Après 13 longues années, Sam Lake et Remedy Entertainment peuvent enfin nous livrer une suite à la hauteur de leurs ambitions avec Alan Wake 2. Cette fois, le studio assume pleinement le côté horreur et survie du jeu laissant en plan l’approche action-aventure du premier. En tirant ses inspirations d’œuvres que j’adore comme Twin Peaks, True Detective et Le Silence des Agneaux, Remedy tombe définitivement dans mes cordes. Est-ce la nouvelle référence du genre ou est-ce que le studio finlandais arrive à court ?
Fiche Technique d’Alan Wake 2
- Date de sortie : 27 octobre 2023
- Style : Horreur et Survie
- Classement ESRB / PEGI : M17+ / 18
- Développeur : Remedy Entertainment
- Éditeur : Epic Games Publishing
- Langue d’exploitation : Offert en français
- Testé sur Xbox Series X
- Plateformes : Playstation 5, Xbox series X/S et PC
- Prix lors du test : 66,99$ CAD / 49,99€
- Site officiel
- Version numérique envoyée par l’éditeur
Un retour à Bright Falls
Le jeu nous place dans la peau de l’agente du FBI Saga Anderson qui va enquêter sur un meurtre assez sanglant à Bright Falls. Accompagnée de son partenaire Alex Casey, elle découvre que la victime est Robert Nightingale un autre agent du FBI disparu depuis 13 ans. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est qu’il y a une grande fente au niveau du torse du corps et que le cœur a été arraché. Les marques laissées sur le corps concordent avec une série de meurtres sur laquelle le FBI enquête. De plus, des témoins de l’accident mentionnent que les assaillants mentionnaient sans cesse : « la secte de l’arbre ».
Bien qu’on puisse se lancer dans Alan Wake 2 sans avoir joué au premier, ce n’est pas se rendre service. L’histoire nous avait laissés en suspense et il y a une continuité évidente tant dans les endroits que dans les personnages. D’ailleurs, le chiffre 13 pour 13 ans depuis la disparition de Wake est un thème récurrent qui démontre que les événements du passé sont aussi importants.
C’est le genre de scénario hautement complexe auquel il faut être très attentif pour tout saisir. On joue beaucoup entre la réalité et les mondes parallèles en plus de certains flashbacks. On réussit éventuellement à joindre toutes les pièces du casse-tête et le résultat est vraiment satisfaisant. C’est le genre d’histoire qui nous reste en tête et dont on veut lire toutes les analyses. Si vous avez fait le premier jeu il y a quelques années, je vous conseille de regarder un récapitulatif de l’histoire jusqu’à maintenant.
Quand le surnaturel prend le contrôle
Un autre élément que j’aime du jeu, c’est l’atmosphère et tout le côté surnaturel qui est bien exploité. Alan Wake 2 met la table dès les premiers instants avec une intro sombre et violente qui nous amène déjà beaucoup de questionnement. Le fait d’inclure un culte, un meurtre sordide et des références à des disparitions qui datent de 13 ans nourrit bien le mystère.
On joue aussi avec les ombres, les effets de lumières et sonores pour agrémenter l’immersion. Il n’y a presque pas de moments où on se sent totalement en sécurité. Par exemple, lorsqu’on explore la forêt de Cauldron Lake dans la première partie du jeu, c’est très sombre et plein de bruits étranges. Notre personnage entend souvent des voix inquiétantes et voit des flashs d’une présence qui nous hante. J’ai fait le saut à plusieurs reprises et mon niveau de stress était toujours bien élevé.
C’est aussi en grande partie à cause des ennemis qui sont non seulement terrifiants, mais aussi puissants. La plupart des ennemis sont de simples ombres qu’on peut éviter ou éclairer avec notre lumière. Par contre, les plus violents, une fois éclairés, nous poursuivent et se téléportent vers nous rapidement. On a peu de temps pour viser la tête ou s’enfuir. Et je ne parle même pas des boss qui offrent de gros défis. Avec des ressources limitées et des ennemis souvent nombreux, c’est définitivement un jeu d’horreur et de survie avant tout.
Un travail de détective
Alan Wake 2 est un jeu d’horreur et de survie d’abord, mais il s’approche aussi d’un thriller. La partie investigation est très importante et la manière dont cet aspect est présenté est très original. En tout temps, Saga peut se transposer dans son bureau et tracer tous ses éléments d’enquêtes. Par exemple, elle peut imaginer son grand mur oû elle épingle ses indices et fait des liens entre ceux-ci. C’est un des aspects de la jouabilité que j’ai le plus apprécié. Le tout est même classé par enquête, comme il peut y en avoir plus d’une à la fois.
Il faut aussi préciser que certains indices sont facultatifs, mais les trouver est une excellente façon de prolonger l’expérience et de bien résoudre tous les mystères. La plupart des endroits qu’on explore sont des zones relativement ouvertes avec plusieurs recoins à explorer. Ça peut être très payant en terme de ressources, d’indices et d’items à collectionner de fouiller. Par contre, c’est aussi un gros risque comme il y a plusieurs menaces et que ça devient des fois très dangereux.
En plus, lorsqu’on se transporte dans notre bureau, le jeu continu de rouler. Il y a donc un risque qu’une menace qui rôde vienne nous attaquer. Il faut bien choisir nos moments et j’avoue que c’était toujours un stress supplémentaire qui me gardait bien tendu. Bref, ma curiosité m’a souvent poussé à prendre des risques, mais mes nerfs m’ont parfois fait regretter.
Le RCU se développe
Ensuite, je ne veux pas trop rentrer dans les détails à ce sujet, mais je suis content de voir le Remedy Connected Universe continuer de se développer. Control avait mis les bases avec quelques références et le tout s’est bien amplifié dans le DLC AWE. Les connexions sont de plus en plus nombreuses entre Control et Alan Wake. Le tout se poursuit dans Alan Wake 2 et prend même de l’ampleur. Encore une fois, les liens entre les deux jeux se renforcent. C’est parfois très direct et d’autres fois un peu plus subtil. Il suffit de porter attention et d’avoir joué à Control évidemment.
Or, cette fois, Remedy connecte indirectement un autre de leur jeu, Quantum Break, qui est un de mes préférés. Pour l’occasion, le studio a fait appel à nouveau à l’acteur Shawn Ashmore qui prend un rôle assez important dans Alan Wake 2. Il ne porte pas le même nom, mais il y a des connexions assez évidentes entre lui et son personnage de l’autre jeu. Même si Sam Lake dit qu’ils ne sont pas connectés, les clins d’œil sont indéniables. Je n’irai pas plus loin, mais les fans de Remedy vont certainement apprécier.
En intro, je mentionnais les inspirations du studio, dont Twin Peaks, et je trouve que les parallèles sont très évidents. Comme la série de David Lynch, Remedy se sert de ses voyages interdimensionnels pour nourrir son univers. Plusieurs éléments sont explicables seulement en assumant le côté surnaturel de l’univers et c’est visiblement comme ça qu’ils vont connecter leurs différents jeux. J’ai bien hâte de voir comment ce sera amplifié dans le futur, mais ça capte définitivement mon intérêt.
Un visuel next-gen
Puis, Remedy Entertainment a mis la barre vraiment haute visuellement. C’est surprenant parce que ce n’est pas un gros studio avec des moyens presque illimités comme certains autres, mais ils ont clairement beaucoup de talent. Dans Alan Wake 2, ce qui m’impressionne le plus, c’est la modélisation des différents personnages. Autant dans les expressions faciales que dans les détails des visages, la pilosité et les cheveux, c’est hautement impressionnant. Tout cela passe beaucoup par la capture de mouvements des visages qui ajoute de la profondeur à la narration et une belle qualité de production.
L’autre élément clé au niveau du visuel, c’est tout le jeu de lumière qui vient bonifier l’atmosphère. J’en ai parlé un peu plus haut, mais du point de vue technique, l’équipe artistique s’est surpassée. La lumière a toujours été importante dans Alan Wake et c’est intéressant de voir comment on s’en sert pour amener un certain sentiment de sécurité au joueur dans les moments tendus. On voit aussi très bien l’impact et la force de l’éclairage lorsqu’on veut faire disparaître les ombres. Il s’agit même d’une importante mécanique de l’aspect survie du jeu comme on a une quantité limitée de batterie.
Enfin, je ne peux pas passer sous silence l’excellente trame sonore qui offrait l’interlude parfait pour nous détendre un peu entre deux chapitres. La plupart des chansons viennent du groupe Old Gods of Asguard qui ont récemment été invités à l’événement The Game Awards. Ils sont excellents et pour moi c’est une belle découverte. Or, plusieurs chansons des autres artistes ont aussi capté mon attention comme Follow You Into the Dark de RAKEL ou Lost at Sea de Jean Castel. J’ai bien garni mon service de musique grâce à Alan Wake 2.
Verdict sur Alan Wake 2
En terminant, Alan Wake 2 est une grande réussite qui prouve que la patience aura payé pour Remedy Entertainment. Le jeu est d’une grande qualité autant au niveau artistique qu’au niveau narratif et dans sa jouabilité. Si vous avez les nerfs assez solides et que vous êtes fans des jeux d’horreurs et de survie, celui-ci s’inscrit parmi les meilleurs. Je vous recommande quand même fortement de faire le premier jeu pour comprendre toutes les subtilités. Bref, pour moi c’est un jeu qui fera mon TOP 3 cette année ce qui n’est pas peu dire dans une année aussi riche en jeux vidéo de grande qualité.