Vous connaissez la Ludum Dare ? Pour faire simple, c’est une compétition de développement de jeux vidéo, créée en 2002 par Geoff Howland, dont la volonté première est de faire concourir plusieurs développeurs indépendants sur un thème donné, le tout dans un temps imparti. Même s’il n’en est pas le grand gagnant de la session du 13 décembre 2013, Titan Souls aura fait son petit effet, notamment en remportant trois prix sur les dix-sept critères de sélection. Vous pouvez notamment vous essayer à cette version originale gratuitement depuis le site de la Ludum Dare. Et encore une fois, c’est Devolver Digital, l’éditeur derrière quelques pépites indépendantes telles que Hotline Miami, The Talos Principle, Luftrausers ou OlliOlli, qui signe avec Acid Nerve, pour qu’ils puissent développer leur vrai jeu de ce premier brouillon fort prometteur.
Fiche technique
- Date de sortie : 14 avril 2015 (PC, MAC, PS-SCEA), 15 avril 2015 (PS-SCEE)
- Style : Action / Aventure / Indépendant
- Classement ESRB / PEGI : 12+
- Développeur : Acid Nerve
- Éditeur : Devolver Digital
- Langue d’exploitation : Textes multilingues, dont Français
- Disponible sur PC, Mac, PlayStation 4 et PlayStation Vita
- Évalué sur PlayStation 4 et PlayStation Vita
- Prix lors du test : 14,99$ / 14,99€ Steam, 14,99$ / 14,99€ PlayStation Store (CrossBuy)
- Version dématérialisée envoyée par l’éditeur
Attack On Titans
Comptez sur 2-3h sur le premier run en partant du principe que vous ne visiterez pas tout de fond en comble, et facilement un counter death proche des 100-150 morts
Vous êtes dans la peau d’un archer, détenteur d’une unique flèche, parti à l’assaut des plus grands colosses du monde pour les détruire. Contrairement à ce que vous pourrez croire, ce pitch n’est pas tiré d’un OAV de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama, mais bien l’élément principal de l’intrigue de Titan Souls. Pas de paroles, pas d’écrits, hormis pour un simple tutorial de 10 secondes des mouvements de bases, ou quelques éléments spoilers qui seront, bien évidemment, pas expliqués ici. Même les noms des géants sont écrits dans un dialecte incompréhensible. Vous êtes donc largués dans ce monde laissé à l’abandon et dont la nature a repris ses droits.
Et là est fondamentalement le premier problème du jeu. Véritable inspiration de Shadow Of The Colossus, on regrettera que l’idée d’un background concernant les Titans n’ait été pensé pour l’occasion. On enchaîne, monstre après monstre, notre ascension jusqu’à l’assaut final, sans trop comprendre pourquoi l’Archer souhaite les exterminer. Du moins pour le premier run. Il faudra s’intéresser aux boss optionnels, dont un assez bavard et triste, pour accéder à la véritable fin et avoir un semblant de vérité derrière tout notre périple.
Mais l’intérêt du titre est tout autre, puisqu’il inclut un chronomètre visible tout au long de la partie pour se positionner au timing d’apprentissage et de défaite d’un boss, outil indispensable pour un speedrun par exemple. De même les différents modes de jeu que l’on débloque après avoir fini le jeu la première fois rajoute de la replay value fort présente. Vous aurez donc de quoi faire, même si Titans Souls se finit assez rapidement. Comptez sur 2-3h sur le premier run en partant du principe que vous ne visiterez pas tout de fond en comble, et facilement un counter death proche des 100-150 morts.
David contre Goliath
Les décors, bien que variés, ne suffisent pas à combler cette frustration latente, qui finira par vous faire balancer plutôt facilement une manette, pour les moins patients d’entre vous
Fidèle au thème qui l’aura fait naître lors de la Ludum Dare, Titan Souls se base sur l’idée du You only get one, soit vous n’en avez qu’un. Une seule arme pour vous, c’est une flèche que vous pouvez tirer à distance modulable, en fonction de la pression de la touche de tir, et que vous pouvez à tout moment récupérer, soit en marchant dessus, soit en maintenant la touche pour la faire glisser dans votre direction, ce qui va vous permettre d’effectuer plusieurs stratégies d’attaque.
Une flèche donc, mais aussi une vie, pour vous et votre ennemi. La seule différence étant que vous êtes seul, peu rapide, avec une roulade comme seul recours d’esquive. De plus vous êtes plutôt fragile, sensible au moindre frôlement de pixel d’une attaque. Pendant ce temps, en face de vous, le Colosse ne possède qu’un unique point faible, le tuant sur le coup, mais que vous devrez trouver par vos propres moyens, et différent pour chacun. Il vous faudra alors étudier à fond chaque pattern pour déterminer la meilleure façon de vous défendre et de vous débarrasser de votre imposant opposant.
Ce qui sera très compliqué pour le joueur, puisque généralement, vous mourez au bout des deux premières secondes. Ce côté die and retry à la From Software aurait pu, par ailleurs, être l’un des gros points forts de Titan Souls, si Acide Nerv l’avait construit correctement et si l’environnement n’était pas aussi vide. Aucun moyen de farmer ou de s’améliorer entre le point de respawn et la localisation du Boss, pour un trajet relativement long et ennuyant. Les décors, bien que variés, ne suffisent pas à combler cette frustration latente, qui finira par vous faire balancer plutôt facilement une manette, pour les moins patients d’entre vous, après être mort une énième fois à 10 000 lieux de votre zone de résurrection.
Heureusement tous les ennemis du jeu ne sont pas aussi harassants à battre. Certains se finiront même sur un simple coup de chance, la faiblesse du Titan se trouvant dans la direction de votre flèche par inadvertence par exemple. En bref il arrive qu’on tue un colosse sans savoir trop comment, ce qui est un poil exaspérant quand on y pense, mais a l’avantage d’être assez rare pour y prêter vraiment attention. Surtout qu’au final, la mort d’un Titan n’apporte rien de plus que de quelques effets de lumière. Pas de vie supplémentaire, ni de capacité particulière accrut, ce qui à mon sens est une bonne plus-value de Titan Souls car il garde en tête la faiblesse perpétuelle du héros, qui ne reste un simple humain face à ces géants.
Pixel Art titanesque
Quant à la bande-son, elle est épique, représentant à la perfection la nature David contre Goliath de la situation des boss
Derrière ces gros défauts se cache une direction artistique peaufinée. Le caracter design est assez classe et recherché, plutôt cohérent à l’univers dressé dans Titan Souls et l’idée de l’homme seul face au monstre énormissime devant lui: Yéti, statue inca, serpent des mers et autres monstruosités vous accueillerons dans ce périple. Le seul personnage qui aurait pu être retravaillé est sûrement le chevalier, qui dénote un peu de tout cet ensemble à mons sens, mais qui est le plus intéressant à battre par rapport à ses patterns.
Toute cette impression de grandeur sera par contre un peu déconcertante sur le système PlayStation Vita, où votre personnage représentera l’équivalent de quelques pixels assez difficiles à discerner au départ, même si au final on s’y fait vite. Sensation moins visible sur les autres machines, il est par contre possible qu’on perde notre personnage de vue si l’on ne reste pas à 100% concentré sur certains combats, et donc finir par une mort atrocement douloureuse et rapide.
Quant à la bande-son, elle est épique, représentant à la perfection la nature David contre Goliath de la situation des boss. Elle est par contre un peu moins représentative des décors visités, voire n’est carrément pas présente lors de certaines phases d’exploration. C’est plus donc un problème d’équilibrage que de qualité. C’est d’ailleurs ce ressentiment final qu’on aura sur Titan Souls, qui offre malgré tout une bonne expérience de jeu, pour peu que l’habillage Shadow of the Colossus Cross Dark Souls vous plaise.
Conclusion
Plus que technique, c’est surtout une expérience frustrante que propose continuellement le jeu d’Acid Nerve. Titan Souls est malheureusement beaucoup trop proche de sa version originale, un Boss Rush limité par le temps et le contenu. Même si cette dernière caractéristique est globalement peu importante vu le nombre d’ennemies à se défaire, le titre final aurait mérité plus d’attention, à être exploité plus largement. Des fautes compensées par une très bonne direction artistique pixel art et d’une bande-son aux petits oignons, et vous avez affaire à un jeu qui vaut le coup d’oeil, mais qui ne marquera pas spécialement les esprits.