Tel le serpent qui mue, Metal Gear Solid change à nouveau de peau. A la fois différent et similaire, MGSV : Ground Zeroes compte bien bouleverser à nouveau les codes de la saga. Hideo Kojima l’a dit, son ambition est de réaliser un jeu aussi marquant que le premier Metal Gear Solid. Après avoir joué une dizaine d’heures à Ground Zeroes, et sachant que celui-ci n’est qu’un aperçu des possibilités de The Phantom Pain, je dois bien l’admettre : il pourrait bien réussir ce tour de force.
La mue des mécaniques de jeu
Premier point important – et ce que je retiens avant tout – ce sont ses mécaniques de jeu. C’est bien la première fois que cela m’arrive pour un Metal Gear. Hideo Kojima a réussi à moderniser les mécaniques de la série sans en trahir l’ADN. L’ensemble est parfaitement intégré au monde ouvert. Tout est plus fluide, plus agréable et plus réaliste. Le monde ouvert change complètement la manière d’aborder la série et c’est une vraie réussite. Le choix de l’approche est vôtre : discrétion absolue, infiltration/élimination ou offensive brutale, tout est permis.
La palette des mouvements de Snake s’est également étoffée. Jamais je n’ai pris autant de plaisir à le contrôler. Il peut sprinter, se déplacer accroupi, ramper, sauter ou encore se hisser à quelque chose. Vous pourrez utiliser votre environnement pour vous dissimuler : la végétation, par exemple, vous offre une bonne couverture.
Je parlais d’approche plus réaliste, cela se traduit notamment par un arsenal limité. En effet, Snake ne pourra transporter qu’un nombre limité d’armes, à la manière des « Third Person Shooter » moderne. Qui dit monde ouvert, dit moyen de transport ! Snake pourra conduire différents véhicules pour se déplacer dans la base, et ils se conduisent sans problème.
Pour se repérer, Snake aura à sa disposition son idroid. Il s’agit d’une sorte de petit boitier, lui permettant de consulter ses objectifs, la carte de la zone, d’appeler un hélicoptère ou encore de consulter des cassettes audio. Attention, lorsqu’il utilise l’idroid, le jeu ne s’arrête pas pour autant. Il faut donc être vigilant, et ne pas le consulter n’importe où, sous peine de se faire repérer par les gardes et entrer en phase d’alerte/recherche. Ces phases fonctionnent sur le même principe que les précédents épisodes : tout en étant plus discrètes en terme d’affichage à l’écran (plus de chronomètre notamment). C’est un vrai plus pour l’immersion.
La difficulté du jeu
Le jeu est assez modulable concernant sa difficulté. Vous pourrez la changer via différents paramètres : la difficulté générale, normale ou difficile, et deux autres fonctionnalités. La première est le mode réflexe, cette option vous laisse une chance de neutraliser un ennemi qui vous a repéré, via un ralentissement de l’action. La seconde est le marquage des ennemis, comme son nom l’indique, il vous permet de marquer les ennemis que vous aurez observés.
Personnellement, j’ai joué en désactivant ces deux options. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à m’infiltrer dans le camp Omega de cette façon. Je conseille donc aux amateurs d’infiltration et aux fans de la série de faire de même. Pour terminer sur les mécaniques de jeu, l’IA ennemi est bien mieux que dans MGS4. Les soldats vous repèreront d’assez loin. Plusieurs éléments affectent leur champ de vision : la météo, le moment de la journée, etc.
L’IA n’est, évidemment, pas parfaite mais j’ai constaté un net progrès tout de même, surtout en mode difficile. J’ai noté que le jeu comporte quelques légers soucis d’interface, mais rien de gênant.
La puissance du Fox Engine
Techniquement, sur PS4, le jeu est très jolie, fluide et en full HD. Les équipes de Kojima Production ont fait du bon travail avec le Fox Engine. Certes, les textures du jeu n’atteignent pas la qualité de Killzone Shadow Fall, ou inFamous Second Son. Néanmoins, l’esthétique générale est bien plus personnelle, et au final plus réussie dans MGSV.
Là est le talent d’Hideo Kojima : focaliser les efforts de ses équipes sur des points graphiques bien spécifiques, qui vont transcender le visuel. Dans Metal Gear Solid 2, il s’agissait de la pluie. Dans Ground Zeroes, c’était surtout l’éclairage qui impressionnait ainsi que la météo. L’animation du jeu a également pris un sacré coup de jeune. Snake reste toujours un poil rigide mais des progrès ont été faits dans ce domaine et le tout est bien plus agréable à l’œil. On n’échappe malheureusement pas à quelques bugs de collision, mais une nouvelle fois, rien qui empêche de progresser.
Narration et mise-en-scène
Metal Gear Solid V Ground Zeroes apporte également son lot de nouveautés concernant la narration et la mise en scène. Le jeu ne comporte que deux cinématiques. Toutes les deux réalisées en plan séquences, et imitant le style de la caméra à l’épaule. Cette façon de réaliser les cinématiques apporte un sentiment d’authenticité. On se croirait dans un reportage. La cinématique de fin réussit d’ailleurs à nous plonger au cœur de l’action d’une manière vraiment pertinente en terme de mise en scène.
Le codec tel que nous le connaissions a disparu. Une simple pression sur le bouton L1 déclenche un appel radio vers Kazuhira Miller qui nous donnera quelques aides. La narration est moins écrasante et des aménagements ont été faits pour que le joueur reste aux commandes de l’action autant que possible. Concrètement, Snake dispose d’un lecteur de cassettes audio. Plusieurs enregistrements sont dissimulés au sein du jeu, dans les différentes missions. Une fois en votre possession, vous pourrez les écouter, tout en continuant de jouer. Le joueur voulant continuer sa mission pourra donc le faire, celui qui préfèrera se cacher, pour écouter tranquillement ses enregistrements pourra le faire également. Ces cassettes audio approfondissent l’histoire, à la manière des conversations CODEC. Après les avoir écouté, je me suis senti encore plus impliqué dans l’histoire, et certaines sont réellement bouleversantes. En revanche, le joueur n’ayant pas joué à MGS3 et MGS PW risque d’être perdu et de ne pas se sentir connecté aux personnages et à l’intrigue.
La partie sonore du jeu est également très bonne. Harry-Gregson Williams est de retour, accompagné d’Akihiro Honda et de Ludvig Forssell. La musique réagit toujours aussi bien aux actions du joueur. Mention spéciale aux petits bruitages MGSien qui font vraiment plaisir !
L’application compagnon
J’ai également pu tester l’application IOS et Android qui accompagne la sortie du jeu, elle est disponible sur smartphone et tablette. L’application vous permet, entre autre, d’utiliser l’idroid de Snake sur votre appareil. Vous aurez également accès à une fonctionnalité vous permettant de créer votre « Mother Base », et de développer votre armée, comme dans MGS Peace Walker (PW).
Metal Gear Solid V Ground Zeroes : durée de vie en carton ?
Pour terminer ma critique, j’aimerais donner mon avis sur la durée de vie du jeu qui a fait couler beaucoup d’encre ses derniers temps. Il est difficile de juger cet aspect, car il dépendra uniquement de la manière de jouer de chacun, et de son investissement dans le jeu.
J’ai terminé toutes les missions, une première fois, en 9h45. Pour un pourcentage s’élevant à 40% du jeu total. Pour moi, ce débat sur le rapport durée de vie/prix n’a donc pas lieu d’être. Est-ce que le jeu est réservé aux fans ? Pas nécessairement, certains fans peuvent très bien être déçus alors que des joueurs découvrant la série pourront adorer. Si vous comptez uniquement faire la première mission, et vous arrêtez là, alors oui, n’achetez pas le jeu. Pourquoi mettre 30€ pour cela ? Dire que la durée de vie du jeu est de deux heures, c’est faux. La première fois que j’ai fait la mission principale, j’ai mis plus de deux heures. Je ne rentrerai pas plus dans ce débat. Je terminerai en disant simplement que la vérité absolue n’existe pas, et qu’elle dépendra du point de vue et de l’investissement du joueur. En discutant avec différents amateurs de la série, dont Myriam, on se rend compte que chacun a sa propre façon de jouer. Chacun aura une expérience différente et, c’est bien là, la force de notre média favori.
Metal Gear Solid V Ground Zeroes est bien ce que Hideo Kojima nous avait dit. Un prologue, mais quel prologue… Oui, nous aurions aimé avoir d’autres environnements que le camp Omega. Oui, nous aurions aimé que la mission principale soit plus longue. Néanmoins, il remplit parfaitement son office, à savoir nous familiariser avec les nouvelles mécaniques de jeu de la série.
La grande force de Metal Gear Solid V Ground Zeroes est de proposer une profondeur de gameplay incroyable, avec un « open world » de taille réduite. Les possibilités laissées aux joueurs ne sont qu’un aperçu de ce que The Phantom Pain pourra proposer. Ground Zeroes ne pourrait être considéré comme une simple démo, tant ses mécaniques de jeu sont travaillées et maitrisées. C’est en cela que Ground Zeroes m’aura marqué. J’y ai pris autant de plaisir qu’en découvrant le premier Metal Gear Solid, sur Playstation. Le roi de l’infiltration est de retour. Il a réussi à imposer sa loi avec ce prologue. Rendez-vous dans un an pour la prochaine étape : Metal Gear Solid V The Phantom Pain.