Blackwood Crossing s’inscrit dans cette lignée de jeux narratifs provenant de studios indépendants à la Brothers : A Tale of Two Sons, Dear Esther et Gone Home qui viennent jouer avec nos émotions. De la peur aux pleurs en passant par les rires et la colère, ce récit interactif risque de vous en faire voir de toutes les couleurs. Est-ce que l’expérience globale est à la hauteur de l’histoire racontée ?
Fiche technique
- Date de sortie : 4 avril 2017
- Style : Aventure, Jeu narratif, 1re personne
- Classement ESRB / PEGI : ESRB E / PEGI 12
- Développeur : PaperSeven
- Éditeur : Vision Games
- Langue d’exploitation : Offert en Anglais et sous-titré en Français
- Disponible sur PlayStation 4, Xbox One et PC
- Testé sur Xbox One
- Prix lors du test : 17,99 $ CA / 15,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
Un voyage dans un mystérieux train
L’aventure nous plonge dans la peau de la jeune Scarlett alors qu’elle et son petit frère Finn s’amusent en jouant à « Jacques a dit » dans un train jusqu’à ce qu’ils se retrouvent devant d’étranges personnages portant des masques d’animaux. C’est à ce moment que l’histoire prend une tout autre direction. Le joueur devra passer à travers une multitude de casse-têtes pour découvrir les événements passés de la vie des deux enfants et comprendre que veut dire ce mystérieux voyage à bord d’un train.
La relation frère-sœur
Blackwood Crossing raconte un récit touchant qui aborde plusieurs thèmes en commençant par la relation frère-sœur ainsi que son développement pendant que les êtres grandissent ensemble. C’est le sujet le plus proéminent à travers le scénario puisqu’en tant que Scarlett, on interagit constamment avec Finn et elle remet régulièrement en cause certains de ses décisions et des moments de la relation qu’ils ont eue par le passé. C’est assez unique qu’un jeu prenne une telle approche de manière aussi juste et, si vous avez un plus jeune frère ou sœur, je suis convaincu que vous serez en mesure de vous remémorer des moments similaires à ce qu’ils vivent.
De plus, nous constatons que la jeune fille vieillit et gagne tranquillement de nouveaux intérêts comme son nouveau copain ce qui l’éloigne de la famille et qui change la relation avec son frère. On voit son petit frère qui veut tout simplement s’amuser et jouer pendant qu’elle, de son côté, découvre la vie d’adolescente et de jeune adulte. En effet, Finn vole la vedette durant une bonne partie de l’aventure avec ses nombreuses crises et son incompréhension par rapport à plusieurs aspects de la vie. Qui plus est, je suis tout à fait d’accord avec un autre article de Polygon qui décrivait justement le jeune garçon comme la meilleure représentation d’un enfant dans un jeu depuis Ni No Kuni.
Vivre avec la perte d’un proche
D’ailleurs, les parallèles entre les deux jeux ne s’arrêtent pas là puisque Blackwood Crossing aborde aussi un thème commun au jeu de Level-5 et Studio Ghibli. Je parle ici de la mort d’un proche qui est un sujet encore un peu tabou dans la société actuelle, mais qui est tellement bien abordée durant l’aventure. Moi qui ai perdu un être très cher il y a quelques années, j’ai pu revoir les mêmes questionnements et les mêmes inquiétudes que j’ai vécues chez Scarlett et son frère. C’est étrange, mais le jeu m’a un peu servi de thérapie, puisque ça m’a permis de constater que je ne suis pas le seul à avoir vécu une telle tragédie ce qui remet le tout un peu en perspective.
Comme plusieurs jeux qui ont inspiré celui-ci, les développeurs ne s’en sont pas tenus à simplement faire revivre les événements tragiques qu’ont vécu les personnages de Blackwood Crossing au joueur. On nous place plutôt face à une panoplie de métaphores qui nous font réfléchir tout comme plusieurs éléments de questionnement sur le scénario qu’on n’explique jamais implicitement. Bref, comme la plupart des jeux narratifs, il y a amplement placé à interprétation et j’ai vite fait un saut sur des forums qui discutaient justement du jeu.
Un superbe travail artistique
Les développeurs ont aussi réellement fait un travail artistique sublime qui m’a beaucoup rappelé celui de We Happy Few. On le sent surtout dans les émotions qui s’émanent des gros yeux brillants de Finn que ce soit le bonheur, la tristesse, le désespoir ou la colère ainsi que dans sa voix. En parlant de cet aspect, je trouve qu’on ne peut vraiment rien reprocher à ces acteurs qui ont prêté leur voix pour le jeu. Blackwood Crossing nous propose aussi une excellente trame sonore que j’aurais bien aimée achetée de manière individuelle, mais je n’ai pas réussi à trouver de trace de celui qui l’a composé et il n’y a pas d’option pour se la procurer. Enfin, l’immersion est aussi à point au niveau du son puisque le jeu profite d’un grand nombre d’effets sonores qui sortaient des quatre coins de ma pièce grâce à mon cinéma maison 5.1.
Une jouabilité très peu poussée
Ce qui m’amène à finalement parler de la jouabilité, qui n’est jamais une très grande priorité dans un jeu mettant l’accent sur la narration. Blackwood Crossing se joue à la première personne ce qui nous permet assurément de plus facilement plonger dans la peau du personnage de Scarlett. Nos actions sont plutôt limitées à prendre des objets et les déplacer ou les faire interagir au bon endroit pour progresser dans l’histoire. Il n’y a rien de très poussé et les casse-têtes ne sont pas particulièrement difficiles. Il s’agit surtout d’une simple enveloppe pour tenter d’enrober l’histoire avec un peu de contenu.
De plus, il y a quelques irritants comme l’inventaire d’objet qui ne répond parfois pas vraiment comme on aimerait. Ou encore le pointeur qui nous permet d’interagir avec les personnes et les objets qui ne sont pas toujours précis. J’ai souvent dû attendre quelques secondes et dû le déplacer sur pratiquement toute la surface de certains objets avant de voir le curseur d’action apparaître. Il aurait fallu élargir les cercles d’interactions afin qu’ils soient plus faciles à activer. Il y a même un endroit du jeu qui nous demande de trouver deux objets, mais qui ne nous laisse choisir de traquer qu’un seul à la fois, même si on a le deuxième à portée de main. Il s’agit sans aucun doute de défauts de design difficiles à expliquer.
Par contre, il y a aussi de bonnes idées comme le fait qu’il est impossible d’engager de nouveaux dialogues sans que l’actuel soit fini. Ainsi, on n’évite d’avoir des cacophonies comme ce fût le cas tellement souvent dans plusieurs autres jeux. Tant que la discussion courante n’est pas terminée, il est impossible de progresser dans l’aventure et d’interagir avec des objets de l’environnement.
Conclusion
Pour conclure, Blackwood Crossing est un excellent jeu narratif qui va plaire à ceux qui aiment les jeux qui se concentrent sur l’histoire à raconter et laisse de côté la jouabilité, du moins dans sa définition classique pour un jeu vidéo. Grâce à un splendide scénario et d’excellents visuels, je recommande fortement cette dernière création du studio PaperSeven.