Disgaea s’est, au fil des années, imposé comme l’un des Tactical-RPG les plus emblématiques du Japon. Scénario simple mais mécaniques de jeu en béton, ce cinquième opus ne déroge pas à la règle. Cela va-t-il jouer en sa défaveur ?
Fiche technique
- Date de sortie : 16 octobre 2015 (SCEE), 6 octobre 2015 (SCEA), 26 mars 2015 (SCEI)
- Style : RPG / Tactical
- Classement ESRB / PEGI / CERO : T / PEGI 12 / CERO B
- Développeur : Nippon Ichi Software
- Éditeur : Nippon Ichi Software / Nis America (US et EU)
- Langue d’exploitation : Voix en Anglais et Japonais / Textes en Français
- Disponible sur PlayStation 4
- Évalué sur PlayStation 4
- Prix lors du test : 59.99 $ / 59.99 € / 5000 ¥ sur le PlayStation Store
- Version dématérialisée envoyée par l’éditeur
Sous-Monde, Sous-Scénario, Sous-Traduction
Un brin simpliste, le scénario de Disgaea 5 : Alliance of Vengeance et ses personnages peuvent se résumer à quelques lignes de textes, et ne sont que prétextes pour aller taper sur le voisin démoniaque
Les Netherworlds, sont à la merci de l’Overlord Void Dark, bien décidé à s’emparer de chaque sous-monde, l’un après l’autre. Pour éviter cette catastrophe, mais surtout pour des buts bien personnels, Killia et Seraphina s’allient avec d’autres Overlords. Mais leur épopée est embûchée d’ennemis, et chacun à sa motivation propre derrière cette collaboration un peu farfelue, au leader charismatique particulier et taciturne au possible. Car si vous aviez jusqu’à présent habitude de jouer un rang noble pour votre démon principal, sachez que Killia n’en est pas un. Notre héros ne possède qu’une seule motivation : se venger. Cela n’empêche qu’il arrive à mettre au tapis toute une armée de Lost, garnison privilégiée de Void Dark.
Un brin simpliste, le scénario de Disgaea 5 : Alliance of Vengeance et ses personnages peuvent se résumer à quelques lignes de textes, et ne sont que prétextes pour aller taper sur le voisin démoniaque. Le jeu fait la part belle à l’humour et aux clichés japonais avec moult situations cocasses et ironiques. Malheureusement, nous avons affaire au même type d’humour depuis voilà 12 années. Si ce dernier n’a pas baissé en qualité, force est de constater que cet aspect du jeu nous pousse à une lassitude latente, à de rares occasions heureusement.
La traduction française quant à elle peine à se faire désirer. Le contexte se fait comprendre sans difficulté mais certains passages manquent de lisibilité ou de sens, à cause d’une préposition mal employée par exemple. Pires, certains objets et quelques maléfices ont un effet bien différent de celui traduit. Ce problème est plus lié d’ailleurs au conditions dans lesquels les traducteurs doivent travailler, que par manque de professionnalisme.
Sans compter les missions annexes à remplir, dont l’intitulé ne correspond pas tout le temps à la notification de réussite, nous obligeant à vérifier l’ensemble pour retrouver la bonne. N’hésitez donc pas à passer entièrement en anglais le jeu, surtout si vous connaissez déjà la saga Disgaea. Vous vous éviterez ainsi bien des désagréments.
Gameplay on ne peut moins émergeant
Cet opus garde donc sa complexité et son exigence, tout en restant accesible à tous, sans pour autant révolutionner l’expérience de jeu…
Habitués de la licence, vous êtes en territoire conquis ! Votre Hub, point névralgique de chaque Disgaea, se trouve être désormais le Netherworld de Seraphina, le Sous-Monde Glamoureux. D’ici vous pourrez avancer dans le scénario tout en accédant à tous les services prérequis pour votre progression : hôpital, armurerie, missions annexes, magasin d’objets, recruteur, et autres joyeusetés, sont de la partie.
Chaque équipe se livre à un combat suivant une logique de tour par tour, aux déplacements limités selon un système de dalles. Ces cases sont soumises au système de Geo Effects, régulés par des cristaux : chaque case peut bénéficier d’un bonus ou malus, pouvant atteindre aussi bien vos ennemis que vos alliés. Le placement de vos démons sera stratégique, avec la possibiité d’additionner un nombre important de combos ou de couvrir la majorité de la map grâce aux actions disponibles lors de votre tour.
Les combattants et les personnages principaux sont de nouveau les proches collaborateurs de vos joutes contre Void Dark. Si ces derniers se débloquent au fur et à mesure de votre progression dans l’histoire, les premiers peuvent être embauchés ou licenciés depuis le recruteur, sous forme de classes diverses. Certaines sont cachées et peuvent être débloquées grâce aux quêtes annexes. Chaque classe peut être choisie sous le genre masculin et féminin, modifiable jusqu’à sa propre couleur, comprenant chacune ses faiblesses, ses bonus et ses points forts.
Disgaea 5 est bien évidemment beaucoup plus complexe dans ses mécaniques de gameplay. Nous vous laisserons donc le plaisir de (re)découvrir l’ensemble de ses posibilités. Ce cinquième opus apporte son lot de nouveautés, telles que la jauge Revenge, une utilisation alternative du Mana et des Hells pour la création des personnages, le rebond démoniaque ou encore la conception de troupes. Ces ajustements sont implémentés sans modifier l’essence du titre, et sans être une gêne pour les néophytes. Cela étant, Disgaea 5 fait suite à un épisode, Disgaea D2 sur PlayStation 3 plutôt riche. Cet opus garde donc sa complexité et son exigence, tout en restant accesible à tous, sans pour autant révolutionner l’expérience de jeu…
Ceci n’est pas une révolution
Disgaea n’a plus à faire ses preuves depuis bien longtemps, et les fidèles s’en donneront à coeur joie
Car si vous vous attiendez à du neuf, rebroussez chemin. Disgaea 5 n’a pas pris une seule ride comparé à l’opus PlayStation 2, ni même un pixel de plus. L’aspect visuel de l’oeuvre est loin d’être moche, avec un character design toujours aussi classieux et une direction artistique fort sympathique. Cependant le passage à la PlayStation 4 aurait pû être l’occasion de revoir certains fondamentaux. Au lieu de cela, la seule prouesse technique fût d’augmenter le nombre de personnages à l’écran et d’enlever toute trace de zone de chargement.
De même pour l’aspect sonore du titre. Pour peu que vous soyez familiarisé avec l’oeuvre, vous trouverez énormément de similitudes entre les voix des différents protagonistes, puisque le casting s’est à peine varié depuis le début. De même, on retrouve les thèmes récurrents aux différents PNJ du Hub, quand ce n’est pas les musiques de combat ou des menus qui sont reprises dans Disgaea 5 : Alliance of Vengeance.
Le changement de génération aurait pu être l’excuse d’un volte-face, mais cette décision est un pur choix de la part de Nippon Ichi Software, pour ne pas perturber une cohésion globale milimétrée et qui fonctionne à la perfection. Disgaea n’a plus à faire ses preuves depuis bien longtemps, et les fidèles s’en donneront à coeur joie. Le revers de médaille concernera surtout le nouveau public, qui risque de ne pas apprécier l’aspect 3D isométrique sur console de salon, aspect pourtant si emblématique de la série. Un défaut qui est loin d’en être un, tant les mécaniques de jeux sont profondément travaillés, avec une durée de vie interminable.
Conclusion
Nippon Ichi Software signe avec Disgaea 5 : Alliance of Vengeance un énième épisode basé sur ses fondamentaux vieux de 12 ans. Après tout, pourquoi changer une formule qui marche quand on peut la peaufiner avec le temps ? Certes la technique est vieillissante, sans modernité. Mais nouvelle génération ne rime pas forcément avec évolution, et le studio japonais l’a très bien compris en nous offrant un titre qui n’a rien à envier à ses prédécesseurs. L’opus de trop ? Nous en sommes loin.