Test de Goetia sur PC : le retour du point’n click old school

Projet initialement lancé sur Kickstarter, Goetia est développé par un studio français, revenant aux sources d’une mécanique de gameplay qui aura marqué toute une génération de joueurs, le point’n click. Petite particularité : le titre a obtenu le soutien de Square Enix lors de sa conceptualisation, au point de figurer comme le fer-de-lance de l’initiative Square Enix Collective. Est-ce que l’éditeur a misé sur un cheval gagnant ? Réponse dans les prochaines lignes.

Fiche technique de Goetia

  • Date de sortie : 14 avril 2016 
  • Style : Point’n click/Aventure
  • Classement ESRB/PEGI : ESRB T/PEGI 7
  • Développeur : Sushee / Moeity
  • Éditeur : Square Enix Collective
  • Langue d’exploitation : textes multilingues
  • Disponible sur PC et Mac
  • Évalué sur PC
  • Prix lors du test : 16,99 $ CA/14,99 € sur Steam
  • Site officiel
  • Version envoyée par l’éditeur

Goétie, l’art d’évoquer des esprits pas foncièrement sympathiques

L’aspect addictif est grandement aidé par la difficulté du jeu très bien dosée, exigeant de vous de la patience et de la minutie

Abigail Blackwood se réveille, une nuit, près d’une tombe. Mais la petite fille de 12 ans comprend très vite qu’elle ne possède aucune forme physique, qu’elle peut traverser les murs, et que son nom est gravé sur la pierre où elle a pris connaissance. Petit à petit, notre héroïne fantomatique se rend compte que 40 ans se sont écoulés depuis le mortel accident lui ayant coûté la vie, et que, pendant ce temps, des choses obscures se sont déroulées dans son ancienne demeure, le manoir Blackwood. Le village lui-même, Oakmarsh, semble avoir été témoin d’événements tragiques. Abigail devra ainsi lever le voile sur son état et l’ensemble des mystères l’entourant, des énigmes qui la dépassent complètement.

Goetia est comparable à une drogue : il n’est pas aisé de s’arrêter, pour peu que le goût de l’enquête et de l’exploration soit au rendez-vous, ce qui est le cas ici. Personnellement, lors de ma première prise en main, j’ai bien mis 4 à 5 heures avant de lever les yeux vers l’horloge pour me rendre compte du temps passé dessus. L’aspect addictif est grandement aidé par la difficulté du jeu très bien dosée, exigeant de vous de la patience et de la minutie, tout en maintenant élevée votre attention à ce qui vous entoure. L’intrigue principale en dévoile peu au cours de votre périple, mais distille assez d’informations pour vous sentir obligé de continuer vos recherches.

Pour se faire, votre esprit peut se mouvoir dans les airs, pouvant passer à travers les murs — ceux non barrés par les runes démoniaques, uniquement traversables après résolution d’énigmes — afin d’accéder à une autre salle du manoir, interagir avec divers documents et les lire, ou encore, contrôler certains objets clés permettant de débloquer un mécanisme. Pas d’inventaire dans lesquels vous pourrez ranger ces items, vous devrez donc les prendre un par un pour les emmener à l’endroit voulu, sachant qu’il est impossible de traverser un mur dans cet état. Il vous faudra ainsi entièrement repenser votre progression avec l’objet en question, ce qui demandera, au préalable, une résolution d’énigme, et ainsi de suite.

Votre zone d’aventure sera, quant à elle, d’autant plus large que vous aurez accès à — presque — tous les lieux très rapidement, aussi bien le manoir que la forêt, le village, et d’autres endroits dont nous garderons le secret pour plus de surprises. Ce seront les différentes énigmes qui bloqueront votre progression, des plus faciles aux plus tordues. Pour vous aider, Goetia propose deux outils fortement utiles, à commencer par Le Codex, recensant l’intégralité des documents découverts par votre personnage. Abigail partagera aussi toutes ses péripéties dans un Journal, y inscrivant ses réflexions autour de l’interaction avec un objet ou de votre progression. Les deux amèneront à guider le joueur dans sa partie, mais vous ne serviront pas les solutions sur un plateau. À vous d’être des plus méticuleux pour tout explorer, découvrir votre environnement et ses secrets, afin de résoudre ses problématiques.

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C’était tremblant, c’était troublant, c’était vêtu d’un drap tout blanc

Goetia met sa construction au service de la narration et de l’ambiance, tout en y apportant un côté old school très appréciable

Il est très difficile de parler de Goetia sans gâcher le principal intérêt du titre : la découverte. C’est pourquoi nous n’expliquerons pas ici toutes les mécaniques et attraits du jeu. Le soft reste cependant un poil déconcertant. Si on peut élucider plusieurs énigmes en même temps, ou en laisser une quelques heures avant de revenir dessus (heureusement, hormis pour ceux relevant de l’intrigue principale, les défis sont libres dans leur approche et leur résolution), Goetia vous largue assez facilement dans son univers : Aucune indication, sauf les cartes des lieux, pas très précises et qu’il faudra préalablement trouvés, ne vous sera donnée gratuitement.

Il faudra souvent lire entre les lignes d’un long texte pour y décrypter une énigme afin d’atteindre une autre permettant de débloquer une nouvelle zone d’exploration. De même, si vous déplacez un objet clé, il restera là où vous l’aurez laissé, sans aucune indication pour le retrouver par la suite. Cette construction un peu old school du point’n click fonctionne impeccablement sur l’ambiance et la cohérence de l’univers suggéré. Néanmoins, les joueurs néophytes, ou non habitués aux petites subtilités du genre, seront vite largués, malgré des mécaniques extrêmement simples, limite simplistes. Les autres, quant à eux, apprécieront ce retour aux sources.

Attardons-nous tout de même sur l’aspect graphique du titre. Goetia propose une perspective en 2D d’environnement fixes, bien que certains éléments dans décors vont être animés (notamment les nuages ou les effets de lumières et d’ombres). Visuellement, Goetia se veut aussi simple que son gameplay puisqu’il s’agit d’une succession de photographies superposées les unes sur les autres pour créer ces décors extrêmement détaillés (vous remarquerez assez rapidement, d’ailleurs, que la daguerréotypie est l’un des thèmes centraux du titre). Si on peut ergoter sur 2-3 objets mal incrustés — des cas très rares —, tout le reste fonctionne à merveille. Le choix concernant la direction artistique est gagnant, et nous sommes plongés à fond dans l’atmosphère fantastique de Goetia.

Et parce que le cachet visuel n’est rien sans sa bande-son, sachez que même de ce côté-là, les développeurs maîtrisent le sujet. Les variations d’ambiance sont logiques et s’intègrent bien dans ce que souhaite véhiculer le jeu, à la fois un climat oppressant et sombre, mais familier et, paradoxalement, accueillant et paisible. Encore une fois, quelques éléments sortent du lot et font tache, mais beaucoup trop rares pour être tenus en considération.

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Conclusion

Goetia met sa construction au service de la narration et de l’ambiance, tout en y apportant un côté old school très appréciable. C’est malheureusement ce dernier point qui risque de freiner l’enthousiasme de certains joueurs, accompagnés de quelques détails visuels et techniques qui n’ont pas profité du même soin que l’ensemble du titre. Cela étant dit, on passera très vite au-delà de ces quelques soucis anecdotiques, pour se concentrer uniquement sur l’expérience gratifiante et addictive qu’apporte Goetia.

Test de Goetia sur PC : le retour du point’n click old school
"Aperçu lors de la sortie du Kickstarter, je dois avouer avoir été assez sceptique au départ concernant Goetia. Il m’aura fallu attendre la Paris Games Week 2015 pour mettre la main dessus et être totalement conquis par son univers et son ambiance. Une erreur qui ne se reproduira pas : Moeity et Sushee étant une équipe au fort talent, j’ai spécialement hâte de voir leurs prochains projets et collaborations futures. Ce constat concerne aussi Square Enix Collective, qui propose actuellement un excellent line up de titres indépendants. À surveiller !"
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