Lorsque Nintendo a ramené deux classiques de la Famicom il y a quelques années, j’avais l’impression que la compagnie voulait évaluer notre intérêt. C’était une belle découverte pour moi et je trouvais qu’il y avait de la place sur la console pour des jeux un peu plus matures du genre. Certes, il y a Ace Attorney et toutes ses collections, mais Nintendo ne poursuivrait-il pas sa série. Je n’ai donc pas été si surpris de voir qu’une nouvelle enquête arrivait sur Nintendo Switch. Les promos en marge du lancement d’Emio – L’Homme au sourire : Famicom Detective Club laissait d’ailleurs planer un récit particulièrement épeurant. Est-ce aussi bon que prévu ?
Fiche Technique de Emio – L’Homme au sourire : Famicom Detective Club
- Date de sortie : 29 août 2024
- Style : Aventure narrative
- Classement ESRB / PEGI : M / PEGI 18
- Développeur : Nintendo
- Éditeur : Nintendo
- Langue d’exploitation : Voix japonaises et sous-titres en français
- Exclusivité Nintendo Switch
- Testé sur Nintendo Switch OLED
- Prix lors du test : 64,99 $ CA / 49,99 €
- Site Web
- Version envoyée par l’éditeur
Une série de meurtres qui refait surface
Un meurtre un peu sordide vient secouer tout un village au Japon, alors que les circonstances rappellent une enquête datant de 18 ans auparavant. La victime est un jeune étudiant retrouvé étranglé par un objet contondant. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que sa tête était entourée d’un sac de papier sur lequel un sourire machiavélique était tracé. Ceci fait référence à la légende urbaine d’Emio qui, selon les rumeurs, donnait aux victimes « un sourire pour l’éternité ». Or, il y a aussi un lien à faire avec trois autres victimes mortes à l’époque avec des sacs similaires sur la tête. Est-ce le même meurtrier qui fait de nouvelles victimes ?
Le jeu nous place dans la peau d’un jeune détective privé de l’agence Utsugi qui tente de résoudre cette sombre enquête. De temps en temps, on prend aussi la perspective de sa partenaire Ayumi Tachibana qui est familière avec la région incluant le professeur de la victime qui a été son tuteur. Petit à petit en examinant les lieux, en parlant à l’entourage de la victime, en travaillant avec les policiers et les personnes qui avaient un lien avec les meurtres du passé, les morceaux du casse-tête tomberont en place.
L’histoire a une bonne durée d’une quizaine d’heures et on s’attache beaucoup aux personnages. On s’investit énormément dans la résolution de l’enquête d’autant plus que ce sont de jeunes étudiants qui sont touchés. Le fait de découvrir l’impact des tragédies sur l’entourage des victimes ne nous laisse pas indifférents. La fin est aussi assez inattendue, alors je pense que les développeurs ont bien joué leur carte pour causer des surprises. C’est dommage qu’il y a certains raccourcis à la fin. Néanmoins, si vous aimez les thrillers un peu sombres du genre, vous allez bien aimer Emio – L’Homme au sourire.
Un récif narratif avec quelques cliques
Pour la jouabilité, c’est surtout un récit narratif avec beaucoup de lecture. Il faut cependant activer les différentes sélections pour faire avancer les scènes. Lorsqu’on se retrouve devant un personnage, on a généralement les actions suivantes : Appeler/Aborder, Interroger/Écouter, Inspecter/Examiner, Téléphoner, Réfléchir, Faire le Point, Ouvrir le bloc-notes, Se Déplacer ou Sauvegarder l’enquête. Il faut souvent passer d’un à l’autre pour débloquer de nouvelles discussions.
D’ailleurs, lorsqu’on utilise la fonction Inspecter/Examiner, le jeu devient un peu comme un pointer-et-cliquer où il faut peser au bon endroit pour progresser. Comme il faut un peu faire le cycle de ces différentes fonctions, ce n’est pas un jeu qui est difficile. Je pense que la plus grande difficulté est de simplement rester attentif et réussit à bien répondre aux questions lorsqu’elles arrivent à l’écran. D’ailleurs, ces questions arrivent généralement lorsqu’on fait le point à la fin de la journée, alors que le jeu veut simplement s’assurer qu’on a bien suivi. Il faut même parfois épeler le mot recherché par les enquêteurs ce qui n’est pas trop difficile à résoudre, mais qui nous fait participer d’avantage aux enquêtes.
Enfin, j’aime que le jeu ait les bonnes fonctions pour rendre le récit facile à suivre. Par exemple, lorsqu’on charge notre partie, on peut avoir un récapitulatif de l’intrigue jusqu’à maintenant. C’est très pratique si on arrête de jouer quelques jours. On peut aussi faire défiler le texte automatiquement pour éviter d’avoir à appuyer sur les boutons. On peut relire les dialogues, les faire avancer en vitesse turbo et les sous-titres français sont impeccables.
Un manga animé
Puis, pour les graphiques, Emio – L’Homme au sourire : Famicom Detective Club est un jeu bien de son temps. Comme les deux premiers titres de la série, on a l’impression d’être quelque part entre un manga et un dessin-animé. La plupart des images sont statiques avec seulement de très légères motions lorsqu’on avance dans nos discussions avec ceux-ci. Ça peut être aussi simple qu’un personnage qui commence avec la mine basse, puis qui couvre son visage avec ses mains. Ou encore, un personnage qui ouvre la bouche pour parler ou qui lève la main pour nous interpeller. Bref, c’est très de base, mais avec la narration c’est suffisant pour donner aux personnages leurs personnalités.
Sinon, je dirais que c’est très bien dessinné. Ce n’est pas le genre de jeu qui te donne l’impression que la Switch a un retard technique au niveau du visuel. Je n’ai pas vraiment eu de temps de chargement non plus ni de problème de fluidité. En plus, les décors et les effets de lumières sont bien choisit pour nous absorber dans chaque scène. J’aimais particulièrement les scènes un peu plus épeurantes alors que le meurtrier était en action. Le jeu exploite très bien son côté mystérieux à tous les égards.
Enfin, j’ai bien aimé qu’on ne tombe pas trop dans le paranormal. Les deux premiers jeux ressemblaient beaucoup plus à des récits fictifs, alors que maintenant on se rapproche plus d’une histoire terre à terre. C’est d’autant plus inquiétant selon moi d’avoir une histoire crédible que de la fiction.
Verdict sur Emio – L’Homme au sourire : Famicom Detective Club
En terminant, Emio – L’Homme au sourire : Famicom Detective Club est assurément mon volet préféré de la série. On voit que les développeurs ont pris de l’expérience et qu’ils sont maintenant capables de livrer un narratif digne de ce nom. J’adore ce genre d’histoire où on nous laisse découvrir tranquillement chaque petit élément de l’enquête pour arriver à une grande conclusion inattendue. C’est le genre d’aventure dans lequel vous allez vous sentir très investi au point où vous en demanderez plus. J’espère déjà qu’il y aura une autre aventure dans la série.