Aujourd’hui le marché du smartphone est animé par une course aux spécifications et à l’extrême. Plus de pixels, plus de gigahertz, toujours plus! Les fabricants qui se battent pour la première place sont maintenant nombreux, les consommateurs qui ont les moyens ont l’embarras du choix. Mais qu’en est-il des consommateurs qui n’ont pas un gros budget ou qui n’ont pas besoin de l’appareil le plus puissant du moment?
C’est ici que Motorola (et Nokia, lisez notre critique du Lumia 625) a vu une opportunité pour se différencier, se démarquer et aller chercher le marché des premiers acheteurs. La compagnie se lance à plein régime dans les marchés émergeants et vers la prochaine vague d’utilisateurs.
Le Moto G est un grand coup que Motorola veut donner au marché. Un appareil qui redéfinit l’entrée de gamme. Un peu comme si Porsche lançait une voiture à 20 000$, tout le monde serait en droit de se demander où les sacrifices ont été faits pour arriver à un prix de détail si bas. Motorola nous a prêté son Moto G pendant une semaine pour que nous nous fassions une idée sur l’appareil.
Caractéristiques techniques du Motorola Moto G
Affichage |
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Dimensions | 129.9 x 65.9 x 6.0 – 11.6 mm (Hauteur x Largeur x Épaisseur) |
Poids | 143 grammes |
Processeur | Snapdragon 400 de Qualcomm QuadCore 1,2 Ghz |
Mémoire |
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Système d’exploitation |
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Réseau |
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Appareil photo / vidéo |
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Codecs supportés |
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Connectivité |
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Batterie / Autonomie |
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Design
Le Moto G est le petit frère du Moto X. Motorola a utilisé le même style pour les deux appareils. Les coins et le dos du téléphone sont arrondis, le logo de Motorola en pastille en plein centre de l’appareil offre une signature très distincte et unique au fabricant.
Malgré son poids relativement élevé (143 grammes), l’appareil est très confortable en main, de par sa petite taille et ses rondeurs qui épousent bien la paume de la main. Il va de soi que de l’opérer à une main n’est vraiment pas un problème.
Le modèle que nous avons à l’essai vient avec une coque « bleu royal » qui intègre un Smartcover. La finition de ce dernier rappelle le tissu. Une note très intéressante à son sujet, il intègre une ouverture pour l’écouteur et la LED de notification, c’est subtil et brillant. Aussi, il va de soit que ouvrir et fermer le smartcover active et désactive l’écran. Pour l’anecdote, il contient un aimant qui est presque assez fort pour maintenir l’appareil sur la porte de votre frigo!
Il est possible de choisir la couleur de notre coque et d’opter pour le rabat intégré ou non. Le Smartcover pourrait être très intéressant pour les usagers qui utilisent surtout leurs appareils en mode portrait et qui ne veulent pas s’acheter un boîtier de protection. Ceux qui font beaucoup de « gaming » ou qui tiennent souvent leur appareil en mode paysage seront parfois gênés par le rabat : il est toujours là. Aussi, si on veut prendre une photo, on doit systématiquement le laisser pendre sinon il camoufle l’objectif.
On ne peut passer sous silence que pour offrir un appareil à un tel prix, Motorola a choisi des matériaux moins nobles. Par exemple, les boutons semblent être fait de plastique avec une imitation chromée, et l’on peut se demander si cela sera durable. Par contre, la qualité de fabrication n’en souffre pas pour autant, l’appareil n’a pas les allures de bas de gamme, il est solide!
Écran
L’écran de 4.5 pouces du Moto G n’a pas à pâlir face à la concurrence, il a une résolution de 1280×720 pixels (720p) avec une densité de 329 pixels par pouce. Il offre de belles couleurs saturées, des noirs profonds et la reproduction de couleurs est très juste compte tenu du prix. C’est certain que les angles de vision ne sont pas les meilleurs, on perd en contraste et luminosité lorsque regarde l’écran de côté, rien d’alarmant, mais c’est important de le mentionner.
Performances
Le Moto G est animé par un processeur Snapdragon 400 à 4 coeurs de 1.2GHz et est accompagné de 1GB de mémoire vive. Sans être époustouflantes, ses performances sont plus qu’acceptables. L’interface est très fluide, on rencontre peu de lags (typique aux appareils Android bas de gamme) et le basculement entre les applications est rapide.
Même avec des jeux très exigeants comme Asphalt 8, Dead Trigger 2, Sonic Dash ou CSR Racing le Moto G ne bronche pas. Le seul bémol, c’est qu’avec seulement 1GB de mémoire vive, il arrive que le système doive stopper des applications pour faire de la place aux nouvelles que nous ouvrons, donc, lorsqu’on bascule vers ces dernières il n’est pas impossible qu’on perde occasionnellement leur état.
Dans les benchmarks, le Moto G se compare au Nexus 4 ou au Samsung Galaxy S3, pas si mal.
Connectivité
Pas de LTE ici! Mais, en 3G j’ai obtenu des performances entre 2 et 9 mbps en aval et jusqu’à 2.5 mbps en amont, c’est tout-à-fait dans la norme d’un appareil qui supporte HSPA+ jusqu’à 21mbps (théorique). J’ai pu faire tout les streaming vidéo HD ou audio souhaités. En WiFi, c’est impeccable, la vitesse est bonne et je n’ai pas rencontré de problème de déconnexion.
Le Bluetooth 4.0 est supporté, mais je doute que la norme BLE (Bluetooth Low Energy) le soit car non mentionné dans la documentation officielle. Le GPS se synchronise rapidement et précisément, mais le NFC ou le recharge sans fil sont absents, il fallait s’y attendre.
Motorola pourrait donner bien des leçons quant à la qualité des appels vocaux. Le son est clair de part et d’autre et en main libre la qualité sonore est au-dessus de la moyenne du marché. Leur expérience en téléphonie mobile transparaît.
Attention, même si Motorola a été racheté par Google, le Moto G n’est pas déverrouillé pour pouvoir mettre d’autres cartes SIM.
Autonomie
J’ai eu l’impression de me faire narguer par Motorola ici, car petit prix ne rime pas avec petite autonomie. J’ai obtenu entre 10 et 12 heures d’autonomie même avec un usage assez agressif de l’appareil. Donc, il est certain qu’un usager modéré pourra probablement aller chercher plus d’une journée d’autonomie. Mais, en usage plus intensif, il est certain qu’une recharge quotidienne sera nécessaire.
Motorola a trouvé un moyen amusant d’économiser pour faire baisser le prix du Moto G : l’appareil ne vient pas avec un chargeur USB au Canada. En soi, je ne considère pas ça comme un problème car la plupart des gens ont un chargeur USB et l’appareil vient tout de même avec un fil USB pour recharge sur un ordinateur. Mais, c’est important d’être au courant de ce détail si on offre l’appareil à quelqu’un qui ne possède pas déjà un téléphone intelligent.
Système d’exploitation et logiciels
Ici, il est impossible de cacher l’influence de Google. Le Moto G n’est pas un appareil Nexus, mais il offre définitivement une expérience Android pure. Il vient d’usine avec Android 4.3 et Motorola a promis une prochaine mise à jour vers KitKat (4.4) pour cet appareil. Cherchez un autre appareil à ce prix avec une version d’Android à jour, ça n’existe pas.
L’appareil ne contient donc aucune surcouche ou « bloatware ». L’expérience utilisateur est claire et simple. Motorola n’a ajouté que 3 applications « custom » à l’appareil: Assist, Radio FM et Migrate.
Assist est une application contextuelle qui réagit de façon intelligente à votre agenda et lorsque la nuit arrive. Dans les deux cas, votre appareil passe en mode silencieux et vous pouvez lui dire de tout de même faire sonner votre appareil si un de vos contacts favoris tente de vous rejoindre, c’est simple vous me direz, mais c’est d’une efficacité redoutable. Je sais déjà que Assist va me manquer lorsque le Moto G ne sera plus entre mes mains. En complément à Assist, lorsque vous pairez un nouvel appareil Bluetooth le système vous demande si cet appareil est digne de confiance, si c’est le cas, le vérouillage d’écran sera désactivé tant que vous y serez connecté : pratique pour la voiture, les montres intelligentes, écouteurs, etc…
L’application Radio FM permet tout simplement de syntoniser vos stations de radios préférées à condition d’avoir une paire d’écouteur filaire. Mais, comme pour tout les téléphones qui ont cette fonctionnalité, la qualité de réception n’est pas toujours excellente. Par contre, vu l’espace de stockage limitée de l’appareil, c’est très logique de l’avoir inclus, à défaut de pouvoir stocker beaucoup de musique en local, vous pourrez vous rabattre sur la bande FM.
Migrate est un bijou! C’est la perle du Moto G. L’application prend en charge toute la migration d’un ancien appareil Android vers le Moto G. Lors de la configuration initiale on vous demande d’abord de vous authentifier avec votre compte Google et ensuite Migrate prend en charge la migration de vos données (incluant SMS, historique de vos appels, photos, etc…). Donc, en littéralement quelques minutes, votre Moto G clone votre vieil appareil et tout ça via le protocole WiFi Direct. Ça fonctionne même de Android 4.4 (Nexus 5) vers Android 4.3. J’ai été bluffé, en moins de 30 minutes mon Moto G est devenu la copie conforme de mon Nexus 5.
Le seul bémol de cette application, c’est qu’on ne peut manuellement sélectionner ce qu’on souhaite restaurer. Par exemple éviter de restaurer des vidéos gourmands en espace.
Appareil Photo et Caméra Vidéo du Motorola Moto G
C’est le principal problème du Moto G, c’est ici que son prix le trahit. L’appareil photo et vidéo est passable. Malgré l’ajout du burst mode (on maintient le doigt à l’écran pour prendre plusieurs images en rafale) ou bien le mode ralenti en vidéo, ça ne compense pour la piètre qualité d’image. Attention cependant car comme sur beaucoup de modèles par défaut l’appareil photo est en format 16:9 ce qui fait baisser en qualité les images. Ainsi en 4:3 il utilise bien les 5 mégapixels mais en 16:9 le Moto G passe à 3,8 mégapixels.
Il y a beaucoup de bruit numérique dès que l’éclairage n’est pas parfait, plusieurs photos sont floues (manque de sensibilité du capteur, donc temps d’ouverture plus long). Les photos sont aussi beaucoup compressées, on perd du détail.
Dans les vidéos, on voit les mêmes problèmes et ils sont en plus amplifiés par l’absence de stabilisateur d’image: les vidéos sautillent beaucoup à moins qu’on tienne notre appareil à deux mains et qu’on bouge très lentement.
Le seul aspect intéressant est l’interface de l’application Camera qui est minimaliste et du moment qu’on s’y fait, l’usage est agréable et aisé. Mais vous aurez compris que ce n’est pas suffisant.
Multimédia
Je pourrais pratiquement faire un copier-coller de ma critique du Nexus 5 ici. Android supporte peu de codecs par défaut, mais en installant MX Player avec les codecs appropriés, j’ai même pu écouter un vidéo en 1080p avec une trame sonore DTS sans ralentissement ou saccade.
De plus le haut-parleur est assez puissant et malgré qu’il soit positionné à l’arrière de l’appareil, la forme arrondie de la coque permet une bonne diffusion du son à condition qu’on ne mette pas nos doigts ou notre main par-dessus la grille. Le son du haut-parleur intégré n’est pas extraordinaire (il manque de basse) mais lorsqu’on branche des écouteurs la reproduction du son est bonne et forte.
Par contre, l’espace de stockage très limité (8 Go au Canada, la version 16 Go n’est pas disponible ici pour le moment) et l’absence de fente MicroSD demande des sacrifices: on ne peut installer beaucoup de gros jeux ou avoir beaucoup de vidéos et musiques en local en même temps. Pour se faire pardonner, Motorola offre 50 Go d’espace de stockage gratuit pendant 2 ans sur Google Drive. Ça ne permet pas de tout faire, mais cela peut dépanner.
Conclusion
En une phrase: 200$, c’est maintenant le montant que vous avez à débourser pour avoir un bon smartphone.
Pour un geek comme moi, qui avait des attentes très élevés pour cet appareil, j’ai été comblé! Les sacrifices que Motorola a fait pour arriver à ce prix de détail sont indéniables, mais en même temps, ils sont justifiables. Enfin un appareil abordable qui n’est pas un ramassis de vieille technologies dépassées ou qui n’est pas seulement un ancien « flagship » vendu à rabais. Lorsque je retournerai à mon Nexus 5, je sais que le format compact et la richesse des couleurs et des contrastes du Moto G vont me manquer.
Cet appareil sera apprécié des premiers acheteurs de téléphone intelligent de par sa simplicité et sa taille. Il va être un excellent compagnon pour un adolescent (il pourrait même remplacer un iPod Touch!). Et même les usagers plus exigeants pourraient s’en accommoder, surtout si la qualité des photos n’est pas un critère important pour le futur propriétaire.
Une autre clientèle qu’on oublie: les ainés. Avec sa bonne prise en main, son écran de 4.5 pouces sa robustesse et son apprivoisement facile, le Moto G est un bon choix pour « brancher » cette génération.