Nos premières impressions sur The Witcher 3 : Wild Hunt, réalisées après une trentaine d’heures de jeu, semblaient révéler un titre d’une grande qualité. Cette fois, nous vous livrons le test définitif de la dernière aventure du sorceleur Geralt de Riv. Le titre de CD Projekt RED, après 90 heures de jeu et le scénario principal bouclé, confirme-t-il nos impressions ? Réponse ci-dessous.
Fiche technique
- Date de sortie : 19 mai 2015
- Style : Action / RPG
- Classement ESRB / PEGI : M / PEGI 18
- Développeur : CD Projekt Red
- Éditeur : CD Projekt Red / Bandai Namco
- Langue d’exploitation : Voix en Anglais, Textes en Français
- Disponible sur : PS4, Xbox One, PC
- Évalué sur : Playstation 4
- Prix lors du test : 59,99 $/€ PC, 69,99 $/€ sur consoles
- Version dématérialisée envoyée par l’éditeur
« Elle est de retour Geralt… »
The Witcher 3 : Wild Hunt se situe six mois après les événements du précédent opus. Vous êtes toujours Geralt de Riv, maître Sorceleur et protagoniste principal des jeux. Après les événements de The Witcher 2 : Assassins of Kings, notre héros est reparti sur les routes afin de continuer son activité de chasseur de monstres. Alors qu’il fait route avec son mentor Vesemir, Geralt reçoit une lettre de la magicienne Yennefer lui demandant de la rejoindre au plus vite. Vous suivez donc cette piste vous révélant très rapidement que Ciri, fille adoptive de Geralt est réapparue et qu’elle est poursuivie par la Traque Sauvage, une armée spectrale traversant les dimensions pour accomplir leurs desseins qui tournent autour de l’idée globale de la destruction des mondes. Cette quête se place dans un monde en proie à la guerre où l’Empire de Nilfgaard, tenu par Emhyr Var Emhreis, s’est lancé à la conquête des Royaumes du Nord. Vous évoluez donc dans une région dans laquelle les stigmates de la guerre sont bien visibles, attirants intrigants politiques et monstres en tous genres. C’est au milieu de tout cela que vous tenterez de retrouver Ciri, mandaté par l’Empereur dont on vous laisse découvrir les motivations, et de la sauver de la Traque Sauvage, bien décidée à retrouver la jeune femme.
Un monde vivant et crédible : contrat rempli
Le monde de The Witcher 3 : Wild Hunt est immense, et c’est peu dire, les deux grandes régions que sont Velen et l’Archipel de Skellige nécessitent plus d’une demi-heure de cheval, ne seraient-ce que pour traverser les cartes du nord au sud ou de l’est à l’ouest, donc imaginez le potentiel d’exploration que propose le titre.. Aussi, l’inquiétude se portait sur son remplissage. Évacuons le sujet de suite : il se passe tout le temps quelque chose. Vous vous promenez en forêt ? Des hordes de bêtes sauvages et de bandits se promènent sans arrêt, et quand on sait que le jeu ne cale pas le niveau des adversaires sur celui du joueur, ça devient parfois très sport. Si quelques zones permettent un temps de repos, l’immense majorité recèle trésors, quêtes, monstres et bandits. Déviez de votre route et vous découvrirez par hasard une grotte ou une cabane cachant de l’équipement rare, un campement de déserteurs ou encore l’antre un monstre, parfois très au-dessus de votre niveau. Chaque village dans The Witcher 3 possède sa personnalité, son ambiance, sa basse-cour. Selon l’endroit, vous percevrez sans difficulté les villages prospères, atteints par la guerre ou vivant dans la peur. Les PNJ sont quant à eux tous affairés à quelque chose selon le moment de la journée, qu’ils soient adultes ou enfants.
QUE VOUS SOYEZ EN FORÊT, DANS LES MARAIS OU DANS LES VILLES, TOUT SONNE VRAI.
Par exemple, si vous vous rendez chez un forgeron à 23h, vous avez de grandes chances de ne pas pouvoir commercer avec, le bougre dormant paisiblement dans sa chaumière. Si vous vous arrêtez, vous les verrez réagir au passage de Geralt, en vous crachant dessus, vous insultant ou vous saluant selon les cas. Ils discutent entre eux, ou s’activent en ignorant simplement votre présence. Les villes, immenses, sont également très crédibles, des quartiers pauvres à ceux de la noblesse. Novigrad, la plus grande d’entre elles, est un élément central dans The Witcher 3, puisqu’elle mêle une secte avec des gangs mafieux tout en étant un enjeu politique pour les forces en présence. Et attention, il ne s’agit pas seulement de beaux et grands décors, les grandes villes comptent un nombre hallucinant de quêtes, de quoi vous occuper une bonne quinzaine d’heures sans sortir des murs. On ne peut que tirer son chapeau devant le travail de CD Projekt devant le travail d’immersion. Toutes ces qualités sont renforcées par une bande son qui atteint sans difficultés les sommets. Qu’il s’agisse de sons d’ambiance, renforçant l’immersion dans chaque ville et village, dans les villes ou les villages, dans les espaces sauvages comme les prairies ou les grottes, les champs ou les espaces maritimes, tout est réussi, cohérent et agréable à l’oreille. Quant aux musiques générales, le travail de CD Projekt Red sur ce point est un sans faute.
Deux épées, c’est un minimum voyons !
Le système de combat de The Witcher 3 n’est pas révolutionnaire, mais constitue toutefois une évolution intéressante et bienvenue de celui de l’opus précédent. Geralt est plus agile que jamais et dispose d’un arsenal de mouvements rendant les combats plus intéressants, quand la caméra ne s’affole pas. En effet, le verrouillage automatique des ennemis est capricieux et la caméra s’emballe parfois (assez rarement heureusement) dans les environnements restreints. Après les patchs et un temps de jeu triplé, ces soucis restent présents et les combats manquent parfois de précision, mettant parfois Geralt en difficulté lorsque les ennemis sont nombreux. Les combats contre les humains sont les plus intéressants, mettant à profit les deux types d’esquives de Geralt, un pas de côté pour se retrouver à distance ou dans le dos d’un ennemi, ou une roulade, utilisant la barre de stamina. Certains combats peuvent se dérouler à cheval mais sont ratés, la faute à la maniabilité de la monture de Geralt, exécrable. Certains ennemis possèdent des armes longues et/ou bouclier, rendant les combats contre eux assez tactiques, le tout s’accompagnant parfois de finish moves sanglants.
Le système de combat, s’il connait quelque ratés, trouve une véritable profondeur avec les capacités actives que vous choisirez dans votre arbre de compétence ainsi que dans l’utilisation que vous ferez des signes magiques que sont Yrden pour ralentir l’adversaire, Igni pour l’enflammer, Axii pour le sonner, Aard pour le projeter,et Quen pour créer un bouclier. Sachant que chaque signe possède son arbre de compétence, cela vous donne un bon aperçu des possibilités offertes. Les combats contre les monstres sont un peu moins réussis, la faute à une IA perfectible, rendant certains monstres parfaitement stupides. Les monstres dont les combats sont les plus soignés sont ceux tirés des missions contrat de Sorceleur, assez épiques, puisque vous devrez estimer si votre niveau vous permet d’aller affronter le monstre en question, vérifier que vous disposez des potions et des huiles vous facilitant la tâche, pister la bestiole et enfin comprendre son comportement. Réussir ces contrats est très gratifiant, parfois très lucratif et vous donnera accès à de l’équipement. Cependant, enchaîner les contrats de Sorceleur peut s’avérer répétitif, le principe étant toujours le même, avec toutefois des variantes renouvelant suffisamment le plaisir à condition de ne pas faire que cela. Nous vous conseillons donc d’alterner avec d’autres quêtes afin de garder le plaisir de la traque intacte.
Des quêtes ! Des quêtes partout !
L’écriture et le contenu en matière de quêtes proposées sont les éléments fondamentaux d’un titre comme celui-ci. Et là-dessus, The Witcher 3 tape très, très fort. A ce titre, le jeu se rapproche bien plus d’un Red Dead Redemption que d’un Skyrim. Chaque quête effectuée bénéficie d’un travail d’écriture extrêmement soigné. La trame principale est intéressante et très bien écrite mais connait une petite baisse de rythme au milieu de scénario avant de reprendre un dynamisme très intéressant sur son dernier tiers, laissant le joueur éreinté et (normalement) rempli d’émotions. Le fan de l’univers du Sorceleur ayant lu les romans devrait normalement avoir une dose d’émotion encore un peu plus forte que le joueur découvrant la série. Sans toutefois faire preuve d’une immense originalité, cette quête principale reste donc d’une grande qualité et fait très très bien le travail. Les quêtes secondaires ne sont jamais ennuyeuses, à l’exception peut-être des quêtes permettant de trouver les cartes rares du Gwynt, jeu inédit créé pour l’occasion et très chronophage, pouvant manquer d’intérêt pour les joueurs n’ayant pas accroché au principe. Le Gwynt justement est un jeu au principe assez simple : vous possédez trois lignes représentant un front militaire les fantassins, les archers, les engins de siège, vous devez placer tour à tour ces cartes sur le plateau et les valeurs de ces cartes s’accumulent, le joueur accumulant le plus de point l’emporte. Mais le jeu devient vicieux lorsqu’on comprend que les dix cartes tirées au début de partie sont les seules dont on dispose pour toutes les manches. Il faut alors anticiper la manche suivant en gardant ou non des cartes en main pour l’emporter.
En dehors de cela, la moindre petite quête visant à retrouver une personne est enrobée d’un petit scénario qui lui est propre, ayant parfois des répercussions sur d’autres quêtes secondaires. Surtout, toutes ces quêtes sont suffisamment variées et excluent totalement les quêtes « FEDEX », demandant aux joueurs d’aller collecter des ressources inutiles. Celles-ci sont divisées en plusieurs sections : Quêtes principales, secondaires, contrats de Sorceleur, ou encore chasse au trésor. Vous traquerez par exemple des monstres énormes en exploitant les diverses aptitudes de Geralt, dont ce fameux sens de Sorceleur, permettant d’étudier un cadavre, flairer une odeur, suivre des traces, etc. Parfois, en discutant avec un personnage, en lisant un document trouvé dans un coffre ou en explorant, vous déclencherez au choix une quête entrant dans des catégories. The Witcher 3 Wild Hunt est aussi une histoire de choix, et de choix jamais simples.
Le joueur sera souvent face à des choix ayant des répercussions sur l’univers.
Sans mettre systématiquement l’avenir du monde en question, chaque choix peut se révéler important. Le jeu n’étant jamais manichéen, le choix paraissant le plus moral ne sera pas forcément le plus efficace et inversement. Aussi, pour corser les choses, certains choix doivent se faire en temps limité, rendant le choix aussi instinctif que stressant. Aussi, qu’on soit dans l’histoire principale ou les autres, le jeu propose souvent plusieurs embranchements possibles pour voir le bout d’une quête. Certains choix vous permettront d’obtenir plus ou moins d’argent, d’avoir droit de vie ou de mort sur certains personnages, ou de forger telle ou telle alliance. Certaines quêtes secondaires sont assez longues et ne font qu’enrichir soit le scénario principal, soit l’univers du jeu, et ne paraissent jamais à côté de la plaque. Et après 90h de jeu, la qualité d’écriture ne faibli jamais, et même après autant de temps, il nous reste encore facilement 50 ou 60 heures de jeu pour viser le 100%, en ayant pourtant effectué plus de 90 quêtes hors trame principale.
Interface et gestion du personnages dans The Witcher 3 : Wild Hunt
Les menus ont été revus par rapport à The Witcher 2 et heureusement. Fini les menus en listes inadaptés aux PC et pénibles sur console. Vos équipements sont rangés dans un inventaire en case et divisés selon leur nature : armes, éléments d’alchimie, objets divers et objets de quêtes. Un onglet d’artisanat assez simple d’utilisation est également présent, tout comme un menu de quêtes compréhensible. Le menu personnage quant à lui, vous présente les arbres de compétences, divisés en quatre, sous divisés en spécialités. S’il est plus clair, le menu reste toutefois assez brouillon et sa prise en main reste agaçante, les patchs ne changeant rien pour le moment. La fiche personnage vous permet de gérer l’évolution de Geralt puis que c’est là que vous trouverez les compétences à déverrouiller via des points gagnés en découvrant des obélisques de puissance ou en gagnant des niveaux.
Toutes les compétences nécessitent des points pour les faire évoluer mais attention, toutes ne peuvent être actives en même temps. Vous possédez des emplacements, au nombre de douze, se débloquant au fil de la progression, la totalité se déverrouillant au niveau 30. Après 90 heures de jeu, nous avons débloqué tout l’arbre de compétence et le choix des capacités actives est un véritable casse-tête. Non pas qu’il soit mal conçu, au contraire, mais devant le grand nombre de capacités que vous pouvez débloquer, faire son choix selon la situation ou son style de jeu demande une bonne dose de réflexion. Sachant que vous pouvez appliquer divers mutagènes pour augmenter les statistiques des compétences, il y a de quoi faire. La gestion de Geralt est classique, vous gérez un inventaire soumis à une limite de poids, les armures sont divisées entre les plastrons, les gants, les bottes et les épées, que vous pouvez soit trouver durant votre partie, soit crafter après avoir trouvé un schéma et collecté les éléments nécessaires. Ces équipements peuvent compenser votre arbre de compétence via des glyphes, de différents types et qualité, permettant d’augmenter vos armes possédant des emplacements, permettant par exemple de créer une chance d’empoisonnement, d’étourdissement, voir même la possibilité d’enflammer vos adversaires.
Côté technique : Globalement réussi, mais pas impeccable
N’ayant pas de PC capable de faire tourner le titre en ultra, nous parlerons ici de la version PS4. Qu’en est-il de cette version console ? Eh bien, dans l’ensemble, le titre s’en tire très bien pour un open world. Il faut tout d’abord garder à l’esprit que les deux grandes régions que sont Velen et l’archipel de Skellige se parcourent sans temps de chargement, exceptées celles des cut-scenes et du rechargement de la sauvegarde après une mort, plutôt long d’ailleurs. Les environnements sont très variés, allant du champ de blé aux marais en passant par la forêt, les villes et villages. Parfois, les PNJ n’apparaissent qu’au moment où vous vous présentez devant eux et il faut quelques fois s’éloigner de quelques pas puis revenir pour pouvoir interagir avec eux. Le titre est donc beau dans son rendu global mais il ne faut pas regarder de trop près. Également, le chargement des éléments du décor se fait tardivement et le jeu est soumis à un fort popping (apparition visible des textures et des éléments), à un peu d’aliasing (l’impression de brillance excessive sur une armure par exemple) et surtout, le framerate souffre lorsque beaucoup d’éléments sont à afficher. Ainsi, les 30 fps sont tenus la plupart du temps, mais tombent assez régulièrement, sans être trop brutal pour nuire à l’expérience. De plus, après le déploiement du patch 1.03 sur consoles, le jeu gagne en stabilité, l’apparition des textures est moins brutale, et les éclairages semblent moins étranges. Si le rendu global est bon, très bon même pour de la console, l’aspect technique reste un point négatif du titre, puisque même avec les mises à jour, j’ai connu deux blocages m’obligeant à recharger ma sauvegarde, et de deux crashs inexpliqués, ainsi que d’une corruption de sauvegarde, que le jeu a réglé de lui-même en effectuant automatiquement une nouvelle sauvegarde juste avant l’instant ou la précédente a été corrompue.
Conclusion
The Witcher 3 : Wild Hunt conclut de façon magistrale les aventures de Geralt de Riv. Sans révolutionner le genre, il fait tout un peu mieux que la concurrence en s’inspirant de ce qui s’est fait de mieux en terme de monde ouvert. Si la technique connaît quelques ratés sur console ne permettant pas au jeu de rendre une copie impeccable, le monde ouvert est une réussite totale, tant dans sa conception qu’à son rendu : crédible quelle que soit la situation. Servi par une écriture d’une qualité rare ne faiblissant jamais, et agrémentée d’une bande son absolument géniale, d’un contenu plus que conséquent, puisqu’il vous faudra compter 150-200 heures pour faire l’ensemble des quêtes proposées, d’une évolution difficile mais gratifiante et d’un gameplay très efficace, The Witcher 3 est un titre exceptionnel se classant sans aucune difficulté parmi les meilleurs jeux de sa catégorie. Il faudra se lever très tôt pour mettre à mal le titre de CD Projekt Red. Un jeu à posséder absolument, pour peu que vous ne soyez pas allergique au médiéval-fantastique bien évidemment.