sa porté. Cette faculté plutôt mystique lui est accordée grâce à la présence d’un mystérieux chat, et lui permettra de se défaire des Névis, une sombre menace qui s’est abattue sur la cité. Dans sa quête de connaissance de soi et de ses capacités, notre héroïne découvrira qu’elle n’est pas la seule à posséder ces étranges pouvoirs, et qu’Hekseville regorge bien plus de secret qu’il n’y paraît.
Loin de l’ambiance horrifique et cauchemardesque de ses précédentes œuvres, Forbidden Siren et Silent Hill, Keiichiro Toyama nous offrait ici une intrigue plus joyeuse, au multiple niveau de (re) lecture et faisant preuve de beaucoup d’humour. La mise en scène, sous plusieurs chapitres, permettait à l’époque de proposer une histoire bien écrite et découpée agréablement, autorisant ses moments de suspens et de surprise. Au final, nous avions la qualité scénaristique d’un titre console de salon, adapté à un format portable, un mode de consommation beaucoup plus restrictif et qui rendait l’expérience moins chronophage pour le joueur.
Une synthèse qui ne dérange absolument pas votre progression dans cette version remastered. S’il n’y a aucun ajout particulier par rapport au Gravity Rush d’origine en matière de contenu (hormis les DLC gratuits dans cette remastérisation), nous sommes toujours autant fasciné par la qualité d’écriture des personnages, de leur charisme, les relations qu’ils peuvent entretenir, ainsi que leurs différentes péripéties. Une aventure qui arrive, cependant, trop rapidement à son terme, une dizaine d’heures, tant l’envie de partager plus de moments avec Kat et les autres comparses est grand. Vivement Gravity Rush 2.
Une meilleure Maniabilité
Concernant le gameplay, le joueur contrôle la projection, la stabilisation et l’orientation de votre gravité. Ainsi, il vous faudra utiliser à plusieurs reprises les touches de vos capacités, pour peu que votre parcours ne nereprésente pas une ligne droite, pour progresser avec votre personnage dans ce level design plutôt bien pensé. Sachant que le tout consomme la jauge de pouvoir de Kat, il faudra donc traverser le plus rapidement possible certains passages ardus avant de revenir à l’état d’attraction gravitationnelle ordinaire. En clair, essayez de ne pas retrouver votre avatar au-dessus du vide avant l’utilisation complète de votre jauge.
Heureusement, l’amélioration de vos capacités vous permettra de profiter plus facilement et longtemps de vos pouvoirs, mais aussi d’en découdre plus rapidement avec les Névis, dont seule une unique zone de faiblesse propre à l’ennemi lui infligera des dégâts : la puissance de Kat, sa santé, ajouter de nouveaux mouvements ou augmenter sa jauge de gravité seront des bonus non négligeables. Le système de combat, par ailleurs, joue à fond avec les mécaniques liées aux pouvoirs de Kat, et marche à merveille.
Ce qui n’était pas vraiment le cas des contrôles : bien qu’utiliser en profondeurs, les fonctionnalités de la PlayStation Vita ne permettaient pas à l’époque de profiter au mieux de l’expérience Gravity Rush, notamment due à une caméra légèrement vomitive vu le manque de maniabilité (et le gyroscope qui lui était lié, peu maîtrisée). Rassurez-vous, la manœuvrabilité est bien meilleure. Si la gestion de son mouvement peut encore être faite par la fonction Sixasis des manettes Dualshock 4, l’utilisation du deuxième stick apporte cependant une aisance et une facilité de contrôle très appréciable dans ce remastered.
Une direction artistique qui n’a pas vieilli d’un iota
Finissons par la patte artistique de l’œuvre, représentation et inspiration du modèle bande dessinée. Déjà impressionnante à l’époque, le passage à la haute définition ne fait que sublimer la qualité de la direction prise par Japan Studio. Certes, nous sommes loin de la claque graphique, ou d’un niveau proche d’une œuvre current-gen. De plus certaines textures ont tendance à baver un peu. Néanmoins, les équipes de Bluepoint Games ont, encore une fois, effectué un énorme travail sur la finition de ce Gravity Rush. Ce n’est pas la première fois que Sony fait appel à eux pour le portage d’un de leurs titres, puisque Uncharted : The Nathan Drake Collection est aussi passé entre leurs mains, par exemple.
On regrettera tout de même ces soucis de distance d’affichage, puisque la zone d’apparition semble visible assez facilement. Le problème est lié directement au format initial, celui de la PlayStation Vita, une console portable. Vu comment le studio a pu améliorer les temps de chargement ainsi que le taux de rafraîchissement d’image, cela reste négligeable, bien que frustrant. Autre petit détail anecdotique, la navigation dans les menus, entièrement pensée au touché, celui de l’écran de Vita, mais que l’on ne peut parcourir uniquement qu’au stick. Un système avec l’utilisation du pavé tactile de la manette aurait largement amélioré cet aspect.
Conclusion
Au final, que dire de plus à part que Sony apporte encore une nouvelle pépite à sa collection ! Et quel pépite : Gravity Rush est l’un des meilleurs jeux sortis sur PlayStation Vita, et garde la même aura une fois sur PlayStation 4, malgré quelques soucis techniques. Oui, la plupart des gens vont raller sur le fait que cela est un portage, à payer, là où la concurrence directe propose une rétrocompatibilité gratuite. Malgré tout, nous restons proches, une nouvelle fois, d’une qualité quasi irréprochable. Gravity Rush est un must have de la collection PlayStation, et cette remastérisation s’adresse avant tout à un public qui ne s’y est pas encore attardé, ou aux fans hardcores n’en pouvant plus d’attendre une suite au jeu de Keiichiro Toyama.