Lorsque les premières rumeurs d’un BlackBerry sous Android sont arrivées, la curiosité s’est vite présentée. Lorsqu’un manufacturier fait le choix tardif d’embarquer sur un OS déjà mature, en changeant totalement sa stratégie, le résultat est toujours risqué et intrigue forcément.
Nous avons pu passer un peu plus d’une semaine avec un BlackBerry PRIV sur le réseau de TELUS, de quoi identifier ce qui pourrait plaire et déplaire aux possesseurs de précédents BlackBerry, ainsi que ce qui pourrait attirer des nouveaux clients vers un appareil de la marque.
Caractéristiques techniques du BlackBerry PRIV
Affichage |
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Dimensions | 147 x 77,2 x 9,4 mm |
Poids | 192 grammes |
Processeur | Qualcomm Snapdragon 808 MSM8992 Hexacore (2 x 1,8 GHz + 4 x 1,44 GHz) |
Mémoire |
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Système d’exploitation | Android 5.1.1 Lollipop |
Réseau | LTE Cat. 6 |
Appareil photo / vidéo |
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Connectivité |
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Batterie / Autonomie |
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Design et finition
L’une des forces reconnues de BlackBerry est son clavier physique, que les amateurs ne sont toujours pas prêts à abandonner. Pourtant, à l’heure des écrans tactiles toujours plus grands recherchés par les clients, BlackBerry ne pouvait faire l’impasse ni sur l’un ni sur l’autre.
Le BlackBerry PRIV embarque donc les deux : un écran de 5,4 pouces ainsi qu’un clavier physique complet. Pour parvenir à ce résultat, la compagnie a opté pour un design bien connu des possesseurs de téléphones dans les années 2000, un clavier coulissant.
Lors de la première prise en main, j’ai été plutôt surpris par la finesse de l’appareil. Avec des dimensions de 147 x 77.2 x 9.4 mm il n’est pas le plus fin des appareils intelligents actuels, mais on pouvait craindre bien pire en raison des composants embarqués et du fait que le clavier est coulissant. Le BlackBerry Priv est donc facile à tenir en main, qu’il soit fermé ou ouvert, et c’est une très bonne chose. Sa taille en fait cependant un téléphone que l’on utilisera plutôt à deux mains, même fermé. Cela n’est cependant plus quelque chose de rare, les appareils récents ayant pour la plupart de grandes diagonales d’écran.
Au niveau de la finition, on sent tout de suite que l’on est en présence d’un appareil haut de gamme. Le mécanisme qui permet de faire glisser l’écran pour découvrir le clavier accompagne l’utilisateur et donne une grande impression de qualité, tandis que la texture arrière de l’appareil, bien qu’en plastique, est très bien finie et permet d’éviter que la main ne glisse. L’écran aux bords incurvés donne par ailleurs un aspect très sophistiqué au téléphone qui est très agréable. Nous reviendrons sur les fonctionnalités associées un peu plus tard.
Le dessus de l’appareil réserve l’emplacement de la carte nano-SIM et de la micro-SD, tandis que le dessous accueille le port micro-USB ainsi que la prise pour les écouteurs. Côté boutons, on se limite à celui d’allumage sur le côté gauche et la droite de l’appareil accueille les boutons de volume ainsi qu’un bouton permettant d’accéder aux modes sonores ou de mettre une conversation sur muet.
Enfin, la répartition du poids en raison du clavier coulissant est surprenante au début. Je m’attendais à ce que l’appareil penche beaucoup plus vers le haut lorsque je le tenais, ce qui est une bonne surprise. En revanche, l’utilisation du clavier à une main sera très difficile à cause de la hauteur de l’appareil lorsque celui-ci est ouvert. Il s’agit donc d’un élément à prendre en compte pour les habitués de la composition de messages à une main sans regarder leur BlackBerry actuel.
Le PRIV est donc une réussite en termes de design et de finition, parvenant à donner un aspect haut de gamme à un téléphone qui est parmi les plus chers actuellement disponible.
Connectivité
Le BlackBerry Priv embarque ce que l’on peut attendre d’un appareil haut de gamme actuel. On retrouve ainsi la connectivité LTE jusqu’à 300 Mbps, le Wi-FI 802.11 ac MIMO, du Bluetooth 4.1 Low Energy et du NFC. On remarquera par contre l’absence notable sur le modèle Canadien du chargement sans fil, pourtant présent sur le modèle vendu aux États-Unis et portant la même référence. BlackBerry explique cela par des raisons de coûts et de taux de change, mais les Canadiens n’apprécieront sans doute pas lorsqu’ils s’en rendront compte.
Côté réseau et appels, je n’ai eu aucun problème de communication, la qualité de la conversation étant très bonne, comme d’habitude avec les BlackBerry. J’ai souvent pu attendre des débits entre 35 et 50 Mbps dans le centre-ville de Montréal sur le réseau de Telus, ce qui est largement suffisant pour la plupart des usages.
Écran incurvé et fonctionnalités associées
Avec son Passport, BlackBerry avait impressionné avec une densité de pixels de 453 ppi, plutôt rare à sa sortie en septembre 2014. Avec le Priv, la société continue à utiliser des écrans à haute résolution puisqu’on retrouve un écran AMOLED de 5,4 pouces en 1440 x 2560, soit 540 ppi. On est certes en dessous du Galaxy S6 de Samsung et ses 577 ppi ou encore du Z5 Premium de Sony et ses impressionnants 806 ppi, mais l’affichage reste tout de même très fin et agréable. Les couleurs sont saturées comme toujours avec les écrans AMOLED, mais restent dans l’ensemble plutôt naturelles.
BlackBerry a fait le choix d’inclure un écran incurvé sur les deux bords, comme c’est le cas sur les S6 edge et S6 edge+ de Samsung. C’est très agréable lors de la visualisation de contenus multimédia, donnant une plus grande impression d’immersion et donne dans l’ensemble un aspect plus haut de gamme au téléphone. Par contre, tout comme Samsung d’ailleurs, on sent très bien que le manufacturier cherche comment exploiter cette fonctionnalité.
Le choix de BlackBerry a été de donner accès à un menu rapide permettant de consulter les derniers courriels reçus, les prochains évènements de l’agenda, d’accéder à des contacts favoris ou encore de consulter ses notes. C’est plutôt pratique, mais ce menu n’est pas contextuel et on aurait aimé que plusieurs applications, en particulier celles d’origine de BlackBerry, soient optimisées pour cette fonctionnalité.
L’écran du BlackBerry PRIV est donc une réussite au niveau du confort d’utilisation et de lecture, mais pourrait bénéficier d’une optimisation des fonctionnalités de l’écran incurvé, qui pour l’instant reste principalement un aspect de design plutôt qu’une réelle utilité pour l’utilisateur.
Performances du BlackBerry PRIV
En équipant son haut de gamme d’un Snapdragon 808 et non du Snapdragon 810, BlackBerry a vraisemblablement fait le choix de la sécurité, le Snapdragon dans ses premières versions n’ayant pas reçu un bon accueil avec sa tendance à la surchauffe. Pourtant, l’appareil sortant quasiment au même moment que le Nexus 6P de Huawei qui embarque le Snapdragon 810 dans sa nouvelle version et avec lequel nous n’avons pas rencontré de problèmes, on peut se demander si BlackBerry n’aurait pas dû patienter un peu plutôt que se hâter dans le choix du modèle inférieur.
En effet, tout comme cela avait été le cas sur le LG G4 lors de notre test, j’ai rencontré quelques ralentissements que je ne parviens pas à m’expliquer. Je pensais sur le LG qu’il s’agissait d’un manque d’optimisation logicielle, mais le fait de retrouver exactement le même comportement sur le BlackBerry me fait douter. Soyons clairs, le PRIV n’est pas lent, mais démontre par moment des ralentissements difficiles à justifier lorsque l’on sort l’appareil de veille ou lorsqu’on navigue dans les menus.
Au niveau de la puissance brute, on se rend compte rapidement que les performances sont très proches d’un LG G4, ce qui est normal puisque les deux appareils sont équipés des mêmes processeurs. Pour les amateurs de chiffres, vous pouvez retrouver les captures des résultats des principaux logiciels de benchmark ci-dessous.
Système d’exploitation et applications BlackBerry
On arrive à la partie qui satisfera le plus la curiosité des personnes qui connaissent ou hésitent à acheter un BlackBerry : le PRIV reprend il les mêmes fonctionnalités qu’un BlackBerry 10, mais en bénéficiant des la bibliothèque complète d’Android? La réponse est malheureusement non, et voici pourquoi.
Je suis le genre d’utilisateur qui change beaucoup d’appareil, notamment en raison des tests. J’ai ainsi l’occasion de passer souvent d’Android à BlackBerry 10 et à iOS, avec du Windows Phone occasionnellement. J’ai donc eu la chance d’apprécier certaines choses intéressantes apportées aux BlackBerry depuis le lancement du Z10 et qui malheureusement ne se retrouvent pas sur Android.
À l’inverse, quelques modifications originales à l’écran d’accueil sont bienvenues, avec par exemple la possibilité d’activer l’affichage d’un widget lorsqu’on glisse le doigt sur l’icône de son application, une manière de ne pas encombrer son écran tout en ayant un accès rapide aux principales fonctionnalités, un peu à la façon du 3D Touch d’Apple.
Le BlackBerry Hub, mais pas tout à fait
L’un des principaux avantages du système d’exploitation de BlackBerry sur les précédents modèles était la capacité du Hub à consolider l’ensemble des notifications de l’appareil en un seul endroit. C’est particulièrement pratique le matin au réveil par exemple, lorsqu’il suffit de faire défiler la liste des notifications pour savoir tout ce que l’on a raté plutôt que de lancer chaque application individuellement. Il s’agit donc d’un réel gain de temps, l’expérience étant souvent très fluide d’ailleurs.
Sur Android, BlackBerry a tenté de recréer la même expérience sans réellement y parvenir : certaines applications telles que la très populaire WhatsApp ne sont pas supportées, tandis que celles supportées continuent à recevoir directement le contenu, ce qui fait que l’on a tendance à ouvrir celle-ci plutôt que de regarder le hub. Lorsque l’on a une notification dans la barre de notifications d’Android, le réflexe naturel est de la consulter plutôt que de lancer le hub. D’ailleurs, si l’on consulte le hub, la notification ne disparaît pas du haut de l’écran, ce qui est frustrant.
On retrouve par ailleurs le même comportement avec l’une des applications principales de l’appareil : Gmail. Ainsi, lors du démarrage de l’appareil, Google vous demande d’inscrire un compte google afin de configurer le téléphone, rien de plus classique. Le problème est que lors du démarrage du Hub, il faudra également enregistrer son compte de messagerie, ce qui va faire en sorte que le téléphone récupère en double les messages. Il est certes possible d’aller dans les paramètres du compte de Google et désactiver la messagerie, mais rien ne l’indique à l’utilisateur.
Au niveau des courriels Gmail, justement, attention à bien faire vos mises à jour du système ainsi que celles du BlackBerry Hub. En effet, certaines versions ne prennent pas en charge le push sur les comptes de Google, de quoi frustrer certains habitués à recevoir immédiatement leurs messages. BlackBerry a heureusement corrigé ce problème assez rapidement. Certains collègues d’autres sites, tels que Android Authority ont d’ailleurs vécu le problème lors de la rédaction de leurs tests en novembre dernier lors de la sortie.
Ajoutons à cela le fait que le hub devient assez vite lent lorsque l’on ajoute beaucoup de comptes et d’applications, et vous comprendrez que l’une des fonctionnalités que je préférais sur un appareil BlackBerry 10 perd beaucoup de son intérêt sur Android. Il est clair que BlackBerry tente de faire le mieux possible en étant limité par les contraintes d’un système d’exploitation qu’il ne maîtrise pas de bout en bout, mais l’utilisateur habitué aux précédents modèles et qui espère retrouver la même expérience risque d’être bien déçu.
DTEK par BlackBerry, la sécurité vulgarisée
L’autre promesse de BlackBerry en annonçant son passage à Android était celle de la sécurité. L’appareil est supposé être plus sécurisé aussi bien au niveau matériel que logiciel. On retrouve ainsi lors de la production du matériel une clé unique qui identifie l’appareil, tandis que lors du boot l’appareil va vérifier le tout afin de valider que rien n’a été modifié. Les données incluses sur l’appareil sont cryptées, et BlackBerry promet un kernel Linux plus fiable grâce à des correctifs injectés.
La principale difficulté de sécurisation d’Android vient également du fait que l’utilisateur peut installer des applications qui ne proviennent pas du PlayStore de Google. Si cela offre une grande liberté, cela implique aussi que des applications malicieuses peuvent être installées. Bien évidemment, la plus grande faille à ce niveau reste l’utilisateur, mais BlackBerry profite ici de la fonctionnalité « Android For Work », afin d’isoler les applications ne provenant pas du PlayStore des autres, pour qu’elles n’aient pas accès aux données sensibles si elles sont malicieuses.
Je ne prétendrais pas avoir mis à l’épreuve ces différentes couches de sécurité, n’ayant pas les connaissances techniques nécessaires, je vais donc plutôt m’attarder sur la partie visible pour l’utilisateur, l’application DTEK en elle même.
Celle-ci ressemble beaucoup à une interface d’antivirus d’ordinateur, dans lequel on vous affiche de nombreuses informations codifiées en couleurs, pour savoir s’il faut être rassurés ou au contraire paniquer à la vue de rouge. On retrouve ainsi une analyse des applications et des informations auxquelles elles accèdent, la confirmation que vos données sont chiffrées, que le matériel que vous utilisez n’a pas été modifié, l’intégrité du système d’exploitation ou encore le fait que l’appareil est verrouillé par un code. Le tout est très visuel et a un véritable effet rassurant.
Afin de maintenir son système à jour le plus simplement possible, BlackBerry a opté pour deux solutions : la plupart des applications système sont disponibles sur le PlayStore, bien que réservées au PRIV, ce qui permet de les mettre à jour régulièrement sans devoir mettre à jour l’appareil au complet, tandis que la deuxième consiste à publier régulièrement des correctifs de sécurité, quitte à passer outre l’approbation des opérateurs. Le temps nous dira si ceux-ci jouent le jeu et apprécient.
Claviers BlackBerry
Mettre le titre au pluriel n’est pas une erreur, et c’est suffisamment rare sur un téléphone aujourd’hui pour le signaler. L’originalité du PRIV vient principalement du fait que celui-ci permet à l’utilisateur de choisir entre des claviers, l’un physique et l’autre virtuel.
Clavier virtuel
Commençons par le clavier virtuel, car c’est le premier que vous verrez si vous n’ouvrez pas le téléphone. Celui-ci reprend exactement le même principe que sur les BlackBerry récents à une exception près, et de taille pour les utilisateurs canadiens : celui-ci ne corrige qu’une seule langue à la fois. La grande force des appareils précédents sous BlackBerry 10 était de permettre la suggestion et la correction des mots dans trois langues simultanées, un bénéfice énorme pour les villes bilingues comme Montréal. Pour ceux qui ne sont pas habitués à BlackBerry 10, je ne parle pas ici de changer manuellement la langue grâce au bouton dédié sur le clavier, mais bien de pouvoir commencer une phrase en français et y inclure des expressions anglaises sans que le correcteur tente de reconnaître des mots dans la mauvaise langue.
Au-delà de ce changement, on retrouve le même confort d’utilisation et la suggestion des mots suivants est toujours aussi pratique et amusante. On se rend rapidement compte que le clavier apprend des messages que vous envoyez le plus souvent pour vous proposer une suite logique à votre début de phrase.
Clavier physique
Le clavier physique est très agréable à utiliser, même si les touches ont moins de relief que sur certains appareils plus anciens, la faute à l’écran coulissant. Écrire de longs textes devient un vrai plaisir et on retrouve ici le comportement qui a fait le succès des BlackBerry dans le passé. Il est de plus tactile, comme sur le BlackBerry Passport, ce qui peut être déstabilisant au début, mais s’avère très pratique lorsque l’on en prend l’habitude : faire défiler des pages de texte ou un fil Twitter sans avoir ses doigts sur l’écran est un vrai plaisir. Que du bon au niveau du matériel, donc.
Malheureusement, celui-ci n’est pas accompagné par un logiciel infaillible, et j’espère que BlackBerry parviendra à améliorer cela rapidement. Par exemple, lorsque l’on saisit un formulaire nécessitant uniquement des chiffres, alors que le clavier virtuel propose toujours uniquement les chiffres, le clavier physique propose parfois des lettres et il faut passer par la touche « alt » pour parvenir au résultat désiré. Par ailleurs, j’ai remarqué à plusieurs reprises que le tactile du clavier faisait en sorte que le tactile de l’écran ne fonctionnait plus : poser son doigt sur le clavier, ce qui est plutôt naturel, empêchera l’autre main de sélectionner quelque chose à l’écran. Ce comportement était aléatoire et donc plutôt frustrant.
Pour ces raisons, je continue à penser que le clavier physique est un véritable avantage pour le BlackBerry PRIV, mais que son utilisation restera souvent réservée à la saisie de longues réponses à des messages, par exemple, plutôt qu’à de la saisie occasionnelle lors de navigation sur internet ou Facebook, par exemple.
Autonomie
Avec une batterie de 3410 mAh, le BlackBerry PRIV promettait une autonomie respectable. Mon expérience avec l’appareil a pourtant été plutôt mitigée. J’ai réussi plusieurs fois à tenir plus d’une journée en utilisation classique, mais lors de l’utilisation intensive de l’appareil, il m’a été nécessaire de le recharger en fin de journée si une longue soirée s’annonçait.
Cela n’a rien d’exceptionnel pour un appareil actuel, mais j’en attendais plus d’un appareil avec une aussi grosse batterie sur le papier, surtout avec un processeur un peu moins gourmand que les haut de gamme proposés face à lui. Je suis par exemple parvenu à utiliser plus longuement le Nexus 6P, équipé d’une batterie similaire, dans ces mêmes conditions.
Je ne suis pas parvenu à expliquer cela par une quelconque application qui utiliserait plus de batterie, puisque ni DTEK ni l’application de batterie d’Android n’ont relevé d’utilisation anormale. Il devrait donc s’agit du comportement normal de l’appareil. D’ailleurs, les benchmarks réalisés à l’aide de PC Mark semblent prouver le contraire, avec une autonomie sur le « Work Test », qui consiste à reproduire des tâches de travail sur l’appareil, indiquent une autonomie de 9h12 sur le BlackBerry PRIV contre 8h03 sur le Nexus 6P de Huawei. Il se peut donc que les tâches que j’effectue soient plus gourmandes que celles du Benchmark et que le PRIV soit meilleur en utilisation moyenne, mais moins bon en utilisation intensive au niveau de l’autonomie.
Pour finir, petit détail anecdotique, mais qui risque de frustrer plusieurs personnes, il n’est pas possible de masquer le pourcentage de batterie restante, ce qui implique qu’on se rend compte plus facilement de la diminution de celle-ci dès qu’on utilise l’appareil. Android permet pourtant de masquer ce pourcentage par défaut, mais BlackBerry a désactivé cette option.
Appareil photo et vidéo
Appareil photo arrière
Enfin un BlackBerry qui prend de belles photos. Après la gamme Nexus, c’est finalement BlackBerry qui se positionne comme un acteur crédible des téléphones intelligents intégrant de bonnes caméras. La mauvaise nouvelle est que dans nos tests nous ne sommes pas parvenus à obtenir d’aussi bons résultats qu’avec un Nexus 6P ou un Galaxy Note 5, par exemple, mais dans l’ensemble on arrive à de très bons résultats.
En conditions de bonne luminosité, par exemple, le BlackBerry PRIV s’en sort très bien en produisant des images détaillées et aux couleurs très proches de la réalité. Le focus est plutôt rapide et la prise de photos également, sans pour autant être au niveau des appareils cités ci-dessus. Les résultats sont vraiment très bons dans ces conditions, faisant parfois jeu égal avec les meilleurs appareils du marché.
C’est lorsque la luminosité baisse que les résultats deviennent assez rapidement bruités en mode automatique, avec une tendance également pour l’appareil à trop accentuer les sources lumineuses. Heureusement il est possible d’ajuster la luminosité afin de parvenir à de meilleures images, mais plusieurs compétiteurs font bien mieux sans que l’utilisateur n’ait à jouer dans les réglages. La bonne nouvelle est que si le capteur est capable de produire de bons résultats en réglages manuels, il y a toujours une opportunité d’amélioration au niveau logiciel pour BlackBerry afin d’améliorer son mode automatique.
Vous pouvez retrouver plusieurs photos prises avec l’appareil dans diverses conditions de luminosité afin de vous faire une meilleure idée ci-dessous. Le reste des images se retrouve également dans notre album Flickr.
Appareil photo avant
BlackBerry n’a jamais vraiment été le manufacturier cible pour les amateurs de selfies, en particulier à cause de l’orientation plutôt business de ses produits. Les caméras avant des appareils de la marque étaient généralement réservées à l’utilisation en vidéoconférence, situation dans laquelle le nombre de mégapixels n’est pas réellement important.
Bien que les compétiteurs s’adressent directement à ce marché, avec des capteurs affichant souvent 5 ou 8 mégapixels désormais, BlackBerry continue ici à progresser très lentement, affichant un maigre 2 mégapixels. On continuera donc, en particulier avec une caméra arrière beaucoup plus performante, à réserver ce capteur pour la vidéoconférence et quelques rares selfies pour ceux qui ne peuvent s’en passer.
Caméra vidéo
Avec l’augmentation en puissance des caractéristiques internes de son appareil, BlackBerry permet au PRIV de saisir des vidéos en 4K. Nous avons donc essayé ce format et le rendu est plutôt bon, avec très peu de saccades et un ajustement de la luminosité assez rapide. Le focus est parfois difficile, mais dans l’ensemble on obtient des séquences plutôt agréables à regarder et bien détaillées, ce qui là aussi est une nette évolution par rapport aux anciens appareils de la marque.
Vous pouvez d’ailleurs retrouver une séquence filmée en 4K avec le BlackBerry PRIV ci-dessous. Vous nous excuserez pour les merveilleuses nuances de gris, une journée de beau temps étant plutôt une denrée rare à Montréal en cette période.
Multimédia
Après avoir goûté à des appareils intégrant des haut-parleurs stéréo il est difficile de revenir en arrière. Sans arriver au même niveau de qualité, j’ai été agréablement surpris par le haut-parleur du BlackBerry PRIV. Il parvient à délivrer un son puissant sans saturer. Le fait qu’il soit situé à l’avant afin de faire face à l’utilisateur sans risque de le boucher en tenant le téléphone est également un grand plus.
Au niveau de l’écran, comme mentionné plus haut, le fait qu’il soit incurvé des deux côtés donne un bel effet plus immersif lors du visionnement de vidéo ou de photos. C’est très appréciable, en plus de donner un côté « cool » à l’appareil.
Pour finir, au niveau du contenu, on peut apprécier le passage à Android ne serait-ce que pour la présence de VLC, qui vient simplifier beaucoup la consultation de contenus multimédia sur un BlackBerry. L’utilisation sur les précédents modèles était vraiment peu pratique, même en passant par une utilisation par la machine virtuelle. On peut enfin consulter tous les contenus, y compris les sous-titres, sans aucun ralentissement ce qui est vraiment appréciable.
Conclusion
Difficile que de conclure le test de cet appareil. Il a pour lui de nombreux points positifs, mais aussi plusieurs éléments frustrants, en particulier pour les personnes ayant connu des appareils BlackBerry 10. Je pense donc que la recommandation ou non de cet appareil passera par deux questions.
Si vous êtes un possesseur actuel de BlackBerry 10 et que vous aimez beaucoup le système, en particulier le BlackBerry Hub et la réactivité des appareils, essayez de vous procurer l’appareil durant quelques jours avant de faire votre choix, tant le changement est radical entre les deux OS, malgré quelques apparences de similitude. À moins que le manque d’applications actuel soit un manque crucial pour vous, auquel cas le PRIV pourrait être une bonne solution.
Si vous n’avez jamais eu de BlackBerry dans le passé et que vous êtes à la recherche d’un appareil performant avec un clavier physique pour composer de longs messages, le BlackBerry PRIV devrait être un appareil pour vous. Le clavier est un vrai atout, et les quelques pertes de fonctionnalités liées au passage de BlackBerry 10 à Android ne seront pas un enjeu puisque vous n’en aviez pas connaissance.
Le BlackBerry PRIV est donc au final un bon appareil, mais qui n’est pas la solution miracle au manque d’applications de BlackBerry 10. Il constitue un produit intéressant qui répond à des besoins précis, pour ceux qui sont prêts à mettre un prix conséquent pour cela.
Le BlackBerry PRIV est disponible à 410$ avec un forfait mensuel de 70$ ou 890$ sans entente chez Telus. Il est également offert à des prix similaires chez la quasi-totalité des opérateurs canadiens. Du côté de la France, on attend encore des informations de BlackBerry.