Mini-série diffusée en 13 épisodes de 40 à 50 minutes, La Casa de Papel, est une production espagnole qui conte l’histoire d’un braquage. Un homme aussi énigmatique que minutieux, surnommé le Professeur, planifie depuis des années un braquage qui se veut parfait. Son objectif ? La Fabrique nationale de monnaie et du timbre à Madrid. Accompagné d’une équipe de professionnels du crime, affublés de noms de villes dans un souci de discrétion, ils vont prendre en otage une quarantaine de personnes sous les yeux de la Police, rapidement arrivée sur les lieux. S’ensuit un long bras de fer à l’issue incertaine.
Fiche technique
- Titre original : La Casa de Papel
- Titre québécois : La Maison de Papier
- Date de sortie : 20 décembre 2017 (Canada – France)
- Réalisé par : Jesús Colmenar, Alex Rodrigo, Alejandro Bazzano, Miguel Ángel Vivas et Javier Quintas
- Scénario par : Esther Martínez Lobato, Javier Gómez Santander, Pablo Roa, Fernando Sancristóval, David Barrocal et Esther Morales
- Distributeur : Netflix et Antena 3
- Genre : Drame, Thriller, Braquage
- Durée : 13 épisodes de 40-50min (partie 1)
- Pays d’origine : Espagne
- Langues : Français, Anglais, Espagnol, Allemand, Italien. Série vue en VOST.
Une énième production sur un braquage ?
Les films de braquages ont souvent été traités au cinéma, mais peu sous un format télévisuel. Je me souviens d’ailleurs de l’excellent Inside Man de Spike Lee que j’avais vraiment adoré. Et c’est peut-être parce que certaines mécaniques de ce film se retrouvent dans la Maison de Papier que j’affectionne autant cette série. Sa particularité, à l’instar d’un 24 heures chrono, c’est son déroulement chronologique. J’ai trouvé que ce format était vraiment idéal, car il permet de nous surprendre et de développer un suspens excitant.
Nos malfaiteurs, affublés de noms de villes : Tokyo, Helsinki, Berlin, Denver, Nairobi, Moscou, Rio et Oslo, sont les meilleurs spécialistes du braquage du pays. Bien installés dans une ancienne maison de chasse dans la campagne espagnole, ils ont suivi pendant plusieurs semaines les leçons du Professeur. Leur but, préparer le plus gros braquage jamais réalisé. Et pour ce faire, chaque détail ne doit être laissé au hasard.
« Sans armes ni haine ni violence »
Et c’est le moins que l’on puisse dire, le Professeur, incarné avec brio par Álvaro Morte, est un personnage énigmatique et méticuleux qui a pris en compte toutes les variables, les erreurs possibles et chaque mouvement que tenterait la police afin de réaliser un casse propre et sans violence. On viendrait presque à se demander si le professeur n’aurait pas puisé son inspiration chez le célèbre Albert Spaggiari. Auteur du « casse du siècle » à Nice, il avait réussi l’exploit de repartir avec près de 50 millions de francs sous les bras, sans tirer un coup de feu. Mais on comprend vite qu’en présence d’une quarantaine d’otages, et encerclé par la police, maintenir un semblant d’ordre nécessite tout de même quelques contraintes à cette maxime.
Mais que fait la police ?!
Un bon braquage ne serait rien sans un bon antagoniste. Ce rôle est campé par Raquel Murillo, spécialiste en négociation. J’ai aimé l’idée que sa vie personnelle prenne autant d’importance dans le déroulement du scénario et que ce personnage ne se cantonne pas uniquement à un rôle basique de flic chargé d’arrêter les méchants.
C’est très plaisant de voir qu’épisode après épisode, le Professeur a vraiment pensé à tout et avance méticuleusement ses pions dans cette passionnante partie d’échecs. Sa petite équipe, dirigée d’une main de maître par le très inquiétant et charismatique Berlin, se montre au début très rigoureuse et calme, mais finit doucement par montrer des signes de faiblesses et commettre des erreurs.
Les histoires d’amour finissent mal, en général…
Au fil des épisodes, quelques retours en arrière nous permettent d’en apprendre plus sur chaque personnage, et plusieurs rapprochements et révélations piquantes viendront mettre à mal le plan (presque) parfait du Professeur. J’ai beaucoup apprécié le virage pris par ce personnage qui démarre très serein et sûr de lui et qui se retrouve petit à petit par devoir se lancer sur le terrain pour régler les erreurs de ses complices quitte à flirter avec notre limite morale. Et lui-même finira peut-être par transgresser ses propres règles.
Tout comme certains otages, victimes d’un syndrome de Stockholm, on se prend à éprouver de la sympathie envers nos braqueurs et on leur souhaite même de réussir leur plan, tant ils nous apparaissent attachants et humains. Et peut-être vous sentirez l’envie d’étriper vous-même un ou deux otages…
L’intrigue est excellente et riche en rebondissements. Certaines scènes auraient mérité d’être plus crédibles tant elles paraissent parfois invraisemblables, mais l’ensemble se tient, et personnellement, ça ne m’a pas particulièrement dérangé.
La distribution est plutôt équilibrée, même si certains sortent clairement leur épingle du jeu. On pensera notamment aux personnages de Moscou, Denver et Raquel Murillo, mais on retiendra surtout les personnages de Berlin et du Professeur brillamment interprétés dans la version originale de la série.
Conclusion
Cette oeuvre d’une efficacité redoutable saura assurément vous tenir en haleine et vous surprendre pendant les 13 épisodes que dure la première partie. J’ai trouvé la distribution bien sentie avec une mention spéciale à Pedro Alonso pour son rôle de Berlin, psychopathe beau parleur qui crève littéralement l’écran, et Álvaro Morte dans son interprétation du mystérieux Professeur. On notera les références à Albert Spaggiari et à l’excellent Inside Man de Spike Lee qui donnent à cette série une dimension encore plus plaisante. Certains pourront pester contre des facilités scénaristiques qui semblent un poil trop rocambolesque, cependant cela ne m’a pas empêché de trouver la série très divertissante. J’attends la seconde partie avec grande impatience. Mais pour cela, rendez-vous le 6 avril 2018 sur Netflix.