Robert Scoble et Shel Israel ont lancé il y a quelques semaines un livre intitulé Age Of Context : Mobile, Sensors, Data and the Future of Privacy. J’ai vraiment hâte de le lire cet ouvrage! Mais, avant même avant d’avoir entrepris la lecture de ce livre, j’avais déjà une opinion sur cette nouvel ère de la contextualisation qui s’ouvre à nous que je voulais partager avec vous.
Depuis des années je m’intéresse et je me tiens au courant des progrès qui se font dans le domaine de l’informatique contextuelle et d’assistance. Je lis les nouvelles sur ce que j’aime nommer le Web 3.0. À l’époque du Web 1.0, nous ne faisions que bâtir et découvrir les possibilités de l’Internet et de ses services. Quand la révolution du Web 2.0 est arrivée, nous avons commencé à collecter des données et à nous mettre en relation via les médias sociaux. Maintenant, nous sommes prêt à utiliser, interpréter et analyser cette énorme quantité d’information que nous avons accumulée. Nous utilisons ces données à des fins autres qu’une simple recherche dans notre historique. Nous sommes à l’ère du Web 3.0, à l’ère du contexte.
Outils contextuels : de l’imitation à l’interprétarion et l’anticipation par la machine
À la base, ces nouveaux outils contextuels qui sont développés tendent à imiter le comportement de notre cerveau. Notre cerveau (notre intelligence) interprète le monde qui nous entoure en se basant sur nos expériences passées et notre bagage de connaissances et de souvenirs. L’informatique contextuelle est très semblable : elle utilise sa mémoire (les données accumulées) pour interpréter et prédire ce que l’utilisateur veut ou ce dont il a besoin au moment présent et au lieu présent.
Mais, jusqu’à il y a peu de temps, seulement quelques logiciels effleuraient ces principes et ces idées. Jusqu’à l’arrivée de Google Now, qui est une application totalement et radicalement contextuelle. Cette application est disponible pour tous, mais peu de personnes l’utilisent vraiment totalement. Parce que peu de personnes comprennent les concepts d’informatique contextuelle. Et, je pense humblement, comprendre pourquoi.
Un changement de paradigme pour les utilisateurs et la relation qu’ils ont avec les machines
Les personnes, et je m’inclus dedans, ne s’attendent pas à ce qu’un logiciel ou un appareil soient intelligents. Nous avons appris à utiliser des logiciels et des appareils qui répondent à nos commandes. Nous nous sommes toujours fait dire : nous sommes intelligents, les ordinateurs ne le sont pas. Nous avons toujours commandé et dirigé nos logiciels et nos appareils, nous avons le contrôle sur ceux-ci. On clique ici pour faire ça et au mieux on dit quelques mots pour qu’un appareil initie une action selon nos ordres.
Donc, il nous est contre-intuitif d’utiliser un outil comme Google Now au premier abord… Cette application nous affiche de l’information non pas parce qu’on lui a dit de le faire, mais bien parce que l’application a interprété de l’information passée, présente et futur. Google Now connaît le contexte, nous n’avons pas à lui dire ou dicter.
C’est un changement énorme pour l’usager que nous sommes. C’est un modèle complètement différent d’interaction et de compréhension qui s’installe. C’est de nouvelles balises, un nouveau paradigme, c’est une nouvelle relation qui s’établit entre nous et la machine. Ça nous change de nos habitudes, ça peut même être choquant ou déstabilisant parce que nous ne sommes plus les seuls à être capable de contextualiser et comprendre l’univers (notre univers à nous, notre quotidien) dans lequel on vit.
Vers une nouvelle génération de produits et services qui tirent parti de la contextualisation
Pour moi, cette nouvel ère donne maintenant naissance à une nouvelle génération de gadgets et d’outils. À mon avis, Google est un leader dans ce domaine aujourd’hui, cette compagnie est totalement dédiée à cette nouvelle façon de voir les données, cette compagnie comprend la potentiel des données dans leur contexte plutôt que dans leur quantité. Tout comme notre cerveau mâche toute nos expériences pour créer notre personnalité et ce que nous sommes. Google fait de même avec nos données : extraire un sens et donner à l’usager ce qui compte pour lui au moment et au lieu où il est.
Du côté matériel, Google Glass est un laboratoire pour ces idées depuis un moment, Google Glass est un pas dans le direction d’une technologie qui ne nous dérange plus et qui s’intègre à notre quotidien. Une technologie qui, à terme, va libérer nos mains et ne pas nous déranger lorsqu’on sera dans une salle de réunion ou dans la voiture. Et tout ça, sans qu’on lui dise, sans que nous donnions une seule commande. Tout ça parce que le contexte sera connu de par ces technologies.
Un autre appareil qui est aussi sur cette voie de contextualisation est le dernier téléphone de Motorola (propriété de Google), le Moto X, qui nous écoute en permanence et attend nos commandes, qui comprend que nous sommes dans notre voiture, qui active la caméra lorsqu’on brasse l’appareil avec notre main.
À mon avis, on devrait appeler cette nouvelle génération de gadgets, des « appareils contextuels » (Contextual Devices). Ces appareils ne se battent pour être les premiers en terme de performance, de spécifications. Ils ne cherchent pas à être les plus beaux ou les plus grands. Ces appareils cherchent à nous assister, à nous informer, à nous accompagner et à interpréter l’information. Ces appareils connaissent (ou tentent) de connaître notre contexte pour être pertinents à tout instant et se faire oublier lorsqu’on veut ou lorsqu’on doit les oublier.
Dans les prochaines années, les services et les appareils que nous utiliserons seront de plus en plus contextuels. Ils seront de plus en plus ancrés dans nos habitudes, notre quotidien et nos vies.
Pour que les grands joueurs actuels comme Google, Microsoft, Apple et Samsung restent pertinents, ils devront s’y mettre et s’y faire. Parce que du moment qu’un usager adopte l’informatique contextuelle, il ne peut plus s’en passer. Il y a 5-6 ans bien des gens riaient du iPhone et surtout de Android 1.0. On connaît la suite, tous les joueurs qui réussissent aujourd’hui sont ceux qui ont itérés, imités et innovés en suivant la voie ouverte par le défunt Steve Jobs. Et l’ère du contexte, c’est la même chose, nous ne voudrons bientôt plus d’appareils et de logiciels qui ne nous comprennent pas.
Bienvenue dans le futur, où nos appareils sont finalement vraiment intelligents!