Ce qui me fascine le plus des jeux indépendants faits au Québec, c’est leur approche originale. En plus, lorsque le studio prend le temps de mettre quelques éléments qui touchent notre culture, ça enrichit vraiment le tout. Ainsi, après This Bed We Made de Lowbirth Games, un autre studio membre du collectif Indie Asylum vient piger dans notre histoire. La première fois que j’ai entendu parler du jeu Two Falls (Nishu Takuasthina) et sa prémisse, je l’ai vite ajouté à ma liste de souhait Steam. L’équipe d’Unreliable Narrators nous propose donc une histoire racontant les premières rencontres entre les peuples autochtones et les colons français avec l’espoir qu’on puisse un peu mieux se comprendre.
Fiche Technique de Two Falls
Date de sortie : 8 novembre 2024
Style : Jeu d’aventure
Développeur : Unreliable Narrators
Éditeur : Unreliable Narrators et Indie Asylum
Langue d’exploitation : Offert en français
Sur Steam ou Epic Games
Testé sur Steam
Prix lors du test : 25,99 $ CA / 17,99 €
Version envoyée par l’éditeur
Site Web
Un Wendat et une fille du roi
L’histoire nous transporte au 17e siècle et est racontée en chapitres. Ceux-ci sont à leur tour divisés par point de vue des deux protagonistes. Commençons avec Maikan, un jeune chasseur d’une communauté innue isolée, qui est à la recherche d’une importante fourrure blanche. Il est très inquiet puisqu’il pense que le fait de ne pas la retrouver serait désastreux pour son village. Il part donc sur ses traces dans la nature qui est particulièrement aride et dangereuse durant cette période de l’année.
De son côté, Jeanne s’apprêtait à débarquer sur cette terre promise jusqu’à ce que son bateau s’échoue sur la côte. Il semblerait qu’elle soit l’unique survivante de ce tragique incident hormis un loyal berger anglais du nom de Capitaine qui va l’accompagner sur son trajet. Armée de toute sa bravoure et sa foi indéfectible, Jeanna va tenter de traverser cette région sauvage pour se rendre jusqu’à Québec là où un meilleur sort l’attend.
Évidemment, leur sort va inévitablement s’entrecroiser, mais le plus intéressant, c’est de voir le point de vue de chacun. Jeanne arrive avec plein de bonnes intentions, mais elle doit rester sur ses gardes. Elle va faire face aux réalités de son peuple nouvellement arrivé et l’influence exercée par les jésuites. Avec Maikan, on aura la chance de découvrir la proximité de son peuple avec la nature. Le jeu met bien de l’avant tout le respect que les peuples autochtones vouent aux êtres qui les entourent. Ça paraît que les développeurs ont travaillé avec des membres de la communauté autochtone. Two Falls a de bonnes leçons à nous apprendre et comme il est écrit sur la page du jeu : « il n’y a pas de vérité, tout est une question de perception ».
Une saveur locale
Ensuite, on ne ressent pas juste la saveur locale par le contexte, mais aussi par les voix de doublages qu’on reconnaît immédiatement. En effet, ce n’est nul autre que Ludivine Reding qui prête sa voix au personnage de Jeanne et qui livre une bonne performance. Comme elle fait la moitié de la narration, c’était important de trouver une bonne actrice et je suis impressionné qu’Unreliable Narrators ait pu faire appel à elle.
Le studio a aussi démontré le respect dans sa démarche en faisant appel à un acteur wendat pour la voix de Maikan. Charles Bender est actif dans sa communauté et il est constamment en train de mettre en valeur sa culture. Je trouve que ça démontre un certain niveau de sensibilité des développeurs et une authenticité provenant de l’acteur.
Sinon, à mon avis, Two Falls met bien de l’avant les particularités de la faune et la flore québécoise. Vous n’allez pas tomber en bas de votre chaise au niveau de la qualité graphique, mais certaines scènes m’ont vraiment charmée. Une bonne partie du jeu se passe l’hiver et les décors enneigés sont très jolis. Il y a plusieurs moments où je me suis arrêté pour prendre une petite pause et vraiment admirer la vue. Bref, un peu comme Kona l’avait fait dans le passé, Unreliable Narrators a bien transposé les particularités de notre climat.
Une approche simple
Puis, en termes de jouabilité, Two Falls n’est pas très complexe. C’est un jeu narratif linéaire, malgré certains choix de dialogues à faire. Les mécaniques consistent à se promener dans des environnements assez petits et ramasser certains objets. Certains parleront de « walking simulator » et je suis assez d’accord avec ce qualificatif. Les développeurs ont voulu nous raconter une histoire et elle est bien livrée. Il n’y a pas eu de grandes surprises dans le scénario, mais j’ai bien apprécié les thèmes et le discours sous-tendu.
J’ai aussi bien aimé qu’on nous donne un glossaire avec de l’information supplémentaire sur des endroits et éléments clés. Généralement, le tout est séparé en deux sections : une qui explique le contexte dans l’histoire et une autre qui parle des faits historiques. Je trouve que ça permet au jeu de devenir un excellent outil éducatif. En plus, ce n’est pas une histoire particulièrement longue. On peut faire le tout en 5 ou 6 heures et c’est parfait ainsi.
Le verdict de Two Falls (Nishu Takuatshina)
En terminant, j’ai bien aimé comment Two Falls (Nishu Takuatshina) a été construit. On n’est pas dans les accusations ou dans le blâme d’un côté ou de l’autre. On explique bien comment les perspectives des deux peuples étaient différentes et comment ça peut devenir difficile de se comprendre lorsque nos cultures sont si différentes. Le fait de se mettre dans la peau de chacun, nous permet de mieux comprendre chaque côté et je pense qu’en jouant au jeu, on peut apprendre à mieux cohabiter. Bref, c’est un bon début pour Unreliable Narrators et j’ai hâte de voir la suite des choses pour le studio.