Bien que la nouvelle génération est maintenant lancée depuis plusieurs mois, le calendrier des sorties de jeux est encore assez léger. Beaucoup de joueurs qui ont fait l’acquisition d’une PS4 se retrouvent donc en manque de jeux! C’est dans ce contexte que débarque Bound By Flame, Action-RPG développé à Paris par Spiders. Le studio n’en est pas à son premier essai puisqu’il avait déjà livré le sympathique Mars : War Logs en avril 2013 ou encore Of Orcs and Men en 2012.
Cette fois, le studio s’attaque à la fantasy avec Bound By Flame. Dans un monde à l’agonie, ravagé par les Seigneurs du Froid et leurs armées de morts-vivants, un groupe de mages tente un ultime rituel qui pourrait renverser l’issue de la guerre. Malheureusement, le rituel ne se déroule pas comme prévu et le personnage que vous incarnez, Volcan, devient alors l’hôte d’un démon de feu aux pouvoirs incroyables. Notre héros devra alors choisir entre son humanité et les pouvoirs du démon.
Un gameplay solide
Bound By Flame est un Action-RPG qui repose sur plusieurs éléments de gameplay assez classiques pour le genre, mais qui sont assez bien exploités et solides. Le système de combat est assez proche de ce que l’on peut retrouver dans The Witcher. Volcan peut maîtriser plusieurs armes (épées, haches, dagues) et il dispose de trois styles de combat. Le style guerrier est puissant et il offre également une bonne garde, cependant il est un peu lent. Le style ranger est plus discret et très rapide, mais forcément moins puissant, il permet à Volcan de réaliser des esquives. Enfin, le dernier style correspond aux pouvoirs du démon de feu, vous pourrez lancer des boules de feu, enflammer votre arme ou encore vous protéger avec un bouclier de flammes. Une roue de capacités est également présente; elle ne fige pas l’action mais la ralentit afin de vous laisser le temps de choisir votre prochaine action. Le système de combat est un réel plaisir : les combats sont assez dynamiques, difficiles et plutôt fluides.
Un système de crafting est également au programme. Volcan pourra récolter différents ingrédients afin de modifier son équipement (trois éléments modifiables par équipement), de créer des potions, des pièges ou encore des dagues. Une nouvelle fois, le système fonctionne bien puisque l’on trouve régulièrement des ingrédients. Nous pouvons même recycler les modifications apportées afin de récupérer quelques ressources. Le système ne va pas aussi loin que dans The Witcher 2, cependant il est simple, flexible et très efficace.
Comme dans de nombreux RPG, le jeu vous laissera le choix d’incarner un homme ou une femme, et vous permettra de personnaliser votre héros via deux options (visage et coupe de cheveux) afin de lui donner le look qui vous convient. La personnalisation est très légère. ce qui est regrettable, car l’on aurait aimé avoir plus de choix.
Une fois le jeu lancé, votre personnage devra évoluer au fil de l’expérience acquise. Cette expérience sera à répartir entre trois arbres de compétences, chacun correspondant aux styles de combat. Ce système, déjà présent dans Mars : War Logs, remplit parfaitement son rôle. Volcan gagnera en puissance au fur et à mesure de l’aventure, surtout si vous développez les compétences liées aux pouvoirs du démon.
Pour terminer sur cette partie, je vais vous parler des quêtes annexes, élément classique de tout RPG. Elles sont plutôt bien écrites et s’intègrent assez bien à l’histoire! Elles ne sont pas très nombreuses, mais elles permettent de développer certains personnages, d’obtenir quelques bonus et d’enrichir l’histoire. L’ensemble est plutôt bon, mais n’a néanmoins rien d’exceptionnel. Malheureusement pour Bound By Flame (ou heureusement, tout dépend du point de vue), il s’agira des seuls éléments réellement positifs du jeu. Tous les autres aspects du jeu souffrent de défauts ruinant ses ambitions tout à fait louables.
Bound By Flame : un univers intéressant mais sous-exploité
L’univers du jeu prend place dans un monde à la fois classique, mais qui dispose tout de même de quelques particularités. Certains environnements sont originaux : je pense notamment à une ville complètement dévastée par une mer de glace. Le design de certains ennemis s’éloigne de ce que l’on a l’habitude de voir et il permet d’oublier un peu les ennemis classiques qui sont assez passe-partout. Pour ma part, j’ai senti une petite inspiration de Game of Thrones pour le bestiaire. On a vu pire comme référence, néanmoins la comparaison n’ira pas plus loin. Volcan est également un personnage assez intéressant puisqu’il n’est ni bon, ni mauvais. Il s’agit d’un mercenaire qui se bat du mieux qu’il peut pour rester en vie, j’ai d’ailleurs vraiment apprécié cette facette du héros.
Le démon est l’une des bonnes idées de l’histoire du jeu. Celui-ci se retrouve piégé dans votre corps et tentera par tous les moyens possibles de vous influencer, dans le but de lui laisser de plus en plus de place dans votre conscience, son objectif étant sûrement de prendre le contrôle du corps de Volcan. Vous devrez faire des choix qui influenceront ce niveau de possession démoniaque. Plus la possession sera forte, plus le comportement du démon remplacera le vôtre, et plus votre apparence en sera altérée, un peu à la manière de Fable. Les comportements de vos compagnons seront également modifiés en fonction de vos choix. J’ai beaucoup aimé la façon dont le démon est présenté dans le jeu : à aucun moment je n’ai eu l’impression qu’il était totalement mauvais ou bienveillant. Cette impression est renforcée par le fait que vos compagnons n’ont pas tous la même opinion sur le démon.
L’histoire, quant à elle, démarre sur des fondements solides. Les Seigneurs du Froid tentent de conquérir le monde pour acquérir toujours plus de pouvoirs, et la solution à ce mal semble être un autre mal : le démon. Le récit nous dévoilera la vérité tant sur l’origine des Seigneurs du Froid et de leurs pouvoirs que sur le démon. En revanche, l’aventure manque clairement de souffle épique, la faute à une mise en scène peu inspirée et à une histoire trop courte qui ne permet pas de développer une trame narrative assez importante pour permettre cette montée en puissance du récit.
Vous ne serez pas seul durant votre périple! En effet, vous serez accompagné par différents personnages durant votre voyage. Encore une fois, le constat est assez mitigé : certains sont vraiment intéressants et apportent un plus à l’histoire, tandis que d’autres sont complètements transparents et inintéressants. Il s’agit d’un défaut assez handicapant pour un RPG. Ce constat est aussi valable pour leur character design. L’un des compagnons les plus intéressants, du point de vue du récit, est certainement celui avec le design le moins réussi. Globalement, je dirais donc que l’univers de Bound By Flame est intéressant, mais que trop de défauts viennent diminuer son intérêt et sa force.
Des défauts qui ternissent l’expérience
Je vais maintenant en venir au cœur des problèmes du jeu : tous ces défauts qui desservent l’expérience globale qui s’annonçait pourtant plutôt bonne. Le premier défaut que j’ai constaté, et qui était déjà présent dans Mars : War Logs, est le level design du jeu qui est beaucoup trop répétitif. Toutes les zones du jeu reposent sur un même principe : un mélange de couloirs et d’arènes propices aux combats. Sur la première zone du jeu, ce défaut ne m’avait pas trop gêné, à la vue du type d’environnement, mais cette structure se répète bien trop par la suite.
Le plus gros défaut du jeu est certainement sa difficulté complètement incohérente. Ce problème saute d’autant plus aux yeux lorsque l’on vient de terminer un jeu comme Dark Souls II qui propose une difficulté parfaitement équilibrée. Certains ennemis se battent facilement, d’autres à l’apparence plus faible vous poseront d’énormes problèmes. Certains boss sont complètement surpuissants. Bref, vous pourrez frôler la crise de nerfs par moment. Cette difficulté est liée à un autre défaut du jeu : l’intelligence artificielle de vos compagnons. Personnellement, je pense que le terme de « non-intelligence artificielle » serait plus adapté. Lorsqu’un combat démarre, vous avez environ 70% de chances que votre compagnon meure lors de l’affrontement, le rendant donc complètement inutile. On se retrouve souvent à combattre plusieurs ennemis seul. L’alliance de ces deux défauts dessert certains affrontements, malgré un système de combat solide comme je l’ai expliqué précédemment.
Techniquement, le jeu est loin de faire honneur à la nouvelle génération, rien de bien choquant puisqu’il est cross génération. Néanmoins, on est bien loin des standards actuels sur PS3 et Xbox 360. On se retrouve donc en face d’un jeu très moyen d’un point de vue graphique. Ce défaut n’est pas rébarbatif, selon moi, mais il faut quand même le signaler. La partie sonore est plutôt de qualité, les musiques ne sont pas marquantes mais elles restent dans le ton du jeu. Les doublages, quant à eux, sont assez réussis.
Une durée de vie relativement courte
Le jeu est également assez court en ligne droite, il ne vous faudra pas plus de quinze heures pour venir à bout de l’aventure, si vous ne vous souciez pas des quêtes annexes. La pilule peut être difficile à avaler, surtout pour un jeu de rôle. Cette durée de vie explique le manque de sentiment épique du jeu, il est trop court pour permettre une montée en puissance de l’histoire.
Bound By Flame n’est pas un mauvais jeu, ses mécaniques solides procurent un certain plaisir aux amateurs du genre. Le jeu est clairement ambitieux, on sent l’envie de Spiders de réaliser un A-RPG complet, avec un univers riche et intéressant. Malheureusement, le résultat n’est pas à la hauteur de l’ambition du studio. La faute peut-être à un manque de moyens? Nous sommes bien loin du niveau de production d’un triple AAA, et Spiders ne dispose sûrement pas des ressources, à la fois matérielles et humaines, d’un gros studio comme BioWare ou CD Projekt Red.
Conclusion
Bound By Flame est un jeu moyen que je recommande aux amateurs de A-RPG, mais à petit prix, pour éviter que la déception ne soit trop forte.