Quelques jours avant les premiers flocons de neige, j’ai vu passer cette vidéo d’un drone survolant la ville de Montréal et les couleurs de l’automne. Je me demandais justement si bientôt, nous allions être entourés de ceux-ci… Surtout en voyant les 19 plus belles photos de l’année prises par un drone selon Mashable.
Les drones, de petits véhicules aériens télécommandés qui permettent de filmer dans les endroits les plus inaccessibles, connaissent un succès retentissant sur les sites dédiés au partage de vidéos en ligne. Si les premiers modèles sont apparus dans les années 60 pour des besoins militaires (où l’armée américaine y a eu recourt pour la première fois durant la guerre du Vietnam), depuis quelques années, par les avancées technologiques et des pièces de plus en plus accessibles, les drones amateurs se sont développés rapidement dans plusieurs applications civiles et culturelles : l’agriculture, la surveillance de zone à risque, les spectacles, le dernier vidéoclip du groupe américain OK Go, etc. Suite à quoi, le marché des drones intéresse maintenant de grandes sociétés comme Google et Amazon, qui ont dévoilé récemment leur intention de recourir à des drones pour la livraison de colis. Nous en sommes peut-être seulement à l’idéation, mais il faudra surveiller de très près son émancipation et ses conséquences, positives comme négatives.
Les drones seront-ils les bienvenus ?
Si l’espace aérien est un jour revendiqué par des sociétés comme nouveau mode de transport, il faudra prendre en considération les habitants actuels de ce territoire. En effet, parmi les vidéos les plus partagées en ligne, nous avons vu le mois dernier celle d’un drone attaqué par un aigle (4,4 M vues). Plusieurs des commentaires sous la vidéo vont dans ce sens : nature always wins in the end. Mais, est-ce que la nature y gagne vraiment? Si l’auteur de cette vidéo en profite pour verser ces revenus générés par YouTube à une société pour la protection de la nature du Massachusetts, peut-être en a-t-il douté lui aussi. Est-ce que l’animal a été blessé? A-t-on bouleversé ses habitudes? Ce ne sera sans doute pas le dernier de ces vidéos à paraître sur le web et il y aurait matière à se poser des questions sur l’impact de ces engins auprès des oiseaux migrateurs.
La solution écologique réside peut-être dans le camouflage de ces drones en de véritables oiseaux volants. Il sera intéressant de surveiller les progrès du «Bionic Bird», un prototype financé par une campagne crowdfunding sur le site Indiegogo qui présente un oiseau artificiel dont le vol et la trajectoire pourraient être télécommandés à partir d’un téléphone intelligent, avec caméra intégrée. Une idée qui en fait rêver plus d’un avec 120 K $ US d’amassé sur un objectif de 25 K $.
La circulation : des territoires qui resteront à définir
J’ai été très surpris de lire les règlements de Transports Canada pour l’utilisation d’un aéronef sans pilote. D’une part, nous y apprenons qu’il est interdit de piloter un drone à moins de 8 km d’un aéroport, à moins de 30 mètres des édifices et des gens, dans des foules (ex. : plage, activité sportive, spectacle en plein air), près de véhicules en mouvement (ex. : routes, ponts, etc.) pour éviter de distraire les conducteurs et d’autre part, de seulement utiliser l’appareil le jour lorsqu’il fait beau. À bien y penser, si par une quelconque défectuosité, une collision avec un animal ou des changements de température, nous voyons un drone tomber du ciel et heurter une personne, nous ne serons pas plus avancés. Pour les utilisations commerciales de ces appareils comme mode de transport, il faudra préciser les couloirs afin d’assurer notre sécurité. Google a d’ailleurs une longueur d’avance, ayant cartographié presque toute la planète et connaissant les zones de trafic par les données des appareils mobiles de leurs usagers. Il ne serait pas étonnant qu’il sache également où circulent habituellement ces derniers afin de faire voler leurs drones dans des zones dites sécuritaires.
La vie privée : il n’y a plus de clôture pour nous entourer
À l’heure actuelle, les drones sont à la portée de tous. Certains préféreront les bricoler, d’autres les achèteront prêts à être utilisé. Cette accessibilité amènera de bons côtés et comme dans toute technologie, de moins bons (ex. : l’imprimante 3D qui pourrait occasionner la fabrication d’armes à feu). Sans être alarmiste, ce sera aux autorités de juger de l’avenir de ces appareils qui nous survoleront peut-être.
D’ailleurs, pour ceux qui cherchent à conserver leur intimité, ils devront composer avec une toute nouvelle réalité. Entourer sa maison de grandes et robustes clôtures ne retiendra malheureusement pas les objets volants dans leur vol plané. En ce sens, je vous laisse sur cette vidéo montrant des couples en pleins ébats amoureux et le tout, filmé par un drone. Certes, cette mise en scène est stagé, toutefois, cela démontre à quel point ces drones pourraient en savoir beaucoup plus sur vos voisins.