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Test de Somerville : La fin du monde espérée?

Après avoir fait des remous (et attirer notre attention) suite à son annonce à la conférence de Bethesda & Xbox au E3 2021, Somerville prend l’audacieux pari de sortir au milieu des lancements d’envergure précédents les fêtes. Le tout premier projet de Jumpship nous invite à contrôler un père devant retrouver sa famille à travers le chaos d’une invasion extraterrestre. Est-ce que le nouveau studio de Dino Patti, l’un des cofondateurs de Playdead, capture la magie de Limbo et Inside ? Ou est-ce que l’absence de l’intelligence ludique d’Arnt Jensen condamne Somerville à l’oubli ?

Fiche Technique de Somerville

  • Date de sortie : 15 novembre 2022
  • Style : Aventure-Puzzle
  • Classement ESRB / PEGI : Everyone 10+ / PEGI 7
  • Développeur : Jumpship
  • Éditeur : Jumpship
  • Langue d’exploitation : Disponible en français
  • Disponible sur PC , Xbox One et Xbox X
  • Testé sur PC
  • Prix lors du test : 32,50$ CAD
  • Site officiel
  • Version numérique fournie par l’éditeur

Une impression de déjà vu

Somerville emprunte beaucoup au classique littéraire (maintes fois adaptés) La Guerre des Mondes de H.G. Wells. Après avoir été présenté à une famille nucléaire des plus typiques (chien compris), le joueur prend le contrôle du père anonyme. Sans aucune habileté de combat, on doit survivre à l’arrivée soudaine d’un peuple extraterrestre malicieux et rejoindre les siens en utilisant la ruse et la furtivité à travers la région rurale d’un pays occidental sans nom.

Somerville n’est également pas sans rappeler Inside (le dernier jeu de Playdead), mais l’expérience est plus cinématographique. On a affaire à un jeu stylé qui enchaine les plans de caméra plus ou moins fixes afin de cadrer l’action ou attirer notre attention sur un sublime panorama. Le résultat est souvent magnifique, mais nuit à la jouabilité. Les coupures sèches forcent parfois le joueur à adopter, sans raison, un changement rapide des contrôles. De plus, le choix de certains angles combiné à des collisions intransigeantes rend difficile l’exploration tridimensionnelle de certaines scènes.

Somerville
Crédit image: Jumpship

C’est beau, mais c’est quoi?

Tout comme les deux autres opus où Patti a contribué, Somerville est un jeu d’aventure avec des puzzles de physiques. Peu importe ce qu’en dit Chris Olsen, le directeur créatif. On regrette l’absence de l’aspect platformer des titres de Playdead qui aurait su briser la monotonie. Plutôt, on opte pour une mécanique simple où le joueur est en mesure de « liquéfier » et, éventuellement, « gelé » une substance extraterrestre cubique à l’aide des différentes sources de lumière. Si l’habileté intrigue aux premiers abords, elle perd rapidement en intérêt. En effet, les combinaisons sont limitées et les défis l’utilisant de façon significative sont rares.

À cela s’ajoute la nécessité d’interagir contextuellement avec certains éléments du décor pour progresser. Notre protagoniste peut manipuler des leviers, pousser des chariots et tourner des manivelles pour mettre en branle des mécanismes variés. Le père adopte des postures différentes selon la scène et ne court que lorsque l’action le demande. Vous en déduirez que le jeu est lent. Très lent… L’expérience se termine en deçà de 4 heures, mais la vitesse de croisière de notre héros y est pour beaucoup. Sa constante toux n’aide pas à rendre la route plus agréable. Bien au contraire.

Cela dit, le jeu n’hésite pas à punir le joueur pour ses tentatives infructueuses. Alors que parfois, on croit qu’une mauvaise exécution de notre part est à l’origine de notre échec, le jeu force le joueur à ralentir et à réfléchir aux conséquences de ses actions. Une solution qui apparaissait évidente doit être remise en question. Ces moments « eurêka » sont ceux qui laissent la meilleure impression, mais sont rares.

Crédit image: Jumpship

Une lueur d’espoir dans le noir

Là où Somerville excelle, c’est dans sa capacité à communiquer une narrative et les intentions gameplay sans l’emploi de texte ou de voix. La limpidité des animations et la subtilité de certains gestes, combinées à une utilisation savante des couleurs, une trame sonore simple, mais efficace et une mise en scène léchée, font en sorte que le joueur comprend rapidement l’évolution de la trame narrative. Que ce soit la nature des dangers ou l’objectif du moment de notre protagoniste. Malheureusement, malgré son habileté à nous communiquer l’action, le jeu ne plonge jamais plus loin que la surface quant aux thématiques abordées.

Il est agréable de découvrir les quelques secrets narratifs se cachant en travers des scènes. Le jeu, lors de très rares instants, prend en compte les interactions facultatives du joueur avec l’environnement. Ces séquences de pseudo-branchements ne sont annoncées nulle part et il revient au joueur de les débusquer. Avec la possibilité de charger n’importe quel chapitre à des moments précis, le jeu encourage les expérimentations du joueur. Par contre, les conséquences de ces moments sont insignifiantes sur la trame narrative générale, sauf lors d’une instance. Comme pour le reste, Somerville laisse miroiter un potentiel énorme, sans jamais l’atteindre.

Somerville
Crédit image: Jumpship

Verdict de Somerville

Somerville, au final, tient plus du film interactif que du jeu narratif. Malheureusement, la superbe présentation du jeu n’arrive pas à enlever l’impression que Somerville aurait pu être bien plus qu’il ne l’est réellement. On aurait aimé que le jeu approfondisse les mécaniques de jeu, que les différents membres de la famille soient utilisés à des fins gameplay, que le joueur ait plus d’occasions d’exprimer son unicité, mais surtout que le rythme du jeu soit mieux balancé.

Test de Somerville : La fin du monde espérée?
Alors qu'on nous promettait les étoiles, Somerville rate la cible et ne parvient jamais à vraiment décoller.
Une superbe présentation
Une trame sonore enivrante
Un jeu court, parfait pour les gens occupés
Disponible sur la Xbox Game Pass
Des mécaniques peu ou pas du tout approfondies
Un rythme souvent trop lent
Des accrocs techniques
Impossible de flatter le chien
6