Test de Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires sur Wii U

Lorsque l’on joue à un survival horror, certains cherchent à mettre à rude épreuve leur cœur via une prolifération de jump scare tous plus vides de sens. Tandis que d’autres cherchent à plonger dans une histoire inquiétante, immersive, avec une vraie écriture. La série Silent Hill appartenait à cette catégorie. Avec l’annulation de Silent Hills, je m’attendais à ne pas revoir un survival horror de cette qualité d’écriture avant des années. C’est alors que Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires est arrivé sur Nintento Wii U (le jeu a été publié sous le nom de Fatal Frame: Maiden of Black Water en Amérique du Nord). Véritable néophyte de la série (très populaire au japon sous le nom de Fatal Frame), j’ai plongé dans ce titre puissant à bien des égards.

Fiche technique

  • Date de sortie : 27 septembre 2014 (Japon), 22 Octobre 2015 (NA), 30 Octobre 2015 (EU, AU)
  • Style : Survival Horror
  • Classement ESRB / PEGI : M / PEGI 18
  • Développeur : Tecmo et Grasshopper Manufacture
  • Éditeur : Nintendo
  • Langue d’exploitation : Voix anglaise ou japonaise / texte en français
  • Disponible sur : Wii U
  • Évalué sur : Wii U
  • Prix lors du test : 60€ (édition limitée) / 62,49$ (e-shop)

L’histoire de ce cinquième épisode de la série se déroule principalement sur le mont Hikami. Un lieu connu pour ses nombreux suicides et disparitions inexpliquées. De nombreuses légendes entour ce lieu, de son lien particulier avec l’eau, l’Outre Monde et une secte de prêtresses capablent de découvrir les secrets de toute personne. Yuuri Kozukata est une jeune fille possédant des dons surnaturels, capable de voir l’emprunte laissée par les vivants, comme par les morts. Prise sous l’aile de Hisoka Kurosawa, une autre femme possédant les même dons, celle-ci apprend à contrôler ses capacités, et une antique caméra capable de capturer l’âme des morts, la caméra Obscura. Le travail de Hisoka est de retrouver des personnes, ou des objets disparus, et c’est une affaire qui amène les deux femmes à plonger au cœur de ce mont maudit.

Un gameplay centré autour de la Caméra Obscura

Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires est un survival horror divisé en 14 chapitres durant lesquels vous incarnerez trois personnages : Yuuri Kozukata, Miu Hinasaki et Ren Hojo. L’alternance entre ces personnages étant imposée par les chapitres. Chacun se déroule dans un lieu, ou une zone précise du jeu que vous devrez arpenter. Le plus souvent vous serez amené à suivre le souvenir d’une personne afin de la retrouver, ou retrouver un objet lié à cette personne. La progression est ainsi similaire d’un chapitre à l’autre (certains échappant à ce schéma) mais totalement justifiée par le scénario. Bien évidemment, ces recherches ne se dérouleront pas sans encombre puisque le mont Hikami regorge d’esprits tourmentés qu’il vous faudra défaire.

La principale fonctionnalité du jeu est l’utilisation de la caméra Obscura. Celle-ci vous permet de photographier les fantômes que vous rencontrerez afin de les exorciser. La caméra pourra également vous servir à photographier des empruntes du passé, dévoiler des objets cachés ou encore découvrir le moyen d’ouvrir une porte fermée. La caméra dispose de différents objectifs ayant chacun leur propriété (repousser les ennemis, se soigner, geler les ennemis, infliger d’avantage de dégâts, etc.), et vous pourrez utiliser des pellicules de différentes puissances. La caméra pourra aussi être améliorée via les points d’esprits que vous gagnerez au fil du jeu.

Afin d’infliger un maximum de dégâts aux esprits, il vous faudra les photographier. En ce faisant, vous libérez une partie de leur esprit qui continuera de graviter autour d’eux. Si vous attendez trop longtemps, l’esprit pourra récupérer ces parties perdues et régénérer une partie de sa jauge de vie. Le but est alors de photographier suffisamment l’esprit pour qu’un certain nombre  de parties soient autour de lui afin de lui infliger un instant fatal, provoquant alors de nombreux dégâts. Le cliché fatal peut également arriver au même résultat si vous photographiez un fantôme juste avant que celui-ci vous attaque. Il y a toute une mécanique de gameplay qui a été créée autour de cette idée de photographier les esprits. L’ensemble fonctionne bien et est bien plus intéressant qu’il n’y parait au premier abord.

L’eau est également un élément important, à la fois dans le gameplay et l’histoire. Une icône située sur votre écran vous indiquera à quel point votre personnage est trempé. Plus celui-ci le sera (à cause de la pluie ou des fantômes), plus les fantômes seront agressifs. A un certain niveau votre jauge de vie pourra même diminuer.

L’ombre au tableau de cette facette du gameplay concerne la maniabilité du titre. J’ai personnellement désactivé le contrôle total du maniement de la caméra Obscura au gamepad car trop contraignant selon moi. J’ai opté pour un contrôle au stick droit, avec une inclinaison de l’objectif via le gamepad. Ce mode de contrôle est selon moi beaucoup plus agréable et permet de mieux profiter du jeu. Les combats contre les fantômes peuvent également devenir très compliqués dans certains cas, notamment lorsque vous vous retrouvez dans des endroits exigus vous donnant peu de marge de manœuvre. La rigidité du déplacement de la caméra, typique des productions japonaise, aura également de quoi agacer, contrairement à la lenteur des personnages que je trouve totalement dans le ton du jeu.

Le level design du titre a été plutôt bien pensé, bien qu’il soit très classique. Chaque chapitre se déroule dans une zone du jeu, et vous serez limité dans vos déplacements. Vous ne pourrez pas vous rendre dans une zone où le personnage n’a aucun intérêt à aller par rapport à son objectif actuel. Dans la majorité des cas, votre chemin vous sera indiqué par l’emprunte spirituelle d’une personne. En appuyant sur la gâchette associée vous pourrez voir l’emprunte, ainsi vous n’êtes jamais perdu. Cette fonctionnalité incite alors à explorer les chapitres, puisque vous aurez la garanti de retrouver votre chemin sans trop de difficulté. Ce faisant, vous pourrez récupérer des objets (objets de soins, pellicules, journaux, etc.) et par la même occasion augmenter votre score en fin de niveau. Faites d’ailleurs attention de ne pas vous faire attraper par un fantôme lorsque vous ramassez un des objets… Vous pourrez alors dépenser les points gagnés pour acheter des objets, ou améliorer votre caméra. Le jeu vous épargne également bon nombre d’allers-retours. En effet, bien souvent une fois votre objectif rempli, vous devrez quitter la montagne, ce qui implique donc de re-parcourir le chapitre en sens inverse. Les développeurs ont donc décidé de couper cette séquence de retour ou de la raccourcir en vous amenant directement à un lieu donné via un cut.

Une excellente immersion dans la culture japonaise

L’une des grandes forces de cet épisode de Project Zero est son immersion. Le jeu baigne dans une représentation de la peur typiquement japonaise. L’ensemble du titre respire le Japon, et ce à plus d’un titre. Commençons par le principal environnement du jeu, le mont Hikami. Dans l’univers du jeu, il s’agit d’un lieu connu pour ses nombreuses disparitions et suicides. Il s’agit d’une réalité au Japon. En effet, certaines forêts sont connues pour être des lieux où des personnes viennent seules pour mourir. Ayant déjà vu des reportages sur ce genre de lieu, je peux vous garantir que l’immersion n’en est que plus grande car elle évoque une certaine facette d’évènements bien réels au Japon.

Le jeu comporte de nombreux fantômes, mais un en particulier pourra retenir votre attention : celui de la « Tall Woman ». Au premier abord, on pourrait croire à un mixte dérangeant entre Slender Man et le Titan Souriant de Shingeki No Kyojin (l’Attaque des Titans). Après quelques recherches il s’agirait plutôt de la représentation de Hachishakusama, une légende urbaine japonaise. Je vous laisse le soin de rechercher son histoire sur le net si vous voulez faire de « beaux » rêves.

Les différents lieux que vous visiterez seront également garant d’une certaine immersion. Oubliez les entrepôts industriels, les grands immeubles, ou égouts. Dans Project Zero 5 vous irez dans une boutique d’antiquités japonaises, une auberge en pleine forêt, un Shrine (sanctuaire japonais), etc. A l’heure où une grande partie des productions purement japonaises ne dépassent pas les frontières de l’archipel, c’est un vrai bonheur de plonger dans un titre disposant d’un tel univers et d’une telle atmosphère.

La partie sonore joue beaucoup dans l’immersion du joueur. Les musiques sont assez peu nombreuses, mais c’est avec plaisir que j’ai pu découvrir les compositions de Tsukiko Amano. Une célèbre chanteuse japonaise notamment connue pour les musiques de fin de la série Project Zero. Les bruitages sont convaincants, qu’il s’agisse des cris des fantômes, des petits bruits inquiétants dans la forêt et autres joyeusetés. Je tiens à saluer la présence des doublages japonais qui sont bien évidemment très au-dessus des voix anglaises. Le seul problème vient de la traduction française parfois assez approximative et pouvant parfois changer le sens d’une phrase.

Une histoire digne d’intérêt au cœur du mont Hikami

L’histoire de Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires est réellement digne d’intérêt malgré un démarrage qui pourra paraitre assez lent à certains. Il faudra bien deux ou trois chapitres avant de commencer à comprendre les enjeux de nos différents protagonistes. Yuuki, Miu et Ren sont tous les trois attirés par cette montagne pour des raisons différentes mais les liant par la force des choses. Vous découvrirez un scénario sombre, bien écrit, et même touchant. Chaque fantôme a son histoire et bien qu’ils n’aient pas tous la même importance dans le récit, découvrir la raison de leur mort participe grandement à donner corps à celui-ci.

Les nombreux journaux et documents que vous trouverez agrémentent l’histoire en développant l’univers et le contexte de cet épisode. Ils sont assez nombreux et vous donneront des informations essentielles si vous voulez comprendre les raisons des évènements en place. Le jeu dispose de plusieurs fins, ce qui poussera les amoureux de la complétude à terminer le jeu plusieurs fois afin de toutes les découvrir. Un chapitre bonus est même présent.

La narration du jeu est assez classique et l’alternance entre les trois personnages fonctionne bien. Yuuki et Miu suivent un chemin assez similaire, tandis que Ren participe aux évènements d’une façon assez différente, ce qui permet de profiter d’un autre angle d’approche. Les thématiques abordées dans le jeu sont bien loin des survival horror occidentaux. La culpabilité, l’amour, la solitude ou bien le sacrifice seront aux centres des évènements du jeu.

Conclusion

Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires est un petit coup de cœur personnel de cette année 2015. Le jeu réussit à distiller une ambiance sombre, macabre, et terriblement intrigante grâce à un scénario bien écrit et une immersion totale dans la culture de l’horreur japonaise. Son gameplay bien que peu diversifié réussit à bien exploiter le principe de la caméra Obsucra. La rigidité des déplacements, et de la caméra fera sûrement grincer quelques dents mais il serait dommage de s’arrêter sur cet aspect du jeu. Cela faisait longtemps qu’un survival horror n’avait pas fait autre chose que me faire peur. Accepter les contraintes de gameplay de cet épisode vous permettra d’apprécier le travail effectué tant sur l’ambiance, l’immersion que sur son univers et scénario. Il s’agit dorénavant une série que je suivrai avec grand intérêt.

Test de Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires sur Wii U
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    Les points positifs :
  • Une histoire bien écrite, sombre et touchante
  • Les mécaniques de gameplay de la caméra Obscura
  • Une bonne durée de vie
  • Une excellente immersion
  • Un level design bien utilisé
    Les points négatifs :
  • La caméra rigide à souhait
  • Des déplacements qui pourront agacer
  • Gameplay peu diversifié
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7