Avec un mois de septembre bien rempli, il est facile de passer par-dessus des titres moins attendus. Malgré cela, il n’était pas question que je passe outre AI: The Somnium Files, le nouveau titre de Kotaro Uchikosh qui nous a offert les excellents Zero Escape. Avec un budget accru, j’étais encore plus curieux de découvrir le nouveau jeu de Spike Chunsoft. Mélangeant aventure, science-fiction et thriller, le titre mélange le pointer-et-cliquer et beaucoup de lecture. Bref, êtes-vous prêt à résoudre cette mystérieuse série d’enquêtes qui nous plonge dans l’univers unique de ses créateurs.
Fiche Technique
- Date de sortie : 17 septembre 2019
- Style : Jeu d’aventure
- Classement ESRB/PEGI : M17+ / 18
- Développeur : Spike Chunsoft
- Éditeur : Spike Chunsoft
- Langue d’exploitation : Disponible en anglais seulement
- Testé sur Nintendo Switch
- Aussi disponible sur PS4 et PC
- Prix lors du test : 79,99 $ / 59,99 €
- Site officiel
- Version numérique envoyée par l’éditeur
Crimes, investigations, amours et rêves
AI: The Somnium Files suit les traces du détective de Tokyo Kaname Date qui doit résoudre une enquête impliquant un tueur en série. Étrangement, les corps des victimes sont retrouvés avec l’œil gauche arraché à chaque occasion ce qui agrémente le mystère. En plus, ces cas ressemblent à une autre série de meurtres s’étant déroulée 6 ans plus tôt où les victimes n’avaient plus leur œil droit. Ce qui est encore plus étrange, c’est que notre protagoniste a lui-même perdu l’œil gauche qui a été remplacé par une prothèse ultra-intelligente et n’a aucun souvenir passé les six dernières années.
Heureusement, Date n’est pas un détective ordinaire puisqu’il fait partie d’une division avec une expertise avancée sur le cerveau humain. C’est ce qui permet à notre personnage de plonger dans les rêves d’autres personnages pour en apprendre plus sur l’enquête. Bref, serez-vous en mesure d’élucider les nombreux mystères de AI: The Somnium Files ?
je dirais même que le scénario s’est avéré plus intéressant que ceux de la série Zero Escape
Sans entrer trop dans les détails, ce que j’ai aimé de l’histoire de AI: The Somnium Files, c’est qu’elle empile les mystères et les questionnements qu’elle finit tranquillement par résoudre. D’ailleurs, les personnages n’hésitent pas à soulever les mêmes points que nous comme les nombreux liens qu’on fait dans notre tête entre notre personnage et les meurtres. Je trouve que ça ajoute encore plus de piquant au scénario qui finit par complètement nous aspirer dans ses mystères. Dans son ensemble, je dirais même que le scénario s’est avéré plus intéressant que ceux de la série Zero Escape. Le jeu est d’ailleurs, de bien plus longue haleine.
Une bonne production
Ensuite, lorsqu’on se lance dans un jeu japonais aussi de niche que AI: The Somnium Files, on pourrait penser que la qualité de la production serait réduite pour rentrer dans un plus petit budget. Or, ce n’est pas du tout le cas ici. Tout comme Zero Time Dilemma, le plus récent titre de Spike Chunsoft a droit à des dialogues avec narrations. Non seulement les cinématiques ont eu droit à des voix d’acteurs à point, mais pratiquement l’ensemble des dialogues aussi.
De plus, contrairement au jeu précédent, AI: The Somnium Files profite de personnages dont les visages montrent de vraies émotions. Ça ajoute du réalisme et rend les personnages plus crédibles. D’ailleurs, une scène qui est assez comique est quand un jeune garçon du nom de Ota regarde notre protagoniste qui est en plein flirt. Durant cette séquence, Ota nous regarde avec des yeux découragés ce qui m’a fait bien rire. Ça nous laisse aussi beaucoup plus facilement saisir les intentions de chaque personnage.
les discussions entre Date et Aiba sont toujours intéressantes et m’ont donné l’impression d’être dans une version jeu vidéo de l’excellent film Her
Toujours au niveau de la production, ce qui aide énormément à l’enrichir, c’est justement les interactions. Même si certaines nous rendent assez mal à l’aise vu leur caractère sexuel, c’est un jeu japonais après tout, les personnages ont assez de personnalité pour enrichir l’expérience. D’ailleurs, les discussions entre Date et Aiba, sa prothèse intelligente, sont toujours intéressantes et m’ont donné l’impression d’être dans une version jeu vidéo de l’excellent film Her.
Un peu trop facile
Puis, les développeurs ne l’ont pas caché, ils avaient l’intention de faire de AI: The Somnium Files un jeu plus facile que leurs œuvres précédentes. Le jeu se décline donc en deux sections. D’abord, il y a une partie d’exploration où on peut épier chaque pièce et discuter avec les personnages. Cette partie peut devenir un peu frustrante, car il y a beaucoup d’objets du décor avec lesquels interagir, mais la plupart sont inutiles.
Heureusement, la deuxième partie est beaucoup plus intéressante. C’est dans celle-ci qu’on plonge dans le Somnium qui représente en fait un état de rêve pour le cerveau. On rentre donc dans la tête de certains personnages qui ont été témoins d’incidents en lien avec les meurtres. Ainsi, on peut espérer aller creuser au plus profond de leur mémoire pour tenter d’aller chercher des indices supplémentaires.
Or, dans le Somnium, le joueur doit justement résoudre certains casse-têtes qui représentent chacun un blocage mental du personnage. Pour se faire, il faut procéder en tentant d’exécuter différentes actions avec les objets présents. Cependant, le défi est qu’on a un temps limite de 6 minutes pour se rendre au bout du rêve. Alors, bien que le temps soit au ralenti en Somnium, chaque interaction a un coût et il faut être prudent. Heureusement, on peut se servir de « Timies » qui peuvent réduire le coût en temps de nos actions. Il faut donc s’en servir à bon escient et user de notre esprit de déduction pour prendre les bonnes décisions.
certaines décisions peuvent donner des résultats très différents menant à des scénarios tout aussi variés
Le seul point décevant, c’est qu’une fois que l’on comprend le principe, c’est assez facile de résoudre chaque Somnium. Par contre, chacun d’entre eux a plus d’un chemin possible pour le compléter ce qui mène à des directions divergentes pour l’histoire. C’est là qu’on reconnaît la signature des développeurs et qui permet au scénario de briller davantage. D’ailleurs, certaines décisions peuvent donner des résultats très différents menant à des scénarios tout aussi variés. Bref, vous devez vous attendre à un jeu qui se concentre surtout sur son arc narratif et peu sur sa jouabilité.
Un Thriller captivant
En conclusion, si on ne se lancera pas dans AI: The Somnium Files pour la qualité de son gameplay, on devrait certainement l’explorer pour la qualité de son histoire. En y jouant, j’avais l’impression d’avoir un mélange de Zero Escape, de la série de films Décadence dans un univers futuriste avec un visuel digne d’un bon animé japonais. De plus, j’ai aimé le rythme à laquelle l’aventure progresse et les personnages secondaires ajoutent beaucoup de saveur à l’expérience. Bref, AI: The Somnium Files n’est pas pour tout le monde, mais devrait facilement plaire aux fans du genre.