De plus en plus de studios indépendants émergent récemment dans l’univers vidéoludique. Ceux-ci n’ont pas les moyens des grandes boîtes, mais axent souvent leur développement sur des idées peu conventionnelles où le récit prend une place prépondérante dans l’expérience de jeu. What Remains of Edith Finch s’inscrit dans cette lignée et le présent test vous incitera peut-être à visiter le monde de la famille Finch.
Fiche technique
- Date de sortie : 25 avril 2017
- Style : Aventure narrative
- Classement ESRB / PEGI : ESRB T 13+ / PEGI 16
- Développeur : Giant Sparrow
- Éditeur : Annapurna Interactive
- Langue d’exploitation : Anglais (sous-titres français)
- Disponible sur PS4 et PC
- Testé sur PS4
- Prix lors du test : 26,99 CAD / 19,99 €
- Version envoyée par l’éditeur
- Site officiel
La malédiction de la famille Finch
L’aventure de What Remains of Edith Finch commence avec l’ouverture du journal d’Edith qui est en fait la trame narrative de tout le récit. En effet, on se trouve plongé dans le retour à la maison familiale d’Edith plusieurs années après l’avoir quitté avec sa mère. Cette dernière, croyant fortement à une malédiction touchant la famille, ne voulait pas perdre la dernière fille qui lui restait. En effet, la grande famille Finch a, à travers les années, perdu un à un ses membres dans des morts plus ou moins étranges. Edith décide donc de retourner dans cette maison pour comprendre un peu ce qu’il s’est passé avec sa famille, elle qui est maintenant la dernière membre vivante de celle-ci.
L’aventure se passe à la première personne, mais nous campons plusieurs personnages tout au long du récit. En effet, Edith, dans ses recherches dans la maison, tombe sur des journaux ou notes appartenant aux autres membres de sa famille. Lors de la lecture de ceux-ci, nous nous retrouvons dans la peau de la personne dont traite le document. Il peut autant s’agir d’hommes que de femmes ou même d’enfants. La période couverte par les différents récits est du début du siècle dernier jusqu’à tout récemment. Jusqu’ici, ce n’est pas si anodin, mais ce qui rend ce type de narration spéciale est le fait que chaque journal traite en fait des dernières heures et du moment de la mort du membre de la famille en question. Donc, nous vivons la mort en direct de l’arbre généalogique d’Édith.
Un scénario plus attachant qu’il n’y paraît
Nous sommes souvent confrontés avec la mort dans les jeux vidéos. Souvent banalisée, celle-ci prend une autre forme dans What Remains Of Edith Finch. Elle est un peu le tournant de tout le récit en étant le point rassembleur et central de toute la famille Finch et surtout d’Edith, l’héroïne du jeu. On pourrait penser qu’il s’agit d’un titre d’horreur tant le côté morbide y est fort. Ceci dit, à mon avis, il n’en est pas un du tout. Tout d’abord, par sa direction artistique, les concepteurs amenuisent le propos en utilisant des graphismes plutôt enfantins quoique très jolis. De plus, les énormes différences entre les récits de tous les membres de la famille nous amènent à nous trouver comme dans plusieurs micros jeux. Que ça soit dans la baignoire pendant le bain d’un des enfants ou même transformé en requin recherchant de la nourriture, les histoires nous amènent dans des univers complètement singuliers.
Cette richesse dans les univers et environnements des récits familiaux est, à mon avis, la plus grande force de What Remains Of Edith Finch. Parfois, ils peuvent être très terre à terre et parfois complètement disjonctés selon l’état d’esprit de l’auteur du journal. Le scénario est tellement bien ficelé et lié à l’environnement qu’il est facile de se mettre dans la peau de l’acteur principal de la micro histoire même si cette dernière est complètement loufoque et irréaliste. De plus, un autre élément qui, personnellement, capte l’intérêt du joueur est la narration faite par Edith ou par les autres membres de la famille. En effet, les éléments marquants de cette narration sont inscrits dans l’écran comme une citation souvent interactive. De cette manière, le joueur et le récit sont encore plus liés ensemble.
Justement, comme mentionnées, les histoires qu’Edith lit à propos de sa famille sont soit assez réalistes ou plutôt fantaisistes. Toutefois, même si cette fantaisie ne semble pas du tout possible, il n’en demeure pas moins que les membres de la famille en faisant partie sont décédés. Donc, le scénario est toujours ambiguë face à la dualité réalisme et fantaisie. Le meilleur exemple de ce concept est le récit du frère d’Edith. Sans trop donner de divulgâcheurs, ce dernier travaille dans une usine de transformation de poisson et où sa tâche est de préparer le poisson avant d’être mis en conserve. Cependant, il souffre également d’une maladie mentale qui l’amène dans un monde parallèle. Donc, pendant notre temps passé dans son corps, nous devons couper des têtes de poisson sur un convoyeur avec le joystick de droite pendant que nous contrôlons notre personnage imaginaire dans son monde avec le joystick de gauche.
Conclusion
J’aurais bien aimé m’étendre encore un peu plus sur What Remains Of Edith Finch. Toutefois, il est difficile de ne pas gâcher l’histoire en y donnant trop de détails. Comme mentionné, le scénario du dernier opus de Giant Sparrow est le centre de l’expérience du joueur. Personnellement, ce petit studio m’impressionne grandement. J’avais adoré leur précédent titre, The Unfinished Swan qui nous transportait dans un monde que l’on découvrait en peinturant de noir un monde tout blanc. Je me disais qu’étant donné qu’il s’agissait d’un premier jeu, ils s’étaient donné une liberté qu’il ne pourrait peut-être plus avoir avec le succès connu. En fin de compte, ce n’est pas du tout le cas. What Remains Of Edith Finch amène cette liberté à un autre niveau. En effet, le côté fantaisiste demeure encore présent, mais jumelant aussi une grande part de réalisme dans un propos central tournant autour de la mort.
Une fois de temps en temps, certains jeux vidéo viennent me chercher personnellement. Souvent due au scénario, l’expérience globale qu’ils m’apportent reste gravée dans ma mémoire longtemps. What Remains Of Edith Finch est un de ceux-là. Ce n’est pas parce qu’il ne s’agit pas d’un titre à grand budget qu’il ne peut toucher les joueurs passant au travers du scénario, au contraire. À mon avis, son seul bémol est sa durée… entre deux et trois heures continues. Quand on calcule le ratio durée/prix, il est plutôt faible surtout qu’il n’y a pas vraiment de raisons de refaire le jeu à part pour récolter tous les trophées. Ceci étant dit, le récit et l’expérience générale compensent le prix d’entrée !