Comme la plupart des gens le savent, la genèse des jeux vidéo se trouve au Japon. Depuis plus de trente ans, quantité de titres ont émergé du pays au soleil levant. Toutefois, depuis quelques années, du moins en Occident, la présence des jeux japonais est de moins en moins importante. Pour certains, il s’agit peut-être d’une bonne chose, mais pour d’autres, le vide de culture japonaise dans les titres actuels est notable et dur à remplir. Pour les nostalgiques, Yakuza 0 offre un ensemble complet d’éléments du passé dans un enrobage de notre époque. À qui donc s’adresse-t-il ?
Fiche technique
- Date de sortie : 24 janvier 2017
- Style : Action RPG
- Classement ESRB : ESRB M – PEGI 18
- Développeur : SEGA
- Éditeur : SEGA of America
- Langue d’exploitation : Anglais
- Disponible sur PS4
- Prix lors du test : 79,99 $ CA / 59,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
La fin des années 1980 – Le Japon à son apogée
Yakuza 0 nous ramène en 1988 où le Japon est à ce qu’on pourrait appeler l’apogée de son miracle économique. Leader mondial économique, l’argent coule à flots dans un grand nombre de villes du pays. Souvent, qui dit grands moyens financiers, dit crime organisé florissant. Les différentes familles composant les Yakuzas se séparent la richesse et intègrent un bon nombre de membres. C’est le cas du personnage principal du jeu, Kazuma Kiryu, qui est en fait l’antagoniste principal de la série Yakuza. En effet, l’objet de notre test est en fait l’antépisode de la série parue tout d’abord sur PS2 puis qui a fait son chemin jusqu’à la PS4 en faisant un arrêt par la PS3.
Pour les amateurs de la série, connaître les origines des personnages principaux est très intéressant et amène plus de profondeur aux scénarios bien étoffés de cette longue lignée de jeu. Pour ma part, j’étais un néophyte complet face à ce nouvel opus ce qui faisait de moi un parfait cobaye face à un des objectifs des développeurs : amener de nouveaux joueurs à connaître Yakuza tout en conservant sa base d’amateurs existante. Je peux tout de suite vous confirmer que c’est réussi.
Pour continuer dans la même veine en ce qui a trait à l’environnement de base du jeu, le Japon des années 80 est fidèlement reproduit dans toute sa mégalomanie. Surutilisation des lumières et des néons, quantité incroyable de lieux de divertissements de toutes sortes et rappels d’éléments de la culture populaire du temps font que ce retour dans le passé est grandement réussi.
Des quartiers ouverts
Comme mentionné précédemment, dans Yakuza 0, nous incarnons Kazuma Kiryu en débutant le jeu et pour une bonne partie de l’histoire. Toutefois, à chaque deux chapitres, nous nous transportons vers une autre histoire parallèle : celle de Goro Majima. Chacun possède sa propre trame narrative et n’a d’influence que dans sa ville respective. En effet, Kiryu réside et « travaille » à Kamurocho, genre de redlight de Tokyo, tandis que Majima est à Sotenbori, quartier équivalent, mais se trouvant à Osaka. Bien que nos deux antagonistes soient géographiquement éloignés, plus nous avançons dans l’histoire, plus nous nous rendons compte que certains liens les unissent.
Donc, tout dépendant du personnage que nous contrôlons, l’environnement est quelque peu différent. Honnêtement, de ce côté, je n’ai pas tout à fait remarqué la nuance outre la carte qui était découpée différemment selon la ville dans laquelle je me promenais. En effet, visuellement, les bâtiments des deux cités sont interchangeables et la surabondance de lumières et de publicités ne permet pas, à mon avis, de bien différencier Tokyo d’Osaka.
Un téléroman japonais « comme dans le temps »
Comme je l’ai expliqué plus tôt, outre le nom de la série, je ne connaissais pas vraiment Yakuza. Donc, je ne savais pas trop à quoi m’attendre pour le test de ce titre. En faisant quelques recherches, la série semblait ressembler plus à un jeu de combat à progression (brawler), populaire dans les années 1990 et de l’ère de la PS2, plutôt qu’un jeu où le scénario est au centre de l’expérience.
En effet, en commençant le jeu, des scènes de transition (où les animations visuelles sont grandement plus jolies que celles en jeu) se succèdent, nous plongeant dans le monde criminel des Yakuzas et où Kiryu se retrouve dans une situation mettant en péril son appartenance à cette organisation. Les dialogues, les effets de caméras et l’atmosphère qui en découlent nous ramènent dans le passé et on se croirait réellement dans un téléroman ou un film de l’époque. J’ai été grandement surpris par la richesse du contenu narratif et plus l’histoire avançait, plus les intrigues des deux personnages devenaient complexes. Car, au début, leurs problèmes semblaient plutôt anodins, mais en réalité, ils s’intégraient à l’intérieur de problématiques beaucoup plus grandes.
Toutefois, est-ce que l’immersion au Japon des années 1980 passe nécessairement par une obligation à ce que les dialogues soient en Japonais ? Je dirais que les deux tiers du jeu possèdent des dialogues parlés… qui n’ont pas été traduits. En effet, uniquement les sous-titres l’ont été ce qui fait que la plupart du temps, je n’écoutais pas les voix des personnages, mais me concentrais uniquement à lire les textes. Je trouve particulièrement dommage qu’en 2017, on n’ait pas pu avoir une traduction complète du jeu. D’autant plus que ce dernier est paru au Japon en mars 2015.
Une jouabilité qui date mais efficace
Volonté de continuité avec le restant de la série ou tout simplement décision classique pour ne pas agacer les amateurs de la première heure, le système de jeu de Yakuza 0 semble être resté dans l’époque de la PlayStation 2. Ce n’est pas nécessairement problématique, mais ce n’est pas non plus ce à quoi nous sommes habitués de nos jours.
Tout d’abord, le jeu se veut un RPG d’action. À mon avis, on peut également inverser les deux termes et dire que Yakuza 0 est jeu d’action à monde ouvert où des éléments de jeux de rôles sont présents. La succession de quêtes et de combats nous rapporte de l’argent (yens) qui est en fait une devise échangeable contre des biens, mais également pour acheter des nouvelles habiletés et compétences à nos personnages.
Pendant les missions principales ou même seulement en se promenant dans les rues, le nombre de combats est imposant. Souvent, de simples brigands peuvent nous attaquer pour absolument aucune raison. Au début, on se dit que ça va finir par être payant, mais on se rend compte que ces combats, n’ayant pas de liens directs avec l’histoire, sont redondants et quelque peu agaçants. De plus, il apparaît sous une forme lui aussi révolu, soit celle de séquences d’actions coupées telles qu’on les voyait dans les Final Fantasy.
Toutefois, chacun des personnages principaux possède son arsenal d’arts martiaux. En fait, Kiryu et Majima pratiquent trois styles de combats bien différents que l’on apprend et perfectionne tout au long du jeu. Sans trop entrer dans le détail, certains de ces styles sont disjonctés et très intéressants. Par exemple, le Beast Style permet de ramasser tout objet qui passe dans notre champ de vision et l’utiliser pour nous battre. Des vélos, des vases, des affiches publicitaires, tout y passe. Ensuite, le Breaker Style est simplement une technique de combat utilisant des mouvements de breakdancing, ce qui est pratique lorsqu’il y a beaucoup d’ennemis contre vous.
Finalement, bien qu’il ne s’agisse pas nécessairement de la jouabilité de Yakuza 0, je trouvais important de discuter du volet visuel dans cette section, car nous y traitons du côté quelque peu vieillot de cet opus. En effet, je n’ai pas été particulièrement impressionné par la qualité visuelle de Yakuza 0. Cette dernière est juste, mais sans plus. Comme illustré auparavant, bien que les décors flamboyants du Japon des années 80 sont bien rendus, on se rend compte rapidement la faiblesse des textures présentes un peu partout dans le jeu. Je ne crois pas que le but des développeurs ait été de rendre les graphismes réalistes, mais j’avais parfois l’impression d’être en présence d’un jeu de PS3 remastérisé, mais avec la fluidité d’un jeu actuel.
Une richesse de contenu impressionnante
Outre le scénario, la quantité de contenu que Yakuza 0 possède est très imposante. Comme précédemment mentionné, pour les néophytes, à première vue, on peut passer à travers de cet opus relativement rapidement. Toutefois, c’est une erreur de le penser. L’histoire principale est particulièrement longue, sans être redondante, mais les éléments secondaires sont présents en très grande quantité et avec une variété peu commune.
Tout d’abord, ce dont on se rend compte rapidement est que le côté ouvert du monde de Yakuza 0 permet de découvrir un grand nombre de quêtes secondaires pour la plupart très intéressantes surtout par rapport à la culture populaire japonaise. On y dépeint certaines caractéristiques qui sont propres à ce pays quoique parfois, ces dernières semblent être des clichés connus qui traversent les époques. La ligne entre violence, sexualité et humour est souvent très mince dans cet opus, mais rien n’est déplacé ou dégradant. On peut sentir l’ambiguïté qu’on ressent chez les Japonais opposant leur timidité caractéristique et ces derniers concepts. Par exemple, une de ces quêtes se résume à stopper un commerce de vente de sous-vêtements usagés dans un collège.
Ensuite, un grand nombre de commerces se retrouvent dans les quartiers de Kamurocho et de Sotenbori. On y retrouve des restaurants, des bars, des dépanneurs, mais également plusieurs lieux de divertissement où il est possible de passer beaucoup de temps. Notamment, dans certains clubs, il est possible de participer à du Karaoké ou même des performances de danse à la Dance Dance Revolution. On peut également trouver des arcades SEGA où certaines machines sont utilisables et où peut revenir dans le passé et jouer à des jeux rétro de ces années. La séquence suivante montre une partie des activités possibles dans le jeu.
Conclusion
Parfois, être nostalgique possède de bons et de mauvais côtés. Cela nous permet d’apprécier des jeux qui sont des descendants d’une autre époque, mais nous amène certaines frustrations face à la modernité à laquelle nous sommes habitués. Je crois que Yakuza 0 illustre bien cette prémisse. En effet, on dirait parfois revenir quelques années en arrière tout en utilisant une console moderne. Pour ma part, ce n’est pas vraiment un problème, car le scénario de cet opus est franchement intéressant au point que je me suis trouvé régulièrement accroché à savoir ce qui se passerait par la suite dans l’histoire. De plus, la quantité de contenu imposante permettant de jouer des dizaines d’heures sans pour autant trouver le jeu redondant, ajoute à la qualité globale de ce titre.