La Apple Watch est sans aucun doute l’appareil connecté qui a fait couler le plus d’encre ces derniers mois, aussi bien avant qu’après sa présentation. Nul besoin de rappeler qu’elle est aussi le premier appareil d’Apple dans une toute nouvelle catégorie depuis le décès de Steve Jobs.
Avec un prix relativement élevé et un grand nombre d’options de personnalisation du hardware de la montre et des bracelets, Apple semble aussi vouloir en faire un accessoire de mode haut de gamme pour accompagner votre iPhone. C’est la première fois que la firme conçoit un appareil qui n’est pas autonome, mais plutôt une extension possible d’un produit déjà existant.
Pour la réalisation de ce test, nous avons utilisé la Apple Watch en acier inoxydable de 42mm avec le bracelet sport noir donc nos observations et commentaires porteront sur ce modèle.
Design
La Apple Watch ne passe définitivement pas inaperçue, avec son boîtier en acier inoxydable brillant. La dalle en cristal de saphir légèrement courbé à ses extrémités pour embrasser les formes rondes de la montre ainsi que le dessous en céramique où résident les différents capteurs donnent à l’objet un aspect solide, classe et moderne.
Le tout vient bien évidemment avec les compromis d’un appareil de première génération: le poids et l’épaisseur de la montre ne sont pas négligeables. Attention, je ne dis pas qu’elle est encombrante ou dérangeante à porter, mais simplement qu’étant un produit de première génération, il y a une marge d’optimisation à ce niveau, comme pour l’iPhone, l’iPad et le Mac à leurs débuts.
La montre ne se fait pas oublier, on sent bien qu’on la porte et la sensation est agréable. Les courbes du boîtier et du cristal de saphir recouvrant l’écran lui donnent un aspect moderne, voir même futuriste à l’inverse de certaines montres de la compétition qui cherchent à ressembler à une traditionnelle montre avec un boîtier rond. Le boîtier comprend aussi un microphone et un haut-parleur. Bien que le premier fonctionnait très bien lorsque j’utilisais le « Dis Siri », le deuxième était parfois trop faible pour que je l’entende bien dans des endroits publics, en particulier pour passer des appels.
La Digital Crown, petite roulette sur le côté droit de la montre est un élément de design particulièrement intéressant et important dans la Watch, car plusieurs interactions et fonctions lui sont associées. Elle est très bien conçue et dégage une impression de solidité et de qualité. Le seul autre bouton sur la montre est le bouton juste en dessous de la Digital Crown, qui sert à allumer la montre et lorsque c’est fait, il agit en tant que raccourci pour accéder aux contacts favoris. Ce dernier est bien construit aussi et offre une bonne sensation de retour lorsque l’on appuie dessus.
Le bracelet essayé est le modèle sport noir. Ce dernier, bien qu’étant le bracelet de base et le plus abordable est très confortable à porter et s’attache solidement au poignet. Il est de loin le type de bracelet que je préfère lors d’activités physiques et même au quotidien. J’ai bien aimé la sensation que ce bracelet me procurait, bien qu’il ne dégage pas la même impression de qualité que les autres bracelets qu’offre Apple.
Connectivité
La Apple Watch requiert d’être associéepar Bluetooth 4.0 LE à un iPhone 5 ou plus récent, sous iOS 8.2 ou ultérieur pour fonctionner. La montre possède aussi le Wi-Fi 802.11n, mais cette fonction n’est pas encore exploitée. Les données affichées sont donc récupérées directement sur l’iPhone par Bluetooth, car la montre n’est pas autonome.
Le dessous de la montre comporte le capteur optique de fréquence cardiaque au sein de la partie en céramique. Ce capteur sert à prendre le pouls pendant des activités physiques pour évaluer l’intensité des efforts fournis dans l’activité pratiquée. À noter que le capteur peut aussi analyser la présence d’oxygène dans le sang, mais pour le moment, cette fonction n’est pas présente. Lorsque la fonction est activée dans l’interface « Glance », la Watch prendra le pouls après une analyse de quelques secondes et l’affiche par la suite. Pour conclure, il y a aussi un accéléromètre et un gyroscope dans la montre qui eux comptent les pas et les mouvements.
La Apple Watch se recharge avec un socle sans fil et non pas grâce à un port Lightning comme l’iPhone ou l’iPad. On aurait pu croire que le port caché et couvert derrière l’emplacement où le bracelet se connecte servirait au chargement, mais pour le moment celui-ci n’est pas exploité officiellement par Apple. Le chargeur est aimanté et vient se placer directement au bon emplacement lorsque mis en contact avec la montre, la recharge débutant immédiatement.
Écran de l’Apple Watch
La version que j’ai testée, la 42mm, possède un écran AMOLED de 1,65″ avec une résolution de 390 x 312, ce qui donne un très respectable 335 pixels par pouces ainsi que la plus haute densité de pixels dans l’ensemble des montres connectées, suivi de près par la Samsung Gear S avec 300 ppp.
L’écran est vraiment plaisant à regarder et à utiliser, malgré sa petite taille. Par exemple, pour rapidement consulter des photos prises récemment, j’ai plusieurs fois préféré utiliser la Apple Watch plutôt que de sortir mon téléphone, car l’utilisation était agréable et pratique. Bien évidemment, les écrans AMOLED et LCD ont chacun une façon différente de représenter les couleurs, mais je trouve qu’Apple a bien ajusté sa palette de couleurs dans l’Apple Watch pour faire en sorte que les couleurs soient le plus proches possible de celles affichées dans iOS sur les écrans LCD. J’ai également beaucoup apprécié le fait que les noirs sont très profonds lors de leur affichage, ainsi que le capteur de luminosité qui ajuste la puissance du rétroéclairage en fonction des situations.
Le modèle d’Apple Watch testé était équipé d’un écran en cristal de saphir, réputé pour être très résistant et pratiquement inrayable. Si je n’ai pas fait l’essai de maltraiter volontairement celui-ci avec une perceuse ou un marteau pour voir s’il résisterait bien, j’ai tout de même frotté la montre durant quelques secondes sur un sol de pierre sans aucun problème. J’ai également pu constater qu’en utilisation quotidienne, sans y faire particulièrement attention, l’écran ne s’est pas du tout abîmé, ce qui est plutôt rassurant.
Performances
Apple embarque dans sa montre un processeur inaugurant une nouvelle gamme, le S1, fabriqué en 28nm, alors que le processeur de l’iPhone est gravé en 20nm. Concrètement, on peut s’attendre à une puissance similaire à celle de la puce de l’iPhone 4S, et il est vrai que l’interface, lorsque l’on utilise des application qui n’ont pas besoin de données de l’iPhone, est réellement fluide.
Bien que certaines personnes se disent frustrées du délai d’allumage de l’écran, cela n’a pas été mon cas : je n’ai pas remarqué de délais entre le moment où je levais mon poignet et la possibilité de lire l’heure. Il est clair que l’absence de multitâche comme sur iPhone aide aussi à la fluidité et au temps de réponse, car avec 512Mb de mémoire vive, du multitâche avec de nombreuses applications aurait peut-être pu poser problème. La Apple Watch possède aussi 8Gb de stockage, ce qui est amplement suffisant pour de nombreuses applications adaptées et un peu de musique.
Les applications d’Apple sont toutes extrêmement performantes et sans aucun ralentissement. Cependant, le portrait n’est pas le même avec les applications tierces : plusieurs d’entre elles dépendent énormément de l’iPhone puisque le calcul des informations affichées ne se fait pas sur la montre en elle-même, mais sur le téléphone. Les applications peuvent donc dans certaines occasions être lentes et ne pas donner une très bonne expérience d’utilisation. L’accès au GPS, par exemple, se fait également sur l’iPhone, car la Apple Watch n’en possède pas, et il faut parfois attendre de longs moments avant d’être localisé. À noter que ce sont les premières versions d’applications pour Watch, les versions futures risquent d’être beaucoup plus optimisées et réactives. Somme toute, l’expérience des applications n’est en aucun cas désagréable, elle est seulement parfois lente.
Les applications utilisées le plus souvent étant généralement celles fournies par Apple directement sur la montre, il y a de grandes chances que certains utilisateurs ne constatent pas de réels ralentissements. Globalement, la montre a comblé mes attentes à ce niveau.
L’incertitude face à la résistance à l’eau
Bien qu’Apple ne recommande pas forcément d’utiliser la Watch dans l’eau autre que sous la pluie ou pour se laver les mains, plusieurs ont été prêts à mettre à l’épreuve l’étanchéité de la montre pour voir ses limites et il s’avère qu’elle est beaucoup plus résistante que ce qu’Apple affirme. Je me suis pour ma part limité à me laver les mains avec, sans chercher particulièrement à lui épargner la moindre goutte, et tout s’est très bien passé.
Système d’exploitation de l’Apple Watch
La Apple Watch utilise un dérivé d’iOS, nommé Watch OS. L’écran principal de la montre présente l’heure avec le thème choisi et appuyer sur la Digital Crown emmène directement au menu où les applications sont présentées dans des icônes circulaires et que l’on peut facilement déplacer et réorganiser selon ses goûts, à la manière de l’écran d’accueil d’iOS. C’est une bonne chose parce que le reste se complique légèrement lorsqu’on découvre Watch OS pour une première fois.
Il y a trois façons d’interagir avec la montre, dont deux qui sont totalement nouvelles et qui nécessitent une courbe d’apprentissage. Il est en effet possible d’interagir avec les doigts en multi-touch, avec la Digital Crown et finalement, avec le doigt, mais en exerçant une pression, qu’Apple appelle Force Touch.
La Digital Crown permet entre autres de zoomer ou dézoomer dans l’écran d’accueil pour afficher plus d’applications, ce qui est pratique lorsque beaucoup sont installées sur la Watch. Il sert également à faire défiler les menus ou les listes affichées. Le Force Touch est très intéressant à découvrir, mais peu intuitif : il apporte de nouvelles fonctionnalités lorsqu’on effectue une pression sur certains éléments du système, comme les cadrans d’heure pour les personnaliser, par exemple. Il faut donc parfois expérimenter pour découvrir les possibilités de Force Touch, ce qui en soi ne me dérange pas, mais pourrait déranger certains utilisateurs qui n’ont pas pour habitude de lire un mode d’emploi.
Une des meilleures choses de la Apple Watch reste son menu « Glance », qui est accessible en balayant l’écran de la watchface vers le haut. Celui-ci affiche toute sorte de mini-applications et d’informations. De base, nous avons les réglages rapides, la prise de fréquence cardiaque, le calendrier, des contrôles pour la musique qui joue, l’autonomie restante et l’économie d’énergie, avec la possibilité d’ajouter des applications tierces à cette liste.
Par exemple, sur ma Apple Watch, j’avais le widget de DataMan, pour surveiller mon utilisation de données cellulaires, ainsi que celui de Transit pour savoir quand mon prochain métro ou bus passe, entre autres. C’est très pratique et évite de devoir sortir son téléphone pour ce genre d’informations.
Le bouton sous la Digital Crown sert à afficher une liste de nos contacts favoris. De là, il est possible d’appeler, d’envoyer des messages textes ou même d’envoyer notre fréquence cardiaque si le correspondant possède également une Apple Watch, chose que je trouvais quelque peu étrange jusqu’à ce qu’on m’ait montré un bel exemple de l’utilité de cette fonction. Enfin, on peut taper pour attirer l’attention de quelqu’un et lui envoyer un dessin sur son Apple Watch. On s’entend que ce genre de moyens de communication n’est pas indispensable, mais peut parfois être amusant.
Une chose que j’ai moins apprécié de la Apple Watch est les réglages de notifications par défaut qui font que toutes les notifications entrantes sur l’iPhone sont également poussées vers la montre. Bien que cela fasse seulement un petit bruit et une douce vibration, lorsque j’ai commenté une publications plutôt active sur Facebook, j’ai vite été attaqué par plusieurs vibrations répétitives, devenant vite désagréables. Je crois qu’Apple aurait dû, par défaut, demander quelles apps peuvent envoyer des notifications à la montre. C’est effectivement paramétrable par la suite, mais cela devrait faire partie des étapes de configuration de la montre pour être plus pratique.
La fonction « Dis Siri » est vraiment très utile sur la Apple Watch. Siri peut être utilisée en maintenant la Digital Crown ou, à la différence de l’iPhone où l’appareil doit être connecté à une source d’alimentation pour être fonctionnelle, la phrase magique « Dis Siri » fonctionne sur la Apple Watch même si aucun des deux appareils n’est en cours de chargement. J’ai trouvé ça bien utile de pouvoir faire appel à Siri à partir de mon poignet sans même avoir à me soucier de sortir mon téléphone, par exemple lorsque j’étais en déplacement et que je cherchais ma destination.
J’ai d’ailleurs beaucoup aimé mon expérience de navigation GPS avec la montre, qui diffuse de petites vibrations au moment de prendre un virage, différentes selon qu’il faut tourner à droite ou à gauche. J’ai trouvé cela très pratique, aussi bien en marchant qu’en conduisant.
Sur iPhone, les différents réglages de la montre se font par le biais d’une application Apple Watch. Celle-ci permet de gérer la montre, ses réglages, ses applications ainsi que de s’occuper des mises à jour et de la restauration du système. Il n’y a pas grand-chose à dire sur cette application, sauf qu’elle est l’équivalent de l’application Réglages de l’iPhone, mais pour la Watch.
Activités physiques
Étant quelqu’un qui s’entraîne régulièrement au gym, j’avais hâte de tester la Apple Watch dans de telles conditions. Malheureusement, elle n’est pas faite pour moi. Pratiquant la musculation et non des exercices cardiovasculaires, j’ai vite senti les limitations de la montre, qui ne m’apportait que mes fréquences cardiaques et qui me disait que je n’avais pas atteint les 30 minutes d’activités physiques qu’elle me suggère alors que cela faisait plus d’une heure que j’étais en plein effort.
Il y a aussi ces alertes pour nous dire de nous lever quand cela fait un moment que nous sommes assis qui, bien que j’apprécie l’idée et que c’est effectivement positif de se lever un peu et de bouger après être resté assis un moment, j’ai moins apprécié le fait qu’on me dise de me lever alors que j’étais en voiture et que pour une raison que j’ignore, ma navigation s’est arrêtée après que cette notification l’ait interrompu. Je crois que la Watch aurait dû détecter que j’étais en déplacement (après tout, c’est elle qui me guidait) et que l’alerte aurait dû ne pas avoir eu lieu. En bref, pour ceux qui font du cardio, la Apple Watch peut être un accessoire bien utile, mais elle reste très peu axée sur les autres types de mise en forme pour le moment.
Autonomie
J’avais quelques craintes côté durée de vie avant la recharge, car la Apple Watch a une batterie plus petite que celle de certaines montres concurrentes. Au final, je dois avouer que la Apple Watch m’a rassuré. Avec une utilisation moyenne qui consiste en la réception et gestion des notifications, utilisation de quelques applications, de Siri, envoi de messages et l’utilisation de quelques widgets, je finissais ma journée avec 45-50% d’autonomie. Je pouvais donc continuer jusqu’au lendemain vers le milieu de la journée avant de devoir la recharger. Il m’est arrivé, lors de journées peu occupées, de pouvoir tenir deux jours avec une seule charge. Si vous vous attendez à un miracle d’Apple dans la Apple Watch qui aurait rivalisé avec l’autonomie de la Pebble, vous serez déçu. Si vous êtes réalistes et que vous savez à quoi vous attendre, elle va vous satisfaire sur ce plan, et devrait tenir la journée pour les personnes les plus occupées.
Conclusion
Apple présente ici un produit nouveau, dans une catégorie relativement jeune. Il est évident que l’on peut s’attendre à ce que la prochaine version ainsi que les suivantes soient plus abouties, mais la version actuelle est déjà très intéressante.
Avec un design et une qualité de construction irréprochables, de bonnes performances dans la majorité des cas, une bonne autonomie et un écosystème d’applications et d’accessoires croissant, la Apple Watch est un produit prometteur qui nous donne un bel aperçu de ce qu’Apple nous réserve dans le futur.
Apple est souvent mise en avant pour la réflexion derrière son écosystème et la Apple Watch continue cette tradition, démontrant ainsi un avantage sur sa compétition : la Apple Watch est faite pour l’iPhone et le duo fonctionne bien. Les habitués des produits Apple y trouveront sans doute leur bonheur et c’est pourquoi je la recommanderais à quelqu’un qui utilise beaucoup les produits Apple et leur écosystème.
J’aurais cependant bien aimé que la Apple Watch Sport, modèle le plus « abordable » ait un écran recouvert de cristal de saphir au lieu du verre traité au Ion-X, car je préfère vraiment le look de l’aluminium à celui de l’acier inoxydable, même si ce n’est que mon avis. Apple a tellement insisté sur les vertus de son écran en saphir que ne pas en équiper son modèle d’entrée de gamme, pourtant plus cher que n’importe quel produit Android wear, paraît très dommage.
Est-ce que la Apple Watch est essentielle? Bien sûr que non, c’est un accessoire dont les usages sont encore à découvrir. En revanche il s’agit d’un superbe objet qui constitue un compagnon parfait pour l’iPhone, pour peu que l’on en ait le budget.