Présenté lors de l’E3 2006, Final Fantasy Agito 13 faisait alors partie de la trinité ludique de la saga Fabula Nova Crystallis, et consacré uniquement à l’époque au marché japonais. Projet trop ambitieux pour le support initial, le mobile, le titre fut renommé en Final Fantasy Type-0 et fut développé pour la première console portable de Sony, la PSP. Le jeu avait réussi à sa sortie à proposer une très bonne expérience J-RPG, malgré les limites techniques évidentes de la Playstation Portable. Mais depuis, Square Enix a revu ses priorités marketing, et à la vue de la forte demande des différents marchés occidentaux, a décidé de proposer le soft sur nos consoles new-gen de salon. L’occasion pour moi de mettre la main une seconde fois sur l’un des meilleurs spin-offs de la série.
Fiche technique
- Date de sortie : 17 mars 2015 (PS4-SCEA, Xbox One US), 20 mars 2015 (PS4-SCEE, Xbox One EU)
- Style : Action / RPG
- Classement ESRB / PEGI : M / PEGI 16
- Développeur : Square Enix
- Éditeur : Square Enix
- Langue d’exploitation : Textes en multilingue, Langue en anglais et japonais, jeu testé en VJSTFR
- Disponible sur PlayStation 4 et Xbox One
- Évalué sur PlayStation 4
- Prix lors du test : 70€ / 70$ PlayStation 4, Xbox One (Amazon US)
Agito XIII
L’histoire se passe dans le monde d’Orience, en proie aux différents conflits militaires des puissances présentes sur ces terres. Malgré un traité de paix signé entre le royaume Rubrum, l’Alliance de Lorica, le royaume de Concordia et l’Empire de Milites, ce dernier décide d’attaquer les autres après la prise de pouvoir du maréchal Cid Aulstyne lors d’un coup d’État. Sa volonté est simple: détruire les cristaux appartenant à chaque capitale des différents pays, à l’aide d’armures Magitech, des soldats de l’empire, et des l’Cie de Milites, pour annihiler les pouvoirs que confèrent ces pierres aux royaumes. Pour se protéger, Rubrum envoie la Classe Zéro, élèves d’élites d’Akademeia, pour venir en aide aux troupes sur place.
Vous l’aurez compris, Final Fantasy Type-0 est ancrée dans Fabula Nova Crystallis, et donc dans le même univers trois opus Final Fantasy XIII: l’Cie, fal’Cie, cristaux et autres joyeusetés seront présents dans l’intrigue principale, même si cela reste en sous-couche scénaristique uniquement. Pas de Lightning dans cet épisode, mais il est possible de discerner quelques clins d’oeil bienvenus aux fans de la saga. Une intrigue poussée, bien différente de ce que nous propose habituellement Square Enix, et dont la plupart des éléments-clés permettent au titre de se démarquer.
Ce qui n’est pas le cas de vos héros, 14 personnages pour être précis. Car si la distinction visuelle est facile, et qu’ils ont leur propre caractère, il n’en va pas de même pour leur background. Il vous est possible d’en savoir un peu plus sur eux en parlant avec les autres membres de la Classe Zero ou via des conversions importantes, mais très peu réussissent à se démarquer. L’un des désavantages de pouvoir contrôler autant de monde. De plus, hormis Rem et Machina qui possèdent un véritable nom et thème musical, tous les autres sont appelés par le numéro d’une carte (Ace, Deuce, King, Jack, Queen, etc.), mais avec un character design très sympathique de la part de Tetsuya Nomura. L’identification se fait plus par le biais d’une entité collective, la Classe Zero, que par l’identité personnelle, et seul Ace, Rem et Machina réussissent tant bien que mal à proposer un historique intéressant.
Mais en quoi se démarque alors Final Fantasy Type-0 ? Tout simplement par son parti pris mature de la guerre et de ses conséquences. L’ambiance est dramatique et quelque peu gore. Là où un épisode canonique a pour habitude de montrer le moins possible de morts à l’écran, ou seulement d’évoquer et de peu montrer les événements tragiques, Final Fantasy Type-0 n’hésite pas à dévoiler la violence de la guerre. Le jeu nous met par ailleurs directement dans le ton, avec le massacre des soldats de Rubrum visible dans les moindres détails, ainsi que l’exposition de la souffrance de ces hommes prient au piège dans les rues d’Akademeia. Il est notamment intéressant de faire un parallèle avec Final Fantasy VIII, qui possède les mêmes thèmes abordés, mais qui était trop peu explicite à l’époque en matière d’atrocité, aussi bien physique que morale.
Army School
Côté Gampelay, le titre se base sur un Action-RPG, très proche d’un Kingdom Hearts, d’un Crisis Core ou d’un Parasite Eve: The 3rd Birthday. C’est très dynamique, assez fluide, plutôt simple à prendre en main et fonctionne beaucoup mieux que l’ersatz proposé avec Final Fantasy XII. Nonobstant une touche uniquement consacrée à l’attaque simple avec notre arme principale, les trois autres boutons peuvent être mappés pour l’utilisation des compétences d’attaque ou de défense, de la magie, ou des techniques de boost temporaire du(des) personnage(s) présents
Pour progresser dans le monde d’Orience, chaque héros possède son arbre de compétence propre et ses armes spécifiques (Cartes, Arc, Katana, Pistolet, Poings, Fouet, etc.). Il faudra alors travailler avec les forces et faiblesses de chacun, puisque tout le monde ne sera pas à même d’affronter tous types d’ennemis. Un personnage pouvant tirer à distance sera plus intéressant pour se défaire d’un monstre marchant uniquement sur les murs à 3 mètres de hauteur par exemple. À vous d’analyser chaque situation, d’autant qu’il ne peut y avoir que trois héros sur le terrain, le vôtre et deux autres contrôlés par l’IA. Il sera donc nécessaire de switcher très régulièrement, à l’aide des touches directionnelles, pour vous sortir de situations compliquées, tout en verrouillant vos ennemis. Le bouton Haut permet d’appeler quelqu’un en renfort si vous êtes seul ou mort, tandis que celui de droite permet de prendre le contrôle de l’un des trois présents à l’écran. Le bouton Bas permet quant à lui d’inclure un type d’objet pour l’utiliser à tout instant. Un raccourci fort utile à certains moments.
En ce qui concerne les petites habitudes de la saga Final Fantasy, Les fans seront contents d’apprendre que la mappemonde est présente, reliant les cités appartenant aux différents royaumes du jeu. Pour vous déplacer, les légendaires Chocobos et aéronefs sont disponibles. Il vous sera même possible de contrôler une armure Magitech, mais lié uniquement à l’histoire et sur une période très courte. Il sera aussi possible de participer à des niveaux de conquête de territoires, vous obligeant à repenser plusieurs tactiques offensives et défensives pour libérer une ville de l’occupation ennemie.
On terminera sur l’OST de très bonne qualité, et assez marquante, reprenant l’ambiance oppressante et malsaine des différentes situations, avec une succession de thèmes militaires, tragiques et posés. De même le doublage est plutôt bon, et laissant le choix avec la langue Japonaise de très bonne qualité, et Anglaise, moins intéressante, le tout sous-titré dans la langue de la console. Bonne idée peu présente dans d’autres titres de l’industrie.
Epic Fail Remastered
Si Final Fantasy Type-0 HD est un portage de l’opus PlayStation Portable, il est regrettable qu’il n’exploite pas à fond les compétences du nouveau support pour nous proposer une expérience grandement améliorée. Il est vrai que les personnages principaux et certains décors ont été retravaillés, rendant méconnaissables certains éléments de l’opus portable. Pour autant, les limitations techniques de l’ancienne console sont clairement visibles, même aux yeux d’un néophyte.
Globalement, nous avons affaire à ce que proposait Final Fantasy Type-0. Des graphismes très beau pour l’époque puisque Square Enix avait poussé la machine dans ses derniers retranchements. Il est vrai que la firme avait su exploiter la console portable de Sony et nous proposer des œuvres très intéressantes: Final Fantasy VII: Crisis Core, Kingdom Hearts Birth By Sleep, Parasite Eve: The 3rd Birthday, etc. Bien évidemment, le rendu sur console New-Gen est assez critiquable dans l’ensemble, passant du très bon au médiocre, avec des décors plutôt vides et simples lorsque nous nous promenons dans des zones assez vastes. C’est le cas notamment de la fameuse mappemonde, qui fait peine à voir malheureusement, tellement peu de choses sont présentes à l’écran. Il est regrettable que l’équipe de développement ne se soit pas attardée un peu plus dessus, même s’il faut l’avouer, on ne pouvait pas non plus espérer un miracle sur un portage de jeu portable.
C’est le même problème côté level design. Le titre est découpé sous forme de plusieurs missions, dont l’entre-deux est rempli de quêtes annexes ou de dialogues importants pour le scénario. Mais pour progresser, il vous est nécessaire de naviguer entre les différentes zones, plutôt petites si on ne considère pas la mappemonde, coupés d’un temps de chargement. En clair, dans l’université à Akamedeia, il faut passer pas moins d’une dizaine de zones, toutes assez petites et traversables en une dizaine de secondes à peine (Hall, classe, amphithéatre, jardin, bibliothèque, etc. Vous comprenez la taille finalement assez restreinte de ces lieux), pour remplir une condition de mission annexe et récupérer son gain. Compréhensible pour une console assez faible techniquement, et qui se veut proche d’une dynamique de jeu assez courte car sur un support portable, mais beaucoup moins lorsque l’on considère la puissance d’un PlayStation 4 ou d’un Xbox One. Le souci est aussi répercuté sur les missions. Bien que les temps de chargement soient très courts (3-4 secondes maximum), cette succession de pause casse le rythme du titre, qui se veut quand même assez nerveux à la base.
Enfin, l’ajout du deuxième stick est un plus non négligeable, tant pour le mouvement de caméra simplifiée que pour passer d’un ennemis à l’autre facilement avec le Lock. Seulement, la vitesse n’est pas modulable, rendant au final les rotations trop brusques, avec un effet de flou assez désagréable par moment. Si vous avez une version PlayStation 4, la fonction remote play avec la PlayStation Vita permet de réduire un peu cet effet, et le titre reste quand même plus jouable que sur PlayStation Portable.
Pour finir, il faut noter la suppression pure et simple de l’outil online du titre, permettant à l’époque de rejoindre en LAN la partie d’un ami avec l’un de nos personnages, pour lui filer un coup de main, et remplaçant l’un de ses renforts sur le terrain. La raison est simple: Sortir le jeu à temps avec la démo de Final Fantasy XV. Même si l’apparition d’avatars, contrôlés par l’IA, est toujours disponible, certains avec les noms des développeurs ou des doubleurs du jeu, force est de constater que cela n’est pas toujours en votre faveur, au vu de la difficulté assez exigeante de Final Fantasy Type-0 HD. Espérons qu’une mise à jour vienne rajouter cette fonctionnalité.
Conclusion
Final Fantasy Type-0 HD est un portage assez facile de la part de Square Enix, n’apportant pas de contenu supplémentaire et se justifiant d’un lifting trop pauvre pour sortir uniquement sur console de salon, et non sur PlayStation Vita. C’est surtout flagrant quand on compare au portage de Kingdom Hearts Birth By Sleep sur PlayStation 3. Si vous êtes courageux et comprenez le japonais, je vous conseillerai quand même de vous procurez le titre dans sa version Playstation Portable, plus à même de vous proposer l’expérience initiale, et non tronquée d’une fonctionnalité assez intéressante. Pour autant, cette version console est loin d’être mauvaise, juste fainéante. Le titre reste l’un des jeux les plus marquants sortis ces cinq dernières années, et se doit d’être essayé au moins une fois. Et rare sont les éditeurs qui prennent le risque de proposer des oeuvres typiquement japonaises au public occidental. Un très bon jeu, mais un portage moyen.