Il est là ! Le nouveau jeu de David Cage, Detroit: Become Human arrive en magasins cette semaine. L’exclusivité PlayStation 4 suit donc les traces de Heavy Rain et Beyond: Two Souls, deux jeux que j’avais bien aimés. Évidemment, lorsqu’on associe un projet au studio Quantic Dream, on pense à des expériences prenantes qui lorgnent la frontière entre le jeu vidéo et le cinéma. Or, on se prépare aussi à devoir faire des choix qui ont un impact sur le déroulement de l’aventure. Mais les choses ont changé depuis leur dernier titre en 2013 et plusieurs studios ont tenté des approches similaires. Alors, est-ce que Detroit: Become Human répond aux attentes d’un jeu du genre en 2018 ?
Fiche technique
- Date de sortie : 25 mai 2018
- Style : Action et Aventure / Aventure Graphique
- Classement ESRB/PEGI : ESRB M / PEGI 18
- Développeur : Quantic Dream
- Éditeur : Sony Interactive Entertainment
- Langue d’exploitation : Disponible en français
- Exclusivité PlayStation 4
- Testé sur PlayStation 4 Pro
- Prix lors du test : 79,99 $ CA, 54,49 €
- Site officiel
- Version offerte par l’éditeur
Kara, Markus et Connor
Detroit: Become Human suit l’histoire de trois androïdes développés par la compagnie Cyberlife nommée Kara, Markus et Connor. Chacun d’eux a été conçu pour faciliter les humains dans leurs tâches quotidiennes.
Le jeu nous présente d’abord Connor, dont la fonction principale est d’arrêter les déviants en libertés. Les déviants sont des androïdes affligés d’émotions humaines provoquées, supposément, par un virus dans leur système. Ils dévient donc de leurs habitudes et cessent de servir les humains qui les ont achetés. Connor devra travailler en étroite collaboration avec Hank Anderson, un détective grincheux et alcoolique pour mettre fin à cette menace. Notre protagoniste sera donc exposé au meilleur comme du pire des humains et vous devrez tracer son chemin final.
De son côté, Markus semble avoir une vie rêvée chez son maître Carl. Son rôle est de s’occuper de son propriétaire qui est faible et ne peut plus se déplacer par lui-même. Il le fait tout de même avec beaucoup de plaisir, car celui-ci le traite comme son propre fils. Carl se plaît même à aider Markus à devenir un peu plus humain. Il l’aide à réfléchir et à diverger un peu de ses fonctions simplistes. C’est éventuellement ce qui va amener le protagoniste à se poser des questions plus profondes sur les androïdes.
Finalement, Kara habite chez Todd, un homme amer de la vie qui a sombré dans l’alcool et la drogue. Il habite seul avec sa petite fille qui semble s’ennuyer. De plus, la petite est victime du comportement violent de Todd. Devant tant de violence envers un enfant complètement vulnérable, quelque chose va naître à l’intérieur de Kara. Mais comment est-ce possible qu’un instinct maternel semble tranquillement s’installer dans un androïde ?
L’éveil des androïdes
D’abord, vous aurez probablement tous compris qu’un des thèmes principaux est le développement de l’intelligence artificielle et son impact positif ou négatif sur notre futur. David Cage a donc imaginé ce futur pas trop lointain où les androïdes font partie de notre quotidien. Or, ces robots ressemblent tellement à des humains qu’il devient difficile pour la population de faire la part des choses.
Pour ma part, ce qui m’a impressionné c’est la quantité de détails qu’il y a dans le jeu. D’abord, on voit que le taux de chômage tourne autour de 30 % depuis l’arrivée de ces androïdes. Cela fait en sorte qu’une bonne partie de la population se lève contre ces machines. On voit des manifestations, on constate leur impact sur le gouvernement et on parle même de leur utilisation dans des domaines comme la médecine.
le scénario pose de sérieuses questions sur un potentiel réveil de l’intelligence artificielle
D’ailleurs, en prenant le temps de lire les magazines sur votre chemin, vous allez trouver des détails beaucoup plus poussés. Un des exemples que j’ai le plus aimé m’a rappelé mes cours d’économies. Dans ceux-ci, on apprenait que pour un économiste tout à un coût incluant une vie humaine. On nous explique que les voitures autonomes calculent quel point d’impact est le plus optimal économiquement si un accident est inévitable. On évalue quelle victime potentielle a la meilleure espérance de vie, laquelle a une famille, etc. La machine base alors son choix de point de collision en conséquence. Bref, l’aspect moral est vraiment remis en question dans cet univers.
En fait, le scénario pose de sérieuses questions sur un potentiel réveil de l’intelligence artificielle. C’est amené de manière intelligente en faisant des rapprochements pas fous du tout. Je pense, entre autres, aux minorités qui critiquent le fait que l’humanité a toujours eu peur des gens différents. On n’est pas dans les clichés ce qui rend le scénario plus crédible.
L’importance de nos choix
Bien sûr, avec Quantic Dream, on s’attend à faire des choix et qu’ils aient un impact sur l’aventure. Or, on peut vraiment dire que le studio a répondu aux attentes en augmentant les choix de manière exponentielle. Non seulement il faut faire des choix, mais il faut souvent aussi explorer pour trouver des éléments supplémentaires. On aura donc plus d’options, mais ça ne veut pas toujours dire qu’ils auront l’effet escompté.
Parce que oui, le jeu vous force à faire beaucoup de choix dont plusieurs seront déchirants. Le fait de placer le joueur devant autant de dilemmes moraux était vraiment intéressant. On peut seulement se fier à notre instinct et espérer avoir parfaitement évalué la situation pour obtenir le résultat escompté. Malheureusement, les humains sont parfois irrationnels et il faudra assumer nos décisions.
le studio a répondu aux attentes en augmentant les choix de manière exponentielle
Avec cette nouvelle histoire, il y a tellement de décisions à prendre que le nombre d’embranchements possibles en est décuplé. Ça m’a vraiment impressionné et je dois dire que je trouve que le jeu a répondu aux attentes à ce niveau. De plus, d’un chapitre à l’autre, vous pourrez toujours regarder l’aperçu de l’arbre des choix pour voir ce que vous avez manqué. Par contre, on vous recommande d’attendre à la fin avant de changer vos décisions. Vous pourrez refaire chaque chapitre aisément une fois l’aventure terminée.
Des relations pas faciles…
Il y a plusieurs choses que le jeu considère pour arriver aux différentes et nombreuses conclusions possibles. Cependant, la plupart d’elles dépendent de la relation que vous avez développée avec les différents personnages. La dynamique humain-robot est d’ailleurs très bien exploitée.
Du côté de Connor, c’est vraiment intéressant de le voir essayer de comprendre son partenaire. Comme le lieutenant Anderson agit rarement de manière logique, Connor a beaucoup de difficulté à anticiper ses agissements. Or, c’est tout aussi difficile pour le joueur ce qui démontre que les développeurs ont bien raconté leur histoire.
Puis, pour Kara, sa mission est de constamment prendre soin de la petite Alice. Ce qui est difficile c’est qu’on est souvent exposé à des décisions moralement douteuses. Soit qu’on prend tous les moyens nécessaires pour protéger la petite, même si on lui montre le mauvais exemple. Sinon, il faut prendre un chemin plus long afin de choisir des décisions plus moralement acceptables.
Enfin, du côté de Markus, le défi est surtout d’avoir un bon impact sur d’autres androïdes qui l’entourent. Heureusement, ceux-ci agissent pratiquement comme des humains par moment ce qui facilite un peu plus notre tâche. En fait, je dirais même que les agissements des robots sont plus faciles à prédire, car ils suivent parfaitement leurs convictions. Bref, les relations entre les personnages prouvent que les développeurs ont bien réfléchi à leur scénario.
Un contexte qui sert bien l’engin graphique
Ensuite, on peut dire que Detroit: Become Human est un très beau jeu. Les visages des personnages sont très détaillés incluant leurs taches de rousseurs, leurs rides et leurs traits. J’ajouterais même les cheveux et les barbes sont très réalistes particulièrement chez un personnage comme Hank Anderson.
Là où les choses sont toujours un peu plus difficiles, c’est au niveau des expressions du visage. Dans la plupart des jeux qui utilisent de la motion-capture, on ne ressent pas très bien les émotions des acteurs. Ça rend souvent les jeux du genre un peu bizarre. J’ai en tête, par exemple, Until Dawn qui rendait les personnages un peu loufoques. Or, le contexte des robots a permis au jeu de ne pas être trop exposé à cette réalité. Les androïdes montrent assez rarement leurs émotions et on sent qu’ils sont des machines en les regardant dans les yeux.
Les graphiques sont parfaitement exécutés au niveau des personnages ce qui est tellement important dans un jeu qui met l’accent sur la trame narrative
Néanmoins, lorsque les émotions sont nécessaires, on les a aussi ressenties. Que ce soit chez Todd, chez Hank et même chez le déviant durant l’intro du jeu, on a ressenti leur détresse respective. Le tout a aussi été fait sans être exagéré comme c’est aussi souvent le cas. Les graphiques sont parfaitement exécutés au niveau des personnages ce qui est tellement important dans un jeu qui met l’accent sur la trame narrative.
Finalement, les détails et les couleurs des décors sont tout aussi impressionnants. Je suis resté en admiration devant plusieurs scènes dont une vers la fin, mais je n’en dis pas plus. Une autre scène qui est particulièrement intéressante est les nombreuses rencontres entre Connor et le personnage d’Amanda. La flore dans ce décor était tout simplement superbe. Enfin, on voit même un peu de neige qui a parfaitement été répliquée pour le jeu.
Un peu trop de QTE
Cependant, la seule chose que je reprocherais à Quantic Dream, ce sont les QTE (actions contextuelles). Généralement, ça ne me dérange pas qu’il y en ait quelques-unes ici et là, mais ici il y en a un peu trop. Si bien que j’ai trouvé que ça ruinait un peu l’expérience dans des scènes importantes. C’est bien dans les scènes d’actions. En fait, ça rajoute même un peu de stress, mais leur impact est minime qu’on les réussisse ou pas.
Finalement, j’aurais aimé qu’on voie peut-être un bleu ou une marque à un endroit où un des ennemis réussit à m’atteindre suite à un QTE. Malheureusement, il n’en est rien la plupart du temps. Or, lorsque c’est le cas, l’impact est réel. Il y en a même certaines qui vont dicter carrément la conclusion du chapitre. Bref, je crois qu’il y aurait simplement dû avoir un meilleur équilibre.
À la hauteur ?
En conclusion, avec un scénario prenant qui multiplie les possibilités et propose plusieurs fins, les fans du studio seront comblés. Detroit: Become Human pose de vraies questions et s’aventure dans un avenir, peut-être pas si lointain, de manière intelligente et posée. De plus, le scénario est plein de petites critiques de la société qui nous font réfléchir. Même après avoir fini l’aventure en un peu plus d’une dizaine d’heures, j’ai encore l’impression d’avoir seulement effleuré la surface du jeu.
Enfin, j’ai bien l’intention de me lancer dans une nouvelle histoire où je prendrai une approche complètement différente. J’ai déjà en tête plusieurs endroits où j’aimerais refaire mes choix et je sais déjà que la résultante en sera complètement transformée. Je pense qu’on peut conclure que le fait qu’un jeu nous reste autant dans la tête est signe qu’il a bien réussi. Bref, si vous aimez les jeux qui misent sur l’histoire, procurez-le-vous. Vous ne le regretterez pas.