Moldus, No-Maj, prenez place ! Les Animaux Fantastiques vous promet de retrouver votre Monde Magique préféré seulement cinq années après la fin des aventures d’Harry Potter. J.K Rowling n’en a pas terminé avec son univers et son imagination ne demande qu’à s’étendre un peu plus sur grand écran. Alors, la plume de l’auteure est-elle toujours aussi magique ? Le réalisateur David Yates est-il toujours autant dans le sujet ? Réponse tout à fait subjective dans cette critique !
Fiche technique
- Date de sortie : 16 novembre 2016 (France)/ 18 novembre 2016 (Amérique du Nord)
- Genre : Fantastique
- Classement : Tous publics
- Réalisé par : David Yates
- Distributeur : Warner Bros.
- Titre original : Fantastic Beasts and Where To Find Them
Synopsis
Le fantasque magizoologiste Norbert Dragonneau débarque à New York avec dans ses bagages les outils les plus extraordinaires, mais aussi des créatures magiques récoltées aux quatre coins du globe. Il y découvre alors une communauté de sorciers totalement isolée du monde des Moldus, terrorisée par la peur d’être découverte. Le pire arrive quand une variété des créatures extrêmement dangereuses de Norbert s’échappe de ses bagages…
Un contenu déstabilisant
Premier film d’une pentalogie, Les Animaux Fantastiques devrait avoir tous les défauts et toute les qualités d’une oeuvre servant d’introduction. En vérité, c’est légèrement plus complexe que ça. C’est tout simplement le cas pour deux raisons complètement liées : un univers déjà existant et une cible de spectateurs précise. Le film s’adresse presque uniquement aux fans d’Harry Potter, tout du moins aux connaisseurs. C’est pour cela que le ressenti face au film est marqué d’une certaine nuance presque complexe. On se retrouve face au même univers que lors de l’ère Potter mais ce n’est ni le même lieu, ni la même époque. Il faut le dire, on peut être un peu décontenancé et il peut être difficile de faire la part des choses et accepter que, finalement, Harry Potter et Voldemort font partie d’un tout bien plus grand.
Alors, adieu l’ambiance moyenâgeuse et mystique et bonjour le New-York des années 1920 et la sociologie ! C’est un peu grossir le trait que de résumer le contenu de l’oeuvre à cette phrase mais c’est un peu le ressenti imposé par le film. Tout ce que vous connaissez déjà est présent dans le background de ce dernier mais cela est transposé à de toutes nouvelles problématiques et dans une toute autre ambiance. Là où le déstabilisant devient intéressant, c’est lorsque l’on découvre comment le reste du monde magique fonctionne et notamment les États-Unis d’Amérique. Nouveaux termes, nouvelles institutions, des règles différentes… On a presque l’impression de redécouvrir le Monde Magique. L’environnement politique et sociologique est d’ailleurs assez profond si on s’y attarde un peu, rendant inutile la présence d’un mage noir pour rendre le film sombre. Sans parler des animaux fantastiques en eux-mêmes qui vont du drôle au magistral en passant par l’imposant. Une véritable réussite !
De l’ambition à la déception
Oui mais voilà, malgré la magie et le plaisir de la redécouverte ressentis tout au long du film, on réalise que tout est amené de façon assez chaotique. Il ne s’agit pas vraiment des éléments intrinsèques au fonctionnement de l’univers, qui sont plutôt bien introduits mais, plutôt de la trame. Il s’agit du premier film écrit entièrement par J.K. Rowling et, malheureusement, cela est palpable. Il y a eu une grosse ambition de la part de l’auteure de vouloir créer un script multi-couches où tout s’entremêle et l’intention est plus que louable. Le revers de la médaille à cette écriture assez romanesque, c’est que l’on perd presque toute notion de fil rouge et on ne sait plus vraiment quel est le but de l’histoire. Est-ce qu’il s’agit de retrouver des animaux fantastiques ou d’apaiser les tensions avec les No-Maj ? Assiste-t-on à une quête personnelle de Norbert (Newt en V.O) ou à un conflit bien plus grand ? C’est des concepts qui auraient très bien pu s’insérer les uns dans les autres mais, ici, c’est un peu trop flou et on a du mal à voir le liant.
Mais cette ambitieuse profondeur n’a pas que des défauts ! Grâce à ses talents d’écrivaine, J.K. Rowling parvient à nous créer des personnages attachants dont on arrive à visualiser le passé assez aisément. Mentions particulières pour le personnage de Norbert joué par Eddie Redmayne, qui fonctionne tout en légèreté et avec une intelligence bordée de malice, et pour le personnage torturé de Croyance qui profite d’une superbe interprétation par Ezra Miller. Aussi, les questions sur le dénouement de l’intrigue baignent dans une sorte de tension jusqu’à la dernière “page”. Quant à la réalisation de David Yates, on le sent moins inspiré que sur les trois derniers films Harry Potter mais, son amour pour la saga se voit toujours et quelques plans sortent du lot. Tout comme la photographie, on sent une pointe de formatage qui permet de vraiment faire parler le script, même si c’est un peu dommageable. Enfin, la musique de James Newton Howard est plutôt jolie dans l’ensemble mais d’un classique décevant pour ce nouveau démarrage de la franchise. Nous sommes loin de la magie de John Williams ou des morceaux marqués d’Alexandre Desplat.
Conclusion
Est-ce que cela fait plaisir de retrouver le Monde Magique au cinéma ? Évidemment que oui ! Cela étant dit, le film est loin d’être parfait. Il était facile de critiquer la qualité de l’adaptation pour les films Harry Potter mais, là, il s’agit d’aborder une histoire jamais contée. Et on peut se questionner sur la façon dont celle-ci est introduite. L’équilibre entre une histoire locale, presque intimiste et le dessein morbide du nouveau méchant est assez flou et instable. Mais on s’attache aux personnages, aux créatures et on reste absolument absorbés par cet univers magique. Et c’est cela, l’essence d’Harry Potter au final. Il faudra patienter jusqu’au deuxième volet pour réellement comprendre et juger les enjeux mis en place dans ce volet-ci. En attendant, ne boudons pas notre plaisir de fan et profitons de cette connexion lointaine avec Voldemort et Dumbledore qui est en train de se dessiner. NOX!