20th Century Studios et Matt Ruskin revisitent une des séries de meurtres les plus marquantes de l’histoire des États-Unis. Avec L’Étrangleur de Boston, ce n’est pas la première fois que ce cas particulier est présenté au grand écran, mais c’est certes la première fois qu’on l’explore sous cet angle. Dans cette version, on suit de près le travail colossal accompli par deux journalistes de renom pour faire avancer l’enquête. Alors, pour les fans du genre, est-ce un film incontournable ?
Fiche Technique de L’Étrangleur de Boston
Date de Sortie : 17 mars 2023
Réalisation : Matt Ruskin
Production : Ridley Scott, Kevin J. Walsh, Michael Pruss, Josey McNamara et Tom Ackerley
Acteurs principaux : Keira Knightley, Carrie Coon, David Dastmalchian, Alessandro Nivola, Morgan Spector, Bill Camp et Chris Cooper
Genre : Suspense
Durée : 1h56
Platforme : Disney+
En résumé
Les événements commencent en 1962 alors qu’une femme du nom d’Anna Šlesers ouvre la porte à un étranger. Les moments qui suivent mènent au premier d’une série de 13 meurtres par strangulation dans la ville de Boston en l’espace de 18 mois. Évidemment, ces événements ont terrorisé la ville pendant plusieurs années et marqué l’imaginaire.
Le film raconte l’histoire de Loretta McLaughlin (joué par Keira Knightley), une journaliste du Record-American qui suivait de près les meurtres. C’est, entre autres, elle qui remarque les similitudes entre la manière du tueur d’éliminer ses victimes. Elle travaille aussi en étroite collaboration avec sa collègue Jean Cole (Carrie Coon).
Ce qui est particulier, c’est qu’en plus de la complexité de l’enquête, elles se butent au sexisme endémique de l’époque qui rend l’investigation encore plus difficile. Elles sont constamment en train de se faire remettre en question par leurs collègues et policiers masculins même si leur travail est irréprochable.
Ainsi, même si L’Étrangleur de Boston est au centre de l’intrigue, on accorde un peu moins d’importance au meurtrier et d’avantage aux courageuses femmes derrière l’enquête. C’est un second regard pertinent qui recentre le film autour d’autres enjeux qu’on ne doit pas ignorer.
Personnellement, j’aime le fait que le film n’est pas trop romancé. Dans le même style, j’avais bien aimé le film Zodiac de David Fincher, mais je trouvais qu’on exagérait trop de choses. Ici, on reste dans le bon ton et l’histoire est tout à fait crédible. On peut facilement imaginer que la réalité des personnes était similaire à celle-ci.
Keira Knightley dans le bon rôle
Dans un film noir comme celui-ci, c’est évident qu’on ne peut pas mettre de l’avant toute la gamme d’émotions d’un acteur. Dans ce cas-ci, Keira Knightley fait du bon boulot pour garder une approche sobre, professionnelle et très sérieuse durant tout le film. Même lorsqu’on la questionne injustement, elle garde son air neutre et fait fi des commentaires non nécessaires. Qui plus est, lorsqu’elle se met en position vulnérable durant le film, on ressent parfaitement son inquiétude. C’est autant dans sa gestuelle que dans sa posture ou ses expressions faciales qu’elle cadre parfaitement dans le rôle-titre.
Comme complément, Carrie Coon ajoute son grain de sel dans le second rôle de manière exemplaire. Elle a une approche similaire à Keira ce qui fait d’elles un très bon duo. J’aurais aimé la voir un peu plus, mais on comprend que la production y va avec les faits.
Sinon, 20th Century Studios ne pouvait pas mieux choisir sa sélection d’hommes un peu dérangés. On a vu David Dastmalchian à maintes reprises dans des rôles similaires dont dans The Dark Knight. J’ai l’impression qu’il a le visage parfait pour jouer un rôle comme celui d’Albert DeSalvo. Il y a quelque chose dans son regard qui paraît parfois vide qui s’y prête très bien. Ryan Winkles est aussi dans le bon rôle. Dans une scène, il y a beaucoup de tension entre lui et Keira Knightley et c’était vraiment palpable.
Une atmosphère qui se prête bien au film
Ensuite, Matt Ruskin et l’équipe ont fait ce qu’il fallait pour nous plonger dans l’atmosphère du film. Sans tomber dans le noir et blanc de l’époque, l’entièreté de la production est assez sombre et surfe sur ce qui semble être un filtre qui renforce l’effet. Même lorsqu’il y a un peu plus de lumière, c’est toujours avec des décors relativement sobres et avec des teintes de couleurs plus monotones.
Si on ajoute les costumes des personnages, on se sent définitivement dans les années 60. Autant les femmes que les hommes sont habillés de manière plutôt conservatrice. Il y a aussi peu d’homogénéité au travail. C’est-à-dire qu’on voit les cercles où les femmes travaillent avec les femmes et les hommes avec les hommes. Visiblement, le creux entre les deux sexes est encore très évident ce qui représente bien l’époque.
D’autre part, j’aime bien comment les meurtres sont présentés. S’eut été facile d’être très graphique, mais le but du film n’était pas de mettre l’accent sur les gestes. À la place, on se concentre un peu plus sur les victimes et le message final nous amène à nous questionner ce que j’ai bien apprécié.
Verdict sur L’Étrangleur de Boston
En terminant, Matt Ruskin passe très bien son message avec L’Étrangleur de Boston. Il y a plusieurs raisons de s’intéresser encore à ce qui s’est passé dans cette ville américaine dans les années 60. Les préjugés de l’époque ont rendu le travail des femmes encore plus difficile au point où on se demande si ça n’a pas ruiné l’enquête. C’est à se demander tout ce qui a été bousillé au fil des années à cause de situations comme celle-ci. Bref, si vous aimez les « thrillers » qui touche des cas réels comme c’est le cas ici, je suis sûr qu’il saura piquer votre attention.