Lorsqu’on se lance dans une aventure de Suda 51, on sait qu’on doit s’attendre à une expérience assez unique. Son humour un peu noir et ses personnages disjonctés sont, en quelque sorte, une signature de son style particulier. Sa série No More Heroes incarne d’ailleurs parfaitement la folie du développeur et son studio Grasshopper Manufacture. Neuf ans après le dernier opus, Travis Touchdown est de retour avec une histoire secondaire en vue d’une vraie suite. Intitulé Travis Strikes Again : No More Heroes, le célèbre créateur a choisit de prendre l’approche d’un studio indépendant pour le retour de cette série culte en employant une petite équipe. Mais est-ce que le tremplin sera suffisamment flexible pour catapulté la franchise vers une vraie suite?
Fiche Technique
- Date de sortie : 18 janvier 2019
- Style : Hack and Slash / Action / RPG
- Classement ESRB/PEGI : M / PEGI 16
- Développeur : Grasshopper Manufacture
- Éditeur : Nintendo
- Langue d’exploitation : offert en français
- Exclusivité Nintendo Switch
- Testé principalement en mode Tablette
- Prix lors du test : 37,79 $ / 29,99 €
- Site officiel
- Version numérique envoyée par l’éditeur
Le retour de Travis Touchdown
Travis Strikes Again : No More Heroes nous replonge dans la peau de l’assassin Travis Touchdown alors qu’il est poursuivi par un autre tueur. Celui-ci se prénomme Badman et il cherche à tout prix à venger sa fille Badgirl, une assassin que Travis avait défait dans un opus précédent. Badman retrace finalement notre protagoniste qui avait décider de s’isoler en forêt au sud des États-Unis loin du regard de la population. C’est là où il passe la plupart de son temps à jouer à des jeux vidéo. Or, suite à l’attaque de son rival, les deux sont transportés dans l’univers de la Death Drive Mk-II, une console développé par le Dr Juvenile et dont le développement a été arrêté subitement. Travis et Badman se feront compétition pour savoir qui réussira à compléter les six jeux de la plate-forme en premier.
L’histoire est assez bonne et reprend bien le joueur où la dernière aventure nous avait laissé même si ce n’est pas le 3e opus tant attendu. On reconnaît rapidement l’humour et le sarcasme de Travis ce qui prouve que les développeurs n’ont pas perdu l’essence de la série. Qui plus est, le protagoniste brise souvent le quatrième mur pour s’adresser au joueur ce qui laisse place à des répliques savoureuses.
Ce n’est peut-être pas le scénario le mieux écrit et le plus poussé, mais ça cadre parfaitement avec le personnage et le reste de l’histoire. Or, il est important de noter qu’il y a de multiples références aux autres opus alors les nouveaux venus risquent de s’y perdre. Bref, sans en dire trop, il s’agit d’un excellent complément aux autres titres et les rebondissements rendent le scénario captivant.
Six jeux différents
Le but du joueur est donc de passer à travers ces six cassettes de jeux qui nous présentent des scénarios bien différents les uns des autres. Dans la plupart, on retrouve des mini-jeux qui viennent varier la jouabilité et qui représentent une sorte d’ode à différents genres. Je pense, entre autre, à une séquence où Travis fait de la course de moto ou une autre où il doit résoudre un meurtre. Cependant, le noyau du jeu est un hack and slash particulièrement efficace en perspective isométrique. Travis se bat dans chaque vidéo contre plusieurs ennemis qui sont en fait des bugs plantés dans le jeu. Armé de son célèbre beam katana, notre héros a tout ce qu’il faut pour venir à bout de tous les méchants.
D’ailleurs, la jouabilité est très satisfaisante puisque les contrôles répondent bien et Travis à un arsenal d’attaques très varié. Ça fait partie des nouveautés de la franchise puisqu’il peut désormais équiper des Skills Chips qu’il aura obtenu dans l’aventure et qui lui permettent de faire des attaques spéciales. Du lot, on retrouve par exemple la possibilité d’étourdir nos ennemis ou encore de planter une bombe sur eux. Disons que c’est ce qui permet à la série de se renouveler et, malgré une jouabilité répétitive, on ne s’ennuie jamais. En plus, l’excellente variété d’ennemis et de Boss contribue à rendre le jeu plus intéressant.
Un défi pour les invétérés
Travis Strikes Again : No More Heroes s’est même permis d’ajouter quelques éléments de RPG. Le meilleure exemple est, sans doute, le nouveau système d’expérience qui permet au joueur d’améliorer ses attributs. C’est nous qui décide si on veut distribuer nos points d’expérience donc la personne qui cherche un défi supplémentaire pourrait simplement décider de ne pas faire monter de niveau ses personnages.
Parlant de défi, ce nouvel opus en offre un assez solide. J’ai osé tenter le plus haut niveau de difficulté et je dois avouer que j’ai dû travailler fort. La jouabilité est rapide vue l’exécution du joueur et des ennemis donc il faut être vite pour esquiver et frapper. On peut même faire le jeu avec Badman ou en co-op ce qui rend rehausse l’expérience. Enfin, ceux qui veulent maximiser leur score à chaque tableau pourront le faire pour obtenir un meilleur rang ce qui viendra prolonger leur aventure.
L’autre aspect qui est très intéressant pour ceux qui aiment les défis, c’est d’avoir la chance de trouver plusieurs objets à collectionner partout à travers les tableaux. En premier, il y a de nombreux sous qu’on peut échanger contre de nouveaux t-shirts pour Travis ou Badman. Ce qui est génial, c’est que les designs sont tirés de plusieurs jeux indies parus dans les dernières années. On retrouve les Papers Please, The Messenger et bien plus. C’est amusant de voir que les développeurs partagent leur amour pour les jeux vidéo en le transposant dans leur personnage principal.
Pour l’amour des indies
Outre les sous, certains t-shirts se débloquent seulement avec un Azteca Stone qui sont un peu plus rare. Il y a aussi des stands de ramen à trouver, des signes Unreal Engine et des personnages secrets. J’ai bien aimé qu’il y a une page qui présente chaque jeu et nous montre un cheat code à utiliser à un endroit spécifique dans le jeu. On nous montre une image de l’endroit et c’était bien satisfaisant de les trouver. Ça me rappelait d’ailleurs les vieux magasines d’astuces de jeux vidéo qui existaient à une autre époque. Bref, c’est un joli clin d’oeil et les nombreux items à collectionner double pratiquement la durée de vie du titre.
En dernier lieu, Travis Strikes Again : No More Heroes n’est pas le plus beau visuellement, mais ça cadre bien avec son approche à la studio indépendant. Or, comme l’histoire nous fait plonger dans une vieille console rétro, c’est très logique. On a, en effet, souvent l’impression de retourner à une ancienne époque. Enfin, la musique est vraiment excellente et s’agence bien au style punk un peu rétro du jeu.
Un retour réussi
Pour conclure, cette histoire secondaire de la série No More Heroes ramène bien la série à l’avant-plan. Sans révolutionner le genre, il s’agit d’un hack and slash très efficace dû à sa jouabilité rapide et bien variée. En plus, Travis a, cette fois, plus d’un tour dans son sac et le scénario complète bien la série. Bref, avec son humour toujours noir et son sarcasme bien placé, Suda 51 prouve que sa franchise culte est encore au goût du jour.