Critique de Parasyte – The Maxim –

L’anime Parasyte – The Maxim – est l’adaptation de l’œuvre éponyme de Hitoshi Iwaaki. Parasyte (ou Kiseiju en japonais) est donc prépublié de 1988 et 1994 dans les magazines Morning Open Shūkan puis Afternoon de l’éditeur Kōdansha (Beck, Vagabond, Space Brothers,…bref que du bon) pour un nombre total de 10 volumes avant de voir son adaptation en anime confiée au studio Madhouse (Death Note, Monster ou encore…Sakura, Chasseuse de cartes \o/ ) pour une sortie en octobre 2014. Peu connu en France, la série possède toutefois un fanbase assez importante dans le monde entier pour se voir attribuer un anime 20 ans ( ! ) après la fin de sa prépublication.

L’histoire de Parasyte est relativement simple, dans ce qui semble être une ville japonaise générique, d’étranges petites sphères tombent doucement, un soir, du ciel étoilé, renfermant chacune une sorte de petit serpent excessivement moche dont le but est d’infiltrer un corps, préférablement humain, afin d’en prendre le contrôle. Comment ? Et bien en dévorant le cerveau de son hôte pour en prendre la place. Pas glop. C’est ainsi que l’on rencontre le héros, Shinichi Izumi, jeune lycéen propre sur lui en train de dormir tranquillement dans son lit pendant qu’un parasite tente de pénétrer son corps par une narine. Forcément quand un machin veut nous rentrer dans le nez, il y a des chances que l’on se réveille et c’est exactement ce qui arrive pour Shinichi qui panique alors devant la vision d’un « serpent » sur son lit. Désormais découvert, le parasite perfore la main du jeune garçon pour progresser sous-cutané jusqu’au cerveau, ce qui aurait sans doute fonctionné si sa victime n’avait pas pratiqué un garrot avec ses écouteurs mp3, stoppant sa progression et contraignant la petite créature à fusionner avec son bras droit. Ainsi se termine la petite vie tranquille et rangée de Shinichi et que commence un certain nombre d’épreuves traumatisantes.

Une petite faim ?
Une petite faim ?

Je ne peux pas vous parler de l’anime en lui-même sans aborder premièrement l’histoire du manga, et je vous promets que tout ceci est spoiler free ! Parasyte nous raconte comment une vie simple voire un tantinet banale se retrouve chamboulée définitivement sans aucun espoir de revenir en arrière. Car ce n’est pas juste un bras que perd Shinichi, c’est aussi sa place dans le monde, paria chez les êtres humains comme chez ses ennemis, les premiers qui le considéreraient comme un monstre et les seconds comme une menace. À cela s’ajoute des conflits constants entre lui et Migi (le petit nom du parasite, signifiant assez poétiquement « Main droite ») et leur incapacité à se comprendre, les parasites étant totalement étrangers aux concepts de sentiments humains, la survie étant pour eux primordiale. Et vu que leur survie passe par se nourrir d’être humain, tout ceci présente certains conflits d’intérêt flagrant.

Le fameux Migi
Le fameux Migi

Et l’auteur en joue, utilisant le regard étranger des parasites et la position un peu bâtarde de Shinichi pour faire ressortir tout le côté paradoxal de l’Humain. Après tout, les parasites ne font que traiter les êtres humains comme eux même traitent l’espèce animale en général, un énorme garde-manger. Et cette vision froide et dérangeante dans son exactitude fait tout le sel de cette œuvre qui traite de la relation qu’a l’être humain avec son prochain.

La première chose qu’il est nécessaire de souligner c’est tout le travail de modernisation qu’a effectué le studio sur l’aspect visuel de l’œuvre d’origine, celle-ci datant des années 90,  le style et le dessin assez old school ne sont plus vraiment en phase avec le public d’aujourd’hui. De ce fait certains aspects ont été retouchés afin de conférer un aspect plus récent, les vêtements sont tendance, les portables omniprésents, le journal du patriarche est devenu une tablette, bref on se sent réellement dans le monde actuel. En revanche l’aspect plus « nerd » de Shinichi est peut-être de trop et pas vraiment nécessaire pour s’attacher à lui. Néanmoins le travail de Madhouse est extrêmement appréciable tant il ressort de l’univers visuel un sentiment de réalisme.

Avant et Après
Avant et Après

Seconde chose, ça bouge très bien. C’est calme et tranquille un peu à la manière d’un anime type Slice of Life avec le plan sur les arbres ou sur le ciel quand le héros s’ennuie en cours ou la traditionnelle marche pour rentrer, tout en devenant très dynamique et fluide dans les moments d’actions et le travail sur les angles de « caméra » du studio y joue pour beaucoup. L’animation des parasites est assez perturbante au début étant donné qu’ils ne sont pas humains, mais elle permet de leur donner une vraie crédibilité et on s’y habitue très vite. De plus, et les fans en sont ravis, l’anime souffre peu de la censure et il lui reste beaucoup du gore de Mr Iwaaki.

La bande sonore est signée Ken Arai et si certains morceaux sont excellents (le thème au piano qui revient assez souvent notamment) on ne peut pas vraiment en dire autant de l’intégralité de la sound track, la musique n’étant parfois pas en accord avec l’action. De plus la présence d’électro de temps en temps risque d’en dérouter plus d’un. L’opening reste un gros coup de cœur pour moi, d’autant plus que les paroles correspondent bien à l’anime et le mélange voix autotune, électro et métal fonctionne très bien.

Un Shinichi badass après quelques péripéties
Un Shinichi badass après quelques péripéties

Dernier point d’importance, l’anime est-il fidèle à l’œuvre de base ? C’est toujours très difficile de satisfaire la fanbase d’un manga lorsqu’on l’adapte pour une série, il faut rester suffisamment proche pour leur faire plaisir et en même temps l’anime doit tout de même s’émanciper du matériau d’origine pour pouvoir vivre par lui-même. Et Parasyte -the maxim- réussit tout cela très justement en restant proche du manga dans son déroulement, dans son ambiance générale, dans les relations entre les personnages tout en imposant sa propre charte graphique et en modifiant certains détails pour en faire une œuvre à part entière.