Qui a dit qu’un jeu ayant la mort comme thème central pouvait être joyeux et rempli d’espoir? C’est un peu le pari que le studio montréalais Thunder Lotus Games tente avec Spiritfarer. Et pour y arriver, ils nous proposent un jeu hybride mélangeant plusieurs genres de jeux vidéo. Par le passé, et comme le test suivant le démontrait, je ne suis pas un amateur des titres qui mettent un peu de tout sans être bon dans rien dans leur mécaniques de jeu. Toutefois, étant donné la réputation du développeur, je me suis lancé dans Spiritfarer sans aucune attente. Est-ce que ce dernier est l’exception à la règle?
Fiche technique de Spiritfarer
- Date de sortie : 18 août 2020
- Style : Gestion / Aventure
- Classement : ESRB T / PEGI 12
- Développeur : Thunder Lotus Games
- Éditeur : Thunder Lotus Games
- Langue d’exploitation : Offert en français
- Disponible sur Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox One, Google Stadia, PC, MacOS, Linux
- Testé sur Nintendo Switch
- Prix lors du test : 39,99$ CAD / 24,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
Les passeurs d’âmes
Dans Spiritfarer, nous incarnons Stella, une navigatrice toujours joyeuse et qui veut rendre les gens autour d’elle les plus heureux possible. Elle se fera confier par l’ancien Spiritfarer, Charon, le rôle de « passeuse » d’âmes. De par cette responsabilité, il lui est donc conféré l’obligation d’accompagner des défunts vers l’au-delà. Stella aura donc à remplir les dernières volontés de plusieurs personnages différents représentés par des animaux.
C’est ainsi que nos explorations commencent. À l’aide de son bateau, Stella parcourra le monde pour répondre aux requêtes de ses passagers avant de les mener au Seuil Éternel. Ce dernier est l’endroit où les âmes quittent vers leur dernier repos. Chacun des personnages possède sa propre histoire et souvent, nous nous devons de suivre plusieurs histoires à la fois pour progresser dans notre aventure.
Personnellement, j’ai trouvé la trame narrative de Spiritfarer excellente. Tout d’abord, l’histoire de Stella est très nébuleuse mais s’ouvre au fur et à mesure que nous avançons dans notre rôle de passeuse d’âmes. Nous savons qu’elle est supposée mourir mais son rôle rend sa condition incertaine. Ensuite, nous rencontrerons près d’une dizaine de personnages à qui nous devrons faire passer une belle fin de vie. Je trouve que c’est un tour de force de la part de Thunder Lotus Games car je me suis grandement attaché à tous les passagers de notre navire. Même si certains ont un caractère plutôt agaçant, il n’en demeure pas moins que je finissais par les aimer. Je me suis même surpris à être ému lors de leur départ vers l’au-delà.
Des mécaniques de jeu hybrides
Comme mentionné plus tôt, je n’ai pas eu une très bonne expérience avec les jeux hybrides par le passé. Je me suis quand même dit de laisser une chance au nouvel opus de Thunder Lotus Games. Et, oui, il s’agit bien d’une exception à la règle. En quelques minutes de jeu, j’ai tout de suite vu à quel point ils avaient fait un travail de grande qualité pour équilibrer tous les genres de jeux dans Spiritfarer.
Tout d’abord, l’aventure dans laquelle Stella navigue est conscrite dans une mécanique de jeu de gestion. Habituellement, je ne suis pas le public cible de ce genre de jeu. Je trouve souvent que refaire la même chose pendant des heures use ma patience. Toutefois, dans le cas de Spiritfarer, toutes nos ressources servent à construire des ajouts à notre bateau et ainsi avancer dans l’histoire. Ces ressources peuvent servir à cuisiner, faire de l’agriculture, transformer des métaux ou même gérer un poulailler. Ce que j’ai particulièrement aimé, est la gradation dans laquelle nous devons nous lancer dans de nouvelles formes de cultures ou de création. Je ne me suis jamais senti enseveli par ces tâches et ainsi, je pouvais continuer le récit en même temps.
Lors de nos aventures, les contrôles de Stella sont ceux d’un jeu de plateforme plutôt conventionnel. Pour ceux ayant déjà joué aux jeux de Thunder Lotus Games tel que Sundered, vous ne serez pas en terrain inconnu. Nous devons régulièrement quitter notre navire pour visiter des îles, villes et autres contrées pour répondre à des requêtes, trouver des ressources ou chercher des pouvoirs supplémentaires. En effet, Stella apprendra des nouvelles techniques et améliorera son navire pour être en mesure de visiter des localités encore plus lointaines.
Une technique presque sans faille
Lorsque nous commençons notre aventure dans Spiritfarer, il est difficile de rester insensible aux détails que Thunder Lotus Games ont mis en place dans leur titre. On dirait qu’ils n’ont rien laissé au hasard. Au niveau visuel, j’ai trouvé cet opus très joli de par ses couleurs et les choix artistiques des images. Tous les décors semblent avoir été dessinés à la main et sont animés d’une main de maître. Outre quelques ralentissements lorsqu’il y avait beaucoup d’éléments lumineux à l’écran, l’expérience visuelle est impressionnante. N’ayant pu essayer Spiritfarer sur une plateforme plus puissante que la Nintendo Switch, je ne peux dire si c’est un problème de performance ou du jeu en tant que tel. Dans la même veine, il m’est arrivé quelques fois que le jeu plante complètement. Encore, une fois, est-ce dû à la console?
Au niveau sonore, encore une fois, j’ai trouvé le résultat très réussi! La trame est superbe et elle nous emporte tout au long de notre aventure. Je dirais même qu’elle nous fait passer par toute la gamme des émotions. Comme j’ai mentionné plus tôt, Spiritfarer est très émouvant par moment. La musique ajoute grandement aux sentiments que nous éprouvons notamment lorsqu’il s’agit des relations entre les personnages et Stella.
Verdict
J’ai bien fait de commencer Spiritfarer en ayant peu d’appréhension car il détruit complètement mon idée habituelle qu’un jeu qui mélange les genres peut être bien fait. D’autant plus qu’il provient d’un studio indépendant. Pas que ce ceux-ci ne sont pas de qualité mais plutôt que prendre un projet et pousser l’envergure au-delà de leur moyen est souvent catastrophique. Dans le cas de Thunder Lotus Games, tout était bien ficelé et bien équilibré dans Spiritfarer.
Honnêtement, pour ceux qui pourraient douter à cause de l’esthétisme, oubliez le look enfantin car le thème du jeu est très mature. Même les discussions entre les personnages sont régulièrement pimentées et parlement de sujet plus adultes. De plus, je ne crois pas non plus que des enfants auront la patience d’explorer, récolter des ressources et construire pour faire avancer une histoire même si cette dernière est excellente. Calculez au moins 30 heures pour passer au-travers de Spiritfarer et, pour moi, ce temps est passé comme une fusée. Je le recommande pour tous les joueurs appréciant les scénarios où les personnages sont attachants et où nous sommes émotivement impliqués.