À l’occasion de la journée CO-LAB Veille, organisée par XWiki et Silicon Sentier le 22 janvier dernier, Frédéric Boillot, spécialiste de la veille et directeur d’A2ie , a accepté de répondre a quelques unes de nos questions sur le sujet.
Geek’s and Com’ : Qu’est ce que la veille ?
Frédéric Boillot : Je considère la veille comme un outil de surveillance, de collecte d’informations, de données et connaissances, applicable tant sur la toile que sur les supports classiques (presse écrite, médias télévisés) mais aussi sur ce qui se dit, s’entend ou se voit en divers lieux et endroits (salons, séminaires, colloques, conférences, manifestations, discussions…).
En quoi la veille est indispensable pour les entreprises et les personnes ?
La veille est une nécessité, un impératif sine qua non pour connaitre et maitriser l’information (ou la désinformation), mais aussi ressentir les tendances qu’elles soient sociétales, économiques ou politiques. It’s the TOOL !!! Je ne vois pas comment à l’heure actuelle on peut se passer d’elle ou la remplacer par un outil de surveillance aussi efficient.
J’émets néanmoins une réserve qui s’apparente plus à une précision quant à son exploitation, à savoir que cet outil doit être calibré pour un usage expresse et précis, fonction du but poursuivi et des finalités de sa mise en place ; trop d’informations tue l’information, et l »infobésité » noie l’utilité de la veille dans une masse de données informatives ou communicantes inexploitables. L’aspect chronophage mais pourtant essentiel de la supervision humaine, de l’analyse et du recoupement des informations pertinentes et utiles, reste un facteur préoccupant et inhérent de la veille.
J’ai eu l’occasion d’animer un atelier ou j’ai développé le thème Entreprise, responsabilité pénale et intelligence économique qui a souligné une nouvelle fois que l’outil « veille » est essentiel pour l’entreprise, notamment en ces domaines juridiques, réglementaires et normatifs, pour permettre au dirigeant de connaitre ses droits et devoirs, anticiper et gérer les crises, développer ses stratégies sécurité, sûreté et juridiques. De même, l’individu en tant que tel, trouve dans une veille ciblée (centre d’intérêt ou culture personnelle) réponse et éclairage.
Où en est la veille en France selon vous ?
La veille en France a gagné ses lettres de noblesse, notamment par la notoriété qui est la sienne sur la toile, au travers des médias sociaux, blogs personnels et professionnels et autres microblogging. C’est l’outil par excellence du partage des connaissances et d’informations parce qu’il permet de les collecter (plus ou moins bien). Le 21ème siècle est une ère numérique et les outils de technologie de l’information et de la communication sont partout présents et de mieux en mieux connus et reconnus.De par mon expérience, il est clair que ce phénomène est transnational et international, s’inscrivant tout naturellement dans une mondialisation de l’échange des données, informations et désinformations.
Quelle(s) différence(s) entre la veille personnelle et la veille professionnelle ?
Les différences principales tiennent aux buts poursuivis, et aux processus ( dans le cas de la veille professionnelle) de vérification et recoupement des éléments collectés et du travail d’analyse qui va suivre dans le cadre d’une production à destination d’un client final.
Dans une veille personnelle, il est me semble encore assez rare de voir plusieurs thèmes ou sujets divers abordés alors que dans le cadre professionnel les veilles sont multiples et différentes, selon les attentes des donneurs d’ordre. Une veille professionnelle s’inscrit plus dans un processus global de plusieurs outils, de collecte, recoupement, vérification et exploitation du renseignement utile et pertinent, accompagné d’autres prestations connexes ou annexes, comme audit, mise en place de stratégies et soutien aux actions économiques, civiles ou pénales, stratégies.
En tant que professionnel, quel regard portez-vous sur un événement comme le CO-LAB Veille ?
J’ai été très heureux de particper à cet évènement, qui regroupait des intervenants divers et variés, mais aussi un public hétéroclite, néanmoins uni par ce même désir d’apprendre et découvrir « l’outil ». Même en tant que participant à un titre professionnel, j’ai pu, au cours de cette journée, entendre et apprendre, sachant que la démarche de veille qu’elle soit personnelle, professionnelle,ou collaborative, repose sur les mêmes principes de base, quant à la collecte des données. L’utilisation et la production finale étant bien évidemment différentes.
Quel(s) conseil(s) pouvez-vous donner aux personnes qui s’intéressent à la veille ?
Je ne peux que conseiller à tous ceux qui s’intéressent à la veille de poursuivre cette quête incessante, de ne pas oublier la finalité de la veille, qui ne se résume pas à des outils et à des process d’utilisation, mais qui doit rester le moyen de parvenir à collecter au mieux l’information ou les données, dans une démarche critique et utile pour produire et partager ces connaissances, donner à réfléchir et développer l’esprit d’analyse.
Merci de votre disponibilité et de vos réponses ;)