Il s’agit de mon premier post sur un blog de geek. De mon côté, je ne suis pas geek… Bon peut-être un peu quand même.
Toujours est-il que, quitte à choquer certains de vous, je pense que la technique doit servir la pratique, et non l’inverse. Ce n’est pas l’appareil qui fait le photographe.
À ce titre, on pourrait penser que le Canon EOS 5D Mark III est un condensé de techniques et de gadgets qui n’apporte pas d’évolution majeure depuis le 5D Mark II…
Nous allons voir ce qu’il en est réellement.
J’ai commencé à travailler sur l’EOS 5D de première génération, qui était déjà parfait pour mes premiers besoins en photo.
L’écran LCD
Il faut dire que je suis spécialisé en photographie d’architecture, et à ce niveau, tout se fait sur trépied, ou presque : aucun besoin dans ce contexte, d’avoir recours à une plage étendue d’iso, de se servir d’un collimateur trop évolué, ou encore d’avoir une qualité de visualisation des photos prises sur l’écran LCD renversante… Du moins c’est ce que je pensais à l’époque…
Puis je suis passé sur le 5D Mark II. La différence dans le confort de travail a été énorme.
La prévisualisation était impeccable sur l’écran LCD, je pouvais enfin vraiment contrôler la netteté des images que je réalisais, en zoomant dans l’image. Le détail était fascinant, comparé au 5D, tout autant que la justesse des couleurs.
De plus, j’ai pû, surtout, me servir de cet écran LCD comme écran de contrôle au moment de la prise de vue. Ce qui s’appelle la fonction Live View. Cette fonction, maintenant courante sur les boitiers réflex, était une vraie petite révolution à l’époque.
A la base, je pensais que cette fonction était de l’ordre du gadget, mais je me suis rapidement mis à l’utiliser pour contrôler le point de façon extrêmement précise pour mes photographies d’architecture, à tel point que je ne peux dorénavant plus m’en passer ! En effet, le liveview offre la possibilité de venir zoomer dans l’image en amont de la prise de vue pour venir faire la mise au point manuellement sur tel ou tel bâtiment, permettant de gérer le point de netteté de façon presque scientifique ! L’écran liveview vient remplacer le verre dépoli auquel on était habitué pour contrôler le travail de l’image et du cadre lorsque l’on se servait d’une chambre photographique pour shooter les bâtiments, et récupérer les perspectives…
A ce niveau, aucune nouveauté du côté de l’EOS 5D Mark III… hormis un écran encore plus performant et juste !
En revanche, ce qui m’a véritablement bluffé avec cet appareil est la sensibilité du capteur !
Le capteur Digic 5+ et la montée en sensibilité
Il s’agit en effet d’un nouveau capteur, doté cette fois-ci d’un processeur Digic 5 + au lieu du Digic 4 présent sur le 5D Mark II.
La montée en sensibilité est assez phénoménale, je dois bien l’avouer.
En quoi cela est intéressant, pour parler concrètement ?
Eh bien si par exemple vous êtes comme moi à travailler presque tout le temps sur trépied, l’intérêt est en effet assez mineur… En revanche, lorsque l’on travaille sur des vitesses d’obturations plus élevées (par exemple dans le cas de la réalisation du portrait d’une personne bougeant beaucoup dans un environnement sombre, ou lorsque vous devez immobiliser le mouvement d’un Caterpillar sur un chantier de nuit), vous n’avez plus le choix : une montée en sensibilité s’impose, sinon vous courrez le risque d’être flou, car vous aurez dû trop descendre votre vitesse d’obturation!!
A ce niveau, j’ai trouvé la montée en sensibilité en iso très bonne sur le 5D Mark III, alors qu’elle était déjà renversante sur le 5D Mark II.
A chaque nouvelle génération de processeur, la qualité dans la montée en iso augmente.
Cela ne vous parle peut-être pas, mais quand j’ai commencé à photographier, en argentique, on considérait, pour les pellicules, que à 800 iso, on avait déjà du bruit sur l’image (le fameux « grain », mais coloré, que l’on voit sur les images des paparazzis).
Sur le 5D Mark III, pour vous donner un ordre de grandeur, on travaille jusqu’à 25 800 iso proprement !!
Il faut dire que chez Canon ils fabriquent eux-même leur propres capteurs…
Le mode vidéo et la mise au point du Canon 5D Mark III
Et enfin, sur le 5D Mark III, il y a le mode vidéo (déjà présent sur le 5D Mark II). A la base, j’étais sceptique, voire très sceptique…
En effet, pour une utilisation vidéo, on ne dispose pas d’une mise au point en continu lors de la captation, aucune stabilisation, la prise en main pour filmer est désastreuse, le son est très mauvais, et récupère tous les bruits du boitier…
… Mais alors quelle qualité d’image !
Imaginez : de la vidéo sur un capteur de 24 x 36 mm !
Ça ne vous parle peut-être pas, mais il s’agit de la taille de la pellicule cinéma, avec son velouté, sa qualité, sa définition… et la possibilité de réaliser de magnifiques flous optiques !
Vous savez forcément de quoi je parle : ces magnifiques flous qui viennent envelopper vos acteurs préférés lors de leur apparition sur grand écran…
Ce flou qui se trouve derrière eux, et les isole de l’environnement dans lequel ils évoluent, est appelé « bokeh ». Sans ce très bel effet optique, jamais vous ne seriez tombé amoureux de Scarlett Johanson, isolée du fond inintéressant devant lequel elle évolue.
Et cela est lié, en partie à l’optique, mais aussi et surtout, dans le cadre du numérique, à la taille du capteur.
À ce niveau là, le Canon EOS 5D Mark III est un véritable régal. J’ai déjà réalisé quelques films avec ce boitier, et il est vrai que la qualité de l’image vidéo en vidéo, les abstractions qu’elle permet, sont tout simplement sidérants !
Il comble vraiment toutes les attentes sur ce point. Pour ce qui est de la prise en main, en revanche, il n’y a toujours rien à faire : il est vraiment complexe de filmer à main porter avec ce boitier, à moins de rajouter des steady-cams, cross, ou accessoires permettant une meilleure stabilisation, et dans certains cas de faire la mise au point en même temps que l’on filme.
Ce petit aperçu du Canon EOS 5D Mark III est loin d’être exhaustif, mais se base sur l’expérience que j’en ai eu, en fonction de mon utilisation pro et de mes propres besoins. Comme je le disais en début d’article, c’est l’outil qui doit aider la pratique, et non l’inverse.