Après les excellents jeux Souls et Bloodborne, Hidetaka Miyakazi s’est lancé dans la réalité virtuelle avec une expérience bien différente. Le président du populaire studio FromSoftware avait l’ambition de créer un jeu d’aventure traditionnel utilisant la perspective de la plate-forme. Présenté comme un roman visuel, Déraciné met toutes ses énergies autour de sa trame narrative pour nous faire vivre une histoire haute en émotions. Alors, mettez de côté vos espoirs d’un Dark Souls en VR et laissez-vous tenter par cette œuvre originale.
Fiche technique
- Date de sortie : 6 novembre 2018
- Style : Jeu d’aventure / Roman visuel
- Classement ESRB / PEGI : ESRB E10+ / PEGI 7
- Développeur : FromSoftware et SIE Japan Studio
- Éditeur : Sony
- Langue d’exploitation : Offert en français
- Exlusivité PlayStation VR
- Testé sur PSVR via PS4 Pro compatible avec Move uniquement
- Niveau de confort : Excellent
- Prix de l’ensemble lors du test : 39,99 $ CA / 29,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
Est-ce que les fées existent ?
Déraciné nous place dans la peau d’une fée qui se retrouve au milieu d’une école où réside six jeunes enfants et leur recteur. Pris dans un univers où le temps est arrêté, le joueur devra d’abord convaincre les jeunes de son existence. Tout commence avec la jeune Yuliya qui soupçonne notre présence. Pour le prouver, elle nous demande d’insuffler la vie dans une fleur séchée.
Ça tombe bien, parce que votre personnage est muni de deux bagues bien spéciales. L’une d’elles lui permet de voyage dans le temps alors que l’autre nous permette d’accumuler de la vie. En fait, on peut carrément la transférer d’un être vivant à un autre. Après avoir convaincu la jeune fille, ce sera le tour de tous les autres jeunes. On découvre d’abord leur vie paisiblement en leur jouant des tours et en découvrant leurs passions. Malheureusement, le début léger laisse tranquillement place à un scénario mystérieux et très sombre. Saurez-vous en élucider toutes les énigmes ?
Il faut avoir un œil observateur, car on ne sait jamais ce qu’on trouvera en dessous d’un chapeau
En parcourant les corridors, on retrouve les élèves figés sur place et on peut interagir avec eux pour un instant. La majorité du temps, ça nous permettra de les écouter parler ou leur piquer un objet ou deux. Tout est une question de réussir à trouver celui qui nous permettra de progresser dans cette séquence. Il faut avoir un œil observateur, car on ne sait jamais ce qu’on trouvera en dessous d’un chapeau ou dans une poche.
Pour nous aider, on retrouve aussi les silhouettes des jeunes grâce auxquelles on peut retracer des souvenirs passés. Or, c’est souvent dans celles-ci qu’on retrouve des indices pour comprendre comment progresser. Bref, il faut tout explorer et être bien attentif pour arriver au bout du chemin et c’est ce qui rend la narration aussi intéressante.
Exposés à des thèmes sérieux malgré eux
Ensuite, parlant de narration, c’est assurément là que Déraciné se démarque. On s’attache facilement aux différents personnages principalement en étant témoin des petits moments de leur vie. D’ailleurs, même s’ils ne sont pas vraiment animés, on distingue facilement leurs traits de personnalités ce qui nous permet d’être encore plus empathiques envers eux. De plus, il y a une certaine naïveté dans leur manière de voir le monde qui fait en sorte qu’on se sent responsable de les protéger.
Cependant, ce qui demeure difficile pour eux, c’est qu’ils devront être exposés à des thèmes très matures malgré eux. En effet, disons que la mort est pas mal omniprésente durant toute l’aventure. Les jeunes apprennent à vivre avec celle-ci. Puis, il est beaucoup question de sacrifice, d’acceptation de la vie et on questionne la moralité de modifier le passé. Bref, la camaraderie laisse vite place à des choses plus sérieuses ce qui sert bien le titre.
ils devront être exposés à des thèmes très matures malgré eux
Dans son ensemble, l’histoire s’est donc avérée excellente. Les pièces du casse-tête s’emboîtent tranquillement et l’intrigue connaît une résolution à la hauteur. Le seul défi, c’est qu’on sent tout de même que quelques choses sont demeurées irrésolues. Enfin, faire de gâcheurs, disons qu’il y a une partie du jeu vers la fin qui est trop courte à mon goût.
Déraciné offre une prise en main facile
Généralement, je n’aime pas les titres VR où notre personnage doit se téléporter d’un point à l’autre pour se déplacer. J’ai l’impression que ça limite mes mouvements et que ça me contraint inutilement. Or, je n’ai pas du tout eu ce problème avec Déraciné même s’il utilise cette technique. En effet, on peut vite pivoter et se téléporter instantanément grâce aux Move. Je crois que c’est le fait que les contrôles répondaient très rapidement et que mes actions étaient exécutées immédiatement qui a rendu l’expérience plus agréable. Qui plus est, je n’ai jamais ressenti de malaise ou de nausées en y jouant. C’est impressionnant si on considère la vitesse d’exécution et le fait que j’ai fait les 5 h de jeu d’un coup.
Puis, les Move répondent plutôt bien et servent à imiter les mains de votre personnage. La technologie n’est pas aussi précise que les Oculus Touch, mais c’est suffisant ici. Le seul problème, c’était que certains objets n’étaient pas à porter de main et la caméra ne détectait pas mes mouvements lorsque je devais m’étirer. Heureusement, lorsqu’on observe quelqu’un, on peut se tourner sur plusieurs angles ou se pencher pour mieux les atteindre.
les casse-têtes se sont avérés un peu trop simples à mon goût
Enfin, les casse-têtes se sont avérés un peu trop simples à mon goût. C’est vrai que j’étais très attentif à l’histoire et que j’ai fait beaucoup d’exploration, mais tout a semblé trop facile. La jouabilité n’est visiblement pas l’argument de vente, donc si ce n’est pas votre genre, passer votre tour.
Une aventure engageante
Mais il n’y a pas que la trame narrative qui nous absorbe dans l’univers de Déraciné. Effectivement, le style visuel y est aussi pour beaucoup. La résolution n’est peut-être pas de la qualité d’un Astro Bot, mais ça reste dans les standards de la VR.
D’abord, il y a l’atmosphère qui est parfaitement exécutée. On a vraiment l’impression de faire un voyage dans le temps et qu’on se retrouve dans un vieux couvent. Tout est en bois et semble légèrement vieillot. On reconnaît le style gothique très sombre auquel le studio nous a habitués et ça sert plutôt bien le titre. Quoique parfois, on aurait aimé avoir un peu plus de couleurs.
On a souvent le sentiment qu’ils nous parlent directement et on peut dire que la frontière entre la réalité et la fiction n’aura jamais été aussi mince.
Si le décor ne profite pas de la meilleure résolution, ça n’empêche pas les personnages de sembler bien réels. On a souvent le sentiment qu’ils nous parlent directement et on peut dire que la frontière entre la réalité et la fiction n’aura jamais été aussi mince. Surtout que, si on se place dans le bon angle, on peut regarder les personnages directement dans les yeux.
Le son fait d’ailleurs partie intégrante de l’expérience. On ressent facilement l’effet de l’audio positionnel qui nous permet de détecter facilement d’où provient chaque bruit. Pour ma part, c’est surtout lorsque les jeunes projettent leur voix de notre direction que j’étais impressionné. Déraciné ajuste le son en suivant l’angle de notre positionnement.
Un premier projet concluant
Ce n’est pas facile de se lancer dans un projet qui exploite une nouvelle technologie. Ça l’est encore moins lorsque le studio explore un genre qu’il n’avait pas visité depuis belle lurette. Déraciné n’est pas parfait, mais c’est un début solide dans la réalité virtuelle pour FromSoftware. L’aventure est intrigante, les personnages sont attachants et l’atmosphère est à point. Hormis quelques mystères non résolus et une jouabilité un peu fade, le titre réussi à nous entraîner dans son excellente trame narrative. Si vous êtes fan du genre, aucun ne doute que ce jeu pourra vous charmer.