Quand on parle « jeu vidéo », on finit toujours par évoquer ces personnages qui ont marqué notre parcours de joueur. De fil en aiguille, nous nous sommes dit qu’un article sur ces personnages pourrait être un bon moyen de partager avec vous notre amour de certains personnages et à travers eux, les jeux qu’ils représentent. Pas moins de 17 personnages ont été retenus, et incarnent tous un aspect de cette idée du personnage marquant : certains représentent une époque, d’autre une expérience unique et forte, d’autres renvoient à la qualité de leur création. Bref, y’en a pour tout le monde, bonne lecture !
NDLR : Attention cet article contient quelques SPOILERS, si vous avez l’intention de faire l’un de ces jeux, réfléchissez à deux fois ! Ce top est purement subjectif, il n’est pas exhaustif et n’en a pas la prétention.
Les personnages originaux
Lara Croft. (Tomb Raider)
Impossible de faire sans la belle Lara. Marquante pour toute une génération, y compris ceux n’ayant pas ou peu joué aux jeux. Lara Croft dépasse très largement le cadre du jeu vidéo. D’abord elle est l’une des premières femme héroïne de jeu ayant fonctionné. Portée par deux fois au cinéma, incarnée par Angelina Jolie-Pitt, elle a acquis un statut de personnage pop-culture, fait finalement assez rare. De plus, elle est devenue une égérie publicitaire, alors qu’une personnalité à été chargée systématiquement de la représenter lors de chaque sortie d’un nouvel opus. Partie d’un tas de polygones déjà charismatique, les évolutions techniques ont permis d’affiner toujours plus le personnage et de confirmer son statut de personnage marquant du jeu vidéo.
Solid Snake/BigBoss. (Metal Gear)
L’un est le créateur, l’autre l’un de ses clones. Metal Gear de Hideo Kojima, est un questionnement sur l’humanité enrobé dans un formidable background de conflit armé entre nations, puissances privées et grands vilains. La complexité de son histoire au fil des épisodes, son background personnel font de Snake un personnage à la profondeur rare. Ces même qualités qui font que BigBoss est lié à lui dans ce top, en rajoutant pour BigBoss une histoire bien plus tragique, celui d’un homme sombrant dans la cruauté, passage vers le côté obscur que les joueurs pourront vivre avec Metal Gear Solid V : The Phantom Pain. Pour la rédaction c’est assurément l’un des duos les plus profonds et le mieux écrits du jeu vidéo. Nul besoin de s’étendre plus : Solid Snake et BigBoss sont des super-stars.
John Marston (Red Dead Redemption)
Laissé pour mort par son ancienne bande de pistoleros avec qui il a accomplit tous les méfaits possible pendant la conquête de l’Ouest, Marston cherche la voie de la rédemption dans un monde qui change trop vite pour lui, à l’aube de l’ère industrielle et de l’électricité. Empreint de cynisme et de lucidité, il poursuit sa route traquant ses anciens amis pour le compte du gouvernement qui a pris sa famille en otage pour s’assurer de sa loyauté. Conscient de n’être qu’une arme, il accomplit malgré tout sa tâche connaissant à l’avance la fin de l’histoire. C’est le parcours d’un homme qui se bat pour vivre tout en aménageant lui même son tombeau. Ce destin tragique dans un univers Western admirablement retranscrit par Rockstar est un pur moment de bonheur à suivre. John Marston n’est pas beau, et pourtant il dégage une fascination fabuleuse. C’est une tronche, une icône. A titre personnel, John Marston est, je trouve, le personnage le mieux écrit de Rockstar.
Clémentine/Lee Everett (The Walking Dead)
Petite fille plongée dans un monde qui s’écroule, la gamine du jeu The Walking Dead est la véritable héroïne de la saga de Telltale. On la découvre seule, fragile et paniquée, on la quitte à l’aube de l’adolescence alors que l’apocalypse a eu raison de sa naïveté et de son innocence, entraînée par Lee Everett dans ce monde. Avec lui elle apprendra que les meilleurs décisions sont parfois les plus dures à prendre, et que le système normatif du monde d’avant n’a plus cours. Elle doit s’adapter, il n’y a pas de place pour les enfants. Telltale ne s’est pas trompé en faisant de Clémentine LE personnage de la saison 2. Quand à Lee, professeur condamné pour meurtre, son histoire est celle d’un rachat, dans un monde en flammes lui donnant une nouvelle chance. Cette chance il la saisit en prenant Clémentine sous son aile, la protégeant contre tous les dangers, humains comme zombies. Mais la protéger signifie aussi faire d’elle une survivante, ce à quoi il se refuse dans un premier temps avant d’admettre que c’est nécessaire car la mort peut l’emporter à tout moment. Son sacrifice permet à Clémentine de vivre, dans un final très œdipien.
Ellie (The Last Of Us)
On aurait tort de ne faire d’Elie qu’un allié de Joel dans The Last Of Us. Si elle n’a pas la place d’une Clémentine, elle reste néanmoins un jeune femme n’ayant connu que le monde infesté de mutants infectés par le cordyceps. C’est elle qui va pousser Joel à sortir de sa routine mi-survivant mi-trafiquant. Il voit en elle d’abord un poids, puis une raison de persévérer, surement car elle réveille en lui le père qui n’a jamais fait son deuil. Par ses remarques, ses questionnements et son désir fou de vivre, elle pousse le héros à être meilleur. Tout ceci lui vaut largement de figurer dans ce top.
Nathan Drake (Uncharted)
Nathan Drake est le pendant masculin de Lara Croft et pourtant, il a su s’émanciper de l’ombre de Lara pour se forger son propre caractère. Doté d’un humour tantôt potache, tantôt plein de finesse, il dédramatise un homme pourtant plein de doutes cherchant un sens à son existence et à son activité d’aventurier/voleur. Fidèle jusqu’au sacrifice sans être aveugle, il sait se protéger de lui-même et des autres. Egalement grand séducteur, ce qui lui cause de nombreuses mésaventures et erreurs de jugement, Nathan Drake est donc typiquement l’Indiana Jones du jeu vidéo. Pourtant, lorsqu’on parle aux joueurs, rares sont ceux évoquant cette similarité, signe que par la construction des jeux et l’application donnée au design et à la personnalité du héros, Naughty Dog à réussi son pari. Drake s’est imposé dans le paysage vidéo-ludique.
Glados (Portal)
Glados n’est pas un personnage humain, c’est un robot, ou plus exactement une IA machiavélique. Dans Portal, elle est chargée de tester le personnage du joueurs au sein de pièces à énigmes qu’il faut traverser. Glados est mythique par ses réflexions « vous êtes nul » mais surtout par contraste. Par son existence et son importance, Glados est le témoin d’un monde déshumanisé, les épreuves qu’elle impose à l’héroïne sont autant d’étape vers la liberté, l’expression et la quête vers le libre arbitre, élément constituant entre tous de l’humanité.
Gordon Freeman (Half-Life)
Personnage ultra-culte, Gordon Freeman, héros de la série Half-Life ne pouvait pas ne pas figurer dans ce top. Il suffit de voir la une du dernier JV le mag, consacrée au mythe Half-life et à l’hypothétique Half-Life 3, pour comprendre. Freeman c’est le symbole d’une époque, celle de Golden Eye, celle où une révolution technique a pointé son nez, où le PC est rentré en masse dans les foyers. Freeman est donc le héros d’une série sortie au tournant industriel du jeu vidéo. Succès planétaire, Half-Life fait toujours rêver. Pourtant, Freeman est assez banal, voir transparent. Il est le scientifique assistant à la perte de contrôle d’une expérience faisant apparaître tout plein de vilains aliens, en ayant, grand bonheur pour lui, revêtu une tenue de survie. Se transformant en quelque seconde en l’une des meilleures gâchette de l’univers, Freeman s’embarque pour sauver le monde. Finalement, plus que Freeman, c’est Half-Life qui est marquant. Son level design, l’ampleur de son univers sont les stars. Et pourtant, les joueurs se sont totalement identifié à lui. Il est l’un des rares exemples de personnages laissé plutôt creux dans lequel le joueur met toute sa personnalité.
Link (The Legend Of Zelda)
Y’a-t-il encore besoin de présenter Link, enfin LES link ! Link enfant, adulte, cartoon, on a eu droit à toutes les formes. Pourtant, il existe une constante sous la fameuse tenue verte : Sans la moindre ligne de dialogue, le personnage de Miyamoto et d’Aonuma transmet l’ensemble des sentiments et des dizaines d’émotions au travers de ses expressions. Son rapport aux personnages de l’univers passe par des échanges souvent plus parlants que 50 000 lignes de dialogue écrites par le meilleur des scénaristes. Une prouesse classant sans équivoque Link dans les personnages les plus marquants du jeu vidéo.
Squall (FFVIII)
Concernant Squall, je me réfère à la description que m’a faite notre rédacteur Thomas Jeronimo lorsque j’ai sondé l’équipe Jeux Vidéo pour cet article. D’après lui, ce personnage mérite sa place dans ce top pour plusieurs raisons. Tout d’abord son écriture, taillée sur mesure pour accompagner son évolution durant le jeu. Personnage égoïste, antipathique au possible et pétris d’orgueil au début, les événements le poussent à s’ouvrir, à prendre en compte l’existence des autres personnages. Cette prise de conscience l’oblige à se remettre en question, apprendre à gérer les sentiments qu’il développe face à ses compagnons pour devenir quelqu’un de plus posé et réfléchi. On quitte la partie en laissant un personnage dont on est fier, après l’avoir détesté. Classique mais admirablement efficace.
Mario/Sonic
Frères ennemis du jeu vidéo, ces deux plateformers se sont affrontés durant 15 ans au sein de la guerre qui jadis a vu s’affronter SEGA et Nintendo. L’un est le cas d’école de la plateforme, dont la recette est inattaquable depuis plus de 25 ans, l’autre est l’apôtre de la vitesse, de l’exploration et surtout la réponse à l’hégémonie du plombier. Pari réussi dans la mesure où un vrai conflit a opposé les joueurs, certains trouvant Mario trop enfantin au contraire d’un Sonic charismatique doté d’un vrai aspect super-héros. En revanche dans l’après SEGA-constructeur, Mario a semble-t-il vaincu. Sans être parfaitement dans le thème de ce top classant les personnages marquants du jeu vidéo par leur « tronche » et leur écriture, ils représentent tout de même le Jeu Video pour le monde entier.
Elizabeth (Bioshock Infinite)
N’ayant pas joué à Bioshock Infinite, je laisse notre Claire Desbois nous donner son sentiment sur Elizabeth : « Pour un personnage, elle a une personnalité vraiment forte au point qu’on la considère presque comme l’héroïne du jeu au détriment de Booker, le héros « normal ». Au final, c’est Booker qui suit Elizabeth et non l’inverse, et le jeu se montre très ironique sur cette situation. C’est un personnage non-jouable, et pourtant très travaillé et marquant (et qui plus est, utile dans le jeu).
Les personnages « adaptés »
Geralt de Riv (The Witcher)
Le cas du Sorceleur est un peu différent. En effet, il n’est pas né en même temps que les jeux The Witcher, mais dans l’esprit de Sapkowski, l’auteur de la saga littéraire médiévale-fantastique Sorceleur (que nous vous invitons à lire, c’est fabuleux). Cependant, CD Projekt Red, en discutant avec l’auteur, a conçu un Geralt original en s’inspirant des descriptions certes, mais en y implantant leur propre vision de ce héros. Orphelin et devenu par un entraînement ardu et de multiples mutations génétiques, une véritable machine à tuer les monstres, il se retrouve mêlé aux guerres et affrontements géopolitiques se déroulant dans son monde. Cheveux blancs, pupilles de chat, cicatrices qu’on ne peut compter, musculature imposante forment un ensemble SUPER BADASS ! Collectionneur de conquêtes féminines dont la moitié des magiciennes existante dans l’univers, doté d’un sens du devoir sans faille et d’un cynisme fou, Geralt de Riv est l’un des personnages méritant le plus le titre de « gueule » du jeu vidéo.
Commandant Shepard (Mass Effect)
Autre type d’adaptation puisque le Commandant Shepard de la saga Mass Effect, c’est vous qui l’adaptez. Vous l’avez modelé à votre image, lui avez fait prendre vos décisions, et il est homme ou elle est femme selon votre envie. Shepard est donc ce héros qu’on façonne à partir d’un canevas simple : vous allez sauver le monde et votre personnage, sympa ou pas est un héros intergalactique. Pour autant, Bioware a su mettre des limites suffisantes à la liberté du joueur pour que, peu importe le héros façonné par les joueurs, il laisse une tracé indélébile dans la mémoire de ceux-ci.
Voilà pour ce top de la rédaction Jeux Vidéo ! Bien entendu, des Niko Bellic, Rayman, Samus, Dante, Joel de The Last of Us, Altair et d’autres auraient eu leur place dans ce top, mais nous vous avons proposés tout ceux qui d’instinct, sont sortis de nos échanges.