Salutations à vous, buveurs de sang. Aujourd’hui, si je prends ma plume, enfin mon clavier, c’est pour vous donner mon avis sur un jeu qui me tient beaucoup à cœur : Castlevania Lords of Shadow 2 (LoS2). Le jeu a essuyé une impressionnante vague de critiques négatives, il suffit de regarder la note Metacritic : 62/100 sur PS3. A contrario, la note des joueurs sur le même site et pour la même console est de 8,2/10 (sur 330 critiques). On voit donc clairement que le jeu divise. Je trouve dommage de la part des journalistes de critiquer le jeu pour son originalité, alors qu’un jeu comme TitanFall est encensé alors qu’il ne prends pas autant de risque dans sa catégorie, comme Lords of Shadow 2 peut le faire par rapport à la série Castlevania.
Pour ma part, ayant adoré le reboot de Castlevania, je me suis empressé de me procurer le jeu et je ne regrette pas mon achat. J’ai pu constater que LoS2 est vivement critiqué car il ose prendre des risques. J’ai donc très envie de brandir mon crucifix et de mettre mon collier en gousses d’ail mais avant de commencer ma critique, je tiens à vous mettre en garde, il y aura quelques spoilers.
A la suite du premier Lords of Shadow (LoS), Gabriel Belmont devient Dracula (nommé aussi Dracul) et se réveille d’un sommeil ayant duré 500 ans. Le monde a bien changé depuis cette absence du Prince des Ténèbres. L’épilogue nous montre donc un Dracul qui n’est plus que l’ombre de lui-même, projeté dans un monde contemporain. Telle était la conclusion du premier jeu et Mercury Steam aurait pu choisir la facilité en affichant Dracula à son apogée, mais cela aurait été un peu convenu. Après un épilogue très marquant, Mercury Steam a donc pris la décision de se tenir aux choix scénaristiques réalisés et même d’aller plus loin. LoS2 commence donc par un court prologue qui présente Dracula dans sa superbe, puis il reprend directement à la suite de LoS. Je reviendrai un peu sur le scénario un peu plus tard dans cet article.
Des environnements urbains, modernes, sombres et crasseux qui changent de l’ambiance du premier Lords of Shadow
Les premiers points qui peuvent dérouter dans LoS2 sont ses environnements urbains, modernes, sombres et crasseux. On est loin de l’ambiance de LoS. Le jeu ne cherche donc pas à reproduire ce qu’a fait son aîné. La ville dans laquelle se déroule l’action a été construite sur les ruines du château de Dracula. Son architecture mélange style contemporain – des grands bâtiments en pierre, des routes en bitumes – et style gothique : l’ombre du château est donc toujours présente.
Côté intérieur, le jeu alterne entre bâtiments plus anciens (hôpital psychiatrique, bibliothèque) ou labo ultra moderne, déroutant, mais pourquoi pas ? Après tout, la technologie n’a pas attendu Dracula pour se développer. Néanmoins, un certain pouvoir permettra à Dracula de retourner dans son château, comme s’il revenait dans le passé. On se retrouve donc à explorer le magnifique château et son architecture gothique absolument sublime. Les intérieurs du château sont assez variés, on passera des profondeurs caverneuses du château à ses hautes tours gothiques.
L’ensemble reste cohérent dans l’univers développé. Le level design est plutôt au point car, au fur et à mesure de notre progression, on débloque des raccourcis entre les zones, nos nouveaux pouvoirs nous permettent d’emprunter de nouvelles voies, etc. On regrettera cependant un manque de clarté de la carte des différentes zones.
Une direction artistique réussie
La direction artistique se devait d’avoir une plastique à la hauteur du jeu et c’est réussi. Sur Playstation 3, le jeu est plutôt joli, et très stable. Je vous recommande d’ailleurs d’installer le jeu sur votre disque dur afin d’optimiser les performances graphiques. J’ai été assez surpris de voir que celui-ci ne souffrait d’aucune chute de frame rate ou de problème d’affichage, un vrai plus !
La partie sonore n’est pas en reste non plus. La musique est toujours aussi grandiose, pour l’occasion elle a d’ailleurs même été enregistrée par le plus grand orchestre jamais utilisé pour un jeu vidéo. Le doublage est également de grande qualité et fait appel à de nombreux acteurs : Robert Carlyle, Richard Madden, Patrick Stewart ou encore Natascha McElhone.
Bon point, le retour du livre qui sert de menu du jeu : vous y retrouvez la carte de la zone, vos armes, les combos mais également tout un tas d’information sur l’univers et les personnages, tout cela toujours pourvu de superbes dessins.
Selon moi, le design des personnages est tout à fait génial et ne faiblit qu’en de rares points. Dracula est charismatique et c’est avec plaisir que l’on retrouve bon nombre de personnages des précédents épisodes. Les ennemis, quant à eux, sont tout à fait dans le ton du jeu et de l’univers, bien que certains sont néanmoins assez classiques. Pour chacun d’entre eux, vous débloquerez une annexe du livre qui vous expliquera leurs origines ainsi que leurs histoires. Les ennemis dans le monde moderne sont les plus originaux : soldats en jet packs et tanks-robotiques. C’est le genre de choses qu’on ne voit pas souvent dans un Castlevania, mais pourquoi pas ? Nous sommes dans un monde où la magie et la technologie sont très présentes. J’aurais eu beaucoup plus de mal si j’avais dû combattre des chevaliers en armure dans les rues d’une ville contemporaine, ou même de simples soldats.
Un design de jeu ayant évolué et un système de combat plus complet et plus intelligent
Le design du jeu a pas mal évolué : exit la progression divisée en niveaux et bonjour le monde ouvert. La progression est donc plus homogène, ce qui n’est pas pour me déplaire. La progression de LoS avait son charme, mais proposer quelque chose de différent, même si cela est plus classique, est très intéressant. Le jeu propose également un système de téléportation via des salles de cartes à découvrir (pas de téléportations abusives donc). On retrouve donc ce style Metroidvania cher à la série.
En ce qui concerne la jouabilité, le système de combat est plus complet et plus intelligent. Dracula dispose de trois armes : son fouet de sang, l’épée du Néant – qui régénère la santé – et les gants du Chaos – qui brisent la garde -, chaque arme a des combos à débloquer. Chaque combo possède un pourcentage de maîtrise: une fois un palier de combo atteint, on peut transférer cette maîtrise à la maîtrise générale de l’arme. Ce système qui pousse le joueur à maîtriser tous les combos est ingénieux et assez original, je n’ai d’ailleurs vu ce système dans aucun autre Beat Them All. Le tout est toujours aussi dynamique et atteint son apogée dans les combats de boss absolument grisants !
Les phases de plateformes, quant à elles, sont fluides, et très agréables. Elles ne sont pas pour autant toutes faciles, certaines demandant plus de concentration que d’autres. Seul petit bémol: les chauves-souris qui indiquent les endroits où l’on peut s’accrocher, mais cette aide se révèle bien pratique parfois, donc je ne trouve pas que ce soit un défaut en tant que tel, plus une concession.
Enfin, il y a les fameuses phases d’infiltration. J’ai vraiment du mal à croire que ce soit la pire façon de faire de l’infiltration, comme certains ont pu le dire. Il s’agit d’un genre de jeu que j’adore et des jeux récents m’ont procuré beaucoup plus de frustration en terme d’infiltration pure. Presque toutes ces phases sont assez courtes et plutôt simples. Néanmoins, il est vrai que deux de ces séquences pourront s’avérer compliquées si vous ne réussissez pas à saisir la manière dont il faut les passer. Je vous conseille de voir ces séquences comme des puzzles à résoudre. Ces moments de pause dans le jeu trouvent une justification compréhensible au début de l’aventure, mais il est vrai qu’elles peinent à convaincre par la suite. Certes, ces phases ne brillent pas par leur design de jeu : il s’agit d’une évidence, mais pas de quoi hurler. On est très loin de la frustration de l’ère 16 et 32 bits. Ces séquences permettent de varier les mécaniques de jeu et de voir certaines capacités de Dracula, comme la possession de rats ou d’humains, par exemple. D’ailleurs, pour celles et ceux qui râlent parce que ce n’est pas « classe » de posséder un rat, je les invite à se renseigner un peu plus sur la mythologie de Dracula et ils comprendront alors que cette capacité n’a rien d’étonnante.
Castlevania Lords of Shadow 2 : une histoire très prometteuse mais une conclusion décevante
Attention, la suite contient plusieurs spoilers, vous êtes prévenus.
L’histoire de LoS2 est très prometteuse. Dracula cherche à se défaire de son immortalité et pour cela il doit aider Zobek et vaincre à nouveau son ennemi juré : Satan. On retrouve ici un Dracula torturé entre ces deux personnalités: celle de Gabriel Belmont et celle du Prince des Ténèbres, Dracul, le Dragon. À vrai dire, son personnage me fait penser à Darth Vador. J’ai vu quelques éléments intéressants, notamment en ce qui concerne les personnages et la mise en scène. On peut également reconnaître certains hommages, notamment à Metal Gear Solid ou à Silent Hill et au cinéma d’horreur japonais de manière générale, mais chut, je n’en dirai pas plus. J’ai beaucoup aimé le scénario de cet épisode qui contenait tout ce que j’attendais, du moins c’est ce que je pensais.
La conclusion du jeu est, à mon grand regret, d’une platitude extrême. Le boss final et la conclusion font retomber comme un soufflet l’aspect épique et tragique de la quête de Dracula. Néanmoins, après réflexion, cette fin peut s’avérer intéressante d’un certain point de vue.
Avec LoS2, j’ai eu le sentiment de jouer à un jeu fait avec passion, même si les récents commentaires sur le développement du jeu donnent à réfléchir sur ce dernier point… L’ambiance est très plaisante et j’ai plongé avec plaisir dans cette épopée gothique. Je peux comprendre que les différents partis pris ne conviennent pas à tout le monde, mais je ne suis pas d’accord avec les vives critiques du jeu. Je ne comprends pas comment on ne peut pas saluer l’audace de proposer cette vision de Castlevania. Artistiquement, j’ai ressenti une homogénéité globale, malgré le mélange des genres. A l’heure où nombre de séries se complaisent à refaire sans cesse les mêmes choses, d’autres tentent de réaliser des épisodes différents à chaque fois. Les trois Lords Of Shadow sont différents et pourtant ils restent cohérents dans leur globalité, aucun ne semble être à part.
Je me refuse le plus possible à comparer des œuvres, même au sein de la même série. Il est peut-être possible de comparer le deuxième ainsi que le troisième Uncharted car leurs propositions de jouabilité et de design de jeu sont similaires, mais comparer LoS2 à son aîné alors qu’ils n’ont pas la même structure ni le même design de jeu, je n’en vois pas l’intérêt. Les seuls points réellement comparables concernent le système de combats et de plateforme, le reste ne l’est pas à mon sens. Je critique un jeu pour ce qu’il est, et Castlevania Lords of Shadow 2 m’a donné énormement de plaisir, qui fut malheureusement atténué par une fin décevante et sans saveur. Je n’ai donc pas eu la conclusion magistrale que j’attendais pour cet épisode. Néanmoins, je considère que l’un des éléments les plus importants d’un jeu est sa mécanique de jeu, et pour cela LoS2 ne m’a pas déçu. Je me refuse donc à le critiquer trop sévèrement. Au final, c’est un bon jeu qui aurait pu être excellent si sa fin avait été mieux pensée.