Voir un acteur tel que Microsoft arriver sur un nouveau segment de produits est toujours un évènement. Après nous avoir proposé depuis 4 ans déjà la gamme Surface, se voulant une tablette qui peut remplacer un ordinateur, le créateur de Windows nous est arrivé cette année avec un véritable ordinateur qui peut au besoin se transformer en tablette.
Selon Microsoft, avec la Surface Book on parle donc de « l’ordinateur idéal ». Nous avons pu utiliser le produit durant quelques jours, le temps de voir si cette affirmation est exacte.
Caractéristiques techniques de la version testée
Affichage |
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Dimensions |
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Poids | 1 576 grammes |
Processeur + Carte Graphique |
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Mémoire |
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Système d’exploitation | Windows 10 Pro |
Appareil photo / vidéo |
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Audio |
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Connectivité |
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Batterie | 12 heures en vidéo (Données constructeur) |
Design
Microsoft nous a habitués avec sa gamme Surface à un design industriel en magnésium offrant ainsi du matériel extrêmement bien fini. Le Surface Book continue sur cette lignée et dès la première prise en main on constate que l’on est en présence d’un produit haut de gamme qui respire la qualité.
Avec des dimensions de 31,2 x 23,2 x 2,3 cm contre 31,4 x 21,9 x 1,8 cm pour un MacBook Pro Retina de 13 pouces, le produit de Microsoft conserve un encombrement très correct pour un appareil équipé d’un écran de 13,5 pouces. Au niveau du poids, les deux appareils sont à égalité avec 1,58 kg sur la balance.
Ce qui a beaucoup fait parler au moment de l’annonce du produit est le mécanisme qui permet au clavier et à la tablette d’être attachés de manière solide. Celui-ci se déroule lorsque l’on ouvre l’ordinateur et lorsqu’il est fermé, un espace reste disponible entre l’écran et le clavier, proche du mécanisme. Cela constitue clairement l’élément de design différenciateur que beaucoup remarqueront au premier coup d’oeil et qui fait l’objet de questions lorsque vous sortez l’appareil en public. Celui-ci donne une réelle impression de solidité et même en tenant le Surface Book par l’écran on sent que le clavier reste solidement fixé, comme sur un ordinateur classique. Nous reviendrons plus tard sur le fonctionnement de la séparation de l’écran et du clavier.
Côté design de la « tablette », on retrouve le bouton d’allumage et de volume sur le haut de l’écran, tandis que la prise pour les écouteurs se situe sur la droite de l’écran, emplacement plutôt surprenant lorsque l’on utilise l’appareil en tant qu’ordinateur. À noter également que les seuls ventilateurs qui équipent le Surface Book sont situés sur les côtés de l’écran. On ne rencontre donc pas les mêmes enjeux que sur les MacBook, sur lesquels il arrive d’occulter la grille de ventilation lorsqu’on les pose sur du tissu, par exemple.
Point important à prendre en compte : la plupart des composants étant situés dans l’écran, la répartition du poids est surprenante au début, avec une tendance de l’ordinateur à partir en arrière parfois lorsqu’on l’a sur les genoux. Cela n’a pas été un problème une fois l’habitude prise, mais cela demande un temps d’adaptation.
Écran
Si le terme Retina d’Apple n’est qu’une invention marketing, il a eu pour effet que les utilisateurs sont de plus en plus regardants sur la définition de leurs écrans. Il est donc naturel de comparer en premier lieu le nombre de pixels composant l’écran du Surface Book par rapport à ses principaux concurrents.
On retrouve ainsi sur l’appareil de Microsoft un écran de 13,5 pouces en 3000 x 2000 pixels, donnant ainsi une densité de 267 pixels par pouce. Côté MacBook Pro 13,3 pouces, ordinateur le plus proche en taille du Surface Book, Apple propose une résolution de 2560 x 1600, soit 227 pixels par pouce. Quand à l’iPad Pro, dont Apple a vanté la résolution à maintes reprises lors de sa conférence, on retrouve une résolution de 2732 x 2048 sur du 12,9 pouces à 264 pixels par pouces. Il serait bien évidemment réducteur de s’arrêter à ces chiffres pour parler de la qualité d’un écran, mais on peut tout de même souligner ici la prouesse de Microsoft à ce niveau.
Dans les faits, l’écran est tout simplement superbe, quel que soit le contenu affiché. Les textes sont très lisibles et il est très difficile de distinguer les pixels lorsque l’on approche les yeux de l’écran, et impossibles lorsqu’on l’utilise en tant qu’ordinateur à une trentaine de centimètres de l’oeil. Les contenus diffusés en 4K sont vraiment sublimes et en mettent plein les yeux.
L’écran est très lumineux, et l’on regrette ainsi que Microsoft limite les réglages à 25, 50, 75 ou 100% dans les réglages rapides, tant on gagnerait par moment à avoir des réglages plus fins à cause de la puissance de la dalle. Bien évidemment, les réglages précis restent disponibles dans les paramètres complets de l’appareil. La luminosité est d’autant plus appréciable que l’écran reste malheureusement très réfléchissant, même si on sent des progrès à ce niveau. À 100% l’ordinateur reste donc utilisable en extérieur, même si l’on aurait préféré un écran mat pour une utilisation dans ces conditions.
Si le ratio 3:2 adopté par Microsoft m’a semblé bizarre dans les premières heures, donnant un aspect un peu trop haut à l’écran de l’ordinateur, je m’y suis rapidement habitué et après quelques jours je n’avais plus cette impression en allumant le Surface Book. Ce ratio est d’ailleurs très appréciable lors de l’utilisation en mode tablette, le rapprochant fortement d’un format magazine, sans pour autant impacter trop l’utilisation en mode ordinateur, comme cela aurait pu être le cas avec un ratio 4:3 utilisé sur un iPad par exemple.
Connectivité
Au niveau de la connectique, on retrouve deux ports USB 3, un emplacement pour carte SD, une prise pour écouteurs ainsi qu’un port Mini DisplayPort. Un port « Surface Connect » est également présent, notamment pour connecter le Surface Dock, qui permet de connecter l’ordinateur à deux écrans 4K tout en ajoutant une connexion Ethernet gigabit et 4 ports USB 3 supplémentaires. Au niveau du sans-fil, on retrouve du Wi-Fi 802.11ac ainsi que du Bluetooth 4.0 pour connecter différents périphériques.
Le Surface Book est donc plutôt bien équipé en termes de connectique, il faut cependant garder en tête qu’à l’exception de la prise pour les écouteurs, la totalité des ports se situent sur le clavier. Il ne sera donc pas possible de brancher une clé USB lors de l’utilisation de l’appareil en tant que tablette, ce qui est dommage.
Performances du Surface Book
S’il y a bien un aspect sur lequel la Surface brille, c’est au niveau de la puissance de calcul. Il faut dire qu’avec un prix de départ de 1950$ au Canada, on n’en attendait pas moins. Le modèle que nous avons testé est celui équipé d’un processeur Intel core i7 de 6e génération, de 256 Go de SSD, de 8 Go de RAM ainsi que d’une carte graphique Nvidia GeForce, ce qui en fait un ordinateur proposé au prix de 2799$ tout de même.
Dans les faits, tout est effectivement très fluide et l’on sent immédiatement que le matériel est puissant. Les applications s’ouvrent instantanément et effectuer du montage en 4K dans Adobe Premiere n’est pas un problème.
Pour les amateurs de chiffres, le test Geekbench 3 Pro donne un résultat en simple cœur de 3544 et en multi-cœur de 7314. On est donc très proche du modèle haut de gamme de MacBook Pro 13 pouces, qui obtient 3483 et 7633. La différence en faveur du MacBook Pro s’explique par le fait que son processeur i7 de précédente génération est capable de monter jusqu’à 3,1 GHz contre 2,8 GHz maximum pour le i7 du Surface Book.
Autonomie
L’autonomie annoncée par Microsoft est de 12 heures lorsque l’on utilise les deux batteries, celle de l’écran et celle du clavier. Que cela soit en utilisation normale ou lors de benchmarks, jamais notre unité n’est parvenue à ce résultat. Nous avons plutôt obtenu entre 7 et 8 heures en utilisation classique mélangeant navigation internet, bureautique et courriels, tandis que les benchmarks de bureautique et d’utilisation mixte de PC Mark 8 n’ont jamais dépassé les 5 heures.
En utilisation en mode tablette, qui prive le Surface Book d’une de ses deux batteries, l’autonomie est située généralement entre 3 et 4 heures d’utilisation, ce qui est dans la tranche basse des tablettes d’aujourd’hui. Bien évidemment, lorsque l’on se rappelle des composants embarqués, de la puissance de calcul développée et de la résolution de l’écran, on comprend mieux cette limitation.
Le Surface Book n’offre donc pas de mauvais résultats d’autonomie, en particulier par rapport aux composants embarqués, mais il ne s’agit pas non plus du meilleur élève de sa catégorie. Un MacBook récent fera généralement mieux si ce qui est recherché est une utilisation classique de longue durée.
Appareil photo
Le Surface Book est équipé de deux appareils photo, l’un en façade et l’autre à l’arrière. Ceux-ci sont en revanche plutôt à réserver aux cas d’urgence ou à la vidéoconférence, car ils ne sont pas très bons, comme c’est souvent le cas sur des tablettes. Les résultats sont corrects lorsque la luminosité est idéale, mais on obtient beaucoup de bruit et une grosse perte de définition dès que la luminosité est faible.
Vous pouvez retrouver quelques exemples pris avec les deux caméras ci-dessous :
[flickr_set id= »72157660939986640″]Windows Hello
S’il y a bien un moment où la caméra avant impressionne, malgré sa qualité globale très moyenne, c’est lorsque l’on utilise la fonctionnalité Hello de Microsoft.
Concrètement, celle-ci permet d’identifier l’utilisateur lorsqu’il s’approche de l’écran, sans qu’il ait besoin de saisir un quelconque code ou mot de passe. Il suffit ainsi de rendre visible son visage pour que sa session s’ouvre, et c’est vraiment très pratique. C’est d’autant plus utilise si l’ordinateur est partagé entre plusieurs utilisateurs, puisque le Surface Book identifie automatiquement la bonne personne sur l’écran de verrouillage et ouvre la session correspondante.
Testée avec ou sans lunettes, la fonctionnalité a très bien fonctionné, même lorsque la luminosité n’était pas idéale. C’est donc un véritable avantage à prendre en compte, en particulier si l’on utilise souvent des données confidentielles et que l’on est obligé de verrouiller souvent son ordinateur.
Multimédia
J’accorde beaucoup d’importance aux haut-parleurs, que cela soit sur une tablette ou un ordinateur, car j’écoute assez peu de contenu avec des écouteurs. J’avais donc de grosses attentes pour ceux du Surface Book, car ils doivent assurer une utilisation aussi bien en mode tablette qu’en mode ordinateur.
Les haut-parleurs, au nombre de deux, sont situés sur le haut de l’écran, des deux côtés. Ils font face à l’utilisateur, ce qui est vraiment appréciable. La restitution du son stéréo est très efficace et même à plein volume, on ne perçoit pas de saturation. Les haut-parleurs sont d’ailleurs assez puissants et seront donc largement suffisants pour une utilisation multimédia occasionnelle ou pour faire écouteur de la musique dans une petite pièce. On remarque en revanche un manque de basses, ce qui est malheureusement le cas sur bon nombre de tablettes, mais aussi d’ordinateurs.
Comme dit précédemment, la très haute définition de l’écran en fait un vrai plaisir pour les yeux lors du visionnement de films et de photos, bien que le ratio 3:2 adopté ici par Microsoft fait en sorte que des bandes noires sont visibles en haut et en bas des vidéos, Cela n’est pas propre au Surface Book puisque l’on avait déjà cela sur les Surface 3 et 4.
Clavier et Trackpad
Enfin un vrai clavier sur un appareil Surface! Microsoft avait beau positionner ses appareils comme des tablettes pouvant remplacer un ordinateur, le confort d’utilisation n’était pas le même. Pouvoir poser son ordinateur sur les genoux dans différents endroits et commencer à travailler de manière efficace n’était pas possible et c’est désormais un vrai plaisir.
Le clavier est donc très agréable à utiliser et très similaire dans les faits à ce que l’on retrouve sur les nouveaux MacBook. L’espacement des touches est suffisant pour ne pas les accrocher de manière involontaire et lorsque l’on appuie, on retrouve une résistance suffisante pour que la frappe soit agréable. Les touches sont également illuminées ce qui est très pratique lorsque l’on travaille dans des mauvaises conditions de lumière et l’on peut bien évidemment désactiver cette fonctionnalité si on le souhaite. C’est donc du tout bon à ce niveau et Microsoft, qui n’en est pas à sa première expérience de clavier, loin de là, a fait un excellent travail.
Malheureusement, mon expérience n’a pas été aussi positive avec le trackpad installé sur le Surface Book. Si les clics sont bien aussi agréables que sur le trackpad d’un MacBook Pro, par exemple, l’utilisation à deux doigts pour un défilement par exemple ne s’est pas révélée très fonctionnelle. J’ai souvent été confronté à un défilement qui ne se faisait pas ou n’était pas réactif, quel que soit le contenu affiché. Par ailleurs, les clics effectués par un toucher et non un appui sur le trackpad n’ont pas toujours été détectés.
Il y a de fortes chances pour que cela ne soit qu’on problème logiciel facile à corriger pour Microsoft, mais le trackpad étant un élément tellement important d’un ordinateur que ces défauts deviennent rapidement frustrants et viennent ternir l’expérience d’utilisation de l’ordinateur. Heureusement l’écran est tactile ce qui permet parfois de venir compenser et d’effectuer réellement ce que l’on souhaite, mais j’espère que Microsoft corrigera rapidement le tir à ce niveau, car c’est impardonnable sur un ordinateur à ce prix.
Conclusion
Lorsque l’on voit le prix et les performances du Surface Book, on comprend aisément qu’il s’agit d’un produit haut de gamme qui ne correspondra pas à tous les besoins ni à tous les budgets. Avec un prix de départ autour des 2000 dollars, il s’agit d’une démonstration de savoir-faire importante de Microsoft.
Attention cependant à ne pas écarter le produit en se disant que la société a été trop gourmande et est déconnectée de la réalité en proposant son produit. Équipé de la dernière génération de processeurs, une carte graphique dédiée et en offrant un stylet dès la sortie de la boîte et ayant un design qui en fait à la fois une tablette performante et un ordinateur complet et efficace, on peut dès lors facilement comprendre la différence de 400 dollars qui le sépare d’un MacBook Pro haut de gamme.
En résumé, si ce n’est un logiciel du trackpad qui je l’espère sera rapidement amélioré, le Surface Book est un sans fautes pour les utilisateurs à la recherche d’un ordinateur très performant tout en restant compact. La possibilité de le transformer en tablette au besoin faisant par ailleurs du produit un élément différenciateur très appréciable par rapport à ses compétiteurs.