Dans le cadre de la promotion du film Le livre de la Jungle, nous avons eu la chance de rencontrer les doubleurs québécois des personnages du Roi Louie, Kaa et Baloo. Étant acteur, chanteuse et humoriste, ils nous ont accordé du temps pour discuter de leurs impressions ainsi que de leur expérience lors du doublage en studio.
Dans le film Le livre de la Jungle, le comédien jouant dans le téléroman Yamaska, Normand D’amour, prête sa voix à l’orang-outan le Roi Louie. De son côté, la célèbre coach à La Voix, la « Mama » Ariane Moffatt, joue le rôle du serpent mystérieux Kaa. Enfin, l’homme qui fait rire bien des gens, Laurent Paquin, interprète le personnage de Baloo, un ours bien sympathique et qui ne veut faire de mal à personne.
Geeks and Com’ : Qu’est-ce qui vous a mené à prêter votre voix pour le personnage de Roi Louie, Kaa ou Baloo ?
Laurent Paquin : C’est Disney qui cherchait des vedettes, des gens connus pour faire des voix pour faire la mise en marché du film, les trois on a auditionné, ils ne nous ont pas donné de cadeau, on a vraiment auditionné avec d’autres personnes connues. Il faut croire qu’on a été les trois meilleurs en audition pour ces rôles-là.
Est-ce que c’est votre première expérience dans le doublage ?
Ariane Moffatt : On a tous un peu d’expérience.
Normand D’amour : C’est sûr que ce n’est pas ma spécialité, mais ça fait peut-être une dizaine de fois que j’en fais, mais être appelé pour faire ce personnage c’est toujours un cadeau qui tombe du ciel. Alors quand tu es choisi pour le faire, tu te dis il faut que je fasse une bonne job.
(Ariane): Moi justement ça fait seulement 2 fois que j’en fais, j’ai de l’expérience pour les émissions pour enfants pour lesquels je chantais, j’étais déjà plus dans ma zone de confort parce que c’était de la voix chantée. J’ai adoré me lancer dans le vide à travers ce personnage, quand même attrayant parce qu’elle est un peu hypnotique, un peu dark, sensuelle . Comme Scarlett Johansson et un peu moi.
(Laurent): J’avais des petits rôles dans les films, j’avais auditionné pour la voix d’un hamster dans le film Volt, c’est Guy Jodoin qui l’a eu, je n’ai pas eu le rôle, mais ils m’ont donné un petit rôle dans le film, j’étais bien content, un chat. Moi je leur ai dit « by the way si je n’ai pas le gros rôle c’est pas grave j’ai envie d’essayer ça le doublage. » Alors je fais un petit chat et quelques répliques, j’ai fait aussi un petit film pour la télé à Noël, je ne l’ai jamais vu, j’ai fait un père de famille. Mais je ne sais pas si ça déjà joué quelque part. Et les castors de Bell, j’ai fait les pubs de Bell.
Qu’est-ce que vous aimez dans le métier de doubleur ?
(Ariane): Moi personnellement, je ne connais pas assez le métier dans son entièreté pour dire ce que j’aime, mais j’ai aimé dans mon expérience. Ce baptême-là est un défi de performance dans un cours laps de temps, beaucoup de chose à gérer : la technique de la voix, avoir le ton adéquat, d’avoir un accent français international soutenu. Jongler avec tous ces aspects-là et d’essayer d’être naturelle là-dedans. L’aspect de s’attaquer à quelque chose d’inconnu et qu’on ne maîtrise pas par expérience.
(Laurent): C’est ce que j’aurais fait du plus proche d’Hollywood. C’est le prestige, c’est le défi, c’est le trill, c’est d’être associé à un projet. Le fun, moi j’ai vraiment aimé le film. Je n’ai pas la même face que Ben Affleck lorsqu’il donne des entrevues pour parler de son film de Batman. J’ai peut-être plus de raison d’être fier de moi que lui. Je trouve vraiment que c’est un bon film et que c’est le fun d’être associé à un projet et que tu l’assumes en entrevue après et que tu n’es pas gêné de dire que tu as trouvé ça bon.
Est-ce que vous êtes tentés de répéter l’expérience ?
(Tous): Oui, c’est sûr et certain !
(Laurent): Là, nous on a eu un cachet vedette, on a pris plus de temps parce qu’on n’est pas des habitués de films comme ça, c’est sûr que ça serait plus long de le faire parce que je ne fais pas ça dans la vie, mais vous pouvez me donner un petit rôle ici et là. Je suis ouvert à faire ça. Parce que le côté acteur ce n’est pas un côté que je développe beaucoup. C’est jouer qui m’intéresse beaucoup.
Est-ce que vous avez des points en commun avec chacun de vos personnages ?
(Ariane): C’est sur que moi pis Scarlett… Avec Kaa il y a quelque chose dans son intériorité de sombre. Je connais les zones en moi de noirceur trouble, entre deux états.
(Normand): Moi en ce qui me concerne, j’ai les yeux bleus de Christopher Walken, c’est d’avoir le sens du rythme parce que King Louie c’est pas mal ça, le feu, et de profiter de ça.
(Laurent): Une présence imposante aussi.
(Normand): Tu dis ça, mais je n’ai pas l’impression d’être imposant, je le sais que je dégage ça, mais je ne le sens pas.
(Laurent): Moi je ne vois aucun lien avec le personnage. Pour moi c’est l’ours en partant, c’est comme tellement naturel. C’est un personnage sympathique, attachant, rigolo, avec de bons sentiments je pense que ça me ressemble quand même. Lui il est peut-être un peu plus cool dans le sens qu’il voie la vie relax. Moi dans la vie je crois que je suis un petit plus sombre que lui. Il est rondouillet et sympathique.
Lors du doublage, pouvez-vous donner votre grain de sel, comme on dit, à votre personnage ?
(Normand): C’est sûr que c’est difficile parce qu’il y a des acteurs chevronnés derrière ça et on doit donner un minimum de ce qu’eux ont prêté à leur personnage. Ce n’est pas évident parce que le français ne marche pas de la même façon que l’anglais. J’essayais de le faire un peu plus mafia. Ce n’était pas évident à faire, mais le résultat est satisfaisant.
(Laurent): Ça fait partie des vies de mettre ta couleur à toi dans un rôle qui a été créé par un autre et tu te vois en plus dire tes répliques au même rythme que l’autre parce qu’il a décidé à quelle vitesse que tu allais parler parce qu’il faut que toi tes mots concordent avec la bouche du personnage. Parce que les américains, ils font la voix avant et ils font l’animation après en fonction des mots de l’acteur. Moi il faut que je respecte le rythme de Bill Murray. C’est un défi de dire que je dois suivre toutes ces contraintes-là, un beat qui est imposé par quelqu’un d’autre, mais je dois trouver une façon de faire Baloo à la façon Laurent Paquin.
(Ariane): Moi j’ai essayé de décortiquer le fond et la forme de la voix de Scarlett, de dire OK la forme c’est-à-dire son timbre, le registre de sa voix et toutes les inflexions, ça j’ai le droit de les utiliser en référence. Je ne pourrais jamais saisir l’état dans lequel elle a fait cette voix-là. Pour ce qui est des contours, de la forme de ce personnage-là, au même moment que j’enregistrais cette voix-là, aux auditions, ma blonde finissait son stage, elle est psychologue et c’était un stage spécialisé sur l’hypnose en fait, développer des suggestions hypnotiques. Quand tu parles de cette voix chantée là, c’est une façon d’hypnotiser, avec le timbre, les vibrations de la voix. C’est un drôle synchronisme.
On pourra entendre les voix de Normand D’amour, Ariane Moffatt et Laurent Paquin dans le film Le Livre de la Jungle qui sortira le 15 avril au Québec. Sinon, le film sera sur les grands écrans le 13 avril en France. Retrouvez la critique sur le site très bientôt !