Vous arrivez à la taverne en quête d’emploi. Vos recherches vous ont amenés à Caer Cyflen où le Conseil recherche de nouveaux députés pour l’exploration du territoire sauvage de l’est. Vous réalisez que vous n’êtes pas le seul à vous être présenté pour la tâche; trois autres silhouettes découpées par les flames de la cheminée boivent à la table qui vous a été désignée. Autant aller faire connaissance plus tôt que tard.
FICHE TECHNIQUE DE SOLASTA CROWN OF THE MAGISTER
- Date de sortie : 27 mai 2021
- Style : Aventure, RPG, Stratégie
- Classement : ESRB T / PEGI 12
- Développeur : Tactical Adventures
- Éditeur : Tactical Adventures
- Langue d’exploitation : Sous-titres en français et voix en anglais
- Disponible sur PC
- Prix lors du test : 49,99$ CAD / 34,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
Donjons et Dragons c’est dans la vague ces temps-ci!
Vous aurez peut-être compris ma tentative plutôt simple de vous faire vivre une introduction classique d’une nouvelle aventure de Donjons et Dragons. Solasta Crown of the Magister se veut être l’expérience fidèle d’une partie de D&D autour d’une table avec ses amis. Lancé en accès anticipé en octobre 2020, il a été difficile de ne pas le comparer à Baldur’s Gate 3 (lancé le même mois en accès anticipé aussi!) qui se veut lui aussi une expérience de Donjons et Dragons. Je crois que comparer les deux jeux est inévitable, mais que ce n’est pas une mauvaise chose. Chacun touche à ce qu’est une partie de D&D à sa propre façon.
Un peu comme aucune partie de jeu de rôle ne peut totalement être différente ou identique d’un maître de jeu à l’autre.
Qu’est-ce que Solasta Crown of the Magister?
Solasta est l’une des expériences de Donjons et Dragons les plus fidèles que j’aie eu la chance d’expérimenter. Vous devez vous concevoir un groupe de quatre aventuriers avant de lancer la campagne. Bien que six personnages préconçus soient prêts à être utilisés pour les plus néophytes, ma principale joie dans ce genre de jeu est de faire mes propres choix.
Le jeu commence relativement rapidement. Une fois vos quatre personnages créés/choisis vous arrivez à la taverne et ces dit personnages font connaissance. Chacun leur tour, ils racontent comment ils sont arrivés en ville, nous offrant un tutoriel séparé en quatre parties qui couvre ma foi de manière ingénieuse la base de tout ce qu’il faut savoir pour comprendre comment jouer.
Une fois les tutoriels complétés nous sommes escortés à la cour de la ville de Caer Cyflen afin d’être officialisés comme députés de la ville et nous sommes envoyés à notre première mission. Vous l’aurez deviné; tout ne se passe pas comme prévu!
Création de personnages
Solasta nous offre le choix de six classes: Le guerrier, rôdeur, paladin, roublard, clerc et magicien. Chacune de ces classes nous offrira quelques sous-classes à choisir selon ce qui manquera a votre groupe à ce moment. Nous pouvons aussi choisir entre cinq races comme le nain, l’halfelin, l’humain, l’elfe et le demi-elfe. Les vétérans du jeu de rôle pourraient être déçu du choix plutôt limité, mais Solasta ne fonctionne pas tout à fait avec les règles de D&D 5e édition. Il n’est pas possible de faire de multiclasse et le jeu se termine autour du niveau 10.
C’est plutôt la version ouverte de la SRD 5.1 de la 5e édition. Donc une version gratuite offerte par Wizards of the Coast pour les gens qui voudraient bien jouer à Donjons et Dragons sans payer. C’est une version très allégée; moins d’options de classes, de races, de monstres et de sortilèges. Solasta ne manque de rien cependant! Ils ont plutôt inventé de nouvelles options propres à leur univers afin de nous offrir un maximum d’options.
Il est possible de lancer nos dés pour choisir nos attributs, ou d’y aller avec le point-buy. En tant que maître de jeu, j’adore le système du point-buy, mais en tant que joueur un brin « munchkin »… j’ai lancé et relancé jusqu’à avoir des personnages beaucoup trop optimisés. Et j’aime ça. Certaines compétences sont complètement inutiles dans le jeu, mais il est possible de les apprendre. Pour leur défense, c’est mentionner qu’elles ne serviront pas. Mais même pour un choix roleplay je n’aurais pas mis l’option. Surtout en considérant que ce n’est pas tout le monde qui va faire attention aux « petits caractères ».
Ouais, mais Baldur’s Gate 3
Écoute. Toi là, qui es possiblement aussi fan de la franchise que moi. BG3 et Solasta sont deux expériences totalement différentes et qui valent toutes deux la peine d’être vécues. Évidemment, BG3 est plus séduisant visuellement et il est possible d’y jouer en multijoueur. Mais Solasta nous amène une rigueur face au système de jeu et à la gestion de l’interface qui pourrait donner des leçons à Larian Studios.
La où BG3 va avoir un groupe d’aventuriers à recruter avec des histoires intéressantes et j’en suis convaincu de nombreux retournements incroyables, Solasta adopte une approche plutôt macro. Nos quatre personnages ont leurs propres personnalités et chacune de leurs lignes est narrée! Dès la première scène dans la taverne de Caer Cyflen j’ai réalisé à l’expérience que j’aurai droit. Elle ne déçoit pas. Mais l’histoire est plutôt celle de Solasta. C’est le monde; ce qui est venu avant, ce qui est et ce qui viendra. C’est comprendre par l’exemple ce qui s’est passé dans ce château presqu’abandonné, plutôt qu’avoir une cinématique qui nous révèle tout. Nos personnages ne sont pas tant importants. Ils ne sont pas des héros élus mystiquement. Ils font leur travail et au travers cela… eh bien je ne vous divulgâcherai pas l’histoire.
J’ai vraiment l’impression de jouer avec trois de mes amis qui disent ce qui leur tente sur différents sujets (mais contrairement à mes amis, les personnages ici ne brisent pas le 4e mur constamment)
Jeu, combat et la rigueur face à la source officielle
Alors le jeu se joue de manière tactique, tour par tour. Lorsqu’un combat est lancé, les personnages agiront selon leur initiative et devront choisir leurs ressources de manière stratégique. Le choix des actions, actions bonus, réactions et du mouvement sera critique pour assurer une bonne survie de votre groupe lors des combats. Quand utiliser un repos court ou repos long pourrait faire une différence!
Un repos court vous demande de laisser passer une heure en jeu; certains effets pourraient prendre fin, comme une potion de force. Un repos long vous demande huits heure de repos et une ration de nourriture par personnage. Sans nourriture, pas de repos! Trop de nourriture peut ralentir votre groupe pour la surcharge de poids. De plus, s’il faut 5 jours de voyage pour atteindre votre destination, c’est vingt rations de moins! Espérez avoir un bon chasseur dans votre groupe.
Il est aussi possible d’aller dans les paramètres afin de configurer des modificateurs face à la rigueur du système, si vous le voulez plus « simple ». Mais bon, dans mon cas c’est l’expérience authentique qui m’attire autant!
Un peu de comparaison
Plusieurs puristes (moi y compris) ont commenté sur les décisions de Larian Studios sur la gestion des actions bonus, des multiples actions possibles pour tous les personnages qui étaient précédemment limitées au roublard, sur les potions qui ne prennent qu’une action bonus plutôt qu’une action. Solasta ne fait pas d’interprétation. Vous voulez lancer un sortilège? Gardez-vous une main libre. Mon paladin ne peut pas faire de sortilège s’il a son épée et son bouclier en main. Je dois constamment ranger soit mon épée ou mon bouclier pour un tour complet si je veux lancer un sortilège. J’aurais du lui donner une grande arme à deux mains et faire ça simple!
Ils y vont dans le méthodique. Lorsqu’un ennemi provoque une attaque d’opportunité, le jeu vous demande « Voulez-vous attaquer cette cible? ». Dans BG3 vous pouvez cocher ou décocher l’option d’attaque d’opportunité, ce qui déclenchera l’attaque dès qu’une est provoquée. Avec Solasta, puisque le jeu nous demande si nous désirons l’effectuer, il y a moyen de dire « Non, je veux la conserver pour le prochain monstre. » Vrai, ça peut devenir lourd tous les pop-ups qui apparaissent lorsqu’une condition est remplie. Mais j’aime avoir le choix.
Avec Solasta Crown of the Magister j’ai réellement l’impression de jouer à Donjons et Dragons. Je fais ce commentaire en tant que maître de jeu pour D&D depuis les vingt dernières années, dont les sept dernières sur la 5e édition exclusivement.
Un éditeur de niveau
Cet éditeur est actuellement en beta. Il n’est pas complet, mais déjà il offre de nombreuses opportunités. Bien qu’il ne soit pas possible de faire une campagne complète avec cet éditeur, il est possible de faire des donjons à votre guise et de les lier entre eux. Si vous désirez avoir un mégadonjon avec vingt étages, pourquoi pas? Si vous voulez construire un mégadonjon avec votre communauté, vous pouvez faire chacun votre étage! Les possibilités ne sont pas encore infinies tout de même, mais elles sont bonnes. Les développeurs comptent continuer à le bonifier en plus. J’espère que ma communauté me fera de magnifiques donjons à explorer et conquérir en stream.
Bien que ce ne soit pas lié à l’éditeur lui-même, les développeurs sont très « mod-friendly », ce qui nous laisse présager que si des joueurs motivés et brillants décident de mettre la main à la pâte, nous pourrions avoir de nombreux outils de disponible en plus!
Solasta, et l’avenir.
Le jeu quitte finalement l’accès anticipé, mais les développeurs ont encore des idées! Si le public aime Solasta et qu’ils en ont la possibilité financière, Tactical Adventures mentionne leur intérêt pour des DLCs! Ils ne laissent rien derrière comme idées; plus d’aventures, plus de choix de classes… et d’ailleurs il y aura une septième classe qui se joindra au répertoire en DLC gratuit pour tous plus tard (date non confirmée). Il sera possible de faire l’ensorceleur, un magicien moins versatile dans son éventail de sort mais qui échange cela pour des habiletés bien précises qui lui sont unique.
Verdict
Solasta n’est pas parfait. J’ai eu un bogue ici ou là, mais ce n’est tellement pas arrivé souvent que j’en avais oublié l’existence avant de faire cette conclusion. Le type de narration ne plaira peut-être pas à tous. Mais le jeu est définitivement mon #1 dans l’immersion D&D’esque. Tellement qu’il me donne des idées à mettre en place dans ma propre campagne de D&D en cours.
Les combats sont impitoyables si nous sommes malchanceux avec nos dés et c’est ce qui laisse les meilleures histoires. Après avoir survécu à un groupe de monstres dans un château délabré avec mes personnages qui tombent au sol constamment pendant que mon guérisseur tente tant bien que mal de faire son travail et que mon paladin donne tout ce qu’il a pour bloquer et contre-attaquer… la victoire était exhilarante et je regrette que ce ne soit pas arrivé en stream pour le montrer à tous.
Si vous cherchez une expérience D&D je peux vous confirmer que Solasta livre sur le besoin.