Critique du film Kingsman: The Secret Service réalisé par Matthew Vaughn

Qui n’a jamais été nostalgique des vieux James Bond ? Qui n’a pas apprécié le charme viril (et sexiste) d’un Sean Connery, où le sourire malicieux mais non moins charismatique d’un Roger Moore après un bon mot ? Alors que les films d’espionnages récents, des James Bond de Daniel Craig à la saga Jason Bourne, tendent vers la noirceur et le sérieux le plus absolu, qui n’a pas regretté la légèreté d’un John Steed flegmatique bataillant avec son parapluie ? C’est probablement la question que s’est posé Matthew Vaughn quand il a pris les commandes de Kingsman: The Secret Service, inspiré du comics  The Secret Service de Mark Millar et Dave Gibbons, sorte d’hommage vibrant aux vieux films d’espions. Et quel hommage.

Synopsis

Kingsman, une agence de renseignement britannique où les agents portent des noms de chevaliers de la table ronde et s’habillent en costumes trois pièces, est à la recherche de sang neuf. Pour recruter leur nouvel agent secret, elle doit faire subir un entraînement de haut vol à de jeunes privilégiés aspirant au job rêvé. L’un d’eux semble être le candidat « imparfaitement idéal » : un jeune homme impertinent de la banlieue londonienne nommé Eggsy. Ces super-espions parviendront-ils à contrer la terrible menace que fait peser sur le monde l’esprit torturé du génie mégalomane Richmond Valentine ?

Un hommage aux vieux films d’espionnages

La recette est simple: Prenez d’abord tous les ingrédients des vieux James Bond, et mélangez les avec ceux de Chapeau melon et bottes de cuir : Vous obtenez Kingsman. Tout y est, que ce soit le charme British, les costumes croisés, les grosses lunettes, le parapluie en titane, les bases énormes mais ultra-secrètes, les gadgets, l’équivalent de Q, la fille avec qui le héros couche à la fin (ce n’est pas celle que vous croyez) ou encore le couple méchant mégalo et son lieutenant très fort. Tout le charme de ces vieux ingrédients est d’ailleurs personnifié par Harry Hart, incarné par Colin Firth qui joue à merveille l’espion anglais gentleman jusqu’au bout des ongles.

Kingsman reprend tous les clichés du genre pour les pousser à leur paroxysme. Cette structure scénaristique, on l’a déjà vu 100 fois, on sait comment ça va se terminer dès le premier plan (même si nous avons droit à quelques bonnes surprises) pourtant on ne s’ennuie pas une seule seconde. Pourquoi donc ? Parce que le film ne fait pas que reprendre les vieux codes du film d’espionnage à papa, il en joue.

Harry Hart (Colin Firth) représente à merveille l'esprit des vieux films d'espionnages
Harry Hart (Colin Firth) représente à merveille l’esprit des vieux films d’espionnages

Un ton irrévérencieux totalement assumé

La première chose qu’on remarque et qui ne colle pas avec les vieux clichés, c’est la violence gratuite et brutale du film. Les films d’espionnages actuels sont certes violents, mais sont filmés de manière à éviter autant que possible toute la brutalité d’un meurtre au spectateur. Ce n’est pas le cas de Kingsman qui ne prend pas de gants et met largement en avant cette brutalité. Ne vous attendez pas à des hectolitres de sang, il n’y en a quasiment pas. Non je parle plutôt de la brutalité des affrontements où les dents volent, et où les verres explosent en pleine figure. La merveilleuse scène de l’église constitue probablement le summum de cet aspect tant la violence de l’affrontement est sublimement absurde (la bande son y est pour quelque chose). Les affrontements sont violents, prenants et pourtant pas sérieux pour un sou, ce qui renforce encore plus le côté décalé de l’ensemble.

C’est également et surtout au travers des diverses piques aux clichés des films d’espionnage que ce ton irrévérencieux se fait sentir. Le vilain, Valentine, est par exemple horrifié par la violence et sera régulièrement sur le point vomir au cours du film. On pense aussi au chien de Eggsy, la jeune recrue des Kingsmen, qui s’appelle JB en référence à Jack Bauer et non pas pour Jason Bourne ou James Bond. Plusieurs retournements scénaristiques se jouent également de l’aspect “Il va s’en sortir comme une fleur” des James Bond via la réplique “This ain’t that kind of movie” (« Ce n’est pas ce genre de film »).

Le personnage d’Eggsy lui-même, jeune anglais des banlieues londoniennes incarne, par opposition au personnage de Harry Hart, l’auto-dérision ambiante du film.  C’est là où Kigmsman frappe fort, malgré le fait que l’histoire qu’il raconte est la même que celle d’un tas d’autres films, elle est raconté avec un ton et un oeil insolents et gentiment moqueurs, vis-à-vis des codes du genre, qui donnent au film toute sa saveur.

La relation entre Eggsy (Taron Egerton) et Harry Hart (Colin Firth) symbolise à elle seule l'esprit du film, entre hommage et auto-dérision
La relation entre Eggsy (Taron Egerton) et Harry Hart (Colin Firth) symbolise à elle seule l’esprit du film, entre hommage et auto-dérision

Un rythme et une mise en scène parfaitement maitrisés

Pour faire un bon film, il faut un bon scénario, un bon casting mais aussi une bonne mise en scène et un bon rythme. Et là encore Kingsman marque des points.

Le film est tout d’abord l’histoire d’une montée en puissance, celle d‘Eggsy. Petite frappe, il passe d’abord par les épreuves de sélection des Kingsmen avant de faire ses preuves sur le terrain. Le rythme du film suit cette même courbe avec un début plutôt calme et une fin survoltée. Il en résulte un film plutôt bien équilibré qui vous tiendra en haleine jusqu’au bout. La mise en scène, très, efficace, y est d’ailleurs pour beaucoup. Le final est d’ailleurs un exemple de montage qui devrait donner de très bonnes sensations aux amateurs de films d’actions.

Le summum dans tout ça, c’est la façon dont les scènes de combat ont été filmées. Il faut savoir que Matthew Vaughn est une gros utilisateurs de GoPro pour ses scènes d’action. Il en ressort un montage très vifs, très entrainant, et jouant parfois sur des effets de ralentis, sans jamais être épileptique. Contrairement à de nombreux films d’actions, on voit tout ce qui se passe et non pas simplement des flashs et mouvements de caméras ingérables. Les scènes de combats n’en deviennent que plus fortes et prenantes, et sont un véritable plaisir à regarder.

Conclusion

Kingsman, c’est un savant mélange qui réussit aussi bien à se moquer gentiment des codes du genre tout en leur rendant un bel hommage.  Quand on vous dit que que c’est le croisement entre James Bond, Chapeau melon et Bottes de cuir, et Kick-Ass, on ne vous ment pas. C’est aussi un très bon film d’action que se regarde et re-regarde avec le plus grand plaisir et dont on ressort avec un sourire aux lèvres.

Critique du film Kingsman: The Secret Service réalisé par Matthew Vaughn
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    Les points positifs :
  • L'hommage aux vieux films d'espions
  • Les piques contre les codes du genre
  • La mise en scène très rythmée
  • La classe britannique partout
  • Les scènes d'actions de haute volée
    Les points négatifs :
  • Un peu plus de scènes d'actions ? (Et là je chipote)
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9