Depuis quelques temps, bon nombre de jeux indépendants réussissent à avoir un propos nouveau par rapport aux standards véhiculés dans les jeux dits conventionnels. Étant donné leur plus grand niveau de liberté, il nous est permis d’expérimenter des sujets, des idées que, normalement, nous n’aurions pas été en mesure de voir. C’est le cas de Mulaka, qui raconte, par le biais d’environnements typiques et d’une mythologie distincte, la culture indigène des Tarahumaras, peuple du nord du Mexique. Cette dernière est supposée avoir dictée la réalisation de ce nouveau titre de Lienzo. Y sont-ils parvenus?
Fiche technique
- Date de sortie : 1er mars 2018
- Style : Action, aventure
- Classement ESRB/PEGI : ESRB T / PEGI 12
- Développeur : Lienzo
- Éditeur : Lienzo
- Langue d’exploitation : Anglais
- Disponible sur Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox One et PC
- Testé sur Nintendo Switch
- Prix lors du test : 24,98 $ CA
- Site officiel
- Version offerte par l’éditeur
Un scénario typique
Mulaka n’est pas que le titre de ce nouveau jeu de Lienzo mais également le nom du personnage principal que nous incarnons tout au long de l’aventure. Ce dernier est un shaman, ou Sukurúame, ayant pour but de purifier la corruption présente dans les différentes régions où son peuple habite. Comme mentionné précédemment, on nous présente ce peuple indigène de l’état de Chihuaha, comme possédant sa propre mythologie riche en bêtes, monstres et demi-dieux.
En effet, pendant le voyage de Mulaka, nous rencontrerons plusieurs demi-dieux qui nous offriront leur aide pour venir à bout de la corruption provenant du monde souterrain. Bon nombre de monstres en provient et ceux-ci commencent à s’attaquer à la population des Tarahumaras. L’aide des demi-dieux se représente par des pouvoirs qui seront conférés au Shaman, lui permettant de se transformer en leur réprésentation physique. Par exemple, le premier que nous croiserons est un oiseau qui nous permettra de planer pendant quelques instants et d’atteindre des niveaux jusque-là inaccessibles.
De région en région, présentées comme étant des environnements ou mondes distincts, Mulaka tentera de vaincre le monstre principal et responsable de la corruption des lieux. Bien que les différents demi-dieux et monstres aperçus pendant notre aventure sont issus de la culture Tarahumaras, j’ai personnellement trouvé que le contexte et le scénario ne lui rendaient pas justice. En fait, le scénario est tellement mince et les dialogues entre les personnages et Mulaka sans saveur, que la seule chose que l’on retient de l’aventure est de battre le monstre de la zone pour ainsi se rapprocher tranquillement vers la fin du jeu. Bien sûr, nous rencontrerons des divinités qui vous nous indiquer le chemin à suivre mais honnêtement, outre le pouvoir qu’ils confèrent au héros, leur rôle est très minime dans l’histoire.
Un visuel trop simpliste?
Lorsque l’on parle de jeux indépendants, il n’est pas rare que les concepteurs préfèrent consacrer le gros de leur budget sur l’histoire et les mécaniques de jeu plutôt que sur les graphismes. Sans qu’ils soient de moins bonne qualité, ils ne sont souvent pas à la fine pointe de la technologie. Parfois, pour pallier aux prouesses visuelles, on les troque contre une direction artistique lichée avec un cachet particulier. C’est exactement le cas de Mulaka. En effet, les développeurs chez Lienzo ont, encore une fois, suivi la culture Tarahumara en créant des environnements très colorés et vivants.
Toutefois, à mon avis, le premier constat que nous pouvons faire avec Mulaka est que la simplicité des modèles 3D polygonaux est exagérée et au final, nous nous retrouvons avec des personnages et des lieux avec peu d’intérêt. Presque aucune texture n’est appliquée aux éléments visuels du jeu et tout devient sans saveur d’autant plus qu’on ne retrouve pas beaucoup d’éléments de décors différents. Chaque monde possède sa signature visuelle propre mais comportant que très peu d’éléments distincts. Je sais fondamentalement qu’une partie de ce visuel est voulu, question de suivre une direction artistique établie, mais on aurait pu quand même y mettre un peu plus d’emphase. Par exemple, je m’explique mal qu’en 2018, nous ayons de la difficulté à distinguer de l’eau (qui n’est pas transparente) par rapport à de la boue. Ou encore, que les jambes/pieds de Mulaka soient constamment à travers le sol.
Une mécanique de jeu qui fonctionne
Lors de la prise en main de Mulaka, on se rend compte rapidement que des influences des jeux d’aventure 3D conventionnels ont été suivies de bonne façon. On ne peut prétendre qu’il soit parfait mais nous allons rapidement nous habituer aux habiletés et au maniement de la lance, arme de prédilection de notre héros. Souvent, on peut distinguer des similitudes dans les mouvements qui pourraient s’apparenter aux contrôles présents dans la série God of War ou même dans Zelda… en beaucoup moins précis.
Outre l’utilisation d’une lance, Mulaka va acquérir, tout au long de son aventure, de nouvelles techniques ou habiletés. Que ce soit l’utilisation de quatre types de potions (préparées à l’aide de végétaux que nous récoltons) ou les pouvoirs que les demi-dieux nous donnent et qui nous permettent de nous transformer en un animal divin, toutes ces actions sont effectuées facilement mais non sans quelques heurts.
Conclusion
L’idée première du développeur Lienzo était très noble en offrant aux joueurs un titre où la culture des Tarahumaras est au centre du concept créatif et artistique. Toutefois, était-ce à cause d’un manque de moyens ou de temps, on dirait que Mulaka n’est pas totalement fini. Il m’a semblé par moment comme si ce dernier était encore en développement.
Il se peut que cette perception provienne du visuel et des mécaniques de jeu très simplistes présents dans ce titre, mais les fréquents pépins techniques que j’ai connus ne tendent pas à me faire penser qu’il s’agissait bel et bien d’une volonté artistique. Personnellement, je ne suis pas trop regardant sur les accrocs techniques mais lorsque le jeu se ferme complètement ou que l’on doive recharger une sauvegarde parce qu’un casse-tête est brisé, jai tendance à décrocher du jeu.
Que ce soit pour encourager un petit studio ou pour en savoir un peu plus sur la culture des Tarahumaras, vous pouvez donner une petite chance à Mulaka. Sa prise en main est facile et on se surprend à vouloir voir se qui se passe au fil de l’aventure. En sachant ses limites et que la rejouabilité est plutôt nulle, les cinq ou six heures dans l’état mexicain de Chihuahua passeront relativement vite.