En 2014, Square Enix surprenait son monde avec Hitman Go, un titre uniquement mobiles plaçant l’Agent 47 sur des niveaux organisés comme des plateau, dont l’action se déroulait au tour par tour. Basé sur la réflexion et la résolution de puzzles, le titre avait finalement été très bien reçu par la critique. Avec Lara Croft Go, annoncé pendant l’E3, Square Enix entend bien capitaliser sur cette recette réussie, en ajoutant la touche Tomb Raider à sa sauce.
Fiche technique
- Date de sortie : 27 août 2015
- Style : Puzzles / Reflexion
- Classement ESRB / PEGI : 9+
- Développeur : Square Enix Montreal
- Éditeur : Square Enix Montreal
- Langue d’exploitation : Textes et voix en Français
- Disponible sur : mobiles et tablettes IOs et Android
- Évalué sur : Sony Xperia Z3 (Android)
- Prix lors du test : 4,99 Euros
- Version dématérialisée envoyée par l’éditeur
Puzzles énigmes et réflexion : les trois commandements d’une bonne pilleuse de tombes
Lara Croft Go prend le contre-pied des dernières productions autour de la licence. Exit la jeune Lara Croft fragile et brutale à la fois, on revient cette fois aux sources : énigmes et exploration. Tout comme Hitman Go, le jeu se déroule au tour par tour : à chaque déplacement d’une case, diverses choses peuvent se produire : déplacement de plateformes, d’ennemis, compte à rebours, etc. Il faudra ainsi calculer chaque mouvement pour que Lara atteigne la sortie en vie. Le scénario est quant à lui inexistant, on sait seulement que la jeune aventurière est en quête d’une relique, et à vrai dire, on s’en fiche d’en savoir plus, l’essentiel n’est pas là. Lara Croft Go est découpé en 5 chapitres pour 75 niveaux, trois pour récupérer des clés, un pour attraper la relique et un pour fuir le tombeau. Du classique, simple et très efficace. D’une durée de vie d’environs 6 ou 7 heures, le titre n’est ni trop long ni trop court et on ne s’ennuie jamais. Pour les plus acharnés, un système de collection est mis en place via un certain nombre de pots à retrouver dans les niveaux afin de récupérer rubis, émeraudes, saphirs et éléments de reliques, le tout débloquant diverses tenues pour Lara Croft. De quoi faire plaisir aux fans et prolonger quelque peu l’expérience de jeu même si cet aspect collection n’apporte rien au jeu une fois complété.
Un level design brillant
Dans un jeu de réflexion type Tomb Raider, le level design est un point fondamental dans la qualité globale du titre. Lara Croft Go jouit ici d’un travail fantastique des développeurs. Reprenant les bases des premiers épisodes de la licence, le joueur devra activer différents mécanismes via des leviers, atteindre certains points grâce à des piliers qu’il faut déplacer, jouer avec le déplacement des monstres ou actionner des cases déclenchant d’autres mécanismes. A cela se rajoutent rochers meurtriers, scies circulaires et divers pièges créés par une civilisation disparue. Rien de très compliqué à assimiler mais la réussite du titre réside dans sa capacité à toujours renouveler son gameplay à partir de la même base. Ainsi, il faudra parfois faire tomber un pilier sur un ennemi plutôt que s’en servir de plateforme, manipuler le déplacement des ennemis pour leur faire déclencher des mécanismes, ouvrir un angle d’attaque à Lara ou même les faire se suicider, le tout mettant parfois les neurones en feu.
La marque des grands jeux de réflexion et de faire dire au joueur « c’était simple en fait ». Lara Croft Go fait partie de ces grands. Pour certaines énigmes, le joueur se creusera la tête pendant 15 minutes, alors que pour d’autre la solution viendra immédiatement. Les éléments de gameplay ne changement pas, mais leur utilisation est sans cesse renouvelée, combinée, tordue, ne laissant jamais le joueur tranquille. Ayant fait essayer le jeu à des proches, certains n’ont pas eu de difficultés sur certaines énigmes pour lesquelles j’ai connu les pires difficultés et inversement. Parfois, le joueur entame un cycle de « die and retry » qui lui fera réessayer 20, 30, ou 40 fois le même niveau avant d’en trouver la solution pour finir par le fameux « c’était simple en fait ». Toujours dans la réutilisation intelligente de ses mécaniques, Lara Croft Go est un modèle de level design pour un jeu mobile.
Les tombeaux sont des espaces hostiles
On l’a vu, le level design de Lara Croft Go est assez brillant,mais il n’est pas seul. Les éléments composant ces niveaux participent de la réussite globale de l’expérience. Tout un bestiaire a été pensé pour vous mettre la misère : dragons de komodo, serpents, araignées plus que géantes, toutes les bestioles ont un point faible et un comportement particulier. Les serpents craignent le feu des torches, les obligeant à reculer, les dragons de komodos suivront le parcours de Lara, et les araignées se situent dans un entre deux. Dans tous les cas, l’attaque frontale sera synonyme de mort et de retour à la case départ. Le jeu parvient même à leur faire dépasser le statut d’ennemis mortels. En effet, lors de certaines énigmes, ils faudra jouer avec le déplacement des animaux pour soit être capable de les allumer grâce aux deux 9mm que possède l’héroïne, soit leur faire activer différents mécanismes afin de progresser.
Notre chère Lara Croft à certes ses deux meilleurs amis greffés au short, mais elle peut également compter sur d’autres armes : d’une part la torche, qui, on l’a dit, permet de faire reculer les serpents, mais qui présente l’inconvénient d’être gênante pour escalader un mur. Ainsi, Lara s’en débarrassera avant de grimper. Egalement, dans certains niveaux, le joueur pourra trouver des lances afin de se débarrasser à distance d’ennemis, ce qui est fort pratique quand la progression passe par le fait de se retrouver en face d’un monstre qui vous tue si vous vous retrouvez devant lui. Il y a cependant un ennemis en particulier que le joueurs verra rôder durant de nombreux niveaux avant d’entamer un combat spectaculaire tout en réflexion et en énigme. Croisement entre un dragon et un serpent géant, celui-ci donne une véritable dimension épique au titre puisqu’on sait tout du long que l’affrontement sera inévitable et qu’il faudra réfléchir longuement afin de pouvoir le vaincre.
De l’utilité du cell-shading.
La technique du cell-shading est bien connue des joueurs ayant passé de nombreuses heures à arpenter l’océan de The Legend of Zelda : The Wind Waker. Lara Croft Go reprend le parti de Hitman Go en choisissant une 3D isométrique cell shadée pour un rendu extrêmement propre. Mais à la différence de Hitman Go, Lara Croft Go possède des environnements beaucoup plus détaillés et vivants. Les aplats de couleurs font parfaitement ressortir l’ambiance des zones explorées. Ainsi, qu’on soit dans la jungle, dans un grotte ou dans un temple, chaque environnement est parfaitement identifiable et possède une ambiance propre marquée. La beauté du rendu passe par ces aplats mettant en lumière différents plans. La présence de couleurs marquées, de falaises en premier ou arrière plan, le tout enrichit par quelques effets lumineux donnent un excellent résultat. Egalement, afin de rendre l’espace plus vivant, les niveaux s’accompagnent d’animations d’éboulement, de petites bestioles se baladant, le tout servit par une musique d’ambiance discrète renforçant à la fois le sentiment de solitude et l’aspect vivant des niveaux. Les animations des monstres et de Lara sont tout aussi réussies, avec même quelques clins d’œil pour les fans.
Conclusion
Il faut dire les choses clairement : il n’y a pas grand chose à reprocher à Lara Croft Go. Le menu est étrangement simpliste et peu clair, la collection des pierres précieuses et des reliques est finalement assez accessoire, mais c’est à peu près tout. Avec Lara Croft Go, Square Enix signe un excellent titre. Par son exploration, ses énigmes, son level design de haute volée et son ambiance, Lara Croft Go se pose comme un hommage aux origines de la séries pour un résultat au-delà des attentes pour un titre mobile. Plus qu’un excellent titre, Lara Croft Go apparaît comme une nouvelle preuve que le support mobile est tout à fait apte à accueillir autre chose que des Candy Crush, des runners et des free to play douteux.