Déjà acclamé par la critique pour l’excellent This War of Mine, 11 bits studios nous revient avec un nouveau jeu qui saura une fois de plus jouer avec votre conscience. Frostpunk, puisque c’est son nom, vous transportera dans un univers steampunk post-apocalyptique. À la suite d’événements dont les causes peineront malheureusement à s’éclaircir au fil de votre aventure, la planète s’est vue recouverte d’un épais manteau de neige façon The Day After Tomorrow. Votre but ? La survie de votre colonie au prix de choix moraux souvent discutables…
Fiche technique
- Date de sortie : 24 avril 2018
- Style : Gestion / Survie
- Classement ESRB/PEGI : ESRB M / PEGI 16
- Développeur : 11 bits studios
- Éditeur : 11 bits studios
- Langue d’exploitation : Disponible en français
- Exclusivité PC
- Testé sur PC
- Prix lors du test : 34,99 $ CA, 29,99 €
- Site officiel
- Version offerte par l’éditeur
La survie, à tout prix…
Dans le premier scénario de Frostpunk, vous incarnez un leader dont la mission est la survie d’un groupe de survivant parti de Londres pour fuir le chaos. Après plusieurs jours de marche qui auront eu raison des plus faibles, l’espoir renaît lorsque votre cortège rejoint un cratère disposant d’un vieux générateur à l’abri du blizzard.
Le jeu se veut un jeu de gestion avec des mécaniques assez classiques. On retrouvera donc la construction de bâtiments, la collecte de ressources, la gestion de la main d’œuvre, le développement technologique, etc. Mais là où Frostpunk se rapproche de son grand frère This War of Mine, ce sont sur les choix moraux auxquels vous devrez faire face durant toute votre partie. Parmi ceux-ci : le travail des enfants, l’arrivée de réfugiés, la mise en place d’un régime basé sur la foi ou sur la discipline, et j’en passe. Ces choix auront un impact direct sur l’espoir et le mécontentement, deux jauges primordiales que vous devrez constamment suivre du coin de l’oeil si vous souhaitez finir l’aventure.
Une difficulté bien dosée…et croissante
J’avais tout d’abord commencé une partie en minimisant au maximum les choix difficiles. J’ai notamment choisi de ne pas faire travailler les enfants et tenté d’éviter d’imposer 24h de travail consécutif. Que voulez-vous, c’est mon petit côté idéaliste. Mais malgré un passif d’habitué des jeux de gestion, j’ai dû me résigner à voir ma partie se terminer par le bannissement de mon leader au bout de 12 jours sur la soixantaine que dure le premier scénario. Autant dire qu’il sera absolument nécessaire de faire des choix forts pour la survie de la colonie.
Frostpunk s’avère certes simple à prendre en main, mais tout de même assez complexe notamment dans la gestion des ressources. On se rend très vite compte que la gestion du charbon sera un enjeu majeur, et les températures fluctuantes seront là pour nous le rappeler. D’autant que le moral des survivants de votre colonie devra également être à surveiller si vous ne voulez pas vous faire bannir et jeté à votre triste sort dans le blizzard glacial qui entoure votre petit havre de survie. Vous devrez donc faire des choix forts, tout en minimisant au maximum les effets sur l’espoir et le mécontentement de votre colonie.
Trois scénarios, mais pas de mode bac à sable…
Le premier scénario se limite à une soixantaine de jours. Au milieu du parcours, les prémices d’une tempête majeure pointent à l’horizon. Cette tempête fera chuter le mercure au-delà de -100°C ! Inutile de vous dire qu’à ces températures votre colonie nécessitera des aménagements drastiques pour tenter de survivre le plus longtemps possible, si vous y parvenez…cette phase constituant en quelque sorte la fin du premier scénario.
Concernant les deux autres scénarios, ils sont à mon sens moins intéressants. Le second, qui sera débloqué au bout de 20 jours de survie dans le premier scénario, est centré sur une équipe d’ingénieurs chargés de sauver trois arches contenant les dernières graines et cultures de la civilisation. Le troisième scénario testera votre sens de la gestion face à l’arrivée de vagues successives de réfugiés. Vous devrez donc gérer cet afflux tout en minimisant les impacts de vos habitants, souvent réticents à l’arrivée de nouvelles têtes. En revanche, si vous pensiez disposer d’un mode bac à sable, c’est raté. Le jeu n’en possède malheureusement pas.
Des choix forts, et impactants…
Tout au long de la partie, vous disposerez d’un livre des lois qui vous permettra de promulguer de nouvelles règles à suivre pour votre colonie. Le choix est souvent manichéen. Vous pouvez choisir de faire travailler les enfants, ou les garder au chaud dans un refuge. Vous pourrez choisir de construire un cimetière ou juste créer une fosse pour les morts. Chaque choix causera une modification du niveau d’espoir ou de mécontentement. Là où une loi augmentant la durée de travail aura un impact négatif sur ces deux points, il permettra de collecter davantage de ressources, notamment pour se nourrir et se chauffer.
Toute la partie, il faudra donc jongler avec cela, en plus des demandes au cas par cas de la population (choisir qu’un ouvrier blessé cesse le travail ou continue, par exemple). On regrettera cependant l’impossibilité de faire machine arrière après la promulgation d’une nouvelle loi, ce qui paraît tout de même peu réaliste.
Un arbre de recherche à ne surtout pas négliger
J’ai rarement vu cette mécanique de l’arbre de recherche prendre autant d’importance dans un jeu de gestion. Avec l’afflux de réfugiés et la baisse des températures, l’efficacité de la collecte de ressources ou des systèmes de chauffage devra assurément être améliorée. Certains choix sont primordiaux et devront être faits rapidement, d’autres sont peu utiles et vous feront perdre du temps. Un conseil, concentrez vos efforts sur l’efficacité énergétique et la collecte de nourriture et de charbon.
Le règne de la peur
Au bout d’un certain temps, il vous sera possible de choisir entre un régime basé sur la foi, ou un régime basé sur la discipline. Ceci ayant pour effet de débloquer un nouveau livre de loi. Ces deux régimes vous permettront au final d’accéder à un statut de quasi-dictateur ou de gourou intouchable. En effet, à mesure que votre colonie se développe, certaines scissions apparaîtront. Certains voudront notamment retourner à Londres et risqueront d’influencer les autres. Votre objectif sera donc d’endiguer ces tentatives, et rien ne vaut une police de la pensée qui sera chargée de remettre les quelques brebis égarées dans le droit chemin.
Une mise en scène immersive
Que ce soit sur l’aspect esthétique ou sonore, Frostpunk flatte nos sens. Visuellement, le jeu est beau. Les effets du vent sur la neige sont très bien modélisés et le style steampunk est très agréable à l’œil. Côté bande-son, bien que la musique se révèle déprimante au bout de quelques heures, elle n’en reste pas moins somptueuse et poignante. Le tout nous immerge dans un environnement où le désespoir règne et où la survie est la préoccupation de tous les instants.
Quelques bémols
Plusieurs choses auraient mérité d’être faites différemment. On regrettera la partie exploration qui se révèle assez redondante et finalement peu intéressante. On aurait également aimé en apprendre plus sur les conditions ayant entraîné la chute de la civilisation par l’arrivée de cette nouvelle ère glaciaire.
Frostpunk se montre aussi trop scripté. Bien que l’aspect narratif soit important aux yeux de 11 bits studios, un petit mode bac à sable aurait été bienvenu. Côté gameplay plusieurs détails ternissent le tableau. On notera notamment un onglet « économie » qui manque clairement de clarté et qui empêche une bonne anticipation du ratio consommation/production des ressources. On regrettera également l’absence d’un mode permettant d’isoler les bâtiments par types (ressources, santé, habitations, technologie, etc.), si bien qu’entre le blizzard et les vapeurs des cheminées, il est parfois bien difficile de s’y retrouver.
Bien que l’aspect construction manque quelque peu de profondeur, ce n’est pas vraiment contraignant tant le jeu de 11 bits studios se démarque par son aspect survie. L’ajout du livre des lois et des choix moraux apporte un vent de fraîcheur au genre, même si le tout semble trop cousu de fil blanc. En effet, on se rend compte que le jeu nous incite à faire les mêmes choix d’une partie à une autre. Malgré quelques absences qui auraient rendu Frostpunk plus intuitif, le jeu se montre vraiment plaisant par son exigence et son ambiance diablement immersive. Un jeu de gestion que je vous recommande les yeux fermés.