L’E3 arrive à grands pas. Nintendo, qui comme certains le savent est une compagnie que j’affectionne particulièrement, a épaissi son brouillard autour de la communication de l’événement à venir. Un scénario qui ressemble sensiblement à celui de l’an dernier à un Zelda près et au cours duquel Big N s’était démarqué par une présentation hors norme teintée par les propriétés qui sont chères au constructeur de la Wii U et de la 3DS, mais aussi par un vent de fraîcheur. Un nouveau venu dans la famille : Splatoon. Un titre promettant compétition et concept novateur dans un genre peut-être moins familier chez Nintendo, le Third Person Shooter (TPS). La cerise sur le gâteau ? Il est axé sur le jeu en ligne. À près d’un an de sa première présentation, Splatoon arrive finalement dans nos salons et nous avons pu le tester pour vous. Le titre a-t-il les épaules pour supporter les attentes des joueurs ?
Faire du neuf avec du vieux
Avant tout, en quoi consiste Splatoon? C’est un jeu de tir à la troisième personne (TPS) qui se joue à 4 contre 4 dans des niveaux fermés et symétriques. Il se démarque de ses compétiteurs en proposant aux joueurs un gameplay pour le moins unique où ceux-ci devront tenter d’éliminer l’équipe adverse, mais surtout d’asperger d’encre la majorité de l’aire de combat pour s’attirer la victoire. Autre élément de gameplay important, votre personnage est un hybride entre un poulpe et un humain et peut plonger dans l’encre de sa couleur préalablement aspergée pour se déplacer plus vite ou se cacher. Le concept est simple comme bonjour, mais terriblement accrocheur une fois toutes les subtilités assimilées!
Une jouabilité qui peut dérouter !
Le global test fire, qui était en fait une démo disponible suite au dernier direct de Nintendo, m’avait quelque peu refroidi les ardeurs. Pourtant très heureux d’enfin pouvoir essayer le jeu, les contrôles m’avaient semblé quelque peu rigides et difficiles d’accès. Malheureusement, c’était un produit final que je tenais déjà à ce moment. En effet, jouer avec le joystick du gamepad et sa fonction gyroscopique n’est pas des plus aisé et comme je l’avais déjà mentionné vous aurez vite fait de désactiver la fonction de détection de mouvement dans les options. N’EN FAITES RIEN! Bien que déstabilisant au départ, je dois avouer que le joystick du gamepad n’est pas d’une précision exemplaire et les joueurs maîtrisant la détection de mouvement auront vite fait de vous mettre hors circuit. Le mieux est de ravaler sa fierté et de mettre le temps qu’il faut pour adopter la jouabilité au gyroscope qui s’avère au final bien plus agréable qu’aux premiers abords. Par contre, une personnalisation des boutons de la manette aurait été la bienvenue pour les habitués aux jeux de tir qui aiment les configurations plus traditionnelles. Il faut croire que l’on doit tous jouer comme Nintendo l’a décidé.
Des graphismes colorés pour une direction artistique cohérente
Une des forces du jeu est dans sa cohérence artistique. En effet, l’univers de Splatoon est riche et réfléchi. Plus qu’une simple esthétique cartoonesque, tout a été élaboré pour coller au gameplay et ça se ressent. Bien que les textures sont parfois (trop?) simplistes même pour ce style graphique, le jeu, par la nervosité du gameplay, ne se laisse guère contempler bien longtemps. La petite taille des aires de combats offre une vision de loin très détaillée et l’application de l’encre ne vient jamais tromper l’œil au niveau des reliefs. On note tout de même quelques bugs graphiques à ce niveau, l’encre projetée n’apparaissant pas toujours instantanément au moment du tir ce qui peut s’avérer agaçant du fait que le jeu repose là dessus.
Du fun en solo ou à plusieurs !
Comme il arrive souvent dans les jeu de tir, la campagne est souvent prétexte à proposer un mode solo et Splatoon n’y échappe pas. Accessibles depuis Chromapolis, la zone neutre du jeu, différents lieux sont disponibles dont l’octovallée où se trouvent les missions solos. Une simple histoire vous est proposée en début de partie pour vous mettre dans le contexte; vous devez retrouver et sauver les poissons-charges, etc… Outre ce sympathique objectif, vous serez amené à parcourir différentes zones de manière linéaire, celles-ci comportant toujours un peu plus de niveaux pour finalement affronter un boss qui débloquera l’accès à la prochaine zone. La routine quoi! Bien que simples, voire carrément faciles, les niveaux sont tous très originaux et offrent, tout au long de la progression, une réelle valeur ajoutée au gameplay, ajoutant sans cesse de nouvelles façons d’utiliser l’encre pour avancer. Les boss sont de leur côté tout aussi bien pensés. Ils ne sont jamais répétitifs et ont chacun leur manière d’être vaincus. Mis à part certains documents dissimulés dans chaque niveau le jeu ne dispose pas de réelles quêtes secondaires. Mais leur découverte, peut-être trop aisée, vous permettra d’obtenir de nouvelles armes après chacun des boss, armes souvent bien pratiques durant les joutes en ligne.
Le jeu offre bien un mode multijoueur en local, cependant, celui-ci ne se joue qu’à deux joueurs : un joueur utilise le gamepad comme écran et l’autre le téléviseur. Intégrer du multi à quatre en splitscreen aurait été la bienvenue. Et puisque nous abordons le gamepad, bien qu’il serve à deux joueurs, la fonction de streaming qui était très chère à Nintendo au lancement de la Wii U n’est ici pas disponible. Étrange et décevant.
C’est dans le jeu en ligne que Splatoon prend tout son sens. Comme nous l’avions mentionné lors du global test fire, la connexion est est très stable contrairement à ce que Nintendo nous a habitué dans le passé. Deux modes sont proposés d’entrée de jeu. Le classique où 8 joueurs de n’importe où et de n’importe quel niveau s’affrontent durant 3 minutes et le mode pro malheureusement indisponible jusqu’à ce qu’un nombre plus important de joueurs aient atteint le niveau 10. Chacun des deux modes propose deux cartes en alternances pendant 4 heures et qui sont par la suite remplacé par de nouvelles. Bien que l’idée de ne pas pouvoir choisir la map peut paraître saugrenue, cela ne change en fait rien au final parce que même si elles sont bien pensées et originales, presque toutes les arènes de combat sont construites sur le même modèle. Si le but était de déstabiliser par ce procédé c’est aussi raté, car les maps sont petites et on a vite fait de s’y retrouver. Drôle de choix encore, la possibilité de rejoindre un ami en cours de partie est bien présente, mais une fois les 3 minutes écoulées, les cartes seront redistribuées et chaque joueur dispersé. Si l’envie vous prend de jouer plus longuement à deux il vous faudra quitter la partie et recommencer et le tout sans chat vocal… Par contre le plaisir est au rendez-vous. Une fois les contrôles bien assimilés le jeu est toujours de plus en plus rapide et nerveux ce qui engendre une compétition de plus en plus féroce.
Des armes et de la mode dans Splatoon
Splatoon est avant tout un jeu de tir. Les armes et équipements occupent donc bien évidemment une place de choix, car le joueur est amené à tenter d’adapter ses compétences à son style de jeu. Je dis bien adapter, car Splatoon est très rigide dans sa progression et ne laisse jamais beaucoup de place aux choix. En effet, chacune des armes qui seront débloquées sera accompagnée d’une arme secondaire et spéciale sans jamais vous octroyer un pouvoir décisionnel sur celles-ci et cela toujours dans le même ordre et pour tous les joueurs. Trois types d’armes sont disponibles : le shooter, le charger et le roller. Bien que plusieurs commentaires sur le net prétendent une surpuissance des armes de types roller, à force de jouer, on constate que cela réside plus dans la dextérité du joueur que dans sa puissance elle-même. On notera quand même un faible taux de joueurs adoptant le charger, sorte de sniper, qui n’est peut-être pas l’idéal dans un jeu ou le mouvement constant est primordial.
L’équipement de son côté, est présenté comme un accessoire de mode, et est renouvelé tous les jours dans les boutiques. Chapeaux, lunettes, chaussures et chandails seront à votre disposition pour être toujours plus fashion mais surtout plus fort! Les pièces d’équipement ont toutes un attribut principal. Il en existe 24 différents pour le moment. D’autres attributs, jusqu’à 3 supplémentaires, viendront s’ajouter suite aux gains d’expérience. Encore une fois, la personnalisation n’est pas aux rendez-vous. Tous les attributs qui viendront s’ajouter le feront de manière aléatoire. Ce qui ici a tout de même du positif puisqu’aucun joueur ne peut se retrouver en possession des mêmes pièces de vêtements. Cependant, tous les joueurs en ligne se retrouvent dans chromapolis et il vous sera possible de commander ce qu’ils portent, attributs débloqués et visibles, pour avoir plus de pouvoir de personnalisation, mais il faudra vous assurer d’avoir les fonds nécessaires!
L’impardonnable détail à mon sens en ce qui à trait aux armes et à l’équipement tient dans le fait qu’ils s’accumulent. Plus vous progressez et plus vous en possédez. Impossible de les revendre ou de les démanteler à la manière de Destiny. Pire, il n’y a aucun système de classification ou de rangement ce qui rend l’inspection des plus désagréable.
Mini Jeux sauce 8-bit et amiibos
Nintendo démontre une ferme intention d’intégrer Splatoon parmi les grands. Pendant les temps de chargements ou directement sur une borne d’arcade de chromapolis, un jeu multiplie les clins d’œil aux titres qui ont fait les succès des salles d’arcades dans les années 80. D’autres jeux de ce type seront accessibles si vous vous procurez les amiibos du titre. Celui disponible est d’ailleurs très bien réalisé et donne presque la sensation que la franchise (si cela en devient une) existe depuis les début de la Nes. Peut-être aurait-il même été très populaire sur mobile, je lance l’idée!
En plus d’offrir de nouveaux mini-jeux, les amiibos permettent chacun d’accéder à 20 missions pour obtenir de nouvelles armes exclusives. Malheureusement il apparaît que les missions proposées ne sont en fait que celles de la campagne solo avec un difficulté accrue.
Conclusion
Splatoon est-il un bon jeu? Cela ne fait aucun doute. Est-il à la hauteur des attentes qu’il a suscitées? Pas pour le moment. Bien qu’étant un excellent divertissement offrant un niveau de compétition à la Mario Kart, le nouveau-née de Big N n’offre que trop peu et ne peut rivaliser avec ses concurrents. En 2015, un titre axé sur le jeu en ligne doit proposer certains standards tel que le chat vocal et le jeu en équipe. Même si cela viendra peut-être lors des mises à jour gratuites, il reste que le jeu se retrouve bien maigre pour son lancement. Splatoon s’en sort tout de même avec un gameplay plus qu’original, pratiquement sans bug et bénéficie d’un facteur fun à fort potentiel. Peut-être la note sera-t-elle augmentée après les fameuses mises à jour…